Caracterisation ecologique de la vegetation a baobabs (genre adansonia)

Madagascar est classé parmi les principaux centres de biodiversité de la planète. Selon la FAO (2003), 20% du territoire malgache sont couverts de forêts. Ces derniers temps, la forêt malgache a été l’objet de nombreuses altérations essentiellement d’origine humaine : feux de pâturage et feux de brousse, défrichement pour les cultures sur brûlis (tavy), production de charbon de bois et récolte de bois d’œuvre. On estime que la végétation primaire ne couvre plus que 9,9% du territoire malgache (KULL, 2000 ; MYERS et al. 2000).

De tout temps, l’Homme a su tirer profit de la biodiversité. Même de nos jours, les sociétés traditionnelles dépendent encore directement des ressources naturelles pour leurs besoins fondamentaux : habitat, nourriture, habillement, soins de santé, source de revenu. Il en résulte une dégradation du milieu naturel qui se manifeste par un appauvrissement floristique, une diminution de la couverture végétale, le remplacement des formations primaires par des formations secondaires avec installation d’espèces introduites et disparition d’espèces ligneuses forestières (GROUZIS et al., 2001). Parmi ces dernières, celles appartenant au genre Adansonia L. de la famille des MALVACEAE font l’objet des travaux dans le cadre de ce présent travail. C’est dans ce contexte que se trouvent les trois espèces (A. madagascariensis, A. perrieri, A. suarezensis) de notre étude.

Comme toutes les espèces du genre, ces trois espèces présentent un certain nombre d’intérêts. Sur le plan phytogéographique, le genre Adansonia serait une relique de la flore de Gondwana (MAHESHAWARI, 1971; AUBREVILLE, 1975 ; ARMSTRONG, 1977, 1983) Sur le plan écologique, les baobabs sont souvent les derniers vestiges de zones anciennement forestières. (PERRIER DE LA BATHIE, 1952a 1953 ; BAUM, 1991, 1996). Ils sont reconnus comme des arbres du plus grand intérêt pour les populations : fruits (« pain de singe », riches en vitamine C, calcium et magnésium), graines (oléagineuses), feuilles (riches en calcium, en fer, en vitamine A). Au-delà des usages alimentaires, ils ont une valeur symbolique, culturelle et sociale importante et très diversifiés (CABANIS et al. 1970 ; OWEN, 1970 ; BAUM, 1991).

MILIEU D’ETUDE

Localisation de la zone d’étude

La zone d’étude comprend trois (3) sites se répartissant dans l’extrême nord de Madagascar. Le premier site se trouve dans le Parc National de l’Ankarana, le second site à Ambondromifehy se trouve également dans le Parc National de l’Ankarana. Le troisième site se trouve plus au nord, dans la forêt de Beantely . Il est nécessaire de préciser les noms des sites et les espèces correspondantes :
● Beantely : site d’étude d’A. suarezensis
● Ambondromifehy : site d’étude d’A. perrieri
● Ankarana : site d’étude d’A. madagascariensis .

Milieu abiotique 

Climat
La station météorologique la plus proche des 3 sites d’étude se situe à Antsiranana. Ainsi, les données climatiques recueillies et considérées sont celles d’Antsiranana. Les données de 1961 à 1990 ont été fournies par la station météorologique d’Ampandrianomby.

Régime du vent
Par sa position géographique, le climat du nord malgache est fortement influencé par deux vents dominants :
– la Mousson (vent du Nord-Ouest), en saison chaude de Novembre à Avril, apporte les grandes pluies orageuses, sous forme d’averses violentes.
– l’Alizé, pendant l’hiver austral, de Mai à Novembre, (vent de secteur Est/Sud-est) est particulièrement violent sur l’extrême Nord. : il exerce son action desséchante sur la végétation, en prenant l’allure d’un Fœhn. Ce régime de vent est appelé localement le « Varatraza ».

Durant la saison sèche, les vents soufflent en permanence. Ces vents ont une vitesse moyenne comprise entre 50 et 75 kilomètres / heure soit 13,88 mètres/seconde et 20,83 mètres/seconde. Cette violence des vents est liée au resserrement des lignes de flux autour de la pointe nord de l’île (DONQUE, 1972).

Nature des substrats 

Les trois sites reposent sur des sols ferrugineux tropicaux. La carte 2 montre plus de détail sur la géologie:
– Beantely (site d’étude pour A. suarezensis) repose sur des substrats gréseux;
– Ambondromifehy (site d’étude pour A. perrieri) sur des substrats volcaniques;
– Ankarana (site d’étude pour A. madagascariensis) sur des calcaires mésozoïques.

