CARACTERISATION DES SYSTEMES DE PRODUCTION A BASE DE Anacardium occidentale L

CARACTERISATION DES SYSTEMES DE PRODUCTION A BASE DE Anacardium occidentale L

Présentation de Anacardium occidentale 

 Systématique et taxonomie 

Connu sous les noms vulgaires de l’anacardier, d’acajou, de cajou ou pomme de cajou en français, puis de cashew tree en anglais, Anacardium occidentale est une angiosperme de la famille des Anacardiaceae. Cette famille renferme d’autres cultures consommables comme le manguier (Mangifera indica), avec lequel il peut être greffé (Lacroix, 2003). En effet, cette famille compte 73 genres, dont le genre Anacardium qui compte 8 espèces natives de l’Amérique tropicale parmi lesquelles Anacardium occidentale L est le plus important en terme économique (Diarra, 2014). Les noms vernaculaires de l’espèce au Sénégal sont: Darkassu en Wolof, Bu Kassia ou Lulumaye en Diola, Finza en Bambara, Daf Durubab en Sérères. 

Description de l’espèce 

L’anacardier est un arbre formant un feuillage en dôme très développée et pouvant atteindre 15 mètres de hauteur, si les conditions agro climatiques sont favorables (Férrao, 1993). Le fût est relativement court et généralement bas branchu donnant une apparence d’arbre étalé. Le tronc est rugueux, résineux, légèrement gris ou brun (Jayaweera, 1981 ; Johnson, 1973 ; Meijer, 1983 ; Purseglove, 1968 ; Van Eijnatten, 1991 ; Chadha, 1985). Son système racinaire est souvent formé d’une racine pivotante centrale bien développée qui peut dépasser 10 mètres de profondeur (Trekpo, 2003) et des ramifications racinaires latérales horizontales. Les ramifications s’initient sur l’arbre à partir de la deuxième année (Frota et al., 1988) et s’intensifie au fur et à mesure que l’arbre se développe tout au long de sa vie. 5 Photo 1: Un pied d’anacardier L’anacardier porte à la fois des fleurs unisexuées mâles et des fleurs hermaphrodites (CIRADGRET, 2002). De couleur blanche ou jaune pâle striées de rose ou rouge- vert, elles sont nombreuses, regroupées en panicule ou cymes terminales et sont odoriférantes. Les fleurs sont couvertes de larges bractées légèrement pubescentes. Les fleurs hermaphrodites sont groupées en racèmes, d’un côté de la branche. L’espèce est donc allogame, ce qui rend difficile le processus de sélection en faveur de l’amélioration de cette plante (Tandjiekpon, 2005). Les fleurs apparaissent généralement vers la fin de la saison des pluies aux endroits de la couronne touchés par les rayons du soleil. Il faut donc à l’anacardier beaucoup de lumière pour donner le maximum de rendement. La fructification se passe en deux temps (Trekpo, 2003). La noix de cajou se développe en premier lieu jusqu’à atteindre sa taille et volume maximaux (en 30 à 35 jours) et puis le pédoncule, jusque-là normal, se développe considérablement et très rapidement jusqu’à devenir la pomme de cajou, charnue. Lors de cette phase, la noix placée sous le faux fruit perd de l’humidité, diminue de volume, s’assèche, se rétracte et durcit (Houenou, 2008). Au Sénégal la floraison débute au courant du mois de janvier à février et la fructification en début du mois de mars. La récolte annuelle s’effectue entre avril et juillet. 6 Photo 2: Fleurs, Fruits immatures Photo 3: Fruit de l’anacardier 

