Choix épistémologique et critères de validité de la démarche

Vue d’ensemble de la question d’e-finance

Bien vrai que l’e-finance soit née vers la fin du XIXème siècle, l’engouement pour la recherche dans ce domaine ne s’est fait que dans les débuts du XXIème siècle où les chercheurs se sont questionnés sur l’impact de l’e-finance sur l’économie et ont abordé cette question sous différents angles. En effet, afin de mesurer la portée de l’e-finance sur le monde de la finance en général et les économies mondiales en particulier, plusieurs recherches ont été conduites et des séminaires et congrès ont été initiés par des institutions internationales telles que l’UNCTAD (2001). La finance traditionaliste de prime abord ne permettant que des recherches majoritairement empiriques par sa nature positiviste, peu de manoeuvres sont alors possibles. Des chercheurs (Shamim 2007)ont adopté une approche empirique en mettant en directe corrélation l’impact de l’introduction de la technologie dans le système financier et les changements dans les habitudes des consommateurs de ces services (particuliers et entreprises). Allen, McAndrews et al. (2002) étaieront cette idée en ajoutant que la meilleure manière d’étudier l’impact de l’e-finance n’est pas de collecter des données, mais en observant les faits directement. D’autres par ailleurs (Raihan 2001, Allen, McAndrews et al. 2002, Mu 2003, Krishnan 2017) ont fait une analyse de données primaires empiriques afin de dégager leurs axes et de permettre de résoudre les hypothèses énoncées. Riyadh, Bunker et al. (2010) ont en revanche analysé des données secondaires du secteur afin de répondre à leurs hypothèses de recherche (Indjikian 2002). Aussi certains auteurs sont passés par une analyse des faits et tendances économiques et historiques en vue d’étayer leurs différents postulats (Fuatai and Toland 2003, Shahrokhi 2008). Également la plupart des auteurs ont opté pour une approche quantitative avec pour outil un questionnaire administré à des répondants. Sur la même lancée, Riyadh, Islam et al.

(2010) mettent en exergue le peu de recherches sur l’impact de l’e-finance sur la fourniture des services financiers et le manque de données générales et d’analyse critique. De plus, ils soulèvent aussi le manque de recherches impliquant des données primaires et secondaires à la fois d’où un intérêt de recherche (Santouridis and Kyritsi 2014). Il est aussi important de noter que tandis que certains chercheurs ont généralisé le cadre de leurs études, d’autres chercheurs aient opté pour une approche plus conceptuelle reliée à l’environnement socioculturel et économique auquel ils appartiennent (Raihan 2001, Nitsure 2003, Riyadh, Bunker et al. 2010, Srivastava 2014). Force est de relever que la plupart des auteurs ont soulevé un fait relativement marquant eu égard de l’intérêt social et économique de l’e-finance : il s’agit du manque d’informations et de données traitables et disponibles dans ce domaine rendant l’accès à une recherche scientifique quelque peu difficile. Notamment, Bresfelean Vasile and Avornicului (2011) relèvent aussi le manque de données et de littérature sur le sujet et particulièrement sur l’e-finance et la satisfaction des consommateurs. En outre, il convient de souligner que peu d’auteurs proviennent de la côte occidentale et même si des séminaires y sont organisés, la majorité des articles soumis et présentés a été écrite par des chercheurs originaires de l’Asie. Ce dernier continent abrite en grande partie des pays en voie de développement (Inde, Bangladesh, etc.). Aussi, il faudrait noter un engouement qui nait au niveau des pays africains surtout de l’Afrique du Sud (Mavetera, Jokonya et al. 2017). Ces pays sont désireux de connaitre le potentiel apport de l’e-finance pour leur milieu entrepreneurial en l’occurrence leurs petites et moyennes entreprises (PME), leurs banques et par extension leur économie.

