Caractères généraux des Mégachiroptères

Madagascar est l’une des îles les plus connues du continent africain par sa diversité biologique. La richesse et l’endémicité de sa faune et de sa flore sont remarquables. Par contre, les domaines biologiques et écologiques d’un certain nombre d’espèces sont encore mal connus. Tel est le cas des chauves-souris malgaches.

Vingt-huit espèces de chauves-souris dont quatorze endémiques existent à Madagascar (HUTSON & MICKLEBURGH. & RACEY, 2001). Parmi ces dernières, trois genres appartiennent à la famille des Pteropodidae, au sous-ordre des Mégachiroptères (GARBUTT, 1999). Ce sont des frugivores, pollinivores et nectarivores (ENTWISTLE & CORP, 1997). Lorsqu’ils se nourrissent, ces animaux jouent deux rôles écologiques importants dans l’écosystème. D’abord, ils pollinisent certaines fleurs appartenant à la famille de Bombacaceae Ceiba pentandra, Adansonia sp (ELMQVIST et al., 1992), Durio sp (START & MARSHALL, 1976) dont la structure florale est adaptée au besoin des Mégachiroptères. Ensuite, ils assurent la dispersion des graines de diverses plantes (HEITHAUS, 1982; ADLER, 1995 ; FORGET, 1992) c’est le cas de plusieurs Ficus sp (UTZURRUM & HEIDEMAN, 1991). GOODWIN et GRENHALL (1961) ont effectué un premier essai d’étude écologique de l’alimentation de ces animaux à Trinidad afin de connaître les fruits qu’ils ingèrent. Plusieurs autres études dans les Tropiques ont suivi (MORRISON 1978 ; FLEMING & HEITHAUS, 1981). Ces études ont mis en évidence deux types de fruits consommés par les Mégachiroptères : les fruits contenant plusieurs petites graines qu’ils avalent et les fruits à grosses graines qu’ils rejètent par terre. Les graines ingurgitées peuvent être dispersées de deux façons différentes :
1. les gros fruits peuvent être transportés loin de la plante mère, puis consommés, et les graines vont tomber plus tard dans des endroits plus ou moins éloignés.
2. certaines graines ne sont pas assimilées. D’autres, avec la pulpe, passent dans le tubedigestif et vont être excrétées dans les fèces.

Par ailleurs, d’après FLEMING et HEITHAUS (1981), le passage des graines dans l’intestin pourrait améliorer la germination de certaines plantes consommées par les espèces de Mégachiroptères. Ainsi, l’importance du rôle des Mégachiroptères sur la dispersion des graines, aboutissant à la régénération des plantes, est une étude très récente (COX et al. , 1992). La plupart des recherches effectuées dans ce domaine sont réalisée dans d’autres pays; à titre d’illustration, IUDICA et BONACCORSO (1997) étudiaient la dispersion de Sturnira lilium et Solanum riparium, faite par les Mégachiroptères dans la forêt de l’Argentine. Il y a aussi des études faites par HEITHAUS (1982), ADLER (1995) et FORGET (1992) sur la dispersion des graines de plantes par les Mégachiroptères. Néanmoins, à notre connaissance, l’étude des espèces de Mégachiroptères dans le monde, surtout la famille de Pteropodidae, n’est pas suffisamment approfondie, plus particulièrement à Madagascar. Or, dans plusieurs régions tropicales, diverses espèces de plantes dont le nombre s’élève jusqu’à trois cent, sont pollinisées ou dispersées par les Mégachiroptères. Plus de 163 espèces sont utilisées directement par l’homme (FUJITA & TUTTLE, 1991). Citons à titre d’exemples Mangifera indica (ENTWISTLE & CORPS, 1997), et Durio sp (FUJITA & TUTTLE, 1991) ; cette dernière joue un rôle économique important en Asie.

Présentation de l’espèce étudiée

Caractères généraux des Mégachiroptères

Les Mégachiroptères sont des Mammifères volants de grande taille, faisant partie de l’ordre des Chiroptères. Ce sont des chauves-souris frugivores et/ou nectarivores. Ce sont des espèces nocturnes dont l’activité pendant la nuit est vraisemblablement à but nutritif. Trois genres de Mégachiroptères se trouvent à Madagascar. Chacun d’eux comporte une espèce endémique : Pteropus rufus, Eidolon dupreanum et Rousettus madagascariensis.

Description de l’espèce étudiée

L’étude porte sur Eidolon dupreanum , une espèce à large répartition à Madagascar, plus particulièrement dans les régions des Hauts-plateaux (GARBUTT, 1999) qui constituent les localités de la présente étude. Eidolon appartient à un genre de Mégachiroptères africains. Eidolon dupreanum (POLLEN, 1867), une espèce qui n’existe qu’à Madagascar, ressemble à Eidolon helvum d’Afrique mais en diffère par la présence d’un rostre relativement long et élancé. Cette espèce a une taille comprise entre celles des deux autres Pteropodidae endémiques de Madagascar Pteropus rufus et Roussetus madagascariensis. Sa tête ressemble à celle d’un chien. Cette espèce a une longueur atteignant 190 à 215 mm et une envergure de 810 à 940 mm. La longueur de son avant bras varie entre 115 à 130 mm. Son poids varie de 200g à 440g (JULIE R., 2001). La couleur de son pelage diffère l’une de l’autre (DORST, 1947). Elle possède une couleur caractéristique brun clair ou brun jaunâtre dans la partie dorsale et une couleur chamois olive dans la partie ventrale (PETERSON et al, 1995). Eidolon dupreanum est une espèce frugivore à formule dentaire FD=2132/2134 (PETERSON et al, 1995) .

Position systématique 

Règne : ANIMAL
Embranchement : VERTEBRES
Classe : MAMMIFERES
Ordre CHIROPTERES
Sous-Ordre : MEGACHIROPTERES
Famille : PTEROPODIDAE
Genre et espèce : Eidolon dupreanum (POLLEN, 1866)
Noms vernaculaires : Angavo, Fanihim-bato(à remplir) .

Méthode d’observation de l’habitat de Eidolon dupreanum

Le repérage de gîte d’une population de Eidolon dupreanum dans le site d’étude se fait par les cris caractéristiques émis par les individus autour de leurs dortoirs, et par la présence des fèces collées aux rochers situés au bas du gîte. Les observations effectuées nous ont permis d’identifier les types de gîte de Eidolon dupreanum.

Étude floristique aux environs des sites d’étude

Parmi les documents concernant l’étude des Mégachiroptères, la méthode utilisée par FOSTER (1982) sur la phénologie des plantes autour des gîtes a permis de déterminer les ressources utiles à des animaux frugivores. Dans les quatre sites d’étude, l’observation globale des espèces végétales est faite en premier lieu (la végétation en général), laquelle est suivie du recensement des arbres, des arbustes et des formations herbacées les plus dominantes.

a. Méthode des transect  
Cette technique de transect a deux objectifs :
– d’une part, la détermination du nombre des espèces de plantes à fleurs et/ou à fruits rencontrés près du gîte dans un domaine de 50m à 2km,
– d’autre part, la comparaison de la fréquence de chaque espèce des plantes à fruits et/ou à fleurs contenue dans les transects et dans les crottes collectées de l’autre côté. Le transect est établi au niveau d’une zone homogène uniquement à Atongona et à Tritriva car les autres régions (Ambatovaky et Marovato) ont une formation végétale plus ouverte et/ou dénudée.

Pendant ce travail, cinq transects de 300m x 30m par site à chaque descente ont été sélectionnés. Ce choix a été motivé par l’importance du nombre de pieds d’arbres à fruits et à fleurs aux environs des zones d’étude. Pour chaque transect, l’identification est faite uniquement sur les espèces d’arbres à fleurs et/ou à fruits (FOSTER, 1982) dans les aires délimitées en comptant leurs nombres de pieds pour déterminer leur abondance relative. Des herbiers ont été montés pour les espèces végétales difficiles à identifier pour être déterminées par des spécialistes (M. Rakotozafy, IMRA ; Département de la flore au Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza en 2000).

b. Collecte au hasard des plantes à fleurs et/ou à fruits
Cette méthode a pour objectif de collecter des échantillons de références (fruits et fleurs) utilisés pendant l’identification des espèces végétales rencontrées dans les crottes. La conservation des fleurs est faite soit dans l’alcool 70°, soit sous forme d’herbier. Les fruits sont conservés dans des enveloppes en papier. L’on a répété cette méthode de transects et de collecte au hasard des plantes à fleurs et/ou à fruits pendant la deuxième et troisième descentes. Au total, 10 transects par site ont été réalisés .

Table des matières

INTRODUCTION
1 ère Partie : GENERALITES
I.1. Présentation de l’espèce étudiée
I.1.1. Caractères généraux des Mégachiroptères
I.1.2. Description de l’espèce étudiée
I.2. Présentation du milieu d’étude
I.2.1. Choix des sites
I.2.2. Description des sites d’étude
I.3. Climat
2e Partie : Méthodologie
II.1. TRAVAUX SUR TERRAIN
II.1.1. Méthode d’observation de l’habitat de Eidolon dupreanum
II.1.2. Étude floristique aux environs des sites d’étude
a. Méthode des transects
b. Collecte au hasard des plantes à fleurs et/ou à fruits
II.1.3. Méthode et technique de collecte des crottes et des pelotes de réjection
a. Prélèvement au niveau des gîtes étudiés
b. Durée du prélèvement
c. Traitement après prélèvement
II. 2. TRAVAUX AU LABORATOIRE
II.2.1. Analyse des matières fécales
II.2.1.1. Détermination des fruits consommés
a. Observation macroscopique
b. Observation microscopique
II.2.1 2 Détermination des pollen dans les fèces
a. Traitement physico-chimique
b. Montage des préparations
c. Analyse des pollen
d. Niveau de détermination
e. Comptage du pollen
II.2.2. Test de germination
a. Test de viabilité des graines en présence de Tétrazolium rouge
b. Traitement avant culture
c. Conditions de culture
II.3. MÉTHODES D’ANALYSES DES DONNÉES
II.3.1. Test de KHI-DEUX
II.3.2. Analyse de variance ANOVA
II.3.3. Méthode d’Izhaki et de Korine (1995)
II.3.4. Calcul du pourcentage moyen des grains de pollen
II.3.5. Fréquence de positivité
3e Partie : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. Description de l’habitat de Eidolon dupreanum dans les gîtes visités
III.2 Les plantes inventoriées aux environs des sites d’études
III.2.1. Types de végétation d’après les observations globales
II.2.2 Recensement des arbres dans les transects
III.3 Les prélèvements effectués
III.4 Composition des matières fécales
III.5 Les différentes espèces de fruits identifiées dans les crottes
III.6 Les taxons polliniques trouvés dans les crottes
III 7 Résultat de fréquence de positivité dans les quatre gîtes
III.7.1. Juillet 1999
III.7.2. Décembre 1999
III.7.3. Février 2000
III.8 Relations des espèces de plantes inventoriées dans les transects et celles trouvées dans les crottes
III.8.1. Site TRITRIVA
III.8.2. Site ATONGONA
III.9 Résultats de l’expérience de germination
III.9.1. Viabilité des graines testées au tétrazolium
III.9.2. Germination des graines de fruits consommés par Eidolon dupreanum
III.9.3. Comparaison intraspécifique
III.9.4. Distribution temporelle de la germination selon les traitements
III.9.5. Comparaison entre les graines de fruits intacts testées sur le tétrazolium rouge et celles germées pendant le test de germination
4e Partie : DISCUSSION
IV.1. Régime alimentaire de Eidolon dupreanum
IV.2. Variations spatio-temporelles du régime alimentaire
IV.3. Choix alimentaire de Eidolon dupreanum dans son environnement
IV.4. Influence de Eidolon dupreanum sur la germination des graines
IV.5 Rôles potentiels de Eidolon dupreanum dans la régénération naturelle
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE

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