Caractérisation des réponses physiologiques chez 13 variétés de niébé (Vigna unguiculata L.Walp) soumises à un déficit hydrique en phase végétative

Caractérisation des réponses physiologiques chez 13 variétés de niébé (Vigna unguiculata L. Walp) soumises à un déficit hydrique en phase végétative

La sécheresse est un terme relatif, fondé sur la pluviométrie moyenne pour une zone donnée à un moment de l’année. C’est la résultante des effets cumulés du déficit hydrique du sol et de l’atmosphère, de hautes températures et de fortes irradiations lumineuses. Contrairement à beaucoup de phénomènes météorologiques qui sont soudains et éphémères, la sécheresse est plus insidieuse. Elle frappe progressivement une région et maintien son emprise au fil du temps. Dans certains cas graves, elle peut durer de nombreuses années, envahir de grandes surfaces parfois même à l’échelle d’un continent. L’Afrique est l’un des continents les plus touchés par la sécheresse. Les pays du Sahel, en particulier, sont confrontés à des périodes de sécheresse récurrentes qui peuvent avoir des effets catastrophiques. Parmi les plus importants figurent la décimation des cultures et du bétail avec pour conséquence directe une pénurie alimentaire qui met en péril les situations économique et sanitaire des populations. Dans ces pays, 40% des populations vivent dans l’insécurité alimentaire (CILSS, 2004). Les personnes les plus touchées sont les femmes, les enfants en bas âge, les personnes âgées et handicapées. Dans ces zones exposées aux aléas pluviométriques, il existe des plantes classées comme tolérantes au déficit hydrique et qui ont une forte valeur nutritionnelle. C’est le cas du niébé (Vigna unguiculata, Walp). Le niébé est une légumineuse tropicale qui occupe une place importante dans les productions végétales des zones semi-arides surtout en période de soudure. C’est aussi bien une culture vivrière qu’économique. Cette dernière décennie, l’étendue qu’elle occupait a considérablement fluctué à cause de la sécheresse résultant de l’irrégularité et de la forte variabilité spatio-temporelle des précipitations. Ce problème de déficit hydrique limite de façon significative le développement de la canopée chez le niébé et aboutit à des pertes de rendement (en matière sèche totale, en graines et en gousses) (Sarr et al., 2001).

Face à ce constat, on assiste de plus en plus aux niveaux national, sous-régional et international à la mise en place de programmes d’amélioration de la productivité agricole. Réduire l’impact de la sécheresse et parvenir à l’autosuffisance alimentaire constituent des défis que les gouvernements, les services d’urgence, les chercheurs et les agriculteurs doivent relever en s’appuyant prioritairement sur la valorisation des ressources de la sous région et sur la prise de mesures préventives telles que le rationnement de la gestion de l’eau et la sélection de variétés plus adaptées et plus performantes. Dans ce cadre et afin d’identifier divers critères pouvant être utilisés dans des programmes de sélection chez le niébé, plusieurs travaux ont été réalisés sur la caractérisation agrophysiologique et moléculaire de cette légumineuse en utilisant différents paramètres comme : les échanges gazeux et la conductance stomatique (Hall et al., 1992, 1997a), le potentiel hydrique (Pimentel et al., 1999), la productivité et le développement racinaire (Sarr et al., 2001), l’étude des systèmes racinaires Ce mémoire se décline en cinq parties : une première partie présentant l’état de connaissances bibliographiques sur l’importance de niébé, et un aperçu sur les effets de la sécheresse sur l’intégrité membranaire et sur la photosynthèse. La deuxième partie porte sur les variétés de niébé utilisées et sur la méthodologie suivie pour mener notre étude. La présentation des résultats obtenus constitue la troisième partie et ils sont discutés dans la quatrième. Enfin, les conclusions et des perspectives sont présentées en dernière partie.

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Origine et domestication

Le niébé, Vigna unguiculata (L.) Walpers, est originaire d’Afrique (Padulosi et Ng, 1997). En effet, son premier centre de domestication serait l’Afrique de l’Ouest (Baudoin et Maréchal, 1985). Il semblerait que les mouvements anciens d’échanges de culture et les routes de commerce entre l’Est et l’Ouest aient permis la diffusion du niébé d’une région à l’autre. Les grecs et les romains l’ont cultivé sous les noms de Phaseolos (Purseglove, 1984). Il a probablement atteint l’Europe à partir du Nord-Est de l’Afrique (Padulosi et Ng, 1997). Au Sénégal, le niébé a été introduit par le fleuve Sénégal en provenance probablement du Mali.

Au Sénégal, le niébé est la deuxième légumineuse cultivée après l’arachide dans les systèmes de culture traditionnels. Pendant la saison culturale 2001, la superficie occupée par le niébé a été estimée à 90 685 ha (Cissé et Hall, 2003). Le Nord et le Centre Nord constituent les principales zones de culture : la région de Louga englobe à elle seule près de la moitié des superficies. Environ 93% des superficies cultivées en niébé au Sénégal sont concentrées dans les régions de Louga (48%) dont 22% dans le département de Louga et 17% dans le département de Kébémer, la région de Diourbel (25%) avec 14% dans le département de Mbacké et la région de Thiès (20%) dont 12% dans le département de Tivaouane. La région du Fleuve englobe environ 5% des superficies totales cultivées, le reste se répartissant dans les autres régions et principalement en Basse Casamance et au Sénégal Oriental. La production nationale annuelle a également fluctué pendant la dernière décennie entre 13 000 et 80 000 tonnes avec une moyenne de 30 000 tonnes (Cissé et al., 1996).

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