Notion et évolution de l’e-finance

L’e-finance ou finance électronique peut être appréhendée comme étant la finance à travers les outils de communication et d’information technologiques. Cependant, le terme « efinance » est défini différemment chez les chercheurs (Shahrokhi 2008, Riyadh, Islam et al. 2010, Mavetera, Jokonya et al. 2017, Zhang 2017). La majorité des auteurs a défini l’e-finance comme la fourniture de services financiers à travers les divers canaux de communication électroniques et technologiques tels qu’Internet, les ordinateurs, etc. Aussi, certains auteurs comme Shahrokhi (2008) ont procédé par une méta analyse de définitions de l’e-finance afin d’en faire ressortir un caractère propre à celle-ci et donc s’en faire une idée. Ainsi, le point de convergence de leurs analyses est que l’e-finance a un caractère purement technologique et que sans cette nature, l’on ne pourrait parler d’e-finance (Paun, Mutu et al. 2010, Santouridis and Kyritsi 2014). Cependant, Zhang (2017) souligne qu’il faudrait bien faire la différence entre les activités financières en ligne et l’application générale de la technologie internet au domaine de la finance.

Par ailleurs, d’autres articles ne définissent pas clairement l’e-finance et souvent font l’amalgame avec l’e-commerce et l’e-banking. En effet, l’e-finance est un produit « dérivé » de l’e-commerce, car elle est née en partie pour répondre aux besoins particuliers et croissants des consommateurs de services de l’e-commerce (Raihan 2001, Fuatai and Toland 2003, He, Duan et al. 2006, Shamim 2007, Mavetera, Jokonya et al. 2017). Aussi, bien que ce soit tout le système financier qui ait fait ce renouveau technologique, ce fut le système bancaire qui a subi le plus fort impact (Allen, McAndrews et al. 2002, Mu 2003, Nitsure 2003, Ganbold 2008, Santouridis and Kyritsi 2014) à travers la réingénierie de tous ses services en vue de satisfaire adéquatement sa clientèle et s’internationaliser sans risque. En ce sens, certains auteurs dissocient difficilement le sens de l’e-finance à celui de l’e- Banking qui est une partie de l’e-finance.

Concernant les différentes composantes de l’e-finance, les auteurs ont des approches mitigées. Certains ont eu une approche beaucoup plus généraliste en ne les relevant pas et en traitant de l’e-finance dans son entièreté en d’autres termes ce n’est pas un secteur particulier de l’e-finance qui affecte les entreprises, mais c’est la présence de l’e-finance en elle-même qui constitue un gain compétitif pour ces dernières (Fuatai and Toland 2003). D’autres auteurs ont catégorisé les différents éléments de l’e-finance en des sous-groupes en vue d’une analyse détaillée propre à chacun. C’est le cas de Shahrokhi (2008) qui catégorise les différents services e-financiers en trois grands groupes qui sont les services B2B (concerne les transactions Business-to-Business : e-credit, advanced e-banking pour la finance d’entreprise, les investissements, les institutions financières et la finance internationale), les services B2C (concerne les transactions Business-to-Customer : basic online banking, e-trading, insurance, electronic bill payment), et les services C2C (concernant les transactions Customer-to-Customer : e-payment, e-cash, e-money).

Aussi, des chercheurs ont défini et analysé chaque élément dans son rôle dans le système efinancier (Riyadh, Islam et al. 2010). Parmi eux, Riyadh, Bunker et al. (2010), ont mis en exergue les différents types d’e-finance (Internet banking, e-lending, e-credit, e-trade finance, e-factoring, e-insurance, e-leasing, e-microfinance, e-warehouse, e-tax, epayment) à travers un tableau qui définit et propose leurs potentiels avantages pour les entreprises. Également, Riyadh, Islam et al. (2010) ont évoqué les quatre grands moyens par lesquels l’e-finance peut être délivrée en tant que produit et/ou service tels que l’Internet, le Téléphone, le DAB (distributeur automatique de billets pour la banque) et le Mobile (en termes d’agence mobile). Ces canaux sont fréquemment utilisés surtout dans le secteur de l’e-banking. Néanmoins, afin de mieux cerner le sens de l’e-finance en vue de son étude, les chercheurs se sont penchés sur la question de l’origine et de l’évolution de ce système.

