Télécharger le fichier original (Mémoire de fin d’études)
Prévalence de la bilharziose urinaire
Les résultats de notre étude avaient montré une prévalence de la bilharziose urinaire à Schistosoma haematobium de 24,12% correspondant à une zone méso-endémique selon l’OMS. Ces résultats ne sont pas trop loin de ceux obtenus dans la même localité par Sow en 2012 [46], le service de Parasitologie de la Faculté de Médecine et de pharmacie de Dakar en 1996 [45] et Gaye en 1986 [19] qui avaient trouvés respectivement une prévalence de 37,1% ; 37,5% et 31%. Des taux de prévalence élevés avaientt été trouvés en 2012 par le médecin chef du district sanitaire de Linguère dans les communautés rurales de Warkhokh et de Thiel (même zone que Barkédji) avec respectivement 75% et 50% [31] Notre prévalence globale est comparable à celles trouvées dans le district sanitaire de Linguère par Leye et all en 2013 et le médecin chef en 2012 qui étaient respectivement 24,4% et 24% [26, 31]. Une enquête nationale réalisée par le ministère de la santé avait trouvé en 2003 dans la région de Louga une prévalence de 7%, 3% et 5% respectivement à Darou Mousty, Kébémer et Dahra. En 2009 une prévalence de 47,46% à Linguère et de 28% à (Coki, Keur Momar Sarr, Sakal et Louga) avaient été trouvées [30] Une étude de l’OMVS en 2010 réalisée par le service de Parasitologie de la Faculté de Médecine et de pharmacie de Dakar dans le bassin du fleuve Sénégal avait montré des prévalences de 50,2% ; 26,3% et 24% respectivement au niveau des districts sanitaires de Richard Toll, Pété et Tambacounda. Et quant aux régions une prévalence de 38,1% à Saint-Louis et de 24% à Tambacounda avaient été les plus élevés. La moyenne au Sénégal était de 33,5%. Une étude réalisée en 2014 par Fall et al avaient trouvé une prévalence de 52,3% à Richard-Toll. Senghor et al. avaient trouvé en 2014 à Niakhar une prévalence de 57,6% [44] Toutes ces études réalisées au Sénégal avaient montré le caractère endémique de la bilharziose urinaire. Des résultats similaires avaient été trouvés aussi dans la sous-région. Au Mali et en Mauritanie, de fortes prévalences avaient été notées en 2010 avec respectivement 51,8% et 34,7%. Ces résultats montrent que la bilharziose urinaire est toujours présente dans la commune de Barkédji malgré les programmes de luttes basés sur la distribution de masse de Praziquantel. Cette persistance de la maladie dans la zone pourrait être liée d’une part par l’effet temporaire du médicament sur la transmission(le praziquantel n’élimine pas les vers immatures et n’empêche pas la réinfection).
Intensité de l’infestation
Dans notre étude, nous avions trouvé des charges parasitaires faibles chez 70,83% des personnes infestées. Ce résultat était proche avec celui de Sow et al en 2012 (89 ,8%) mais inférieur à celui de Gaye et al en 1995 qui avait trouvé un pourcentage de charges parasitaires élevées (69%). Nous pouvons penser qu’ils s’agissent d’infections récentes. [46]
Caractéristiques des patients
La répartition en fonction du sexe avait montré que la bilharziose urinaire était plus fréquente chez les enfants de sexe masculin (26,67%) comparée aux enfants de sexe féminin (23,19%). Des résultats similaires avaient été trouvés par Fall et al à Richard-Toll avec une répartition en fonction du sexe de 55,86% chez les garçons contre 48,92% chez les filles [47]. Senghor et al à Niakhar avaient obtenu une prevalence de 65,7% chez les garçons et 50% chez les filles [44]. Ka et al, en 2002, avaient trouvé à Bambey chez les garçons 69, 75% et chez les filles 48,48%. Seck et al. (2007) avaient aussi fait la même observation dans trois villages à Fatick. Dabo et al au Mali, avaient montré qu’en milieu scolaire la prévalence de S. haematobium était plus élevée chez les garçons que chez les filles [14]. La prédominance du sexe masculin pourrait être due à leur contact étroit avec les mares (bergers), alors que le sexe féminin a peu d’occasion pour se contaminer sauf en cas de lavage du linge. La répartition en fonction de la catégorie d’âge avait montré que la bilharziose urinaire était plus fréquente chez les enfants de moins de 10 ans (29,41%) comparée aux enfants de 10 ans et plus (20,18%). Des résultats similaires avaient été notés par l’OMS en zone d’endémie avec une prévalence qui augmente à partir de 3 à 5 ans pour atteindre un maximum vers 10 à 19 ans et, elle se stabilise en plateau puis tend à diminuer à l’âge adulte [44]. Ce résultat pourrait être expliqué par une diminution des contacts homme-eau dans la catégorie d’âge des 10 ans et plus grâce aux moyens de sensibilisation. Une réduction de l’infection chez les filles âgées de 10 ans et plus par diminution de leurs contacts avec l’eau en général et leurs baignades en particulière relatives aux développements de leurs caractères sexuels secondaires pourrait aussi expliquer cette diminution de la prévalence chez les 10 ans et plus. Dans notre étude, les fortes infestations étaient retrouvées beaucoup plus chez les garçons 9,83% contre 5,79% chez les filles et plus fréquemment chez les moins de 10 ans 10,58% contre 4,38% chez les 10 ans et plus. Ces résultats étaient été confortés par ceux observés chez Senghor à Niakhar et chez Sow à Barkédji qui avaient trouvé une intensité d’infestation plus élevée chez les garçons. Ces résultats pourraient s’expliquer par la plus forte prévalence de la bilharziose urinaire chez les sujets de sexe masculin et chez les sujets de moins de 10 ans ; et aussi par l’intensité de fréquentation des mares car nous n’avions pas noté de différence statistique significative entre les charges ovulaires et le sexe de même qu’avec l’âge. Cela est certainement dû selon l’OMS (1994) à l’acquisition progressive d’une immunité protectrice acquise avec l’age. Mais selon Gryseels (1984), des observations fiables de cette immunité n’existent pas, et il pense que la baisse prononcée des taux d’infestation chez les enfants les plus âgés dans certaines populations ne peut s’expliquer que par une diminution des contacts homme-eau. Les résultats de cette étude avaient montré que parmi les enfants infestés, 12,5% ne présentaient pas de symptômes contre 79,16% qui présentaient une hématurie (micro et macroscopique). Dans notre étude, la prévalence de la bilharziose urinaire était de 14,28% dans les urines d’aspect clair ; 95% dans les urines d’aspect trouble et 100% dans les urines d’aspect hématique. Traoré et al au Burkina en 1987 avait noté une sensibilité de 73,36% pour l’hématurie microscopique et une prévalence de 98% dans les urines d’aspect hématiques [49]. Des résultats similaires avaient été trouvés aussi par Senghor et al, en 2010 qui avait noté une prévalence de 30% dans les urines d’aspect clair, de 83,3% dans les urines d’aspect trouble et de 100% dans les urines d’aspect hématique. Fall et al, en 2014 à Richard-Toll et Makaya en 2001 au Congo avaient montré que l’apparition des symptômes était significativement liée à l’infection S. haematobium [28]. Par conséquent l’hématurie reste le signe principal de la bilharziose urinaire. La recherche de l’hématurie macroscopique s’était révélée être un test spécifique mais peu sensible, tandis que la recherche de l’hématurie microscopique s’est révélée d’une bonne sensibilité et d’une bonne spécificité. Mais on note que l’absence d’hématurie n’écarte pas le diagnostic de la bilharziose urinaire d’où l’intérêt de réaliser si possible un examen parasitologique pour confirmation.
Etude de la bilharziose intestinale
La bilharziose intestinale à Schistosoma mansoni a toujours été considérée comme sévissant dans le pays sous formes de rares foyers isolés et disséminés. Le principal foyer se trouvait dans le bassin du fleuve Sénégal mais on assistait à une extension de la maladie dans la région de Louga, en particulier le long des villages situés au bord du Lac de Guiers. Dans notre étude, les résultats des examens parasitologiques de selles étaient revenus négatifs sur les 199 enfants de l’effectif. Ce même résultat avait été aussi trouvé à Linguère lors de l’enquête nationale réalisée par le service de parasitologie de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’UCAD en 1996 de même que l’enquête nationale réalisée par le ministère de la santé en 2003 et 2009 dans la région de Louga( Darou Mousty, Dahra, Linguère, Sakal, Coki et Kébémer) [30, 45]. Une étude de l’OMVS en 2010 et en 2013 réalisée par le service de Parasitologie de la Faculté de Médecine et de pharmacie de Dakar dans le bassin du fleuve Sénégal avait aussi montré une prévalence nulle à Linguère et à Pokotane (Saint Louis site sentinelle) [39,38]
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LES BILHARZIOSES
I. DEFINITION
II. HISTORIQUE
III. ÉPIDÉMIOLOGIE
III.1. Agents pathogènes
III.1.1. Classification
III.1.2. Morphologie Générale
III.2. Biologie
III.2.1. Habitat
III.2.2. Hôtes intermédiaires
III.2.3. Cycle évolutif
III.2.4. Réservoirs de parasites
III.2.5. Transmission
III.3. Facteurs favorisants
III.4. Repartition géographique
IV. PATHOGÉNIE ET ANATOMIE PATHOLOGIQUE
V. MANIFESTATIONS CLINIQUES
VI. DIAGNOSTIC PARACLINIQUE
VI.1. Diagnostic d’orientation
VI.2. Diagnostic direct
VI.2.1. Diagnostic parasitologique
VI.2.1.1. Diagnostic de la bilharziose urinaire
VI.2.1.1.1. Prélèvement des urines
VI.2.1.1.2. Examen après centrifugation
VI.2.1.1.3. Examen après filtration
VI.2.1.1.4. Numération des oeufs
VI.2.1.1.5. Test d’éclosion des oeufs
VI.2.1.2. Diagnostic de la bilharziose intestinale
VI.2.1.2.1. Prélèvement des selles
VI.2.1.2.2. Examen direct entre lame et lamelle
VI.2.1.2.3. Examen après concentration
VI.2.2. Diagnostic histologique
VI.2.3. Diagnostic Radiologique
VII. TRAITEMENT
VIII. PRÉVENTION
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
METHODOLOGIE
I. PRESENTATION DU CADRE D’ETUDE
II. TYPE ET PERIODE D’ETUDE
III. POPULATION D’ETUDE
IV. COLLECTE DES DONNEES
V. EXAMENS DE LABORATOIRE
VI. TRAITEMENT DES SUJETS
VII. SAISIE ET ANALYSES DES DONNEES
RESULTATS
I. CARACTERISTIQUES DES PATIENTS
II. REPARTITION DES ELEVES SELON LES VILLAGES DE BARKEDJI
III. CARACTERISTIQUES CLINIQUES ET BIOLOGIQUES DES ELEVES
IV. ETUDE DE LA BILHARZIOSE URINAIRE
V. ETUDE DE LA BILHARZIOSE INTESTINALE
VI. ETUDES MALACOLOGIQUES
DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES