Caractérisation génétique des mutations du cytochrome b dans l’occurrence du cancer du sein
On estime que le fardeau mondial du cancer à aujourd’hui atteint 18,1 millions de nouveaux cas en 2018 contre en 2012, 14,1 millions nouveaux cas de cancer et 12,7 millions en 2008 (OMS, 2012). Un homme sur cinq (1/5) et une femme sur six (1/6) dans le monde développeront un cancer au cours de leur vie, et un homme sur huit (1/8) et une femme sur onze (1/11) meurent de cette maladie (OMS, 2018). Le cancer, en particulier le cancer du sein chez la femme, est l’une des principales causes de mortalité dans le monde entier, occasionnant un fardeau émotionnel financièrement important pour les individus, familles et sociétés. La compréhension des facteurs pouvant affecter l’initiation et la progression du cancer comme les facteurs génétiques pouvant être associés à une prédisposition à développer un cancer, est primordiale.
Mais le cancer est perçu comme un problème de santé secondaire dans les pays émergents. Pourtant, l’incidence annuelle des cancers y est en pleine croissance actuellement en Afrique. Cela peut s’expliquer par l’incidence élevée des pathologies infectieuses à risque oncogène comme les hépatites, VIH, Helicobacter, accompagné d’un diagnostic tardif et une survie beaucoup moindre en Afrique (Ly et al, 2010). Tous sexes confondus, le cancer du sein est le deuxième cancer le plus couramment diagnostiqué dans le monde en 2018 juste après le cancer du poumon. Avec 2,1 millions de nouveaux cas estimés chez la femme, il représente 24,2% des nouveaux cas de cancers. Il est ainsi le cancer le plus fréquent loin devant le cancer du côlon-rectum et du poumon chez la femme.
Il représente également la première cause de décès par cancer chez la femme avec 626 679 décès estimés en 2018 à travers le monde (Bray et al, 2018). Son taux d’incidence est plus élevé dans les pays développés (Amérique du Nord, Europe, Australie) alors que la mortalité touche davantage les pays moins développés. Avec une telle incidence, le cancer du sein demeure un véritable problème de santé publique dans le monde et surtout dans les pays en développement (Oms, 2018). Le sein est soumis à d’importantes modifications tout le long de la vie de la femme et tout particulièrement au moment de la gestation, de la lactation et de l’involution.
Ces étapes physiologiques s’accompagnent de trois mécanismes cellulaires très important qui sont la prolifération, la différenciation et la mort cellulaire. La dérégulation de ces mécanismes est à l’origine des cellules cancéreuses (Payre b. 2008). La résistance à la mort cellulaire est une des caractéristiques que la cellule tumorale acquiert au cours de la cancérogenèse. La cellule devient incapable de s’autodétruire en présence des signaux habituels. On peut supposer qu’une anomalie génétique quelconque les empêche de se tuer (Feng et al, 2018). C’est dans ce sens que s’inscrit cette étude qui nous a permis de mieux comprendre l’histoire des cellules tumorales, la distribution de la variabilité génétique et à terme de déterminer l’implication des gènes dans la cancérogenèse, mais plus précisément entre les mutations génétiques et le cytochrome b. L’objectif général de cette étude est de connaitre la caractérisation génétique des mutations du cytochrome b dans l’occurrence du cancer du sein au Sénégal. De cet objectif général découle comme objectifs spécifiques:
Histoire naturelle des cancers
Les maladies cancéreuses existaient déjà il y a 4 000 à 5 000 ans, comme en témoignent les travaux réalisés sur les momies de l’Egypte pharaonique par Granville en 1825. Hippocrate décrit les tumeurs de la peau, les tumeurs du rectum, celles du sein et celles de l’utérus. La cancérologie moderne naît entre 1750 et 1850. Les découvertes scientifiques qui la fondent, relèvent principalement de l’anatomie pathologique. Schleiden et Schwann, les précurseurs, démontrent la nature cellulaire de tous les organismes en 1838. Muller est le premier à pouvoir affirmer que les cancers sont des masses cellulaires. Cependant, c’est avec la découverte de l’ADN que la cancérologie connaîtra un grand tournant.
On distinguera d’une part l’origine du cancer qui peut être due à un dérèglement au niveau du génome et d’autre part des facteurs internes ou externes qui peuvent être responsables de ces dérèglements et de l’apparition des tumeurs (Coig, Aurélie, 2020). Le corps humain est constitué de plusieurs milliards de cellules contenant chacune un noyau qui contient l’ADN. Chaque cellule entre en mitose et donc se divise pour donner un clone cellulaire contenant la même information génétique que la cellule-mère. Cependant, il arrive des fois qu’il y ait des perturbations du génome au niveau de la cellule mère, qui lors de la mitose aboutit à une cellule avec un ADN endommagé. Ainsi, ces nouvelles cellules filles seront soit réparées, soit détruites en entrant en apoptose. En résumé, une cellule saine effectue trois processus au cours de sa vie : elle se divise, se différencie et à la fin meurt.
Il existe donc un équilibre entre la formation des nouvelles cellules et la destruction des anciennes. On parlera de cancer lorsque cet équilibre sera rompu par des cellules qui échapperont au mécanisme de régulation du corps humain. En effet, lors de la division cellulaire, certaines cellules filles obtenues peuvent échapper à l’apoptose et au fur et à mesure de l’accumulation des mutations, elles peuvent devenir immortelles. Le cancer consiste donc en une « perte de contrôle de la régulation des cellules qui aboutit à leur prolifération anarchique ». Cette prolifération anarchique des cellules est causée d’une part par la diminution de l’apoptose et d’autre part, par une activation des oncogènes ainsi qu’une inactivation des gènes suppresseurs de tumeurs (Sever and Brugge, 2015).