Déterminants d’un système e-financier

De nombreux facteurs définissent le cadre de mise en place du système e-financier dans les pays surtout ceux en développement. En effet, ces déterminants mis en exergue par la majorité des auteurs sont nécessaires et parfois même primordiaux si l’e-finance se veut une place dans les systèmes financiers de ces pays. Parmi les déterminants relevés, ceuxci se catégorisent en deux grands groupes. D’une part, les déterminants liés intrinsèquement à la plateforme d’e-finance englobent tous les facteurs qui découlent de la conception et de l’utilisation de la plateforme. Dans cette catégorie sont rangés les risques liés à l’utilisation comme la sécurité et la confidentialité des données (Herbst 2001, Abroud, Choong et al. 2015, Zhang 2017), l’attractivité des différentes plateformes (Zhang 2017) et l’auto-efficacité du système (plus elle facilite la vie des utilisateurs en termes d’efficacité plus elle sera utilisée) (Zhang 2017). D’autre part, les déterminants externes au système concernent tous les facteurs issus de l’environnement externe et qui peuvent impacter l’implantation de l’e-finance (Cichorska and Klimontowicz 2016). Dans cette catégorie se retrouvent la culture (Riyadh, Islam et al. 2010, Karinan 2014), le cadre légal et institutionnel qui a été cité par la plupart des auteurs (Herbst 2001), l’accès à Internet (Herbst 2001, Hadidi 2003, Karinan 2014, Cichorska and Klimontowicz 2016), l’influence sociale (Abroud, Choong et al. 2015, Zhang 2017), les compétences et l’alphabétisation technologique (Riyadh, Islam et al. 2010). Considérée comme un déterminant majeur (Singh 2011), la confiance ne peut se catégoriser dans les groupes précédemment cités, car elle est transversale.

En effet, la confiance en la plateforme et au système découle de l’utilisation répétitive dudit système sans mauvais retours. Et donc, elle est basée sur une bonne mise en place du système et sur sa réputation auprès des consommateurs (Abroud, Choong et al. 2015, Zhang 2017). Souvent, cette confiance peut être inhérente au caractère volatile de ce système, car c’est une innovation qui est technologique avant tout (Hadidi 2003). De plus, selon Hadidi (2003), pour être effectif et efficace, le développement de l’e-finance dans les pays en développement a besoin d’être combiné à des opportunités de développement économique et éducationnel grâce à des infrastructures adéquates. Aussi, il faut générer le besoin de ce système au niveau des populations par un niveau acceptable requis d’éducation et de revenu les poussant à utiliser l’e-finance. Ainsi, ils démontrent que le niveau d’éducation est un déterminant principal dans l’implantation de l’e-finance et qu’il faille que l’e-finance se fasse accompagner par l’e-éducation.

Table des matières

RÉSUMÉ
Introduction
CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTÉRATURE
1.1 Vue d’ensemble de la question d’e-finance
1.2 Notion et évolution de l’e-finance
1.3 Déterminants d’un système e-financier
1.4 Apport de l’e-finance dans le milieu entrepreneurial
CHAPITRE 2 : CONTEXTUALISATION DE L’ÉTUDE
2.1 Contexte financier des PVD : statut de l’e-finance
2.2 Statut et défis des PME
2.3 Défis, opportunités et barrières à l’implantation de l’e-finance dans les PVD
CHAPITRE 3 : PROBLÉMATIQUE DE L’ÉTUDE
3.1 Importance de la recherche
3.2 Objectif de l’étude et questions de recherche
CHAPITRE 4 : CADRE THÉORIQUE
4.1 Le modèle d’acceptance technologique de Davis (MAT)
4.2 Le modèle de diffusion de l’innovation de Rogers
4.3 Le modèle de recherche retenu
CHAPITRE 5 : CADRE MÉTHODOLOGIQUE
5.1 Choix épistémologique et critères de validité de la démarche
5.2 Choix de l’outil de mesure
5.3 Présentation du terrain de recherche
5.3.1 Côte d’Ivoire
5.3.2 Ghana
5.4 Déroulement de la phase de collecte de données
5.4.1 Échantillonnage (choix des participants)
5.4.2 Phase de recueillement et de traitement des données
CHAPITRE 6 : PRÉSENTATION ET ANALYSE DES RÉSULTATS
6.1 Analyse et codification des entrevues
6.1.1 Entrevues de groupe 1 et 2
6.1.1.1 Entrevue de groupe 1
6.1.1.2 Entrevue de groupe 2
6.2 Entrevues individuelles 1 et 2
6.2.1 Entrevue individuelle 1
6.2.2 Entrevue individuelle 2
6.3 Tableau de comparaison inter-entrevue
6.4 Production du discours
CHAPITRE 7 : SYNTHÈSE ET DISCUSSIONS
7.1 Quelques faits saillants et discussion du modèle étudié
7.2 L’intérêt scientifique
7.3 Limites de l’étude
7.4 Recommandations
Conclusion

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