CHASSE ET CHASSEURS EN ÉGYPTE ANCIENNE ET EN AFRIQUE NOIRE

CHASSE ET CHASSEURS EN ÉGYPTE ANCIENNE ET EN AFRIQUE NOIRE

LES MYTHES ET DIVINITÉS DE LA CHASSE EN ÉGYPTE ANCIENNE ET EN AFRIQUE NOIRE

L’exploitation de notre documentation, nous a montré l’essence et l’utilisation de la chasse comme moyen de subsistance, de protection. Cette activité cynégétique a des mythes et divinités tant en Afrique noire qu’en Égypte ancienne. 1) LES DIVINITÉS DE LA CHASSE EN ÉGYPTE ANCIENNE En Égypte ancienne, nous connaissons la déesse prairie et son fils le dieu-filet qui sont mentionnés par François Daumas dans son ouvrage la vie dans l’Égypte ancienne à la page 43. L’auteur nous indique que déjà dans l’Ancien Empire, comme dans les temples tardifs, la déesse prairie et son fils le dieu-filet, livraient, aux chasseurs et aux pêcheurs, le gibier et les poissons. Cependant, après plusieurs recherches, on ne trouve de divinité dans ce domaine que la déesse Neith. « Mythologie égyptienne: Neith. Neith est la déesse originaire de la ville de Saïs dans le delta du Nil; elle est représentée par une femme coiffée de la couronne rouge de la Basse-Égypte et tenant à la main un arc et des flèches ou d’un bouclier. C’est la déesse de la guerre et de la chasse » 42 . Pour appuyer l’idée de la déesse de la guerre comme étant celle de la chasse, exploitons les travaux de Leclant dans les Recherches récentes sur l’histoire de l’Égypte pharaonique. L’auteur nous présente des scènes de chasse et thèmes de guerre comme un parallélisme révélateur. Ces points sont célébrés sur le célèbre coffret de Toutankhamon ; au revers du grand pylône de Médinet-Habou (le temple funéraire de Ramsès III), ce sont des soldats, en tenue complète de combat, qui accompagnent le roi contre les animaux sauvages. Pour les Égyptiens, la chasse était un moyen de rétablir l’ordre, de lutter contre les ennemis du roi. Cela pourrait bien expliquer que la déesse de la guerre soit celle de la chasse. Pour le même thème, sur le coffret de Toutankhamon, les inscriptions accompagne un tableau « où le roi poursuit gazelles, bubales, onagres et autruches, mettent sur la voie pour interpréter exactement le symbolisme de ces chasses royales : Le dieu parfait, montagne d’or qui éclaire le Double-Pays avec ses uraeus, qui apparaît sur son cheval comme se lève Rê. Quand il se fut saisi des diadèmes de son père Rê, il trouva des hardes nombreuses de gibier du désert. Sa Majesté les ramena en un instant. L’apparition du roi sur son cheval, comme son père Rê se lève, est significative. C’est l’assimilation de l’acte royal à celui du dieu créateur par c’est étendre la création que de réduire par les armes tout ce qui ne participe pas à l’ordre du cosmos. » 43 Thoutmosis III d’ailleurs, exprime cette pensée avec beaucoup de clarté lorsqu’il relate sa chasse à l’éléphant : « voici une autre occasion de victoire que Rê ordonna pour moi. Il renouvela pour moi une grande prouesse au lac Niy. Il me fit rencontrer des hardes d’éléphants et ma Majesté en combattit un troupeau de cent vingt. Et jamais rien de pareil n’avait été fait, depuis le dieu, par un roi parmi ceux qui ont reçu la couronne blanche. J’ai conté ces faits sans m’en vanter et il n’y a point là de mensonge. Et j’ai agi conformément à ce que m’avait ordonné mon père Amon-Rê, Seigneur des Trônes du Double-Pays. Ma Majesté suivait le chemin parfait de ses conseils excellents, car il avait uni pour moi l’Égypte et le désert et tout l’orbe parcouru par le disque solaire est en mon poing. Comme il ordonne de soumettre à l’organisation de la royauté pharaonique l’incohérence des peuples étrangers. » 44 Ici Amon impose au roi de réduire la sauvagerie des bêtes qui participaient encore au désordre primordial. 