Quant à la géomorphologie, les effets de l’érosion et les facteurs paléoclimatiques ont donné au massif calcaire karstique, comme dans le cas de l’Ankarana, une morphologie variable (ROSSI, 1980). Il est ainsi possible de distinguer :

➤ des plateaux calcaires : il s’agit de surfaces lapiezées et d’aspect irrégulier, formée de dalles calcaires ou d’arêtes tranchantes, hérissées de pointes aigus : les Tsingy.

➤ des zones d’éboulis de rochers, caractérisées par un mélange de blocs en place et de dalles, issus de la dégradation poussée du karst, sol discontinu, les débris organiques et l’humus remplissent les vides et les fissures entre les roches.

➤ des bas fonds (avens) et bas versants ,  Ce sont des couloirs élargis, présentant un sol plus épais sur une surface plus ou moins importante.

Description botaniques des espèces 

Actuellement, la position systématique du genre Adansonia est:
Règne : VEGETAL
Embranchement : ANGIOSPERMES
Groupe : DICOTYLEDONES
Classe : ROSIDAE
Sous classe : EUROSIDS II
Ordre: MALVALES
Famille : MALVACEAE
Genre: Adansonia .

Description du genre Adansonia (SCHATZ, 2001) 

Petits à grands arbres hermaphrodites, décidues, au tronc renflé massif s’effilant du bas vers le haut ou en forme de bouteille, la couronne souvent compacte et à sommet plat, écorce lisse ou foliacée, brun rougeâtre à grise, présentant souvent une couche photosynthétique verdâtre juste sous la surface. Feuilles alternées, composées palmées avec 5-11 folioles entières ou dentées, penninerves, stipules petites, caduques. Fleurs axillaires, solitaires, régulières, grandes, 5-mères ; calice soudé enfermant la fleur dans le bouton, à 5 lobes réfléchies et vrillés à l’anthèse ; pétales 5, libres, insérés à la base du tube staminal, blancs, jaunes ou rouges ; étamines nombreuses, soudées en un tube cylindrique sur une partie de leur longueur, les filets libres au dessus, anthères uniloculaires, à déhiscence longitudinal ; ovaire supère, 2-5 loculaire, style commun terminal, filiforme, stigmate terminal, 5-lobé ; ovules nombreux. Le fruit est une grande baie sèche, indéhiscente, à multiples graines, la baie sphérique à ovale, à surface pubescente, les graines enfouis dans une pulpe spongieuse blanche ; graines sans albumen.

LIRE AUSSI :  Les différentes sources d’informations provenant du véhicule 

Description des espèces étudiées (BAUM, 1995a)

a. Adansonia madagascariensis Baillon 

Arbre massif de 5 – 20m de haut à large tronc de 5 – 7m de circonférence et écorce lisse. Branches couronnant le tronc dans la seule partie supérieure. Feuilles palmées à pétiole de 6-7cm de long et 5-7 folioles de 9-10cm de long sur 3-4cm de large, glabres, à marge entière, caduque (tombant pendant la saison sèche). Floraison nocturne en janvier, après l’apparition des feuilles. Fleurs solitaires , roses à rouges, érigées à sépales ligulés de 18cm de long sur 1-1,7cm de large et 5 pétales ligulés de 13cm de long sur 1,5cm de large, plus longs que les étamines. Etamines oranges et nombreuses, soudées en tube à la base jusqu’à 9cm et à l’extrémité libre sur 5-11cm. Style rose à rouge. Fruit sec indéhiscent sphérique à légèrement oblong , à péricarpe dur et résistant.

b. Adansonia perrieri Capuron 

Arbre massif de 20 -25m de haut à large tronc de 3m de circonférence et plus et écorce lisse. Branches couronnant le tronc dans la seule partie supérieure. Feuilles palmées à pétiole jusqu’à 13cm de long et 7-9 folioles de 8-12cm de long sur 3- 4,5cm de large, pubescentes, à marge entière, caduques (tombant pendant la saison sèche). Floraison nocturne en novembre avant l’apparition des feuilles. Fleurs solitaires jaunes , érigées, à sépales de 15cm de long sur 1-1,5cm de large et 5 pétales étroitement ovés de 17 -20 cm de long sur 3-4,5cm de large. Etamines nombreuses soudées en tube à la base sur 12cm, à l’extrémité libre sur 1,5-2,5cm. Fruit sec indéhiscent oblong de 16-22cm de long sur 8-14cm de diamètre .

