Classification des douleurs abdominales chroniques
Dû à certaines particularités des DAC, présentées plus loin dans cette section, le diagnostic est difficile à préciser. Les DAC se divisent en deux grandes catégories : les douleurs pelviennes chroniques (DPC), partie inférieure de 1′ abdomen, et les douleurs gastro-intestinales, parties inférieure et supérieure de l’abdomen .
Les DPC se défmissent comme une douleur non cyclique, persistante depuis plus de 6 mois, localisée au niveau de la partie inférieure de l’abdomen, d’une intensité suffisanunent élevée pour avoir un impact négatif sur la qualité de vie ( Cheong et William, 2006).
Pour leur patt, les douleurs gastro-intestinales se définissent généralement selon les critères du Rome III : système de classification international des troubles fonctimmels gastro-intestinaux (Drossman, 2006). Elles impliquent la présence de douleur pendant au moins 12 semaines, non nécessairement consécutives, pendant les 12 derniers mois, Les troubles peuvent se présenter à tous les niveaux du système digestif, de l’œsophage au rectum (Corazziari, 2004). Les différents diagnostics du système gastro-intestinal se distinguent en deux principales catégories, soient les troubles associés au système digestif haut et ceux associés au système digestif bas.
On différencie également deux types d’affections, soient les maladies organiques (ex: maladie de Crohn) et les troubles digestifs fonctiormels (TDF) – appelés aussi troubles fonctiormels gastro-intestinaux (TFGI) (ex: syndrome du colon irritable). la distinction entre les différentes catégories de douleurs abdominales cluoniques n’est pas systématique. En effet, les troubles reliés au système digestif bas peuvent être classés dans les douleurs gastro-intestinales et dans les douleurs pelviennes.
Dans le cas d’un trouble présentant une lésion ou une anomalie organique, le diagnostic sera posé de façon précise suite à une évaluation médicale. Toutefois, lorsqu’il s’agit d’un trouble fonctionnel, e’est-à-dire sans pathologie apparente, le diagnostic repose sur une évaluation clinique et dépend principalement du spécialiste qui l’effectue (Wessely et al., 1999). Une personne qui présente une douleur cluonique à la partie inférieure de l’abdomen peut recevoir, par exemple, un diagnostic de colon irritable si elle est évaluée par un gastroentérologue, ou encore un diagnostic de douleur pelvienne cluonique si elle est évaluée par un gynécologue.
Les gens souffrant de DAC présentent également un taux de comorbidité élevé. Des données concernant le syndrome du colon irritable (SCI) par exemple démontrent qu’environ la moitié de la population qui en souffre rencontre les critères diagnostiques de douleur pelvienne chronique, la moitié d’entre eux présentent aussi les critères diagnostiques de fibromyalgie et certains souffrent également de lombalgie chronique, fatigue eluonique, dyspareunie et plusieurs autres troubles {Whitehead et al., 2002). Selon ces auteurs, plusieurs hypothèses tentent de justifier ce phénomène de comorbidité : l’hypersensibilité viscérale, des déficits au niveau du contrôle inhibiteur diffus nociceptif, l’hyperactivité musculaire, la réaction au stress ou encore des facteurs d’ordre psychologique. Il semble toutefois qu’aucun consensus n’existe quant à l’origine de cette manifestation.
Notons que 1′ enchevêtrement des différents symptômes contribue à accentuer le phénomène de comorbidité. Ainsi, la même personne peut se voir attribuer plusieurs diagnostics en relation avee ses douleurs abdominales (ex : douleurs pelviennes chroniques, SCI, douleur fonctionnelle ano-rectale, dyspepsie fonctionnelle, douleur thoracique non cardiaque). Cette situation entraîne nécessairement une grande variabilité au niveau des études de prévalence (Drossman, 2006) .
Prévalence des douleurs abdominales chroniques
Identifier la prévalence de chacun des types de DAC demeure tm défi. Certaines études par exemple présentent des données concernant la prévalence reliée au syndrome du colon irritable (SCI) seulement, qui est estimée à 22% dans la population adulte C »fîcholl et aL, 2007), tandis que d’autres s’intéressent à l’ensemble des TFGI, qui affecteraient de 4% à 20% de la population générale et seraient à l’origine d’une consultation sur trois chez le gastro-entérologue (Ducrotte, 2005). Bien qu’on observe généralement une prévalence supérieure des TFGI chez les femmes (Chang et aL, 2006), ce n’est pas nécessairement le cas pour tous les diagnostics. La dyspepsie fonctionnelle (digestion pénible et douloureuse) par exemple semble présenter une prévalence supérieure chez la population maseuline.
Également, certaines études évaluent la prévalence des douleurs pelviennes chroniques en excluant le SCI, tandis que d’autres les incluent. C’est le cas notamment de Zondervan et son équipe (200 1) qui estiment que les douleurs pelviennes chroniques accablent environ 24% des femmes âgées de 18 à 50 ans et que les problèmes les plus fréquents sont le SCI et les douleurs d’ordre uro-génitaL .
Il est également important de mentionner que la majorité des femmes souffrant de DAC expérimentent un amalgame de plusieurs types de troubles, par exemple : SCI + incontinence + dyspareunie (douleurs au cours des rapports sexuels) (Zondervan et Kennedy, 2005).
En ce qui concerne la population masculine, on estime de 5% à 16% la proportion des hommes qui expérimenteront un problème de douleur pelvienne chronique (DPC) au cours de leur vie (Krieger et al., 2002). Cette donnée n’inclue toutefois pas le SCI; les problèmes les plus fréquents rapportés sont la prostatite chronique et le syndrome de douleurs pelviennes chroniques (Walz et al., 2007).
Ces quelques données nous permettent de constater une absence de consensus dans les définitions associées à chaque type de trouble. Ainsi, les résultats des études de prévalence dépendent essentiellement des critères utilisés par chaque équipe de chercheurs pour classifier les différents symptômes et présentent une grande variabilité. Il est donc difficile de déterminer la prévalence avec précision.
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