Les cellulites cervico-faciales
Les cellulites cervico-faciales sont le plus souvent secondaires à des infections dentaires et péri dentaires, et leur extension est influencée par les structures locales formées par la loge manducatrice et les espaces de glissement des masticateurs.
Les espaces de glissement des masticateurs ou sysarcoses se trouvent entre les parois fixes de la loge ostéo-aponévrotique (la loge manducatrice), et les éléments dynamiques représentés par la branche montante de la mandibule et les muscles masticateurs. Ils contiennent un tissu cellulo-adipeux, spécial dans ses fonctions et dans sa texture qui est délicate.
Il y a quatre types d’espace de glissement : inter-musculo-aponévrotique, inter-ostéo-musculaire, inter-musculaire, en raison des directions non coplanaires des contractions des muscles manducateurs, inter-osseux (exemple : espace interpectoro-thoracique et espace prévértébral de Henlé).
Forme typique (type de description : cellulite aiguë génienne d’origine dentaire)
Elle passe par deux stades : la cellulite séreuse et la cellulite suppurée. La cellulite est précédée en général d’une phase de périodontite aiguë correspondant à la suppuration d’un granulome péri apical. Cette période est marquée par une douleur pulsatile, lancinante, continue avec paroxysme, spontanée ou au simple contact, calmée par les antalgiques habituels, entraînant une insomnie et un gène à l’alimentation. Parfois elle débute d’emblée.
Stade initial (cellulite séreuse) : Il est marqué par une apparition progressive d’une tuméfaction de la région génienne basse. C’est une tuméfaction de consistance élastique, douloureuse à la palpation, arrondie, aux limites imprécises, recouvertes d’une peau tendue, rosée et chaude.
L’examen du vestibule buccal inférieur montre que celui-ci est comblé par une tuméfaction dure, saillante, faisant corps avec la table externe, douloureuse, recouverte d’une muqueuse inflammatoire. Par contre le plancher de la bouche et la table interne sont indemnes. Parfois, il y a hypoesthésie de l’hemilèvre inférieure homologue. Il n’y a pas d’adénopathies.
La simple pression ou percussion prudente de la molaire mortifiée est toujours très douloureuse. Il y a une douleur spontanée lancinante, continue. Et il y a des signes généraux comme la fièvre, les céphalées, une fatigue et des courbatures.
Cellulite suppurée : Elle succède à la cellulite séreuse, c’est le stade d’abcédation. La tuméfaction a tendance à se limiter. Les téguments qui la recouvrent sont très tendus, luisants, rouges et chauds. A la pression digitale, ils prennent le godet.
Les signes fonctionnels de périodontite régressent mais la douleur s’accentue : douleur lancinante avec irradiations diverses. Elle s’accompagne d’une sensation de battements profonds et de tension.
Les signes généraux, notamment la fièvre s’exacerbent. La palpation est très douloureuse et peut mettre en évidence une fluctuation : signe de collection qu’on peut confirmer par une ponction exploratrice. Le pus est généralement épais, bien lié, de couleur jaune verdâtre et nauséabond. Il peut y avoir de fétidité de l’haleine, de sialorrhée, de trismus, et de dysphagie secondaire à l’infiltration des muscles de la langue et du plancher buccal.
A la biologie :- la numération de la formule sanguine montre une hyperleucocytose ( >10.000/ mm3) avec polynucléose neutrophile.- la vitesse de sédimentation des hématies est accélérée. La radiographie panoramique dentaire ou un cliché retroalvéolaire recherche une clarté péri apicale et/ou un élargissement de l’espace ligamentaire.
Cellulite secondairement diffuse
C’est le phlegmon perimaxillaire diffus qui se manifeste avec des signes généraux intenses et des signes généraux marqués par une diffusion à plusieurs loges cellulaires avec un processus nécrotique.
Sur le plan général, on est en présence d’une toxi-infection maligne. Rapidement après des frissons, le malade est couvert de sueurs. Le faciès est pâle. La conscience est conservée et des signes méningés ou pleuropulmonaires peuvent se surajouter. Sur le plan local, on note une tuméfaction limitée, molle, mais non fluctuante. Très vite, elle s’étend. Dans l’ensemble de la face, le début est génien ou ptérygo-maxillaire, mais très rapidement toute la face est intéressée ainsi que les régions environnantes.
Cellulites diffuses d’emblée
Elles ne font pas suite à des cellulites circonscrites mais d’emblée diffuses avec un pronostic plus grave. Les étiologies sont les périodontites, une extraction dentaire simple ou un traitement endodontique de la deuxième molaire inférieure infectée. A la clinique, on note un tableau général de toxi-infection et tableau loco-régional dominé par une nécrose tissulaire galopante d’installation brutale voire foudroyante.
Le premier signe clinique est un état de choc infectieux avec frisson solennel, une dissociation entre le pouls et la température, sueurs, pâleur, polypnée et hypotension artérielle ; suivi de signes secondaires signant les perturbations fonctionnelles avec diarrhées, vomissements, urines foncées et subictère. En absence de traitement, elles évoluent vers la mort par collapsus cardio-vasculaire, ou une syncope, ou un coma hépatique.
A l’examen physique, on note une tuméfaction molle, non fluctuante, peu douloureuse, qui s’étend rapidement et prend une consistance ligneuse. La peau ou la muqueuse a un aspect livide et se tend. Les phénomènes purulents ne se voient que 5 à 6 jours après. Si une artère est atteinte par le processus destructif, on assiste à des hémorragies cataclysmiques.
Evolution
Sans traitement, l’évolution se fait soit vers :
la fistulisation cutanée ou muqueuse : Ce sont des affections très fréquemment diagnostiquées souvent à l’occasion d’une nième poussée infectieuse.
Au niveau de la muqueuse : La fistule siège pratiquement toujours au centre d’une saillie bourgeonnante plus rouge que la muqueuse environnante.
Au niveau du revêtement cutané : L’aspect clinique est celui d’une pustule centrée par un orifice fistuleux inflammatoire, d’où peut sourdre un peu de sérosité ; parfois, la lésion cutanée prend l’aspect d’un botryomycome qui masque l’orifice de la fistule ; parfois enfin, très ancienne elle prend un aspect infundibuliforme au sein d’une zone cutanée rétractée qui adhère à l’os sous-jacent.- la diffusion vers d’autres structures : au niveau des muscles (myosites) et au niveau de l’os (ostéites). Les ostéites représentent des processus infectieux osseux limités. Le tableau clinique est dominé par une symptomatologie dentaire et une symptomatologie infectieuse. Les signes infectieux peuvent être locaux, régionaux, et plus rarement généraux : tuméfaction loco-régionale, adénite, température élevée, asthénie.- la thrombophlébite faciale, cranio-faciale et cervicale qui constituent une complication extrêmement rare mais très grave des processus infectieux dentaires.
Cliniquement apparaissent le plus souvent de manière cocomitante des signes généraux (signant une septicémie) et des signes loco-régionaux. On distingue plusieurs formes de thrombophlébites : les thrombophlébites faciales superficielles, les thrombophlébites ophtalmiques, les thrombophlébites faciales profondes ou ptérygoidiennes, les thrombophlébites du sinus caverneux, les thrombophlébites du sinus longitudinal supérieur, les thrombophlébites du sinus latéral et les thrombophlébites de la veine jugulaire interne.
Table des matières
Introduction
Première partie : Rappels théoriques
1 : Définition
2 : Rappels anatomiques
3 : Physiopathologie
4 : Etiologie
• Porte d’entrée
• Hôte
• Germes en causes
5 : Symptomatologie
5.1 : Forme typique( type de description : cellulite aiguë génienne d’origine dentaire)
* Stade initial (cellulite séreuse)
* Cellulite suppurée
5.2 : Formes cliniques
5.2.1 : Cellulites circonscrites
5.2.1.1 : Cellulites aiguës
* Cellulite péri mandibulaire
* Cellulite et abcès sous-maxillaire( ou sous-mylo hyoïdien)
* Cellulite de la fosse canine
* Cellulite ptérygo-maxillaire et massétérico mandibulaire
* Cellulite jugale
* Abcès palatin
* Abcès migrateur vestibulaire ou buccinato-maxillaire de Chompret et l’Hirondel
* Abcès vestibulaire
* Abcès retro-maxillaire
* Abcès mentonnier
* Abcès sous-mentonnier
* Cellulite de la fosse temporale
* Abcès parotidien
5.2.1.2 : Cellulites subaiguës ou cellulite chronique
5.2.2 : Cellulites secondairement diffuse
5.2.3 : Cellulites diffuses d’emblées
* Cellulite de la région sus-mylo-hyoïdienne ( angine de Ludwig)
* Cellulite de la région sous-mylo-hyoïdienne ( phlegmon de Patel et Clavel, Lemaître et Ruppe)
* Cellulite de la région péripharyngée ( angine de Senator)
* Cellulite de l’ensemble de la face( phlegmon de Petit Dutaillis Leibovicci et Lattes)
5.2.4 : Cellulites gangreneuses
6 : Evolution
7 : Traitement
7.1 : But
7.2 : Moyens
7.2.1 : Traitement médical
* Antibiotique
* Anti-inflammatoire
* Antalgique
7.2.2 : Traitement chirurgical
7.2.3 : Traitement dentaire
7.3 : Indication
Deuxième partie : Notre étude
1 : Matériels et méthodes
2 : Résultats
2.1 : Fréquence des cellulites
2.2 : Répartition selon le sexe
2.3 : Nos observations (Tableau I)
2.4 : Stade de la pathologie lors de la consultation
2.5 : Facteurs favorisants
2.6 : Dents causales
2.7 : Fréquence des régions atteintes
2.8 : Signes cliniques associés selon la dent causale
2.9 : Biologie
2.10 : Etiologie (germes en cause)
2.11 : Traitement
2.12 : Evolution
Troisième partie : Commentaires – discussions et suggestions
1 : Commentaires et discussions
1.1 : Sexe
1.2 : Age
1.3 : Facteurs favorisants
1.3.1 : Prise d’anti-inflammatoire
1.3.2 : Grossesse
1.3.3 : Immunodépression induite par une chimiothérapie
1.3.4 : Diabète
1.3.5 : Alcoolisme
1.3.6 : Antibiotique inefficace
1.3.7 : Sida
1.4 : Dents causales
1.5 : Clinique
1.6 : Les germes en cause
1.7 : Biologie
1.8 : Région atteinte
1.9 : Traitement.
1.9.1 : Traitement médical
1.9.1.1 : Antibiotique
1.9.1.2 : Antalgique
1.9.1.3 : Anti-inflammatoire
1.9.1.4 : Anesthésie
1.9.2 : Traitement chirurgical
1.9.3 : Traitement dentaire
1.9.4 : Hospitalisation
1.10 : Evolution
2 : Suggestions
2.1 : Pour les médecins et les dentistes
2.2 : Pour la population
2.3 : Pour les autorités compétentes
Conclusion
Bibliographie