Cadre harrissien et phénomène du double nominatif accusatif

Cadre harrissien et phénomène du double nominatif accusatif

Ce chapitre vise à décrire le phénomène de double nominatif/accusatif dans le cadre du lexique-grammaire. Nous analysons donc certaines constructions à double nominatif/accusatif par l’opération de restructuration. Après avoir présenté dans II.1 la notion de transformation harrissienne sur laquelle se fonde le lexique-grammaire ainsi que la notion de restructuration, nous examinons brièvement les travaux effectués sur la restructuration (II.2). Nous résumons dans le dernier paragraphe (II.3) tous les types de restructurations en coréen qui auraient pu être étudiées dans le cadre du lexique-grammaire coréen. Dans ce paragraphe, nous étudions la notion de transformation harrissienne, car cette notion fournit les bases théoriques du lexique-grammaire, plus spécifiquement de l’opération de restructuration. Il s’agit d’une transformation, motivée par le souci d’appliquer une  méthodologie de la linguistique structurale empirique1 à l’analyse du discours et aussi par le souci de développer un processus permettant de décrire des relations syntaxiques entre les phrases. 1990). « Les composantes d’une phrase révélées par les expansions ‘des morphèmes à l’énonciation’ dans un discours sont les mêmes qui apparaissent sous différentes formes paraphrastiques dans les phrases avoisinantes. Dans ce cas, l’utilisation des réductions et des déformations de phrases pour produire à la fois les expansions et les formes paraphrastiques d’une phrase motive la formulation de tout un système transformationnel ».

Dès lors, les transformations deviennent des relations d’équivalence paraphrastique, tout en préservant les mêmes sélections lexicales. De ce point de vue, les transformations harrissiennes s’opposent à celle de Chomsky : la transformation chomskienne est directionnelle dans le sens où elle est orientée afin de relier une structure profonde à une autre structure dite de surface. Dans ce cas, la notion générative engendre les deux structures,  profonde et de surface. Les tranformations harrissiennes fournissent des décompositions dans l’ensemble des phrases et les éléments ultimes de ces décompositions sont appelées phrases du noyau. Ainsi « étant donné l’ensemble facteur (l’ensemble des phrases sur l’ensemble des transformations), si on considère la correspondance naturelle de l’ensemble des phrases sur son ensemble facteur, les phrases qui sont envoyées sur l’identité de l’ensemble des transformations sont les phrases élémentaires de la langue ».  transformations conduisent à une théorie du langage fondée sur des relations d’opérateurs et d’arguments qui forment un véritable système de réduction, la plupart des transformations se résumant soit à une réduction, soit à une application successive de réductions. La majorité des phrases ont alors pour source dérivationnelle une structure sujet-prédicat ou sujet-verbe-objet ou encore une structure simple d’opérateurs-arguments.

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Opération de restructuration 

Le substantif sônggyôk (caractère) est un facteur crucial qui déclenche cette opération et appelé substantif approprié dans le sens défini par Harris (1976)2. D’autres constructions dans lesquelles le groupe nominal se trouve dans d’autres positions syntaxiques entrent aussi dans ce cadre. Prenons par exemple une construction ayant un groupe nominal en position objet direct :  En comparaison avec les phrases françaises, les deux phrases coréennes (1.1) et (1.2) et (2.1) et (2.2) sont respectivement liées via une simple variation entre la postposition du génitif (gén) -ûi et celles du nominatif (ntf) -ga et entre le génitif et l’accusatif (acc) -lûl. En plus ces variations n’affectent pas l’ordre des mots en coréen. On a donc une association entre une phrase contenant un groupe nominal et une autre phrase dans laquelle les deux éléments composant le groupe nominal apparaissent structurellement indépendants par l’intermédiaire  En dehors du cadre du lexique-grammaire et dans le domaine de la linguistique coréenne, les constructions qui ont deux séquences de nominatifs sont appelées constructions à double sujet ou à double nominatif. De même les constructions qui ont deux séquences d’accusatifs sont appelées constructions à double objet ou à double accusatif. Notre analyse de ces constructions s’inscrit donc dans l’étude des constructions à la fois à double nominatif/accusatif et de la restructuration.

Ce rapprochement est apparu pour la première fois dans le cadre du LG dans Guillet & Leclère (1981 : p. 124-125) : « Le problème des doubles sujets pourrait relever de processus similaires (avec la restructuration). Le groupe nominal sujet complexe peut s’écrire soit avec la marque génitive (-ûi), soit avec un redoublement de la marque sujet (-ga). Cette dislocation du GN se traduit, semble-t-il, par une différence de sens assez proche de celle que nous avons observée en français entre nos phrases (C) et (R) ». Dès lors ce constat est généralement admis dans l’étude des phrases  « Minu est docile de caractère » En effet cet élément sônggyôk (caractère) est approprié aux adjectifs et donc généralement appelé substantif approprié dans le cadre harrissien (cf. Harris 1976). Les substantifs appropriés montrent une haute probabilité d’occurrence avec un prédicat donné dans le sens défini dans Harris (1976 : p.130-150)5. De tels substantifs sont observés dans de nombreuses phrases adjectivales à groupe nominal sujet.

 

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