CARACTERISTIQUES HYDROGEOLOGIQUES ET HYDROCHIMIQUES DES AQUIFERES EXPLOITES DANS LA ZONE DU GORGOL – GUIDIMAKHA
Dans la zone d’étude, la structure géologique permet de distinguer deux types d’aquifères : les aquifères dits continus du bassin sédimentaire côtier et les aquifères discontinus du socle (Fig. 14). La contrainte des facteurs climatiques (vent et températures élevées) contribue à une alimentation extrêmement limitée des aquifères. L’essentiel des eaux souterraines en Mauritanie sont des eaux dites « fossiles », qui se sont infiltrées durant les phases humides du Quaternaire récent (Inchirien, et surtout Tchadien et Nouakchottien) (Carité, 1991).
Les aquifères dits continus ou généralisés
La région se présente comme un vaste ensemble volcano-sédimentaire issu de la combinaison de phénomènes de volcanisme, de tectonique et de métamorphisme entrecoupés de phases de sédimentation. Si la structure géologique est complexe, on peut toutefois distinguer trois grands ensembles hydrogéologiques : les formations superficielles récentes constituées par les massifs dunaires et alluvions du fleuve Sénégal et de ses affluents, le socle des Mauritanides et les formations sédimentaires gréseuses. Ces ensembles hydrogéologiques renferment quatre aquifères potentiels produisant des débits plus importants et des eaux de bonne qualité (Hydro conseil et Coopération française, 2005). Les nappes alluviales, localisées à proximité du fleuve ou des oueds et marigots, exploitent les ressources superficielles (BURGEAP, 2006 ; Hydro conseil et Coopération française, 2005). Les alluvions, dont l’épaisseur est en moyenne de 15 m sur les bordures et de 35 m dans la vallée, sont de nature argileuse à sablo – argileuse au sommet, sablo – argileuse à sableuse à la base. Elles constituent un réservoir aquifère important et étendu qui repose, de l’est vers l’ouest, sur le socle cristallin, les formations de l’Eocène et par endroits sur le Maastrichtien, puis sur celles du Continental Terminal.
cours supérieur des oueds issus des massifs granitiques ou gréseux. Par contre dans les cours inférieurs à faible pente, notamment ceux des grands oueds (Niorde, Garfa) les alluvions, très argileuses, sont pratiquement stériles. La nappe des alluvions est alternativement alimentée et drainée par le fleuve, selon son niveau, le fleuve alimentant la nappe alluviale en hautes eaux. La réalimentation pourrait être restreinte à une zone d’une dizaine de kilomètres de large au delà de laquelle l’influence du fleuve ne se ferait plus sentir. Elle semble décroître de l’amont vers l’aval. En étiage le niveau du fleuve est généralement inférieur à celui de la nappe des alluvions en basses eaux : la nappe est alors drainée par le fleuve, et il arrive que localement elle soit « perchée » par rapport à lui (BURGEAP, 2006). En raison du colmatage du lit du cours d’eau et de la nature plutôt argileuse des alluvions, la réalimentation de la nappe alluviale paraît donc surtout due pour une large part à l’infiltration sur de vastes surfaces inondées lors des crues, plutôt qu’à la propagation, à partir du fleuve, d’une onde de crue dans l’aquifère (BURGEAP, 2006).
Ce type d’aquifère, exploité le plus souvent par des ouvrages traditionnels (puisards et puits traditionnels), revêt une importance capitale pour l’alimentation en eau de la population du Guidimakha. Son épaisseur est très faible : de quelques décimètre à quelques mètres selon les lieux. L’approfondissement progressif des ouvrages suit l’avancement de la saison sèche. Faute de soulèvement, la profondeur est limitée dans ces zones, d’où les faibles débits observés (0,1 à 1 m3.jour-1). De plus, les niveaux d’eau subissent une baisse saisonnière plus ou moins importante selon l’exploitation de la nappe. La quasi-totalité des ouvrages tarit au cours de la saison sèche. Les nappes alluviales peuvent également être exploitées par des puits modernes. Lorsque ces derniers captent toute l’épaisseur des alluvions, ils donnent des débits La qualité de l’eau de la nappe est douce excepté dans la partie aval du cours où elle devient salée en raison de la remontée de la mer dans le fleuve. Ce front salé pouvait autrefois atteindre en étiage Podor à 400 km à l’intérieur des terres en amont de l’embouchure. Ce phénomène n’existe plus depuis la construction du barrage anti sel de Diama, qui maintient désormais le niveau du fleuve entre les cotes +1,5 et +1,75 NGM au lieu de la cote -1 NGM auparavant. Avec la mise en service de ce barrage on a observé en 1987, dans la partie avale,
La nappe de recouvrement sableux (ou des formations dunaires)
La nappe de recouvrement sableux exploite les eaux emmagasinées dans les sables situés en bordure de la chaîne de l’Assaba. Son alimentation s’effectue à partir de l’infiltration des eaux de pluies. Elle présente des débits importants ainsi que d’excellentes caractéristiques chimiques dans les zones ou l’épaisseur des sables est importante (Hydro conseil et Coopération française, 2005). Les sables dunaires se caractérisent par leur forte perméabilité : l’eau s’y infiltre facilement. L’épaisseur de ces couches géologiques peut atteindre une vingtaine de mètres (EL Aweinal). Le potentiel de la nappe contenue dans ces sables varie en fonction de leur épaisseur et de la pluviosité de l’hivernage précédent. Elle est exploitée par des puits traditionnels ainsi que par quelques puits modernes qui peuvent capter toute l’épaisseur de la couche sableuse. Les puits traditionnels ont une profondeur variant de 5 à 30 m, et présentent La piézométrie approximative de la nappe des sables de l’Aouker a été difficilement tracée à partir des relevés des puits effectués par Barreto en 1961, avec les cotes de référence des niveaux. Dans cette zone accessible qu’à chameau, les cotes de la nappe sont calculées en priorité à partir des cotes du sol et des courbes de niveau indiquées sur les cartes topographiques au 1/200 000 et à partir des altitudes barométriques du sol indiquées par Barreto (BURGEAP, 2006).