En 1975, la déforestation était déjà un, sinon le problème forestier majeur à Madagascar. Depuis l’époque coloniale, une politique forestière répressive et exclusive avait été conduite. Elle a cependant pris fin au cours des années quatre-vingt-dix, avec la mise en place du Plan d’action environnemental (PAE). Depuis de nombreuses années, la conservation de la biodiversité est au centre des réflexions, autant politiques que scientifiques à Madagascar. Dans ce contexte, la mise en œuvre de réformes des politiques publiques en matière de gestion des ressources naturelles, dans un objectif de gestion durable, ont abouti à la naissance de concepts et de systèmes de gestion tels les transferts de Gestion et les Aires Protégées. L’objectif était de répondre aux différents problèmes concernant la conservation et la gestion des ressources afin de proposer des stratégies efficaces en la matière pour asseoir le développement durable.
Etat de l’art : caractérisation des politiques publiques en matière de conservation et de développement, le PAE
Le PAE trouve son origine parmi les sujets de préoccupation internationale
En 1972 était apparu le concept « d’Ecodéveloppement » lors de la conférence de Stockholm . Il faudra ensuite attendre quinze années pour que, du rapport Brundtland, surgisse la notion de « Développement Durable » (angl. : Sustainable Development). Dès 1980, l’UICN parle pour la première fois de Sustainable Development (traduit à l’époque par développement soutenable) qui a par la suite été repris dans le rapport de Gro Harlem Brundtland, Notre Avenir à tous, publié en 1987. À l’époque on s’attacha à définir ce concept de Sustainable Development par » un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». En 1992, la conférence des Nations Unies à Rio de Janeiro baptisée Sommet de la Terre, a été consacrée sur le thème du Développement Durable. Intégrant l’importance de l’usage des ressources, et surtout, de son rôle pour le développement (économie), le concept de gestion et de la conservation de la biodiversité s’est élargi, conciliant conservation et développement, deux paramètres devenus indissociables en matière de « développement durable ». De cette initiative, les politiques publiques initiées dans le cadre du PAE à Madagascar, vont subir des réformes approfondies afin de s’aligner sur ce concept de développement durable.
Concept et théorie du développement durable
Concept idéologique et principe d’action plus que concept scientifique, le développement durable apparaît comme la résultante de la combinaison de plusieurs champs de réflexions: inquiétudes véhiculées par les organisations de défense de l’environnement dès le tournant des années 1980 à propos des atteintes à l’environnement (pollutions massives, déforestation, menaces sur la biodiversité, etc.); dénonciation des disparités en termes de richesse ou d’accès aux ressources qui traduisent les inégalités croissantes entre Etats ou à l’intérieur des Etats; remise en cause du modèle productiviste de développement des sociétés industrielles qui s’appuie sur le progrès technique et postule la nécessité de la croissance économique, mais néglige l’impact de ces pratiques de production et de consommation sur les écosystèmes. D’où est né le concept de développement durable qui met l’accent sur la valeur du respect des équilibres écologiques et sur la valeur des équilibres socioéconomiques, en particulier sur la valeur de la solidarité entre les groupes sociaux et entre les générations (DA CUNHA, 2003). La multiplicité des définitions qui ont été proposées pour préciser la notion de développement durable constitue un obstacle plutôt qu’un instrument de clarification lorsque l’on tente présentation synthétique de cette question. Pour aller rapidement à ce qui paraît l’essentiel, on se bornera à évoquer la définition la plus souvent citée, celle de la commission Brundtland , qui a marqué le véritable démarrage du débat public international sur le développement durable. Dans le rapport Brundtland, le développement durable apparaît en première analyse comme un projet politique qui définit les conditions d’un développement mondial articulant des exigences liées à des enjeux fondamentaux et partiellement antagonistes. Schématiquement, il s’agit d’assurer une production suffisante de richesses pour satisfaire les besoins de la population (pilier économique), tout en réduisant les inégalités sociales (pilier social) et en évitant de dégrader l’environnement (pilier environnemental) (ALLEMAND, 2006). Prendre en considération l’interdépendance des processus sociétaux, économiques et écologiques n’est cependant pas suffisant dans la perspective du développement durable. Les auteurs du rapport Brundtland insistent en effet sur la notion de besoins et sur la nécessité de limiter les charges imposées à l’environnement par le mode de vie actuel de nos sociétés. Depuis cette date, le concept de développement durable a été adopté dans le monde entier. La définition du développement durable articule trois composantes : l’environnement, le social et l’économie. Le développement durable comporte en outre une dimension éthique fondamentale, à savoir la justice intra- et intergénérationnelle.
Le contexte historique de la mise en place du PAE et des réformes
Depuis la royauté jusqu’à aujourd’hui, les politiques publiques concernant la gestion et la conservation des ressources forestières à Madagascar peuvent être divisées en Cinq périodes, allant de la royauté, passant par la colonisation et aboutissant aux régimes républicaines. Selon les résultats de l’analyse , à Madagascar, les politiques de gestion et de conservation des ressources naturelles se sont mues, au fil des années. Les politiques ont évolué selon les contextes et les pouvoirs politiques en place, passant de la centralisation à la décentralisation, de la conservation pure et dure à la notion de développement durable. Dans ce contexte, la politique forestière a subi plusieurs revers en raison de l’arbitrage permanent entre conservation et exploitation des ressources naturelles. La mise en œuvre d’une politique environnementale coordonnée sur la longue durée avec l’appui d’une communauté internationale soudée autour d’objectifs explicites exprimés par le gouvernement national a constitué une opportunité majeure qui va permettre d’asseoir le développement durable dans les SES forestiers de Madagascar.
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