Élaboration et développement d’un outil numérique pédagogique à destination des patients traités par immunothérapie
L’immunothérapie, une avancée majeure dans la prise en charge des cancers
Cancer et système immunitaire
Le système immunitaire
Le système immunitaire est l’ensemble des mécanismes de défense naturelle de notre organisme. Il est composé d’un ensemble d’organes et de cellules immunitaires (globules blancs ou leucocytes) de fonctions différentes et spécifiques qui sont chargées d’identifier et de détruire les corps étrangers (e.g. bactéries, virus) mais aussi les cellules anormales (e.g. cellules cancéreuses). C’est un système basé sur la reconnaissance du « soi » (cellules normales de l’individu) et du « non soi » (cellules anormales ou particules/organismes étrangers à l’individu). Face à une agression extérieure, le système immunitaire produit une réponse complexe, appelée « réponse immunitaire », qui est constituée de deux niveaux de défense. La première ligne de défense de l’organisme est qualifiée « d’innée ». Elle fait appel à différents types de cellules dotées de fonction de « phagocytose » permettant la destruction des agents pathogènes extérieurs. Elle offre une réponse rapide, immédiate et non spécifique. La deuxième ligne de défense est qualifiée « d’adaptative » et est basée sur un système de reconnaissance très spécifique à chaque agent pathogène ou cellules devenant anormales qui repose sur la notion d’antigènes. Elle produit une réponse plus lente, mais durable, afin de réagir plus efficacement et plus rapidement lors d’une seconde stimulation similaire. L’immunité adaptative repose majoritairement sur les lymphocytes B (produisant les anticorps) et les lymphocytes T (reconnaissant et détruisant les cellules anormales). Les lymphocytes T vont être particulièrement impliqués dans la défense antitumorale.
La réponse immunitaire anticancéreuse
En présence de cellules cancéreuses ou tumorales, une réponse immunitaire adaptative va se mettre en place. Cette réponse immunitaire va permettre à l’organisme de lutter contre le cancer selon un cycle immunitaire antitumoral qui est composé de 7 étapes (2) : – Étape 1 : Les cellules tumorales libèrent ou expriment à leur surface des antigènes tumoraux. – Étape 2 : Ces antigènes tumoraux sont reconnus par des cellules du système immunitaire : les cellules présentatrices d’antigènes (CPA). Les CPA migrent dans les ganglions lymphatiques pour présenter ces antigènes tumoraux aux lymphocytes T via le complexe majeur d’histocompatibilité (CMH). – Étape 3 : Une reconnaissance spécifique des antigènes tumoraux par les lymphocytes T naïfs se met en place et ceux-ci se retrouvent alors « activés ». – Étape 4 : Les lymphocytes T activés, ou encore lymphocytes T cytotoxiques, sont libérés dans la circulation sanguine en direction de la tumeur. – Étape 5 : Les lymphocytes T activés migrent des vaisseaux sanguins vers l’environnement tumoral : c’est l’infiltration lymphocytaire tumorale. 8 – Étape 6 : Les lymphocytes T activés reconnaissent les cellules tumorales via les antigènes tumoraux. La liaison lymphocyte T/cellule tumorale s’effectue via une interaction récepteurs lymphocytaires/antigènes et déclenche la réponse immunitaire, et donc la destruction des cellules tumorales. – Étape 7 : Les cellules tumorales ciblées sont détruites par apoptose.
L’échappement du système immunitaire : développement d’un cancer
Le développement d’un cancer, se définissant comme la multiplication anarchique de cellules cancéreuses, peut s’expliquer par trois phases successives (3). Selon le cycle immunitaire antitumoral décrit ci-dessus, notre système immunitaire est capable de reconnaître les cellules cancéreuses comme « étrangères » et de les éliminer. Il protège donc notre organisme du développement spontané de cellules tumorales et ainsi de l’apparition d’une tumeur maligne. Cette première phase est appelée « phase d’élimination » et repose sur le principe d’immuno-surveillance. Cependant, certaines cellules tumorales peuvent persister en raison de mutations génétiques ou d’un dysfonctionnement du système immunitaire, et ne plus être éliminées. Le système 9 immunitaire parvient néanmoins à réguler la population de cellules tumorales. Cette deuxième phase correspond à celle dite « phase d’équilibre ». Lorsqu’elles prolifèrent et forment une tumeur, les cellules cancéreuses ne sont plus reconnues comme « étrangères » et échappent à la réponse immunitaire grâce à divers mécanismes de résistance (e.g. mutations génétiques, sécrétion de cytokines immunosuppressives, recrutement de cellules immunosuppressives, modulation de points de contrôle immunitaire). Cette troisième phase correspond à la « phase d’échappement ».
Les principes généraux de l’immuno-oncologie
L’immuno-oncologie représente l’une des avancées majeures de ces trente dernières années dans la lutte contre le cancer. L’aptitude d’un cancer à « être invisible pour le système immunitaire » a été exposée en 2011 comme l’une des principales capacités distinctives émergentes du cancer décrites par Hanahan et Weinberg (4). L’immuno-oncologie et ses progrès ont été nommés comme l’avancée scientifique de l’année 2013 par la célèbre revue Science (5). Contrairement aux thérapies anticancéreuses conventionnelles (radiothérapie, chimiothérapie et thérapies ciblées) qui dirigent une action directe contre la tumeur, les thérapeutiques immuno-oncologiques exploitent la réponse immunitaire anticancéreuse naturelle de l’organisme, en renforçant sa capacité à éliminer les cellules tumorales. Le principe de l’immuno-oncologie se résume alors à rétablir une réponse immunitaire adaptée pour lutter contre la croissance et la prolifération de la tumeur. L’immuno-oncologie peut être regroupée en deux approches principales (6) : – L’immunothérapie passive, dont le but est la restauration des fonctions du système immunitaire existantes ; il s’agit principalement d’anticorps monoclonaux exerçant une inhibition sur les points de contrôle du système immunitaire, mais également de petites molécules immunomodulatrices impliquant diverses stratégies comme par exemple l’inhibition de l’enzyme immunosuppressive indoléamine 2,3-dioxygénase (IDO). – L’immunothérapie active, dont le but est d’inciter les cellules immunitaires à reconnaître et détruire les cellules cancéreuses ; il s’agit principalement des stratégies de vaccination antitumorale et de thérapie cellulaire (transfert adoptif de cellules).
LISTE DES ABREVIATIONS |