Qualifiée de grenier de la nature, selon ATTENBOROUGH, D., (1957), l’île de Madagascar présente une richesse exceptionnelle en espèces végétales et animales ainsi qu’une diversité des écosystèmes. (RAJERIARISON, 1994).
Le taux d’endémisme spécifique des plantes malagasy peut être cinq fois plus élevé que celui d’Afrique de l’Est, ce pourcentage porte également sur les genres et les familles. Ainsi 8 familles et 310 genres sont endémiques de Madagascar (MITTERMEIER, et al. 1994). Au niveau de la faune, les Lémuriens ont attiré l’attention de nombreux chercheurs et biologistes. Ils comptent 14 genres répartis dans 5 familles. Compte tenu de l’état de la déforestation à Madagascar, 34% de ces espèces sont considérées comme gravement menacées parmi lesquelles figure Propithecus verreauxi coronatus.
Ces diversités floristiques et faunistiques vont de pair avec le patrimoine culturel et social, ce qui est le cas de la Station Forestière à usage multiple d’Antrema où la conservation de la nature est aussi fonction du respect des aspects culturels et cultuels de la population Sakalava.
MILIEU PHYSIQUE
Situation géographique
Faisant partie de la région de Boeny, la station forestière à usage multiple d’Antrema, se trouve dans le faritany de Mahajanga, district de Mitsinjo, commune de Katsepy, fokontany d’Antrema. Elle est limitée au Nord et à l’Ouest par le canal de Mozambique, au Sud par la route qui mène vers Mitsinjo et à l’Est par la route vers Katsepy. Géographiquement, elle se situe entre 15° 42’ à 15° 50’ de latitude Sud et 46° à 46° 15’de longitude Est (GAUTHIER et al.1999).
Relief
L’altitude varie de 0 à 89m et la partie la plus élevée se trouve à l’Est. A l’Ouest, l’altitude ne dépasse pas les 20m et baisse progressivement vers la mer (RAZAFIMAHEFA, 2001).
Hydrographie
Le réseau hydrographique est constitué par des lacs et des rivières. Les trois principales rivières sont Andranomasabo, Ambatolafia et Antsoherimasiba qui se jettent toutes dans le canal de Mozambique (GAUTHIER, C-A., et al. 2000). En plus des lacs permanents, certains tarissent en saison sèche. Le lac Sahariaka est le plus important.
Hydrologie marine
Puisque la station est presque entourée de mer, la zone côtière est soumise au balancement des marées. Il s’agit donc de terrains hydromorphes, salés conditionnés par une variabilité relative car au rythme saisonnier se juxtapose le rythme des marées.
Marée
C’est une oscillation périodique du niveau des eaux marines, celle-ci est due à l’attraction de lune et du soleil sur les masses d’eaux (BARNABE, G., et al.1997). Les marées sont semi-diurnes, chaque jour on observe à peu près deux marées hautes et deux marées basses (Surveillance des pèches, calendrier des marées nov-déc 2005) :
– haute mer moyenne de vives eaux : 3,65m,
– haute mer moyenne de mortes eaux : 3,24m,
– basse mer moyenne de vives eaux : 1,11m,
– basse mer moyenne de mortes eaux : 1,03m.
Houle
La houle ou vague libre est issue des vagues forcées. Cette dernière est due aux forts transports de masses d’eaux dans la direction du vent. Quand les vagues quittent cette zone ventée, il ne reste que des vagues libres, moins fortes.
MILIEU BIOLOGIQUE
Formations végétales
La station forestière d’Antrema fait partie du domaine de l’Ouest (HUMBERT, H., 1965). Selon la nomenclature de FARAMALALA, 1988, elle est incluse dans la zone écofloristique occidentale de basse altitude de 0 à 800m dont la végétation climacique est une forêt dense sèche tropophile, semi-caducifoliée, pluristrate de la série à Commiphora, Dalbergia et Hildegardia .
Par contre, la variation pédologique et topographique du milieu offre une diversité de formations végétales. Ainsi des plateaux vers la mer, nous distinguons :
– La forêt dense sèche semi-caducifoliée, caractéristique de l’Ouest, est composée de plantes adaptées particulièrement à la sécheresse. Les arbres sont peu élevés avec de faibles diamètres et perdent leurs feuilles pendant la saison sèche. Les différents niveaux d’adaptation se manifestent chez les espèces qui composent la forêt : la caducifolie pour Poupartia minor et Strychnos decussata ; le géophytisme rencontré chez Dioscorea et Tacca pinatifida ; la pachycaulie chez Pachypodium rutenbergianum et Adenia sp ; la crassulescence chez Vanilla madagascarensis et Bulbophyllum sp et l’aphyllie pour de nombreuses plantes. La forêt se développe sur des sols ferrugineux, sur des sables et sur des dunes.
– La savane arbustive est composée par des ligneux (Acridocarpus excelsius, Poupartia caffra, Bismarckia nobilis, Hyphaene coriacea) et des herbacées (Aristida rufescens, Heteropogon contortus et Hypparhenia rufa).
– Le littoral est caractérisé par des formations halophiles ou mangroves à dominance de Rhizophora mucronata, Avicennia marina, Sonneratia alba et des arbustes tels Cryptostegia madagascarensis, Salvadora angustifolia. En effet, les caractères adaptatifs tels que : la crassulescence, la viviparité, la présence des pneumatophores leurs permettent de survivre à des conditions extraordinaires. Ces conditions sont l’hypersalinité de l’eau et le caractère asphyxiant du substrat.
La faune
Des travaux de recherche menés par des équipes de chercheurs franco-malgaches prouvent que la station forestière d’Antrema abrite des richesses faunistiques considérables. Les données concernent les insectes, les amphibiens, les reptiles, les oiseaux, les primates et les micro mammifères. Les insectes tels Papilio antenor, Papilio demodochus et P.epiphorbas et d’autres grandes familles jouent un rôle écologique important car ils sont responsables de pollinisation, assurant ainsi le maintien de la survie des formations végétales. Dix huit (18) espèces de reptiles sont rencontrées dont particulièrement Sanzinia madagascarensis, Phelsuma madagascarensis, Liophidium torquatum, Leioheterodon madagascarensis, Acrantopis dumerlii et Crocodylus nilotycus méritent une certaine attention pour leur conservation .
Une importance considérable a été attribuée à la Station Forestière d’Antrema (SFA) sur le domaine ornithologique car 75 espèces ont été recensées dont 52 espèces forestières et savanicoles et 23 autres espèces d’oiseaux trouvées dans les zones humides. Parmi les espèces les plus remarquables citons : Coua cristata, Haliaeetus vociferoïdes, Lephotibis cristata. Cinq espèces de lémuriens ont été inventoriées tels Propithecus vererauxi coronatus, Eulemur mongoz, Eulemur fulvus fulvus, Microcebus murinus, Lepilemur edwardsi dont la conservation est assurée principalement par le projet. Des micromammifères y ont été aussi recensés parmi lesquels, Suncus madagascarensis, Tenrec ecaudatus et Setifer setosus.
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