c. Adansonia suarezensis H. Perrier 

Arbre massif de 25m de haut à large tronc de 2-5 m de circonférence et écorce lisse. Branches couronnant le tronc dans la seule partie supérieure. Feuilles palmées à pétiole de jusqu’à 16cm de long et 7-9 folioles oblongues de 10,5-15,5cm de long sur 3-6cm de large, glabre, à marge entière, caduques (tombant pendant la saison sèche).Floraison nocturne principalement en janvier. Fleurs solitaires blanches ou rouges , érigées, à sépales brun-verdâtre, enroulés, de 7cm de long sur 2cm de large et 5 pétales de 7-8cm de long sur 2cm de large, enroulés. Etamines nombreuses blanches de 7-8cm de long, soudées en tube à la base sur 0,7-1,2cm. Style blanc. Fruit sec indéhiscent oblong et typiquement côtelé de 20- 25cm de long sur 10cm de diamètre, à péricarpe dur.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: MILIEU D’ETUDE
I.1. Localisation de la zone d’étude
I.2. Milieu abiotique
I.2.1. Climat
I.2.2. Nature des substrats
I.2.3. Hydrographie
I.3. Milieu biotique
I.3.1. Flore et Végétation
I.3.2. Faune
I.4. L’homme et ses activités
DEUXIEME PARTIE: MATERIELS ET METHODES
II.1. Généralités sur les matériels d’etude
II.1.1 Considérations taxonomiques
II.1.2. Description botaniques des espèces
II.1.3. Distribution des espèces
II.2.Méthodes d’étude
II.2.1. Etudes préliminaires
II.2.1.1.Choix des espèces cibles
II.2.1.2. Choix des sites
II.2.2. Collecte des données sur terrain
II.2.2.1. Montage des parcelles permanentes de suivi
II.2.2.2.Etude des écosystèmes a baobabs
A. Méthode d’échantillonnage
B. Etude de la végétation
C. Etude de la flore associée aux espèces de baobab
II.2.2.3. Etude de la productivité des trois espèces de baobab
A. Suivi phénologique
B. Etude de la régénération naturelle spécifique des Baobabs
II.2.2.4. Enquêtes ethnobotaniques
II.2.3. Traitement des données
II.2.3.1. Détermination des échantillons
II.2.3.2. Analyse dendrométrique
II.2.3.3. Analyse différentielle : étude de la similarité floristique des sites d’étude.
II.2.3.4. Détermination des facteurs déterminant la distribution des trois espèces de baobab
II.2.4. Etude cartographique
II.2.5. Etude de la niche écologique favorable
TROISIEME PARTIE: RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. Caractéristiques des habitats des trois espèces de baobab
III.1.1. Caractéristiques stationnelles
III.1.1.1. Forêt à Adansonia madagascariensis
III.1.1.2. Forêt à Adansonia perrieri
III.1.1.3. Forêt à Adansonia suarezensis
III.1.2. Caractéristiques floristiques
III.1.2.1. Forêt à Adansonia madagasariensis
III.1.2.2. Forêt à Adansonia perrieri
III.1.2.3. Forêt à Adansonia suarezensis
III.1.3. Caractéristiques biologiques des habitats dans espèces
III.1.3.1. Forêt à Adansonia madagascariensis
a. Caractères physionomiques
b. Caractéristiques dendrométriques
c. Flore associée à A. madagascariensis
d. Régénération naturelle
d1 Régénération naturelle globale de la forêt à A. madagascariensis
d2. Régénération naturelle spécifique d’A. madagascariensis
e. Distribution des individus d’A. madagascariensis dans la parcelle de suivi
III.1.3.2. Forêt à Adansonia perrieri
a. Caractères physionomiques
b. Caractéristiques dendrométriques
c. Flore associée à A. perrieri
d. Régénération naturelle
d1. Régénération naturelle globale de la forêt à A. perrieri
d2 Régénération naturelle spécifique d’A. perrieri
e. Distribution des individus d’A. perrieri dans la parcelle de suivi
III.1.3.3. Forêt à Adansonia suarezensis
a. Caractères physionomiques
b. Caractéristiques dendrométriques
c. Flore associée à A. suarezensis
d. Régénération naturelle
d1 Régénération naturelle globale de la forêt à A. suarezensis
d2 Régénération naturelle spécifique d’A. suarezensis
e. Distribution des individus d’A. suarezensis dans la parcelle de suivi
III.1.4. Similarité floristique entre les sites d’étude
III.2. Facteurs déterminant la distribution des trois espèces de baobab
III.3. Menaces et pressions
III.4. Evolution spatio-temporelle de la végétation a baobabs
III.5. Modélisation et prédiction des niches écologiquement favorables
QUATRIEME PARTIE: DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
IV.1. Discussions
IV.1.1. Sur la méthodologie
IV.1.2. Sur la durée de la période de descente
IV.1.4. Sur les résultats
IV.2. Principales recommandations
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

Télécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *