Le cancer du sein est une prolifération anormale des cellules dans la glande mammaire. C’est le plus souvent un carcinome né de l’épithélium des glandes proprement dites ou de leurs canaux. Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme, avec plus de 800 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année dans le monde [1]. Il est responsable de 20% des décès dus aux cancers (Ferly et al. 2002). Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 1,1 million de nouveaux cas ont été diagnostiqués en 2002 avec plus de 400.000 décès dus aux cancers du sein pendant la même période [2]. Près de 4 millions de femmes étaient porteuses de cancers du sein en 2004 [3]. Une femme sur huit au cours de sa vie développera un cancer du sein ; globalement il s’agit du deuxième cancer le plus fréquent après celui du cancer du poumon et avant celui du cancer de l’estomac. Le cancer du sein constitue le premier cancer féminin dans les pays industrialisés d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord [4, 5]. En Europe le cancer du sein est le deuxième cancer le plus fréquent (hommes et femmes confondus) avec 13,3% des cas incidents derrière le cancer colorectal. Le cancer du sein représente une affection grave et mortelle avec 15 à 20% de l’ensemble des décès par cancer et 2 à 5% de l’ensemble des décès dans les pays développés. Son pronostic est sévère avec 35% de survie en 5ans. En Afrique et dans les pays en développement, le cancer du sein représente le deuxième cancer après celui du col de l’utérus [6]. Ainsi les taux du cancer du sein en Afrique sont de 2,30% au Mozambique, 9,5% en Ouganda [7] et 11,8% au Sénégal [8]. Au Mali en 2000 le cancer du sein a représenté 5,7% de l’ensemble des cancers diagnostiqués à l’Institut National de Recherche en Santé Publique (INRSP) et en 2001 ce taux était de 7,6% [9]. Ce cancer représente le premier cancer gynécologique de notre service [9]. Depuis 1989 ce service a consacré plusieurs études relatives au cancer du sein. Les conclusions ont été : une fréquence élevée, un diagnostic tardif et un pronostic sombre .
La répartition du cancer du sein est très inégale d’un pays à l’autre, d’un continent à un autre comme le montre les données suivantes : 27% Amérique du Nord, 26% en Europe de l’Ouest, 20% en Europe de l’Est, 17% en Afrique du Sud – Est., 15% en Afrique de l’Ouest, 12% au Japon. Les taux annuels les plus élevés sont observés dans les pays industrialisés (Amérique du Nord, Europe sauf le japon, les plus bas en Afrique et en Asie). Le taux de mortalité est estimé aux Etats-Unis à 30 pour 100.000 femmes, tandis qu’en France il est de 29 pour 100.000 femmes .
En Afrique :
En République Démocratique du Congo 7,37%, en Côte d’Ivoire 10%, en Afrique du sud 10,86, au Sénégal 18% au Nigéria 17, 06%, A Bangui (Centre National Hospitalier et Universitaire)
➤ 2000 : 6 cas de cancers ont été diagnostiqués avec 1 décès.
➤ 2001 : 45 cas de cancers ont été diagnostiqués avec 15 décès.
➤ 2002 : 81 cas de cancers ont été diagnostiqués avec 23 décès.
A Dakar en 2001 (Institut Julio Curie, CHU le Dantec), 786 cas de cancer ont été enregistrés en 2001, dont 507 gynécologiques. Le cancer du sein représente 213 cas soit 42 % venant après le cancer du col de l’utérus qui représente 47, 3 %, A Kinshasa, en 2003, 19 cas de cancer du sein dont trois cas de métastases. Au Cameroun, en 2003, (Service Principal d’Anatomopathologie), Sur 86 femmes (nodule, du sein, cytoponction, kyste abcédé, écoulement du sein), 37 femmes ont présenté une tumeur maligne du sein et 49 tumeurs bénignes .
Rappel embryologique
La glande mammaire est exclusivement d’origine ectodermique. Vers le 30èmejour de la vie intra-utérine (embryon de 4 à 8 mm) apparaît latéralement un épaississement de l’ectoderme se présentant sous la forme d’une traînée blanchâtre légèrement saillante : La bande mammaire ou ligne lactée. Il existe une bande mammaire de chaque côté s’étendant entre les racines du membre du même côté. Par la suite, la région médiane des bandes mammaires s’élève pour former la crête mammaire. Chez l’homme elle se raccourcit par disparition de son segment caudal. Chez l’embryon de 13 à 14 mm, la bande mammaire est réduite à un petit amas épithélial mais s’épaissit, ayant la forme d’un nodule enfoncé dans le derme. Ce nodule est à l’origine du bourgeon mammaire primitif :
➤ En surface, le bourgeon mammaire primitif s’étale et s’affaisse à son sommet pour créer la fossette lactée première ébauche du champ aréolaire.
➤ En profondeur, le bourgeon est représenté par un épaississement développé Essentiellement au dépend des cellules cylindriques de la couche de Malpighi : Plaque de Laugher. La première ébauche du mamelon apparaît au 4ème mois sous forme d’un soulèvement du champ aréolaire. Les cordons épithéliaux se creusent de lumière centrale pour devenir vers le 6ème mois des canaux galactophores. Durant cette période, les cordons épithéliaux émettent chacun un certain nombre de bourgeon secondaire. Ces bourgerons secondaires d’abord pleins se creusent à leur extrémité distale pour devenir les acini. Le mamelon primitif est visible à l’œil nu chez le fœtus de 5 à 6 mois. Au 8ème mois les canaux galactophores poursuivant leurs croissance atteignant le tissu graisseux sous cutané qui sera dissocié en deux plans: l’un superficiel pré mammaire, l’autre profond rétro mammaire.
L’organogenèse mammaire peut comporter des anomalies de développement.
➤ Anomalies de nombres :
➤ Par défaut : l’absence de mamelle est dite amastie ou amatie. L’amastie bilatérale Est exceptionnelle, quelques rares cas d’amastie unilatérale ont été décrits
➤ Par excès : l’augmentation numérique du nombre de mamelle est dite polymastie. La majorité des mamelles est située dans l’aisselle, l’aine ou la face interne de la cuisse. On les considère comme résultant de la persistance de segment de la crête mammaire. Ils sont difficilement reconnaissables cliniquement, car ils s’accompagnent souvent d’une absence de mamelon ou d’aréole. Ils peuvent être aussi masqués par une touffe de poils. Les mamelles surnuméraires peuvent sécréter du lait pendant la période de lactation.
• Anomalies de morphologie :
• Absence de mamelon : athélie. Elle est assez fréquente, les canaux galactophoriques viennent alors s’ouvrirent dans une invagination. Les mamelons surnuméraires réalisent les polythélies.
• Anomalie de volume :
Par excès : macromastie
Par défaut : micromastie .
Rappels anatomiques
Anatomie topographique
Elle permet d’appréhender l’organe, d’étudier sa situation, sa forme, ses dimensions et son volume.
Situation
Les seins occupent la partie antéro-supérieure du thorax et sont situés de chaque côté du sternum en avant des muscles pectoraux et en regard de l’espace compris entre les 3èmeet 7ème côtes. Cette situation varie en fonction de la forme et du type thoracique.
forme
Chez la jeune fille européenne et asiatique, le sein à une forme ovoïde qui se rapproche d’une demi-sphère dans la position de décubitus dorsal, tandis que chez la femme noire cette forme est conique. La grossesse, l’allaitement et l’âge modifient l’aspect des seins qui deviennent plus ou moins pendants. Chez l’homme le sein est réduit à deux petites saillies de part et d’autre de la ligne médiane représentant le mamelon en dehors de toute pathologie sous-jacente (Gynécomastie).
Volume et dimensions
Chez l’adulte et en dehors de la grossesse, les seins mesurent 10 à 11 cm de diamètre. Durant l’allaitement, ils peuvent doubler voire tripler de volume.
Poids
Jeune fille : 150 à 200 grammes en moyenne
Fermes et élastiques chez la jeune fille et la nulligeste
Nourrice : 400 à 500 grammes .
consistance, les seins deviennent mous et flasques avec l’âge et la gestation.
configuration externe
La surface externe du sein présente 3 zones : périphérique, moyenne et centrale.
• La zone périphérique : lisse, souple et douce au toucher, elle est parcourue par des veines pendant la gestation.
• La zone moyenne : elle constitue l’aréole qui à une région circulaire. La coloration varie du rose chez les femmes rousses et blondes à la noire mate chez les noires. Elle s’élargit et se colore davantage durant la grossesse. Sur l’aréole, on observe certaines saillies : les tubercules de Morgagni. Ce sont des glandes sébacées qui deviennent plus volumineuses pendant la grossesse et sont appelées alors tubercules de Montgomery.
➤ La zone centrale : c’est le mamelon qui se dresse au centre de l’aréole. Il est irrégulier, rugueux parfois même crevassé. Sa pigmentation est identique à celle de l’aréole ; sur son sommet on observe 12 à 20 orifices correspondant aux embouchures des canaux galactophores.
I. INTRODUCTION |