 Écologie 

Du point de vue climatique, Anacardium occidentale L. est retrouvé dans une large aire de distribution recouvrant des sites tropicaux et subtropicaux, entre les latitudes 27º N et 28º S. L’espèce se développe bien depuis le niveau de la mer jusqu’à l’altitude de 1200 mètres en climat chaud et humide mais donne de meilleurs résultats dans de basses altitudes. Au-dessus de 600m d’altitude, la production diminue considérablement sauf si la chaleur est importante (Houenou, 2008). Elle s’adapte bien aux régions semi -arides et arides avec une période sèche de 4 à 6 mois, et peut se développer sous une pluviométrie annuelle comprise entre 500 et 3700 mm. L’anacardier préfère une pluviométrie comprise entre 800 et 1800 mm par an en une seule saison qui dure de 5 à 7 mois. Il tolère des régimes pluviométriques de type uni et bimodal et toutefois, les pluies et temps nuageux durant la floraison affectent la production de noix (Nair et al., 1979 ; Ohler, 1979 ; Webb, 1984 ; FAO, 1988 ; Nambiar et al., 1990 ; Gupta, 1993 ; French et al., 1994 ; Lacroix, 2003). Dans les zones avec plus de 1.000 mm de précipitations annuelles et avec une saison sèche bien marquée, il est en bonne situation. La fructification y est bonne et la conservation des graines aisée (Lacroix, 2003). La moyenne de température annuelle acceptée par l’anacardier est comprise entre 22 et 35ºC. Celle des mois les plus chauds se situe entre 35 – 48ºC, tandis que pour les mois frais, elle est de 16 – 24ºC (Houenou, 2008). Un taux d’ensoleillement important est absolument nécessaire. Il ne peut être cultivé sous ombrage. Le taux d’humidité de l’air en saison sèche doit être faible afin de garantir une bonne santé de l’arbre. Quant à sa pédologie, A. occidentale peut se développer sur une large gamme de sols incluant les sols sableux, latéritiques et rocheux. Toutefois, l’anacardier préfère les sols fertiles, bien drainés, profonds, sableux à argileux avec une forte Jeune Jeune Noix Pomme Fleurs Jeune fruit 7 teneur en matière organique. Par contre, l’espèce croît moins bien sur les sites inondables ou salés. Les noix peuvent pousser dans de très mauvaises conditions de sol (Houenou, 2008). C’est ainsi que l’on plante des anacardiers pour fixer des dunes de façon économique au Sénégal et en Inde. Dans ce cas, le semis direct donne un arbre chétif qui produit peu de noix, mais qui fixe les dunes grâce à son port bas branchu (Lacroix, 2003). 

 Distribution géographique 

Originaire d’Amérique du Sud (Caraïbes et du Nord-est du Brésil), Anacardium occidentale L. est aujourd’hui largement cultivé dans toutes les zones tropicales, comme en Afrique, aux Antilles, au Brésil, en Asie du Sud-Est et en Inde (Tandjiekpon, 2005). Il a été introduit en Afrique par les navigateurs portugais vers le 15éme siècle comme plante d’agrément et pour fixer les dunes (Tandjiekpon, 2005). Au Sénégal, la production de noix de cajou provient essentiellement des régions de Ziguinchor, Sédhiou, Kolda et de la région de Fatick. Photo 4: Zones de productions de l’anacarde au Sénégal (Source: USAID, 2006) 

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Maladies et insectes nuisibles 

Bien que résistant et connu pour son adaptabilité et sa tolérance aux attaques parasitaires, l’anacardier est tout de même sujette à certains insectes et aux attaques fongiques (Lautié et al., 2001). S’agissant des maladies de l’anacardier, environ douze sont recensés parmi lesquels quatre agents pathogènes (l’Oidium, l’Antracnose, le Dieback et le Pestalotiose) sont responsables des dégâts les plus important (Tandjiekpon, 2005). Ces phytopathologies sont responsables des attaques des inflorescences des fruits et nuisent directement à la production. Les insectes nuisibles les plus couramment rencontrés sont les chenilles dévoreuses et enrouleuses de feuilles (Eutelia et Sylepta), les cochenilles, les thrips, les flatidés et trois espèces de Helopeltis (H. anacardii, H. shoutedeni et H. antonii). Ces insectes piquent les feuilles, les bourgeons et les pousses tendres créant des taches brunes qui se nécrosent en quelques jours. Pseudotheraptus wayi, insecte attaquant les cocotiers, peut aussi affecter l’anacardier. Enfin, Acrocercops syngramma cause aussi des pertes dans la production en provoquant la chute des feuilles (Lautié et al., 2001). 

Rendement de l’anacardier 

Le rendement en noix varie en fonction du climat mais aussi de la fertilité de la terre, des méthodes de conduite, du choix des semences et de l’entretien des plantations. On estime qu’un arbre produit en moyenne 15 kg de fruits par an sur toute sa vie, avec une pointe vers la 10ième année à 30kg (Houenou, 2008). En ce qui concerne la noix de cajou, le rendement mondial moyen, malgré des variations périodiques, n’a pas connu de baisse importante. Il est en moyenne de l’ordre de 550kg/ha sur la période de 1960-2001, mais varie tout de même selon les pays. Certains pays comme le Sénégal où le rendement tourne autour de 297 kg/ha (PADEC, 2016), se trouve en deçà de ce chiffre. Par contre, d’autres pays comme la Guinée Bissau dont le rendement est certainement le plus important en Afrique de l’Ouest avec 1200kg/ha (Tandjiekpon, 2005). 

Modes de production et systèmes de culture

 Deux modes de production sont utilisés dans la mise en place des plantations d’anacarde : le semis direct et l’utilisation des plants issus de pépinières. Le semis direct est le mode de production le plus utilisé avec 82,4% contre 17,6% pour le mode de transplantation de plants de pépinières (Ndiaye, 2014). Pour une bonne production de l’anacarde, la densité doit être 9 d’au plus 100 arbres par hectare soit un espacement de 10m x 10m (Somé, 2014). Cette production peut toutefois être associée à des cultures annuelles donnant lieu à un système de type agroforestier, combinant culture pérenne et annuelle. C’est le cas chez la plupart des producteurs lorsque les plants sont encore jeunes (1 à 5 ans) dans le but de valoriser l’espace non couvert par les plants en entendant leurs productions. En dehors de l’objectif de production, l’anacardier est aussi utilisé comme haie de protection ou de délimitation de parcelles. Dans ce contexte, les graines sont semées en ligne avec un écartement de 50 cm environ, de sorte à ne pas laisser d’espace pour l’introduction des animaux ravageurs et d’atténuer aussi l’impact du vent sur la parcelle cultivée. L’arbre est également utilisé pour des pare-feu verts grâce à sa capacité à couvrir parfaitement le sol et à empêcher le développement des herbacées ainsi que le feu du fait de son feuillage qui retombe au sol.

Table des matières

DÉDICACE
REMERCIEMENTS
TABLE DES MATIERES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
LISTE DES PHOTOS
SIGLES ET ABREVIATIONS
RESUME
ABSTRACT
INTRODUCTION
CHAPITRE I : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1 Présentation de Anacardium occidentale
1.1.1. Systématique et taxonomie
1.1.2. Description de l’espèce
1.1.3. Écologie
1.1.4. Distribution géographique
1.1.5. Maladies et insectes nuisibles
1.1.6. Rendement de l’anacardier
1.1.7. Modes de production et systèmes de culture
1.2. Importance socioéconomique de l’anacardier
1.2.1 Utilisation des produits de l’anacardier
1.2.2 Importance et place de l’anacarde dans l’économie
1.3. Les systèmes de production à base d’anacarde en Casamance
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES
2.1. Présentation de la zone d’étude
2.1.1. Localisation géographique et administrative
2.1.2. Caractéristiques physiques
2.1.3. Caractéristiques démographiques
2.1.4. Caractéristiques socioéconomiques
2.2. Méthodes
2.2.1. Données socio-économiques
2.2.2. Données biophysiques des plantations d’anacardier de la commune.
2.3. Exploitation des données
CHAPITRE III : RESULTATS
3.1. Caractéristiques socio-démographiques des producteurs
3.1.1. Répartition des producteurs selon le sexe
3.1.2. Répartition des producteurs selon l’âge
3.1.3. Niveau d’instruction des producteurs
3.1.4. Taille des ménages et nombre d’actifs
3.2. Caractérisation des facteurs de production
3.2.1. Modes d’accès à la terre
3.2.2. Raisons de production de l’anacarde
3.2.3. Nombre de plantations par ménage
3.2.4. Superficie des exploitations
3.2.5. Âge des plantations
3.2.6. Provenance des semences, mode de semis et densité
3.2.7. Rendement des plantations
3.2.8. Revenu moyen annuel
3.2.11. Durée de l’association
3.2.12. Étude comparée des plantations associées aux cultures annuelles et des plantations non associées aux cultures annuelles
3.2.14. Facteurs limitant la production
3.2.15. Besoins satisfaits par la vente des produits du système de production
3.3. Caractérisation biophysique des plantations d’anacardiers
3.3.1. Flore des plantations
3.3.2. Indices de diversité
3.3.3. Structure des plantations d’anacardiers dans la commune .
3.3.3.2. Structure de la population d’anacardiers
3.3.4. Taux de couverture des anacardiers
3.3.4.3. Taux de couverture moyen
DISCUSSION
CONCLUSION, RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES
ANNEXES I
Annexe 1 : Questionnaire d’enquête
Annexe 2 : Fiche d’inventaire
Annexe 3 : Modèle FAO (1992)

 

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