Caractérisation du bénévolat d’accompagnement
Définition du bénévolat
Le Conseil Économique Social et Environnemental définit ainsi le bénévolat : « Est bénévole toute personne qui s’engage librement pour mener une action non salariée en direction d’autrui, en dehors de son temps professionnel et familial »
Cette définition nous dit plusieurs choses. Tout d’abord que le bénévolat concerne des personnes physiques et non morales. Que c’est un engagement volontaire et qui s’exerce sans contrainte (de temps, de durée…). Que cet engagement ne peut pas être rémunéré, qu’il s’adresse à « autrui » c’est-à-dire qu’il s’agit d’une action désintéressée et que celle-ci s’exerce sur son temps libre.
Selon l’enquête Recherches et Solidarités , en 2019, ce sont 19 millions de personnes en France qui donnent de leur temps pour les autres. Le secteur où l’on retrouve le plus de bénévoles est le secteur du « social-caritatif » représentant 7,2% des actions. Les personnes de plus de 65 ans sont toujours les plus présentes au sein des associations. Pour la majorité des personnes interrogées lors de cette enquête, la notion de bénévolat renvoie à celle de « citoyenneté » (55%) et pour une minorité, à celle de « militant » (10%). Les raisons principales de l’engagement sont pour 85% des personnes interrogées « Être utile à la société et agir pour les autres». Les motifs principaux de satisfaction dans le bénévolat sont pour 74% des sondés « le contact et les échanges ». Le bénévolat agirait donc comme un véritable outil du lien social et de promotion de la citoyenneté.
Dans son article sur la question du bénévolat et du travail, Delphine GARDES nous explique que le travail bénévole est de plus en plus considéré comme un véritable métier, au sens où il ramène à des questions de compétences, de qualifications, de diplômes. Elle précise aussi que, de plus en plus, les bénévoles sont recrutés en fonction d’expériences et de compétences et que les associations imposent parfois de vraies qualifications . Ceci peut être particulièrement vrai lorsque le bénévolat demande une interaction avec un public fragile, en situation de vulnérabilité. Il n’y aurait pas de formations de professionnels de travail social si l’accompagnement de tels publics ne demandait pas quelques prérequis ou une approche bien spécifique.
La notion d’accompagnement
La question de l’accompagnement est un sujet maintes fois étudié par les sciences sociales. Dans son article sur l’accompagnement , Maëla PAUL nous explique que cette notion n’est pas fixée, qu’elle évolue encore. Elle reprend toutefois l’origine sémantique du mot de manière assez intéressante pour nous permettre d’intégrer la différence entre la notion « d’accompagner » et « d’être un compagnon » :
Elle explique ainsi que « Les compagnons entre eux sont des pairs tandis que l’accompagnement concerne deux personnes de statut inégal mais qui, néanmoins, vont devoir fonctionner au sein d’une relation conjuguant disparité des places et parité relationnelle ». Pour elle, la notion d’accompagnement induit la question de l’appartenance, car l’accompagnement « participerait à la fois à la valorisation d’un être-avec et à celle d’un êtreensemble ». Elle précise que « l’être-ensemble » n’a de sens que si « l’être-avec » existe. Elle explique encore qu’il y a donc deux notions, qui sont celles « d’être-avec » et « d’aller-vers », l’accompagnement suggérant donc un déplacement. Maëla PAUL précise aussi qu’il n’y aurait pas de règle définie pour accompagner, car chaque binôme constituerait « une matrice relationnelle différente».
Dans un autre de ses ouvrages, Maëla PAUL donne une définition de l’accompagnement : « Accompagner, c’est d’abord constituer un espace de socialisation, créer une relation qui institue la personne dans un espace public, et prendre appui sur elle et sur son projet, à partir de la situation qui est la sienne. Cette perspective souligne l’importance de la place du sujet, un sujet acteur, appelé à se prendre en main » .
Ces précisions nous amènent donc à questionner la place du bénévole dans le rôle d’accompagnant. Car si effectivement chaque accompagnement peut avoir sa singularité, là où des professionnels agissent dans un cadre très normé de par la formation qu’ils ont reçue, avec une éthique propre à leur métier ; comment peuvent agir les bénévoles dans cette singularité relationnelle ? Comment arrivent-ils à constituer cet « espace de socialisation », d’autant plus, face à un public parfois en souffrance, ayant connu de multiples ruptures et traumatismes. Il y a là un véritable enjeu, consistant à ne pas rajouter des formes de violence additionnelles.
Le bénévolat d’accompagnement
Dans le numéro 109 de la revue Vie Sociale et Traitements , il est fait référence à Michel THIERRY, qui dans un article de la revue Actualités Sociales Hebdomadaires explique que la plupart des grandes innovations sociales des trente dernières années ont été d’abord développées par les associations puis ensuite encadrées par la puissance publique. Selon lui les réponses apportées par les associations étaient, en plus d’être novatrices, plus dignes et mieux adaptées aux problématiques. Il fait référence à l’IAE , à la lutte contre le SIDA, l’aide aux devoirs, la prise en charge des toxicomanes. Les réponses apportées par la société civile au travers des associationsseraient donc plus pertinentes car souvent portées soit par des personnes ayant expérimenté les situations sociales auxquelles Michel THIERRY fait référence, soit par des proches de ces mêmes personnes. Toutefois l’expérimentation seule ne peut tenir lieu d’expertise. Et quand bien même les fondateurs de ces associations auraient ce savoir d’expérience, il faut bien s’imaginer que d’autres personnes sans expérience ont rejoint ensuite ces mouvements avec, comme nous le disions plus haut, l’envie d’être utile à la société et d’agir pour les autres.
Il y a donc là une double réalité à appréhender : les savoirs d’expérience, ayant permis la création de ces associations mais également le manque de connaissances théoriques des membres associés de ces structures, sur la prise en compte et le traitement des problématiques. Il y a donc matière à s’interroger sur la manière d’accompagner la vulnérabilité.
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