Causes du déséquilibre énergétique
L’obésité est définie comme une accumulation anormale et excessive de masse adipeuse, conduisant au stockage des graisses et pouvant nuire à la santé. Elle résulte d’un déséquilibre entre les apports et les dépenses énergétiques pouvant être expliqué par la surconsommation ou non, d’aliments riches en graisse et en sucre ainsi que d’une modification du mode de vie avec une augmentation de la sédentarité (Pijl, 2011). La prévalence de l’obésité varie en fonction de différents paramètres : l’âge, le sexe, le statut socio-économique mais aussi ethnique, par les pratiques culturelles (étude ObEpi 2012, ROCHE). L’indice de masse corporelle (IMC) est un des outils cliniques le plus répandu pour estimer le degré d’obésité. Il correspond au ratio du poids corporel (en kilogrammes, kg) d’un individu divisé par la taille élevée au carré (en mètre carré, m2). A partir des valeurs obtenues par le calcul de l’IMC, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a établi une classification du degré d’obésité allant de la maigreur à l’obésité massive (Tableau 1). Un individu est considéré comme obèse lorsque son IMC est supérieur à 30 kg.m-2. En revanche, cette estimation de masse grasse ne doit rester qu’un simple outil d’évaluation. Comme il ne prend en compte aucun autre paramètre, tel que le vieillissement ou la pratique d’exercice physique à haut niveau, les conditions physiologiques induites par ces changements peuvent provoquer des hausses
Il est possible d’évaluer l’obésité abdominale par d’autres paramètres anthropométriques comme le tour de taille (Waist Circumference WC). Les seuils de référence sont aux environs de 100 cm chez l’homme et de 88cm chez la femme. Le rapport du tour de taille sur hanches (Waist-to-hip ratio WHR) a permis d’établir d’autres valeurs de références et lorsque ce rapport est supérieur à 0,9 chez l’homme et 0,85 chez la femme, l’obésité abdominale est confirmée. Il a été montré qu’il existait un lien entre l’obésité abdominale estimée par le tour de taille et l’hypertension artérielle (Poirier et al., 2005). De plus, une autre étude avait rapporté une association entre les niveaux plasmatiques de cytokines et différents paramètres comme l’IMC, le WC, le WHR et les triglycérides (Lwow and Bohdanowicz-Pawlak, 2020). En revanche, ces outils d’évaluation ne tiennent pas compte des différences de répartition de la masse grasse. D’autres techniques permettent de quantifier les rapports masse grasse/masse maigre. La mesure des plis cutanés grâce à une pince à pli réalisée à différents endroits du corps (bras, dos, hanche, jambe) permet d’évaluer la graisse sous-cutanée. Les balances à impédancemètre mesurent le pourcentage de masse grasse par la génération d’un courant électrique imperceptible à travers le corps dont la résistance est directement liée au taux de matière grasse qu’il contient. Il est également possible d’estimer la proportion de tissus adipeux d’une personne adulte (entre 15 et 50 ans) par le calcul de l’indice de masse grasse. Cette formule est dérivée de l’IMC et fonctionne selon ce calcul : ((1.20 x IMC) + (0.23 x âge) − (10.8 x sexe (femme = 0, homme =1)) −5.4. Cette valeur doit être comprise entre 15 et 20% chez les hommes et entre 25 et 30% chez les femmes et peut varier en fonction des catégories et groupes de personnes (Tableau 2).
En 2016, d’après les données de l’OMS, 1,9 milliards d’adultes étaient en surpoids dont 650 millions d’obèses. L’obésité touche également les enfants avec une estimation inquiétante puisque 340 millions d’enfants et d’adolescents âgés de 5 à 19 ans étaient en surpoids et ou obèses en 2016 (Figure 1) et 38 millions d’enfants de moins de 5 ans étaient en surpoids ou obèses en 2019. Depuis 1975, ces chiffres ont triplé et ne cessent de croître. Ces augmentations, autrefois considérées comme spécifiques des pays à haut revenu, concernent également les pays à revenu faible ou intermédiaire et notamment en milieu urbain. D’après l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), d’ici 2030 près de la moitié des adultes américains pourraient être obèses. En France, l’INSERM en collaboration avec les laboratoires ROCHE a mis en place une étude nommée ObEpi qui a pour objectif d’évaluer la prévalence du surpoids et de l’obésité depuis 1997 et ce, tous les trois ans. Les dernières données épidémiologiques à avoir été publiées datent de l’automne 2012, regroupant près de 26 000 individus, ont montré que 32,3% des Français adultes âgés de plus 18 ans et plus étaient en surpoids et 15% présentaient une obésité. En 2016, la cohorte Constances regroupant environ 29 000 adultes âgés de 30 à 69 ans a permis d’estimer la prévalence de l’obésité en France (Matta et al., 2016). Les données récoltées sont semblables à celles obtenues dans l’étude ObEpi en 2012 (15,3% chez les hommes et 16,8% chez les femmes de 30-54 ans) et varient en fonction du sexe et de l’âge (Figure 2).