Choix d’un panel représentatif du système scolaire français
Le choix du public est une étape capitale pour assurer une bonne transposabilité des résultats à d’autres terrains en rapport. Nous nous fixons comme objectif d’esquisser un portrait le plus fidèle possible du système scolaire à l’ère numérique, à partir d’un terrain et d’une population (échantillon) limités. Pour cela, nous devons définir les caractéristiques principales de la population mère, autour des apprenants et enseignants du système scolaire dans sa vision la plus large. Le niveau scolaire : notre thématique portant sur les usages du Numérique, à l’école et en dehors, nous avons fait le choix arbitraire de ne pas intégrer le niveau primaire (maternelle et école élémentaire) dans notre étude pour plusieurs raisons : les usages du Numérique sont davantage cadrés par les parents chez les moins de 10 ans, les équipements personnels dont le smartphone sont moins fréquents et les connexions à Internet plus « surveillées ». De plus, enquêter auprès d’enfants est délicat, la simple reformulation des questions ou des réponses et le ton employé sont susceptibles de les faire changer d’avis, comme nous avons pu le constater à moindre échelle, avec des élèves de 11 ans (6e ). Nous nous intéresserons donc aux niveaux collège, lycée et université, pour bien couvrir la diversité des usages du Numérique chez les apprenants. Répartition public/privé : En ce qui concerne le niveau secondaire (collège, lycée)215, la part de l’enseignement public est prépondérante, comprise entre 78.5 et 79.2 % des effectifs suivant le niveau. Quant à l’enseignement supérieur en 2018, l’enseignement privé rassemble 520 200 étudiants, soit 19.4 % des effectifs (2 680 400 étudiants au total) 216 . Enseignement général/technologique : En lycée, la part de l’enseignement général est de 71 % par rapport à l’enseignement technologique (29 %), alors que dans l’enseignement supérieur, le poids des formations scientifiques atteint 34.5 %. Les chiffres étant de même ordre dans le secondaire et le supérieur, nous pouvons en conclure que l’essentiel des apprenants étudient dans l’enseignement public (environ 80 %) et en filière générale (environ 70 %).
Origine sociale des apprenants
elle fait référence à la PCS (profession et catégorie socioprofessionnelle) de la personne qui en est responsable en voici quelques caractéristiques principales : en 2017, dans l’ensemble des établissements publics et privés du second degré, plus d’un élève sur trois est enfant d’ouvriers, de retraités ou d’inactifs. Cette proportion s’accroit à plus d’un élève sur deux dans les formations professionnelles. Les élèves de première et de terminale générale sont deux fois plus souvent issus de familles socialement favorisées (professions libérales, cadres, enseignants) que ceux des classes de première et de terminale technologique (respectivement 34.7 % et 17.0 %)218. Il est à noter que l’origine sociale est ainsi découpée dans le rapport RERS 2018 : Origine sociale regroupée (page 88) :
- Très favorisée : chefs d’entreprise de dix salariés ou plus, cadres et professions intellectuelles supérieures, instituteurs ou professeurs des écoles. • Favorisée : professions intermédiaires (sauf instituteurs et professeurs des écoles), retraités-cadres et des professions intermédiaires.
- Moyenne : agriculteurs exploitants, artisans et commerçants (et retraités correspondants), employés.
- Défavorisée : ouvriers, retraités ouvriers et employés, inactifs (chômeurs n’ayant jamais travaillé, personnes sans activité professionnelle). Les élèves du secondaire ont donc majoritairement pour origine sociale les deux classes intermédiaires (moyenne à favorisée), particulièrement si notre échantillon est positionné en filière d’enseignement général. Dans l’enseignement supérieur, en 2017-2018, 35 % des étudiants français ont des parents cadres ou exerçant une profession intellectuelle supérieure tandis que 12 % sont enfants d’ouvriers et 16 % enfants d’employés. Les enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures sont surreprésentés dans les disciplines de santé (48 %). À l’inverse, ils sont deux fois moins présents en « pluridroit, sciences économiques, AES » (22 %), en AES (21 %) et en langues (23 %), au profit des enfants d’employés, d’ouvriers, de retraités et d’inactifs. Les étudiants à l’université et en filière générale (hors santé) ont donc majoritairement pour origine sociale les deux classes intermédiaires (moyenne à favorisée). En conclusion de cette analyse de la population apprenante du système scolaire français, notre échantillon sera choisi de telle manière à représenter :
- les apprenants du collège à l’université (classes de 6e à Master 2)
- en école publique
- de classe sociale intermédiaire (moyenne à favorisée, d’où filière générale, hors établissements classés ZEP)
- en filière générale
- sont exclues les sections technologiques en rapport avec le numérique, les filières informatiques, les classes pilotes, etc. Les enseignants : pour aller dans le sens de Becker (2013) et ses « ficelles » 219 , nous récolterons aussi le vécu et les représentations des enseignants autour du Numérique en éducation. Pour pouvoir croiser les regards, renforcer certains résultats ou en minimiser d’autres, il nous semble pertinent de sonder les enseignants des mêmes classes et non pas une population d’enseignants anonyme et disparate. Nous ajoutons donc le point suivant à la précédente liste :
- Les enseignants des mêmes classes que les apprenants (questionnaire spécifique avec des questions similaires) Les établissements d’enseignement : pour neutraliser l’effet contextuel d’un éventuel projet d’établissement ou d’équipe pédagogique autour du Numérique éducatif, nous enquêterons auprès de deux établissements pour chaque niveau scolaire : deux collèges, deux lycées et deux universités (ou deux filières à l’université). Le choix de deux établissements par niveau est un minimum tenant compte de l’impératif scientifique et de sa réalisation via les moyens d’une thèse unipersonnelle. Lesdits établissements (collège, lycée et université) feront partie d’un même milieu socio-économique. Nous l’avons évoqué en partie I (Voir § Remerciements, page 8), dans le cadre de cette thèse, un projet de recherche a été déposé à la Communauté d’Agglomération Pau Pyrénées (CAPP) en 2015 et retenu pour être financé, à condition qu’un des terrains d’études relève du territoire palois. Grâce à ce financement, nous pourrons couvrir les frais de terrains, d’enquêtes, de colloques et de documentation et être « plus ambitieux » dans la collecte des données. Nous intégrons donc comme une « contrainte choisie » le terrain palois.