LES MYTHES ET DIVINITÉS DE LA CHASSE EN AFRIQUE NOIRE 

En Afrique noire, l’unité de la confrérie des chasseurs est fondée sur un mythe préservé par la tradition orale. La confrérie des chasseurs est un « monde mythique, mystique et mystérieux » 45. Elle étend son influence sur toute l’Afrique de l’ouest. Elle remonte à la fondation des grands empires et est à l’origine de la charte du Mandé (1222) que certains considèrent comme la première Déclaration des droits de l’homme dans le monde. Ce mythe est raconté dans le film Les maitres du nyama : la confrérie des chasseurs sénoufo. « En ces temps-là, dans l’empire du Ghana sévit une grande sécheresse. Un jour, une femme entreprend la traversée du pays en même temps que deux chasseurs, mais en sens inverse, elle porte au dos son enfant et sur la tête une calebasse d’eau fraiche. Les chasseurs accompagnés de leurs chiens par dureté envers eux même partent sans eau. Au quatrième jour, les uns et les autres se croisent. Les deux chasseurs assoiffés veulent boire l’eau de la femme, mais elle refuse s’est alors qu’ils lui arrachent sa calebasse, se désaltèrent et versent le reste de l’eau pour leurs chiens. Comme la femme profère des insultes à l’encontre de leurs parents, les hommes se ruent sur elle, lui arrachent son enfant et le jettent à terre. Il est aussitôt dévoré par les deux chiens affamés. À l’issue de ce macabre festin, se disputant le gros orteil de l’enfant, l’un des chiens renverse l’autre et l’égorge. Pour se venger, le maitre du chien défait tue l’animal assassin puis l’autre chasseur décroche une flèche à son compagnon avant de s’en enfoncer lui-même une dans la poitrine. La femme, terrassée par la douleur, continue de s’acharner contre le corps des défunts c’est alors que Dieu ressuscite les deux chasseurs et leurs chiens prouvant ainsi que lui seul peut décider de la vie et de la mort ici-bas. En mourant, les deux hommes ainsi que leurs compagnons de chasse avaient chacun émis un excrément, aussi les deux chasseurs s’offrirent mutuellement un bouquet de feuille verte afin de nettoyer leurs excréments et ceux de leurs chiens dans un triangle formé par trois chemins qu’ils sellèrent à jamais leur alliance.» 46 Ainsi naquit le culte de Sanin et Kontron qui sert aujourd’hui encore de constitution et de code moral à la confrérie. Il symbolise la victoire de la vie sur la mort, de l’amitié sur la haine. Il est enfin l’expression d’une fidélité et d’une reconnaissance éternelle. Youssouph Tata Cissé dans Notes sur les sociétés de chasseurs Malinké nous informe sur le mythe de Sanin et Kontron en ces termes : « Sanin et Kontron n’ont pas de patrie, Faso, leur pays étant la brousse, c’est-à-dire partout où vit le gibier. Ils ne sont d’aucun clan ni d’aucune race. Sanin, qui n’a pas été enfantée, ne connut point d’hommes ; cependant, elle conçut et enfanta Kontron qu’elle initia aux secrets des choses visibles et invisibles de la brousse. Kontron sut rendre par un dévouement jamais pris en défaut et par un amour filial porté au plus haut degré d’expression, l’affection et l’attention dont sa mère couve son adolescence. Il est l’archétype du chasseur, doso folo ; il battit toute sorte de gibier connu et inconnu des hommes ; il tua même des diables. Rien dans la brousse n’eut de secret pour lui, et il tira autant des êtres que des choses des connaissances aussi nombreuses que variées et aux usages multiples. Il resta chaste et de ce fait garda intacte sa pureté, sanuya (pureté de l’or). Les hommes qui imitèrent par la suite Kontron devinrent les ‘enfants’ : tout chasseur est ‘enfant’, dè, de Sanin et Kontron et frère de tous les chasseurs.

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CHASSEURS EN ÉGYPTE ANCIENNE ET EN AFRIQUE NOIRE

 ACCOUTREMENT DES CHASSEURS 

L’accoutrement varie fortement selon les cultures et les périodes de l’histoire. Avant d’aller plus loin à ce niveau, nous nous intéresserons à l’ouvrage de Léone ALLARDHUARD, Nil-Sahara Dialogues rupestres, Tome I- Les Chasseurs afin de relever les traits culturels des chasseurs anciens. Dans cet ouvrage, nous distinguons les traits matériels et ceux de valeur psychique. « Les traits matériels, connus depuis longtemps, sont relatifs à l’accoutrement (hommes sous des peaux de bête, masques, queue postiche, protection phallique, large ceinture rayée horizontalement); à l’armement (arc, arme courbe, massue, arme longue, hache, bouclier), aux procédés de chasse (lasso, harpon, pièges, chiens). Les traits de valeur psychique sont beaucoup plus significatifs. Ils concernent notamment l’évocation de drames vécus; les signes; les personnages touchants des fauves; les fauves fusionnés; ceux porteurs d’attributs céphaliques; la sexualité et la bestialité; la magie de la chasse; les mains et les pieds; les sujets zoomorphes et mythiques; les danses rituelles en ligne ou en file; les liens psychologiques figurés; les indices d’appropriation d’animaux sauvages. » 49 Ces traits persisteront jusqu’à l’ère pastorale. Si nous confrontons l’accoutrement et l’armement de cette époque à celui de l’Égypte pharaonique, la différence ne sera que moindre étant donné qu’il s’agit d’une suite, d’une évolution. Sur le fragment de la palette de la chasse, nous voyons des chasseurs qui défilent portant des pagnes avec une queue d’animal, des bâtons de jet, des arcs et des enseignes. De même, nous trouvons sur la palette du premier roi protodynastique, Narmer, pourvu d’une longue queue postiche qui brandit une massue. « Cette queue, accessoire inséparable du pharaon…progressivement réduit à une bande étroite pendant à la ceinture comme celle de Ramsès III, a été la survivance du port encombrant de la peau de bête sous laquelle le chasseur préhistorique se dissimulait pour l’approche. » D’ailleurs en Afrique noire, jusqu’à présent dans les confréries des chasseurs, nous les voyons partir à la chasse avec des enseignes, certains apportaient avec eux des têtes d’animaux qui servaient de masque lors des fêtes. Ces chasseurs utilisaient encore les arcs, les flèches, les harpons, les lassos, etc. Ainsi, « aux XVIIe et XVIIIe siècles, les armes à feu ont été introduites dans la région par les Arabes d’abord puis par les Européens. Leur usage a connu une forte expansion à la fin du XIXe siècle, les forgerons de villages parvenant alors à produire des fusils à silex puis à cartouches et même réaliser des canons rudimentaires. Au milieu du XXe siècle, les armes à feu avaient fait reculer complètement les armes blanches (arcs et flèches, lances, lance-pierres et catapultes de toutes sortes) dans le monde mandingue. » 

 ORGANISATION DES CHASSEURS

 En traitant des chasseurs en général, nous faisons allusion aux hommes ; ce qu’il faut savoir cependant c’est que les femmes jouaient un rôle dans la pratique de la chasse et cela depuis la préhistoire dans le Sahara. Cette idée est confortée par Vladimir dans son ouvrage Les chasseurs Donso du Mali à l’épreuve du temps en ces termes: « Les femmes…à des stades avancés de la culture des chasseurs, on en voit représentées porteuses d’armes courbes et de lassos dans l’aire du Nil, et utilisant des arcs au Tassili. » 53 À Meir, dans la tombe du chef de nome Oukhhotep, on a peint un spectacle inaccoutumé. « Le long d’un bassin d’un bleu profond où flottent des fleurs de lotus et où les poissons font mille tours, quatre jeunes femmes tiennent la corde du filet devant leur Seigneur et Maitre. Ce sont des dames de qualité. Elles ont robe longue et paraissent en tenue de fête : colliers, nœuds dans les cheveux et deux d’entre elles portent une lourde perruque bien peu séante pour ce genre d’exercice. Mais pour ne point se fatiguer, ces dames se sont accroupies…» 54 Dans des scènes de chasse aux oiseaux dans les marécages nous voyons pharaon ou les nobles sur de légers bateaux accompagnés de leur femme et de leur fille. Nous avons l’exemple d’Ouserhat sur sa tombe TT56 à Louxor.

Table des matières

Introduction générale
Ière partie : Approche méthodologique et Cadre spatio-temporel
Chapitre I : Revue critique, état de la question et problématique
1) Revue critique de la documentation
2) État de la question
3) Problématique
Chapitre II : L’Afrique
1) L’Afrique et ses ressources animales
2) L’Égypte, un pays riche, description
IIème partie : Étude de la chasse et des chasseurs en Égypte ancienne et en Afrique noire
Chapitre III : Étude de la chasse en Égypte ancienne et en Afrique noire
1) Les divinités de la chasse en Égypte ancienne
2) Les mythes et divinités de la chasse en Afrique noire
Chapitre IV : Étude des chasseurs en Égypte ancienne et en Afrique noire
1) L’accoutrement des chasseurs
2) L’organisation des chasseurs
IIIème partie : Les différents domaines et aspects de la chasse
Chapitre V : Les domaines de chasse
1) La chasse dans le désert ou la brousse
2) La chasse dans les marais
Chapitre VI : Les différents aspects de la chasse
1) La chasse pour l’alimentation et la domestication
2) La chasse pour la protection
3) L’aspect sacré de la chasse
4) La magie de la chasse
5) L’aspect médical de la chasse
6) La chasse pour le plaisir
IVème partie : Les différentes techniques et armes de chasse dans les marais
et les déserts ou les brousses
Chapitre VII : La chasse dans les marais
1) La chasse au boomerang
2) La chasse au filet
3) La chasse au harpon
Chapitre VIII : La chasse dans les déserts ou les brousses
1) La chasse à l’arc et aux flèches
2) La chasse au lasso
3) La chasse avec des chiens
Conclusion générale
Références bibliographiques
Annexe

 

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