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LES ADMINISTRATIONS DE LA SANTE DU SENEGAL
L’administration de la sante animale
La réglementation sénégalaise considère la rage comme une maladie réputée contagieuse (MRC) chez toutes les espèces animales.
Dans la région de Dakar, la santé animale est gérée par l’Inspection Régionale des Services Vétérinaires (IRSV), selon l’organigramme de la Direction Générale de l’Elevage (DIREL). L’IRSV coiffe les Inspections Départementales des Services Vétérinaires (IDSV) et les Postes Vétérinaires (PV) [18].
L’administration de la santé humaine
La rage est une maladie à déclaration obligatoire chez l’Homme depuis 2008.
Le système de santé publique du Sénégal se présente sous forme d’une pyramide à trois niveaux : l’échelon de base dit périphérique correspond au district sanitaire ; l’échelon intermédiaire ou moyen dit régional correspond à la région médicale et l’échelon supérieur ou central [26].
Le district sanitaire est assimilé à une zone opérationnelle comprenant au minimum un centre de santé et un réseau de postes de santé. Il couvre une zone géographique (un département ou une partie d’un département). Le Sénégal compte actuellement 50 districts sanitaires. Chaque district est géré par un médecin chef. Les postes de santé sont implantés dans les communes, les chefs lieux de communautés rurales ou les villages relativement peuplés.
La région médicale est la structure de coordination au niveau régional. Chaque région médicale correspond à une région administrative. Celle-ci est dirigée par un médecin de santé publique.
Le niveau central comprend outre le cabinet du ministre, les directions et les services rattachés.
CIRCUIT DE SURVEILLANCE EPIDEMIOLOGIQUE DE LA RAGE ANIMALE DANS LA REGION DE DAKAR
La première partie de ce travail, nous a permis de faire une synthèse bibliographique sur la rage et les administrations de la santé du Sénégal, permettant de bien comprendre le danger que représente la rage animale dans la région de Dakar. Elle permet aussi de comprendre l’organisation des structures publiques de santé animale et humaine. Cette synthèse bibliographique va contribuer à la compréhension de la mise en place d’un circuit permettant de coordonner et de gérer la prise en charge des cas suspects de rage animale à l’échelle régionale La problématique de notre travail se situe dans le cadre de l’ACIP (Actions Concertées Interpasteuriennes), le projet intitulé STOPRAGE (Surveillance, Traitement et Organisation de la Prévention de la Rage) en Afrique Centrale et de l’Ouest a été lancé dans 3 pays d’Afrique que sont la Côte d’Ivoire, la République Centrafricaine et le Sénégal.
Ce projet se propose de mettre en place un réseau de surveillance de la rage humaine et animale en Afrique de l’ouest et du centre.
Au Sénégal, l’un des volets de l’application de ce projet est la mise en place et le renforcement d’un circuit de surveillance locale de rage humaine et animale mobilisant les ressources locales (Centres hospitaliers universitaires, districts sanitaires, Centres de vaccination et de traitement antirabique, les services de santé vétérinaire, infectiologues et médecins légistes, etc.).
En effet, après avoir constaté sur le terrain, l’absence d’un système permettant la prise en charge des animaux mordeurs dans la région de Dakar, les responsables du projet nous ont proposés de travailler sur la mise en place d’un circuit qui permettra de suivre les animaux mordeurs. L’idée de départ était de cibler les vétérinaires en clientèle privée, car ils sont les plus sollicités pour les cas cliniques des animaux de compagnies et domestiques à Dakar. Nous avons prévu de rencontrer les vétérinaires privés dans le but de mieux comprendre le processus de mise en observation qui correspond à un suivi sanitaire de l’animal mordeur. Mais, il s’agissait aussi d’identifier les autres acteurs du système (services publics).
Cette partie, de l’étude va être consacrée aux travaux de terrain. Après avoir présenté le matériel et les méthodes utilisés ; nous présenterons ensuite les résultats, la discussion et les recommandations.
Notre travail s’est déroulé à l’Institut Pasteur de Dakar (IPD) au sein de l’Unité des Arbovirus et Virus de Fièvres Hémorragiques et dans les cabinets privés de la région de Dakar.
Cette étude s’est focalisée sur la région de Dakar, une presqu’île de 550 km2 située à l’extrême Ouest du Sénégal. Elle est limitée à l’Est par la région de Thiès et entourée par l’Océan Atlantique sur ses limites Nord, Ouest et Sud. Elle est divisée en 4 départements (Dakar, Guediawaye, Pikine et Rufisque), 7 mairies de villes (Dakar, Guediawaye, Pikine, Rufisque, Bargny, Diamniadio et Sébikotane) et 2 communautés rurales (Yène et Sangalkam) [24].
La période de l’étude est de 6 mois et demi, et l’étude a eu lieu d’octobre 2009 à avril 2010.
La population prise en compte dans notre étude était les vétérinaires en clientèle privée inscrits à l’Ordre des Vétérinaires et secondairement les services publics (collectivités locales, service d’hygiène et groupement des sapeurs pompiers).
Matériel
Nous avons utilisé dans le cadre de ce travail, différents matériels :
– Moyens de transport : véhicules de l’IPD mais également les transports en communs tels cars, taxis ;
– Matériel bureautique : cartables cartonnés, papiers A4 et enveloppes ;
– Fiches d’enquête pour la collecte des données auprès des vétérinaires ;
– Matériel de communication : les téléphones de bureau et mobile ont été employés ;
– Ordinateur avec les logiciels EpiData, Rcommander et Microsoft office, nous ont permis de réaliser le traitement de texte et de données qui ont
été collectées,
Les chauffeurs de l’IPD constituent les moyens humains.
Méthodes
La méthode utilisée pour les vétérinaires, a été la réalisation d’une enquête et l’organisation d’une réunion. Pour les services publics régionaux de Dakar, une réunion autre avait été aussi organisée.
Enquête Préparatoire
Notre travail avait consisté d’abord à la définition de l’hypothèse de recherche puis à la présentation d’un protocole de recherche aux membres du comité restreint du projet STOPRAGE. Ce qui nous a permis de recenser et de consulter les travaux consacrés à l’épidémiologie de la rage et les pratiques de la mise en observation des animaux mordeurs au Sénégal par les vétérinaires.
Ensuite, il convenait de recenser les vétérinaires praticiens de la région de Dakar. Apres avoir adressé une correspondance officielle à l’Ordre Des Vétérinaires du Sénégal (ODVS) pour demander la liste des vétérinaires en clientèle privée, nous avons dû attendre près de 2 mois avant que l’ODVS ne puisse nous transmettre la liste complète. La liste des vétérinaires nous a permis de les localiser à travers leurs adresses afin d’avoir une première idée de la présence des vétérinaires à l’échelle régionale.
Puis, il a fallu cibler les vétérinaires privés exerçant comme clinicien que nous souhaitions rencontrer, élaborer une méthodologie pour les entretiens et définir une taille d’échantillon. Nous avons décidé de rencontrer les vétérinaires privés, cible initiale de notre étude, mais aussi les acteurs institutionnels pouvant intervenir dans le circuit.
Echantillonnage
La définition de l’échantillon a été un des points critiques de notre travail. Afin d’obtenir un échantillon représentatif, un tirage au sort aurait été intéressant. Cependant, pour des raisons liées à la faible taille de la population cible et de la répartition non homogène des vétérinaires dans la région, cette méthodologie était inapplicable. Nous avons simplifié la méthode d’analyse en nous fixant pour objectif de rencontrer principalement les vétérinaires praticiens ayant des activités cliniques. C’est ainsi que 28 des 36 vétérinaires privés de la liste de l’ODVS ont pu recevoir le questionnaire. Rappelons que certains vétérinaires privés dont leurs noms ne figurant pas sur la liste de l’ODVS, n’ont pas été retenus dans cette étude.
Elaboration et organisation du questionnaire
Le questionnaire a été élaboré à la suite des recherches documentaires en tenant compte des objectifs fixés.
Le questionnaire (voir annexe) comprend 4 sections : la 1ère section porte sur les informations personnelles du vétérinaire, la 2ème section porte sur les animaux mordeurs et les personnes mordues, la 3ème section traite de la pratique et des difficultés de la mise en observation des animaux mordeurs et la 4ème section porte sur la participation au circuit de surveillance épidémiologique , la collaboration avec les différents acteurs et les suggestions.
Conduite des enquêtes sur le terrain et des réunions
Pré enquête
L’enquête pilote consistait à tester le questionnaire auprès des vétérinaires de l’échantillon déjà défini. Nous avons aussi réalisé des entretiens avec une dizaine des vétérinaires. Les informations issues de la recherche bibliographique et des entretiens, nous ont permis de corriger le questionnaire, de l’adapter et de le faire valider par nos encadreurs de l’EISMV puis de l’IPD.
Enquête descriptive transversale
L’enquête proprement dite s’est déroulée à l’occasion d’une réunion organisée à l’IPD. Avant la réunion, nous avons pris le soin d’informer les vétérinaires à travers une correspondance, qu’ils auraient à remplir la fiche d’enquêtes. Nous avons distribué l’invitation et la fiche en nous rendant chez les vétérinaires. Une fois chez eux, nous leurs avons expliqué l’objet de la correspondance et de la fiche de questionnaire d’enquête à remplir. De la même façon, nous avons organisé une autre réunion avec les acteurs institutionnels sur le rôle des collectivités locales, le service d’hygiène et les sapeurs pompiers dans l’effort de la mise en place du circuit de surveillance épidémiologique. Pour se faire, nous avons sillonné les communes de ville, les communautés rurales, le service d’hygiène et l’Etat major des Sapeurs pompier s pour leur remettre une invitation adressée aux différents responsables de ces institutions.
Recueil de données des réunions
Pour pouvoir mettre en place le circuit de surveillance épidémiologique mais aussi pour mieux en appréhender les enjeux, il était important de rencontrer les vétérinaires et les services publics.
La récolte des données de cette étude s’est faite à travers des interrogatoires directs à l’occasion des réunions organisées à l’intention des vétérinaires et des services publics.
La majorité des vétérinaires cibles, questionnés étaient présents lors de la réunion. Les vétérinaires qui avaient reçu les fiches d’enquête, nous les avaient rendues, préalablement remplies. Pour les vétérinaires qui n’étaient pas présents à la réunion, nous nous sommes déplacés pour aller récupérer les fiches. Certains de ces vétérinaires ne souhaitaient pas répondre à certaines questions figurant sur la fiche (Annexe).
Ces réunions étaient pour nous l’occasion de présenter et d’interroger les uns et les autres sur la proposition de circuit de surveillance épidémiologique qui sera basé sur la mise en observation des chiens mordeurs (figure 1, page 14). Pour ce faire, le vétérinaire effectue la 1ère visite et achemine l’animal mordeur dangereux ou agressif à l’Ecole Inter -Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires (EISMV) qui va continuer la mis en observation. Pour cela, des box de transport seront confectionnés et mis à la disposition des cabinets vétérinaires.
Les entretiens se sont déroulés de manière formelle, sous la forme d’une discussion et de questions ouvertes. Il s’agissait de recueillir les avis de chacun sur le circuit de surveillance épidémiologique, d’écouter les points de vue et entendre les remarques de chacun.
Traitement et analyse des données
Pour le traitement et l’analyse des données, nous avons codifié le questionnaire ; nous avons fait le masque de saisie avec le logiciel Epidata et nous avons exporté le tableau statistique sous la forme d’un fichier Excel 2003. Le tableau statistique nous a permis d’utiliser le logiciel Rcommander pour ressortir les résultats en fonction des objectifs recherchés.
RESULTATS, DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
Résultats
Le traitement et l’analyse des données nous ont permis d’obtenir les résultats ci-après.
Identification des cabinets vétérinaires privés
Identification des vétérinaires praticiens privés
Le tableau I ci-dessous montre que 28 sur les 36 (77,78 %) vétérinaires privés de la région pratiquent la clinique dans un cabinet. Les 28 vétérinaires privés qui ont été identifiés et ont accepté de faire parti du circuit de surveillance épidémiologique ont reçu le questionnaire. Au total, 25 vétérinaires privés ont répondu à l’enquête parmi lesquels, 3 nous ont fait parvenir leurs questionnaires en retard ; ces trois fiches n’ont pas été prises en compte. Donc les répondants de la population cible sont de 22 sur les 28 (78,5%).
Cartographie des cabinets vétérinaires privés identifiés
La figure 2 montre la répartition spatiale des cabinets ou cliniques vétérinaires dans la région de Dakar. Sur les 28 vétérinaires identifiés, les 22 qui ont répondu à l’enquête, sont représentés sur la carte de la région de Dakar.
