CARACTERISATION DE LA POLLUTION DES EAUX DE LA BAIE
Influence des courants océanique sur la mobilité des polluants
Les études courantologiques précisant la circulation des courants océaniques et l’état de la mer sont indispensables pour la connaissance du dynamisme des eaux. En effet, sous l’effet de la direction des courants littoraux, les rejets sont entraînés vers le large ou vers le rivage, une situation qui favorise deux problèmes: vers le large entrainant la dilution des eaux polluées et par conséquent une diminution de leur concentration en substances polluantes. vers le rivage entraînant moins de dilution et affecterait la qualité des plages et donc la santé des baigneurs. Beaucoup de polluants qui partent du port, aux grés des courants marins parviennent à atteindre la baie de Hann (N’diaye et al, 1994). Car ces polluants sont drainés sur de longues distances sous l’action des courants de dérives océaniques (Bonfonh, 2000 ; MDEP, 2007), et quand ils sont contaminés, ils entrainent une mort par intoxication des poissons ou leur fuite vers le large. L’absence de courant significatif dans une baie provoque une concentration des polluants à côté du point de rejet (IFREMER, 2002). Une telle situation est susceptible d’être retrouvée dans la baie de Hann, où la circulation des courants n’est pas favorable à la dispersion des polluants du fait de leur faible vitesse qui serait inférieur à 2cm/s (N’diaye et al, 1994; IAGU, et CUD, 1997). Cette situation entraine plus ou moins une stagnation des eaux polluées sur côte. Cependant le rapport d’Actimar de 2011 donne une vitesse du courant de l’ordre de 4 m/s L’intensité des vagues, des vents et des tempêtes joue un rôle important dans le transport des substances polluantes vers les fonds marins. Par ailleurs l’absence de marée haute favorise l’accumulation de certains polluants dans les sédiments (MDEP, 2007). Ainsi les rejets dans les sites dont le renouvellement des eaux s’effectue mal, favorise les échanges, eau sédiments et matières vivantes. En revanche les rejets dans les sites bien renouvelés favorisent la dispersion et conduisent théoriquement à l’introduction, dans le milieu de quantités importantes de polluants ou même de substances plus modérément toxiques (MDEP, 2007; Parent-Raoult et Boisson, 2005 ; House et al, 1993). Page 15 Caractérisation de la pollution de la pollution des eaux de baie de Hann (Dakar), dans la perspective d’une approche qualitative de ses usages et d’une mise en place d’un système de suivi. [2011] Le piégeage de la biomasse végétale en baie de Hann et son alimentation en nutriments par le phénomène d’upwelling sont favorisés par la courantologie et la topographie la baie (Arfi). En effet l’anse de Bel-Air et la digue du BIMA forment un obstacle à l’écoulement des courants et favorisent par conséquent l’isolement de la bande côtière (Arfi).
Devenir des polluants dans les eaux marines
La connaissance du devenir des contaminants en mer passe par une bonne compréhension du fonctionnement physique de ces milieux. En effet, les caractéristiques et le devenir des eaux usées sont influencés par les facteurs climatiques tels que les précipitations, les températures, l’humidité relative, l’évaporation, l’insolation et la direction des vents (Eckenfelder, 1982). Beaucoup d’études ont été faites sur le comportement des polluants dans l’écosystème aquatique sous l’influence des courants océaniques. Il se révèle que les effets de la pollution sur les espèces marines s’atténueraient lorsqu’on s’éloigne des sources de pollution par effet de dilution (Seck, 1996). Certains contaminants peuvent être éliminés ou transformés en substances non toxiques ou plus toxique, par la suite de diverses réactions (hydrolyse, photolyse, photo oxydation…), qui se produisent dans le milieu marin alors que d’autres peuvent persister ou s’accumuler pendant de longues périodes et demeurer potentiellement dangereuses pour l’écosystème (Ciss, 2010). De façon générale, pour connaître l’effet d’une externalité de type de pollution, il faut déterminer les modes de dispersion des polluants, leurs transformations chimiques et leurs effets sur les écosystèmes naturels (Niass, 2011). Cette évaluation requiert donc des moyens scientifiques et techniques importants qui font appel à des analyses d’échantillons et à des études d’écotoxicologiques.
Etude des effets de la pollution des milieux littoraux.
L’étude des effets biologiques L’étude des effets biologiques des polluants sur le littorale permet de comprendre pour mieux prévenir les effets néfastes de la pollution des eaux sur l’écosystème marin ainsi que sur l’homme. À cet effet, l’OMS estime que les maladies véhiculées par l’eau affectent 500 millions d’individus dans le monde, et que les maladies liées à cette ressource empêchent en moyenne chaque individu de travailler pendant un dixième de sa vie active (Dubreil, 2001). Page 16 Caractérisation de la pollution de la pollution des eaux de baie de Hann (Dakar), dans la perspective d’une approche qualitative de ses usages et d’une mise en place d’un système de suivi. [2011] Ainsi dans le sens de la préservation de la qualité des eaux, la baie de Hann mérite une attention particulière par rapport aux propriétés microbiologique, physicochimique, toxicologique et environnementale spécifique à ses eaux, qui sont à évaluer, et pour lesquels il faudra trouver et mettre en œuvre des moyens de contrôle et de protection adaptés. 3.2. Les paramètres microbiologiques Les paramètres étudiés ici concernent spécialement les streptocoques fécaux et l’Escherichia coli. Ces derniers sont les principaux responsables des gastro-entérites et des toxi-infections et à cet effet, ils constituent les paramètres représentatifs du risque biologique à court terme et constituent par conséquent la famille la plus recherchée dans les eaux usées car ils sont considérés comme les germes témoins de contamination fécale (Dubreil, 2001).
Les paramètres physico-chimiques
Les paramètres physico-chimiques sont le plus souvent le pH, l’oxygène dissous, la température, la salinité etc. Ainsi la salinité, la température, la turbidité et la teneur en oxygène influencent fortement la composition, la distribution et l’abondance des ressources halieutiques (Kennish, 1990). De la même façon, la conductivité et le pH influencent la distribution des polluants, affectent leur devenir et contrôlent leur spéciation (Nicolau, 2005). Il existe une plage de pH favorable au développement des microorganismes. En effet l’intervalle de pH nécessaire au maintien d’une bonne santé de la vie aquatique varie entre 6,5 et 9 (Menier et al. 2007). Ainsi pour Menier et al, si la valeur du pH n’appartient pas à cet intervalle, la respiration et la reproduction pour les espèces aquatiques peuvent être altérées. Et s’il est supérieur à 9, l’eau devient trop alcaline, situation peu favorable au développement des espèces. C’est pourquoi, il convient de veiller au maintien du bon niveau du pH. Toujours dans un souci de sauvegarde de l’environnement, la norme Sénégalaise relative aux eaux usées (Norme NS 05-061) fixe le niveau de la température inférieur 30°C pour tout effluent rejeté dans le milieu naturel. Ainsi pour Lemoalle (1991), les températures élevées favorisent la vitesse des réactions chimiques et biologiques. Dans ce sens Diouf (1996) et Mclusky (1993) ont souligné que «sur une cinquantaine d’études réalisées en milieu aquatique, la turbidité (dans75% des cas), la salinité (58%) et la température (40%) et l’oxygène (10%) ont été les facteurs déterminants dans la perturbation des habitats ». L’oxygène est d’une part nécessaire pour la nitrification (conversion de l’ammoniac toxique en nitrate), d’autre part il accélère la décomposion de la matière organique. Caractérisation de la pollution de la pollution des eaux de baie de Hann (Dakar), dans la perspective d’une approche qualitative de ses usages et d’une mise en place d’un système de suivi. [2011] La présence excessive de matière en suspension est un phénomène qui accroît la turbidité des eaux et occasionne une forte diminution de la transparence et entraîne par conséquent une réduction de la production photosynthétique. Ce phénomène a des effets nuisibles sur les ressources par sédimentation dans les zones de frayères (Mbéguéré, 2010), dus à un manque d’oxygène. Un déficit accentuer par les nitrates dont la présence entraîne la consommation d’oxygène. En effet le processus d’oxydation biologique entraîne la consommation d’oxygène. Ainsi l’azote ammoniacal se transforme en nitrate (NO3 – ) en passant par un état intermédiaire, les nitrites (NO2 – ) pour se terminer par la nitrification. Cette transformation s’effectue en présence de bactéries aérobies et se fait en deux étapes: NH4 + + 3/2O2 NO2 – + 2H+ +H2O Nitritation NO2 + 1/2O2 NO3 – Nitratation Ces réactions entraînent des consommations d’oxygène au détriment de la faune marine. Ce qui conduit à une anoxie du milieu (Champers et Prepas, 1994 ; Arhondistisis et al, 2003; Le Gac, 2006). Ainsi à une concentration d’azote de l’ordre de 2mg/L associé à un pH se fluctuant entre 7,4 et 8,5, la vie des espèces aquatiques devient menacée (Agence de l’eau et Ministère de l’environnement, 1994). Par ailleurs peu d’espèces sont susceptibles de vivre dans une eau contenant moins de 2mg/L d’oxygène (Levêque et Paugy, 2006 ; Benech et Lek, 1981).Valeur définit comme étant le seuil de dépendance respiratoire pour les espèces à respiration strictement aquatique. Ainsi la faible teneur en oxygène constitue un facteur limitant de la vie aquatique. L’eutrophisation entraîne un déséquilibre biologique, qui peut être à l’origine d’une absence de dégradation bactérienne des matières organiques produites par la décomposition de la biomasse algale en excès (Roberge, 1996). A cet effet les valeurs d’oxygène dissous critiques pour le maintien de la vie aquatique ont été fixées à 5mg/L pour les organismes d’eau chaude et à 6mg/L pour les organismes d’eau froide (Menier et al, 2007). Ainsi es valeurs admissibles des paramètres physico-chimiques pour l’eau en fonction de l’utilisation que l’on a fait sont présentées dans le tableau 1 ci-après.
Introduction |