CARACTERISATION ET EVALUATION SENSORIELLE DE LA POUDRE, DES NECTARS ET SIROPS DE PAIN DE SINGE

CARACTERISATION ET EVALUATION SENSORIELLE
DE LA POUDRE, DES NECTARS ET SIROPS DE PAIN
DE SINGE

BAOBAB : ADANSONIA DIGITATA L.

 ORIGINE ET DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE 

Origine 

Adansonia digitata est la seule espèce ouest africaine parmi les six espèces endémiques qui ont été décrites au Madagascar. C’est en 1354 que les récits des voyages d’Ibn Battuta, célèbre explorateur arabe, mentionnent cet arbre dans le bassin du Niger. Au XVIème siècle, les fruits se trouvaient au marché du Caire où ils étaient utilisés pour leur propriété fébrifuge. Le baobab fut décrit pour la première fois par un européen, Prospero Alpino, en 1592 dans De plantis Aegypti liber (Livre des plantes d’Egypte) [1]. C’est également dans ce même livre que le nom de baobab a été employé pour la première fois sous la graphie « ba hobab » qui est devenue au XVIIe siècle « baobab ». Il semble bien que « ba hobab » soit une translittération du terme arabe « bu hibab » qui signifie « fruit aux nombreuses graines ». Vers 1750 Michel Adanson, botaniste français ayant séjourné au Sénégal avait fait une description beaucoup plus avancée sur la plante. Il mentionne pour la première fois le terme « pain de singe » pour ses fruits [2]. En référence à ce botaniste qui en rapporta des échantillons à Paris, Carl von Linné et Bernard de Jussieu proposèrent à cette époque le nom scientifique définitif de l’arbre : Adansonia digitata L [1].

 Distribution géographique

 La répartition du baobab est très vaste (Figure 1). Cette large distribution est probablement due à la dissémination des graines par zoochorie et par l’homme. Adansonia digitata est naturellement présent dans les régions semi-arides d’Afrique tropicale, notamment dans la plupart des pays situés au sud du Sahara, à l’exception du Liberia, de l’Ouganda, de Djibouti, du Burundi et de la République Centrafricaine. Il est présent dans divers écosystèmes, y compris les zones côtières d’Afrique de l’Est et de l’Ouest. Au nord, son aire de répartition est limitée par les terres broussailleuses semi-désertiques. 4 Figure 1 : Aire de répartition du baobab dans le monde [3] Au Sénégal (Figure 2), des peuplements d’A. digitata sont présents dans tout le pays. Selon l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA), les deux principales zones productrices de pain de singe sont les régions de Kaolack et de Tambacounda, notamment sur les axes Kounguel-Kossanar et Bakel- Goudiri avec des peuplements très conséquents à Salémata, Fongolembi et Kédougou [4]. Des populations plus dispersées sont également exploitées pour la production de fruits dans les régions de Thiès (notamment Nguekhokh et Tivaouane), Louga, Matam et Saint-Louis [5]. Figure 2 : Aire de répartition du baobab au Sénégal 

TAXONOMIE ET CARACTERISTIQUES BOTANIQUES 

Le baobab est une plante angiosperme dicotylédone appartenant à l’ordre des Malvales, à la famille des Bombacaceae au genre Adansonia. La famille des Bombacaceae comprenant approximativement 30 genres et 250 espèces [6] comporte des arbres tropicaux incluant des espèces remarquables telles que le fromager (Ceiba pendandra) et le kapokier (Bombax costatum). Ce sont des arbres de 5 à 30 m de haut avec un tronc épais de 2 à 10 m de diamètre. L’écorce, de couleur grise ou rouge est très fibreuse dans sa partie interne. Adansonia compte huit espèces dont six endémiques à Madagascar : A. grandidieri, (Baill), A. madagascarensis (Baill.), A. perrieri(Capuron), A. rubrostipa (Jum. et H. Perrier), A. suarezensis (H. Perrier) et A. za (Baill). Les deux autres espèces se retrouvent en Australie pour Adansonia gibbosa (A. Cunn.) et en Afrique pour le plus connu des baobabs A. digitata. Adansonia digitata, espèce ligneuse, est caractérisé par son tronc gonflé et sa couronne ronde et étalée (Figure 3). Le tronc se ramifie au sommet en plusieurs branches courtes et larges, souvent irrégulières et tortueuses. Il est constitué de tissus parenchymateux, riches en mucilages et gorgés d’eau ce qui permet à la plante de faire face aux longues périodes de sécheresse [7]. L’écorce est fibreuse et sa couleur oscille entre le marron rougeâtre et le noir. Sur les branches portant des feuilles, une surface cireuse recouvre une couche verte qui permet à la photosynthèse de se poursuivre lorsque les feuilles sont tombées [8]. Le baobab produit un système radiculaire latéral très étendu jusqu’à 50 mètres du tronc dont la terminaison se présente souvent sous forme de tubercules. Les racines principales des arbres âgés sont relativement peu profondes et ne se prolongent rarement au-delà de 2 m. Ils sont de ce fait très sensibles aux forts vents de type tempête, orage qui peuvent le déraciner. 6 Figure 3 : Vue d’ensemble Adansonia digitata L.

LES DIFFERENTES PARTIES DE LA PLANTE

 Les feuilles 

Les feuilles atteignent jusqu’à 20 cm de diamètre (Figure 4). Caduques en saison sèche, elles sont alternes, digitées et présentent cinq à sept folioles oblongues [(2 à 7) cm × (5 à 16) cm], longuement pétiolées de (8 à 16) cm, acuminées à l’apex. Le limbe, à marge entière ou denticulée, est le plus souvent glabre et brillant sur sa face supérieure et légèrement pubescente sur sa face inférieure [3]. Au Sénégal, les baobabs ne verdissent que pendant la saison des pluies. Ses feuilles n’apparaissent pas pendant la plus grande partie de l’année [9]. Figure 4 : Feuilles Adansonia digitata

 Les fleurs 

Les fleurs sont grandes, blanches (Figure 5), s’épanouissent le soir et sont fécondées par les chauves-souris [10]. Elles se situent à l’extrémité d’un pédoncule de 10 cm à 1 m de long. Leur durée de vie est d’environ 24 heures. La floraison commence en fin de saison sèche ou juste avant les premières pluies, souvent avec l’apparition des premières feuilles. Les fleurs ont un diamètre allant jusqu’à 20 cm [1], pendant au bout d’un pédoncule de 25 cm de longueur. Elles apparaissent en mai au Nord de l’équateur. Figure 5 : Fleur Adansonia digitata 

 Le fruit 

Le fruit, appelé pain de singe ou « buy » en Wolof, est de forme et de taille assez variables. Il est le plus souvent ovoïde (Figure 6), mais il peut également présenter une forme sphérique, fusiforme, très allongée ou en massue (7 à 20 cm × 7 à 54 cm). Il pèse entre 150 et 350 g [2]. L’épicarpe très lignifié a une épaisseur de 0,8 à 1 cm. Sa surface est duveteuse, de couleur brunâtre, jaunâtre ou verdâtre. 8 Figure 6 : Fruit d’Adansonia digitata ouvert avec ses différentes composantes 

 EXIGENCES PEDOCLIMATIQUES

 Le baobab est présent naturellement dans les zones sahélienne, sahélo-soudanienne et soudanienne, où les précipitations annuelles moyennes sont respectivement de 300, 500 et 800 mm. Il montre cependant une prédilection pour les zones de 200 à 800 mm de précipitations annuelles présentant une saison humide de 2 à 6 mois et une température moyenne annuelle comprise entre 20 et 30°C. Il peut résister à des températures allant jusqu’à 42º C, mais il est très sensible au gel et se limite à des zones où ce phénomène a lieu au maximum un jour par an. Etant peu exigeante quant à la qualité du sol, le baobab prospère sur des sols très divers, aussi bien des sols à la texture épaisse et perméable que des sols argileux. Cependant, il a une préférence pour les sols calcaires .

CULTURE ET RECOLTE

Dans la plupart des cas, le baobab n’est pas cultivé. Il est exploité comme ressource forestière naturelle. La régénération naturelle du baobab est difficile, principalement en raison du broutage par les animaux et des feux de brousse non contrôlés. La germination spontanée des graines de baobab est généralement faible. Le baobab se reproduit habituellement par semis direct [8]. La germination requiert 3 à 5 semaines. Généralement, les semis se font en godet par poquet de trois graines, 3 à 5 mois avant la saison des pluies. Les plantules émergent de terre après 4 jours à 3 semaines. 9 Lorsque la pluviométrie augmente, les plantules de 40 à 50 cm de haut sont disposées en pleine terre dans des trous de 40 à 60 cm de diamètre et de profondeur. Compte tenu de la taille des individus adultes, l’écartement doit être important (plus de 10 m) [11]. Selon la localisation, le baobab commence à produire des fruits 8 à 23 ans après la germination à condition de ne pas récolter ses feuilles pour laisser l’arbre développer son fût. Le baobab se prête bien à la multiplication végétative : bouture de tiges ou greffage [11]. Au Sénégal, le fruit se forme entre août et octobre (Tableau I). Il croît par allongement du fruit et développement des graines pour ainsi atteindre sa taille finale. La coque est alors verte et humide. De novembre à janvier, le fruit sèche sur l’arbre. Lorsque la coque brunit, le fruit est prêt à être récolté. La récolte se déroule entre janvier et février principalement, mais elle a aussi lieu tout au long de l’année car le fruit se conserve pendant de long mois sur l’arbre [12].

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I. LE BAOBAB : ADANSONIA DIGITATA L
I.1. ORIGINE ET DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE
I.1.1. Origine
I.1.2. Distribution géographique
I.2. TAXONOMIE ET CARACTERISTIQUES BOTANIQUES
I.3. LES DIFFERENTES PARTIES DE LA PLANTE
I.3.1. Les feuilles
I.3.2. Les fleurs
I.3.3. Le fruit
I.4. EXIGENCES PEDOCLIMATIQUES
I.5. CULTURE ET RECOLTE
I.6. PRODUCTION ET COMMERCE
I.7. UTILISATIONS ALIMENTAIRES ET MEDICINALES
I.7.1. Utilisations alimentaires
I.7.2. Utilisation en médecine traditionnelle
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES
II.1. MATERIEL
II.1.1. Matériel végétal
II.1.2. Diagnostic des procédés de fabrication
II.2. METHODES D’ANALYSES
II.2.1. Caractérisation des différents produits
II.2.2. Dosage de la vitamine C
II.2.3. Dosage des polyphénols
II.3. Analyse de variance ANOVA à un facteur
II.4. Analyse sensorielle
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
III.1. Caractérisation de la poudre de baobab
III.2. Caractérisation des nectars et sirops de baobab
III.3. Analyse sensorielle
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

 

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