Résultats de l’enquête auprès des vétérinaires privés
Caractéristiques des animaux mordeurs
Cas de suspicion de rage
La figure 3 indique les réponses données par les vétérinaires concernant l’existence de cas de suspicions de rage ou non dans leur zone d’exercice. Sur les 22 vétérinaires enquêtés, 15 (68,18 %) disent que la rage existe dans leur circonscription alors que 6 (27,27 %) ne le pensent pas. Sans réponse 1 vétérinaire (4,55).
Figure 3 : Niveau de suspicion de rage par les vétérinaires
Animaux mordeurs incriminés
Les animaux suspects de la rage sont surtout les carnivores (CN) errants (figure 4). Les carnivores domestiques viennent en 2ème position, suivis des chats et des autres animaux (cheval, singe) 1.
Figure 4 : Répartition des animaux mordeurs incriminés
Statut vaccinal des animaux mordeurs consultés
La figure 5 indique que 16 (72,72%) des vétérinaires enquêtés affirment que les animaux mordeurs mis en observation sont non vaccinés contre 5 (22,73%) qui affirment n’avoir consulté que des animaux mordeurs vaccinés.
Figure 5 : Statut vaccinal des animaux mordeurs
Nombre moyen annuel des carnivores vaccinés et non vaccinés
Le nombre moyen des carnivores non vaccinés représente 86 par an (figure 6). Alors que les vétérinaires interrogés disent vacciner en moyenne 14 carnivores par an, contre la rage. Ces moyennes ont été obtenues grâce aux nombres moyens donnés par les vétérinaires interrogés (figure 5).
Catégories des personnes mordues
Les chiens mordeurs, mis en observation dans les cabinets vétérinaires, mordent en majorité les enfants selon les 18 vétérinaires soit (81,82%) des 22 enquêtés (figure 7). De plus, les adultes représentent la 2ème catégorie des personnes mordues selon les 7 (31,82%) des 22 vétérinaires contre 14 qui disent non.
Figure 7 : Catégories des personnes mordues
Pratiques de la mise en observation
Collaboration entre vétérinaires et médecins
Orientation des animaux mordeurs par le médecin
La figure 8 montre qu’il y a autant d’orientation de médecin que non, c’est-à-dire que les animaux mordeurs reçus dans les cabinets vétérinaires, ne sont pas du tout orientés par un médecin traitant selon 9 (40,9%) vétérinaires et y sont souvent orientés selon 8 (36,36%) vétérinaires et sont toujours orientés selon 3 (13,64%); L’orientation des animaux mordeurs va permettre la mis en observation de l’animal mordeur par le vétérinaire.
Figure 8 : Niveau d’orientation des animaux mordeurs
Mise en observation et retour d’information au médecin traitant Selon la figure 9, 11 (50%) vétérinaires sur 22 affirment avoir mis en observation les animaux mordeurs suite à l’orientation des personnes mordues par un médecin traitant, alors que 8 (36,36%) n’ont pas fait la mise en observation. Sur les 11 vétérinaires ayant mis en observation les animaux mordeurs, 6 disent informer le médecin du centre de traitement antirabique des résultats alors que 5 vétérinaires n’ont pas pu informer le centre de traitement antirabique.
Figure 9 : Niveau de la collaboration entre vétérinaires et médecins
Demande et mise en œuvre de la mise en observation
Demande de mise en observation
La figure 10 indique que sur les vétérinaires interrogés, 15 (68,18%) disent que les propriétaires des animaux n’ont pas l’habitude d’emmener leur animal ayant mordu pour une mise en observation par contre, 6 (27,27%) affirment le contraire.
Figure 10 : Demande de la mise en observation par les propriétaires d’animaux
Mise en œuvre de la mise en observation
La figure 11 montre que pour les 18 réponses reçues, il y a autant de mise en observation des animaux mordeurs complète qu’incomplète.
Figure 11 : Mise en œuvre de la mise en observation des animaux
Causes de la mise en observation d’animal mordeur chez le propriétaire
Les vétérinaires enquêtés ont cité plusieurs raisons que sont : Manque de local ou d’équipements adéquats au niveau des cliniques ou des cabinets ; refus des propriétaires de se séparer de leurs animaux ; refus des propriétaires d’animaux de supporter les coûts de la garde des animaux au niveau du cabinet, risques de morsures (chez l’homme et d’autres animaux) et disparition de l’animal mordeur mis en observation. Ces causes sont à l’origine de la garde d’un animal mordeur même dangereux par le propriétaire.
Appréciation du risque de la mise en observation chez le propriétaire
La figure 12 montre que la garde d’un animal mordeur sous observation par son propriétaire comporte des risques selon 20 (90,9%) des vétérinaires ayant répondu à la question, contre 1 (4,55%) qui affirme qu’il n’y a pas de risques lorsque l’animal mordeur est gardé par son propriétaire.
Figure 12 : Appréciation du niveau de risque par les vétérinaires
Variation du prix de la mise en observation pratiqué par les vétérinaires
Le tableau II montre que les différents prix pratiqués par les vétérinaires en clientèle privée lors de la mise en observation des animaux mordeurs. Les prix varient de 0 à 30 000 FCFA selon les vétérinaires qui ont bien voulu répondre à cette question. Cinq (5) des vétérinaires font la mise en observation d’animal mordeur à 15 000 FCFA pour les 3 visites. Deux (2) autres vétérinaires le font à 4 500 FCFA alors que, il n’y a qu’un seul (1) vétérinaire dans chaque cas, qui pratique les prix de : 7 500, 18 000, 20 000 et 30 000 FCFA. Et un vétérinaire fait la mise en observation à 0 FCFA.
Participation au circuit de surveillance, collaborations et suggestions
Participation au circuit de surveillance épidémiologique
Les 22 Vétérinaires enquêtés souhaitent participer au circuit de surveillance car pour eux éliminer la rage chez l’homme passe par le contrôle de la rage animale.
Collaborations avec EISMV, IPD et cabinets vétérinaires
Selon la figure 13, sur les 22 vétérinaires qui ont répondu à notre enquête, la majorité, c’est-à-dire les 6 (27,27%) et 12 (54,55%) des vétérinaires disent respectivement qu’ils ne collaborent ni avec d’autres cabinets ni avec l’IPD. Par contre 14 (63,64%) des vétérinaires collaborent avec l’EISMV.
Figure 13 : Niveau de collaboration entre l’EISMV l’IPD et les cabinets
Suggestions pour une meilleure surveillance
Les vétérinaires enquêtés ont suggéré de : éliminer les chiens errants ; Informer et sensibiliser la population sur les dangers des chiens errants et des chiens domestiques non vaccinés qui peuvent transmettre la rage ; subventionner les vaccins contre les rages humaine et animale ; décentraliser les centres de traitement antirabique.
Résultats des réunions d’information
Deux (2) réunions avaient été organisées à l’intention des vétérinaires et des acteurs institutionnels. Deux (2) comptes rendus avaient été envoyés aux participants.
Réunion avec les vétérinaires
Sur 29 vétérinaires invités, seuls 19 avaient pris part à la réunion, en présence des membres du comité restreint et de l’inspecteur régional des services vétérinaires qui représentait les vétérinaires publics.
Il ressort de cette réunion que :
– Les vétérinaires étaient tous d’accord pour la mise en place d’un comité de surveillance épidémiologique, mais ils souhaiteraient continuer à faire la mise en observation de l’animal mordeur à leur niveau lorsque l’animal n’est pas agressif et dangereux pour le propriétaire et pour son entourage.
– Les vétérinaires présents à cette réunion ont attiré l’attention du comité restreint sur la nécessité de contrôler les chiens errants qui sont le plus souvent responsables de la majorité des cas de morsures humaines ; selon ces derniers, la population n’est pas sensibilisée et informée du danger que constitue un animal mordeur et de l’importance que revêt la mise en observation.
– Les vétérinaires ont également exprimé leurs besoins concernant la formation, la collaboration entre les différents acteurs de la santé publique et demandé la mise à leur disposition de fiches et kits de prélèvement et de transport. Ils ont aussi sollicité certaines mesures d’accompagnement par rapport au prix réduit de la mise en observation qu’on pourrait leur demander de pratiquer.
– Les vétérinaires souhaiteraient l’implication dans le circuit de surveillance épidémiologique de la municipalité des différentes communes d’arrondissement de Dakar, des services d’hygiène et des ministères de la santé, de l’élevage et de l’éducation nationale.
Réunion avec les acteurs institutionnels
La réunion avec les acteurs institutionnels avait enregistré la participation de 7 communes sur les 9 conviées, (les communes de Rufisque et Bargny étaient absentes), le service d’hygiène et le groupement des sapeurs-pompiers ainsi que les membres du comité restreint.
Les représentants des acteurs institutionnels ont apprécié l’idée de la mise en place d’un circuit de surveillance épidémiologique dans son ensemble, car la rage animale constitue un problème majeur de santé publique. A cela s’ajoute le fait que le nombre des chiens errants devient de plus en plus élevé dans leurs communes.
La réunion nous a permis de nous rendre compte du manque de sensibilisation de la population mais aussi celle des autorités locales sur la rage. Nous avons remarqué que les communes de la région ne disposaient pas de fourrières fonctionnelles et aucun mécanisme efficace n’est mis en place par les mairies pour limiter la divagation des animaux errants et dangereux.
Les participants ont souhaité que le comité restreint puisse rencontrer les Maires de la région car selon ces derniers, il existe des structures ou canaux de sensibilisation de la population, mis en place dans chacune des communes de ville. De plus, chaque commune dispose d’un budget pour la santé publique, car disent-ils, “la santé est une compétence transférée aux communes“.
Discussion
Les discussions porteront principalement sur : l’identification des vétérinaires, la répartition des cliniques ou cabinets vétérinaires de la région de Dakar et les résultats d’enquête et des réunions.
Limites de l’étude
De plus, sur les 28 vétérinaires praticiens, seuls 22 ont répondu à l’enquête ; les 6 autres étaient indisponibles ou absents à Dakar.
Choix de la zone d’étude
Le choix de la région de Dakar se justifie par le fait que la majorité des personnes accueillies dans le centre de traitement antirabique de l’IPD venaient, pour la plupart, de cette région entre 2003 à 2008 et c’est le seul centre de traitement du Sénégal.
Matériel et méthodes
L’échantillonnage de notre étude est essentiellement constitué des vétérinaires qui sont installés en clientèle privée à Dakar dont les noms figuraient sur la liste transmise par l’ODVS. Il nous a permis d’obtenir un certain nombre de résultats.
Résultats d’enquête
Identification des cabinets vétérinaires privés
Pour mettre en place et renforcer le circuit de surveillance épidémiologique des animaux mordeurs dans la région de Dakar, il nous fallait identifier certains vétérinaires privés praticiens. Ainsi, selon le résultat d’identification (tableau I page15), le nombre des vétérinaires identifiés serait plus important que le nombre des vétérinaires n’ayant pas répondu à l’enquête, y compris ceux dont les noms ne figurent pas sur la liste de l’ODVS, exerçant comme vétérinaires praticiens dans la région de Dakar. Les vétérinaires identifiés seront les acteurs principaux sur le terrain du circuit de surveillance épidémiologique. L’orientation des animaux mordeurs vers les vétérinaires par le médecin, pose énormément de difficulté dans la prise en charge du traitement post- exposition au niveau du centre de traitement antirabique de l’IPD. Le circuit d’orientation des animaux mordeurs permettra plus tard au vétérinaire de faire parvenir au médecin, l’information selon laquelle la morsure est contaminante ou non de telle sorte que les médecins puissent interrompre le traitement ou poursuivre le traitement, selon les résultats de la mise en observation ou du laboratoire de diagnostic. D’où la nécessité d’une cartographie des cabinets ou cliniques vétérinaires de la région de Dakar.
La carte de répartition des vétérinaires permettra au centre de traitement antirabique de pouvoir orienter les chiens mordeurs vers un vétérinaire précis en vue de leurs mises en observation. Cela facilitera la prise en charge de l’animal mordeur par le vétérinaire impliqué dans le circuit de surveillance épidémiologique et diminuera le coût à payer par la personne mordue ou par le propriétaire de l’animal mordeur, car la surveillance se fera dans son quartier. Cette carte va contribuer à l’amélioration de la collaboration entre les différents acteurs de la lutte contre la rage, collaboration tant recommandée par certaines études au Sénégal [14], [15]. Un des problèmes liés à la mise en observation des animaux mordeurs est le manque de moyen financier de la part des patients.
Résultats de l’enquête auprès des vétérinaires
La variation du nombre d’enquêtés au cours de l’étude se justifie par le choix de certains vétérinaires interrogés, à répondre ou ne pas répondre aux questions posées.
Caractéristiques des animaux mordeurs
La rage au Sénégal est souvent due à des chiens et plus particulièrement aux chiens errants et semi -errants. Les vétérinaires enquêtés présentent les chiens comme étant les principaux animaux mordeurs et vecteurs de la rage humaine dans la région de Dakar. Ce résultat corrobore avec celui obtenu par DIALLO K.M., qui a montré que les animaux les plus incriminés dans les morsures sont en particulier les chiens errants [25]. L’étude menée dans la région de Fatick par NODJIMADJI met également en cause les chiens mordeurs [15]. C’est le même constat au Maroc, où les chiens sont les animaux vecteurs de la rage et à l’origine des contaminations humaines [ 28].
Nous avons cherché à savoir si les animaux mordeurs sont souvent vaccinés. Il ressort de cette enquête que la majorité des chiens mordeurs (environ 80 chiens) ne sont pas vaccinés. L’absence de vaccination des chiens peut s’expliquer par un manque d’information des propriétaires et des difficultés socio-économiques. Cette situation constitue la principale raison de la demande de subvention du coût de vaccins par l’administration de la santé animale [15].
La comparaison des nombres moyens des carnivores non vaccinés et vaccinés, permet de dire que la population n’est vraiment pas sensibilisée sur le danger que peut représenter les carnivores non vaccinés pour la santé publique. Les résultats obtenus confirment ceux de DIALLO K.M. [25]. Ces résultats peuvent être liés soit à la pauvreté des propriétaires soit à une absence d’information voire l’ignorance de la nécessité de vacciner les animaux domestiques
Catégories des personnes mordues
Les vétérinaires ayant répondu à notre enquête, indiquent dans leur majorité que les enfants sont les premières victimes des morsures par des animaux suspects de rage. Cet avis corrobore avec ceux d’autres auteurs qui ont montré que les enfants sont plus touchés par la rage que les adultes [25], [27]. Les enfants sont les plus exposés parce qu’ils aiment jouer avec les chiens. Mais au regard des cas de rage enregistrés entre octobre 2009 et le 1er trimestre 2010, à la clinique des maladies infectieuses du Centre Hospitalier National Universitaire (CHNU) de Fann, les adultes sont au nombre de 7 cas contre 1 cas d’enfant.
Pratiques de la mise en observation
La mise sous surveillance d’animaux mordeurs vaccinés ou non permet de savoir si l’animal mordeur est porteur ou pas du virus dans la salive au moment de la morsure. D’où l’importance de la collaboration qui doit exister entre tous les médecins, les auxiliaires de la santé qui reçoivent une personne mordue et les vétérinaires praticiens, en vue d’une prise en charge adéquate des personnes mordues.
Environ 41% des vétérinaires interrogés ont indiqué que les personnes mordues qui viennent les voir pour la mise en observation de l’animal mordeur, ne sont pas du tout orientées par un médecin, alors que 13 soit 64% le sont. Cette situation prévaut dans certains pays africains comme Côte d’Ivoire [17] et Madagascar où il existe des difficultés concernant l’orientation des personnes mordues vers les vétérinaires, pour la mise sous surveillance de l’animal mordeur. A Bangui (Centrafrique) par contre, presque toutes les personnes mordues arrivant au centre de traitement antirabique sont automatiquement sommées d’aller chercher le certificat de personne mordue à la clinique vétérinaire, car pour se faire traiter au centre de traitement antirabique à titre onéreux ou gratuit, la personne mordue doit disposer d’un certificat de personne mordue, ce qui lui permet de se faire traiter [13]. Ce système centrafricain, permet à la personne mordue d’emmener, si possible, l’animal mordeur pour une mise en observation à la clinique vétérinaire.
L’orientation par le centre de traitement antirabique des personnes mordues, vers le vétérinaire a permis de retrouver l’animal mordeur pour la mise en observation dans 11 cas et pas dans 8 autres, selon les vétérinaires enquêtés. L’absence de la mise en observation se justifie par :
– La disparition de l’animal ;
– Le manque de moyen financier du propriétaire pour amener l’animal chez le vétérinaire ;
– Le défaut d’information concernant la mise en observation.
Cette situation est souvent observée à Bangui, lorsque l’animal disparaît [13].
Sur les 11 vétérinaires qui ont eu à faire la mise en observation suite à l’orientation, 6 disent informer le médecin des résultats, alors que les 5 autres n’informent pas le médecin. Ces résultats sont parfois opposés à ce qui a été constaté à Bangui par MANGUE [13].
Dans notre enquête, il est souvent difficile de voir les propriétaires des animaux mordeurs solliciter les services vétérinaires pour la mise en observation de leur animal qui a mordu. Les 15 (68%) vétérinaires interrogés disent que les propriétaires d’animaux ne viennent pas solliciter leurs services lorsque leurs animaux sont mordeurs, même si la demande de mise en observation vient d’un centre de traitement antirabique. Ces résultats viennent confirmer ceux de DIALLO K.M. [25] qui a montré que sur 2808 demandes de mise en observation des animaux mordeurs, qui ont été faites, seules 32 avaient fait l’objet des 3 visites sanitaires réalisés par les cabinets vétérinaires le plus proche du lieu de résidence des chiens mordeurs. Les autres sont incomplètes [25]. AKAKPO et al., avaient aussi montré que le nombre des mise en observation est passé entre 1991 à 2005, de 21 cas à 1 cas 1].
Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LA RAGE
I.1. DEFINITION
I.2. HISTORIQUE
I.3. ESPECES AFFECTEES
I.4. IMPORTANCE DE LA RAGE
I.5. MORPHOLOGIE ET STRUCTURE DU VIRUS
PARTIE I : GENERALITE SUR LA RAGE ET LES ADMINISTRATIONS DE LA SANTE AU SENEGAL
I.6. EPIDEMIOLOGIE
I.6.1. LES CYCLES NATURELS DE LA RAGE
I.6.1.1. La rage urbaine
I.6.1.2. La rage sauvage
I.6.1.3. La rage des chiroptères
I.6.2. LA RAGE DANS LE MONDE
I.6.3. LA RAGE EN AFRIQUE
I.6.3.1. Epidémiologie classique
I.6.3.2. Epidémiologie moléculaire
I.7. DIAGNOSTIC
I.7.1. SUR LE TERRAIN CHEZ L’ANIMAL
I.7.2. SUR LE TERRAIN CHEZ L’HOMME
I.7.3. AU LABORATOIRE
I.7.3.1. Les prélèvements
I.7.3.2. Les techniques
I.8. TRAITEMENT
I.8.1. TRAITEMENT DE LA RAGE DECLAREE
I.8.2. TRAITEMENT POST-EXPOSITION
I.9. PREVENTION
I.9.1. CHEZ L’ANIMAL
I.9.1.1. Prophylaxie sanitaire
I.9.1.1.1. Mesures défensives
I.9.1.1.2. Mesures offensives
I.9.1.2. Prophylaxie médicale
I.9.1.3. Prophylaxie médico-sanitaire
I.9.2. CHEZ L’HOMME
CHAPITRE II : LES ADMINISTRATIONS DE LA SANTE DU SENEGAL
II.1. L’ADMINISTRATION DE LA SANTE ANIMALE
II.2. L’ADMINISTRATION DE LA SANTE HUMAINE
PARTIE II : CIRCUIT DE SURVEILLANCE EPIDEMIOLOGIQUE DE LA RAGE ANIMALE DANS LA REGION DE DAKAR
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES
I.1. ZONE, PERIODE ET POPULATION DE L’ETUDE
I.2. MATERIEL
I.3. METHODES
I.3.1. ENQUETE PREPARATOIRE
I.3.1.1. Echantillonnage
I.3.1.2. Elaboration et organisation du questionnaire
I.3.2. CONDUITE DES ENQUETES SUR LE TERRAIN ET DES REUNIONS
I.3.2.1. Pré enquête
I.3.2.2. Enquête descriptive transversale
I.3.3.3. Recueil de données des réunions
I.3.4. TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNEES
CHAPITRE II : RESULTATS, DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
II.1. RESULTATS
II.1.1. IDENTIFICATION DES CABINETS VETERINAIRES PRIVES
II.1.2. RESULTATS DE L’ENQUETE AUPRES DES VETERINAIRES PRIVES
II.1.3. RESULTATS DES REUNIONS D’INFORMATION
II.2. DISCUSSION
II.3. RECOMMANDATIONS
LISTE BIBLIOGRAPHIQUE
ANNEXE