Depuis quelques années, les agences de développement commencent à repenser sérieusement certains aspects de leur politique d’aide au développement. Le manque d’emploi, la pauvreté grandissante dans la plupart des pays en développement et l’absence de l’efficacité apparente des pratiques traditionnelles d’aide au développement imposent un changement de stratégie des intervenants. A cet égard, la microfinance représente un champ d’intervention efficace. De nombreux travaux ont été réalisés pour mettre en évidence le rôle de la microfinance dans l’économie des pays. Ceci afin d’identifier la relation qui existe entre la microfinance et le développement économique d’une nation notamment dans les pays en développement où les politiques économiques et sociales mise en œuvre n’ont pas permis d’améliorer de manière significative les conditions de vie des populations les plus démunies. La microfinance semble aujourd’hui un rempart contre les maux auxquels font face ces pays en développement. Ceci en vertu de ses capacités de création d’emplois, de revenus et de l’ampleur qu’il prend dans les pays en développement. D’ailleurs, l’un des principaux obstacles à une participation accrue des plus défavorisés au développement économique dans les pays sud est leur difficulté à accéder à des ressources financières. La majorité des populations du sud, en tout cas Madagascar, n’intéresse pas le secteur bancaire classique. Du coup, le secteur de la microfinance apparait comme la seule alternative aux besoins manifestés.
CONCEPT ET ORIGINE DE LA MICROFINANCE
Définition de la microfinance
La microfinance s’est développée en tant qu’approche du développement économique qui s’intéresse spécifiquement aux hommes et femmes à faible revenu. Le terme désigne l’offre de services financiers à une clientèle pauvre composée notamment de petits travailleurs indépendants. Les services financiers comprennent généralement l’épargne et le crédit notamment de microcrédit. Certaines institutions de microfinance proposent néanmoins également des services d’assurance et de paiement. Au-delà de leur fonction d’intermédiaire financier, un grand nombre d’institutions de microfinance jouent un rôle d’intermédiation sociale à travers le groupement de personnes, le renforcement de la confiance en soi, la formation dans le domaine financier et la gestion des compétences au sein d’un groupe. Ainsi, la microfinance se définit souvent par les deux fonctions d’intermédiation sociale et financière. Loin d’être une simple affaire de banquier, la microfinance est un outil du développement.
Les institutions de microfinance peuvent être des organisations non gouvernementales, des coopératives d’épargne et de crédit, des mutuelles de crédit, des banques d’Etat, des banques commerciales ou des institutions financières autres que les banques. Les clients de ces institutions sont généralement des travailleurs indépendants, des entrepreneurs aux revenus faibles en zones rurales et urbaines. Il s’agit souvent des commerçants, marchands ambulants, petits agriculteurs, petits prestataires de services (coiffeurs, pousse pousse), artisans et petits producteurs, forgerons ou couturières par exemple. Leurs activités (souvent diversifiées) leur fournissent habituellement des revenus stables. Bien que pauvres, ils ne sont cependant pas considérés comme « les plus pauvres ». Il existe aussi des prêteurs privés, des prêteurs sur gage et tontines qui offrent des services informels de microfinance et représentent des sources importantes d’intermédiation financière.
Contexte historique de la microfinance
A l’échelle mondiale
La microfinance avant 1970
Des pratiques d’épargne et de crédit, sous diverses formes, ont été recensées depuis des siècles de par le monde. La tontine est considérée comme l’origine de l’histoire de la microfinance dans le monde. Imaginée au XVIIème siècle par le banquier italien Lorenzo TONTI, la « tontine » est le dispositif d’intermédiation financière le plus efficace et le moins coûteux au monde. Il désigne des groupes d’individus volontaires qui construisent un cycle d’épargne et de prêt. Depuis des siècles également, plus particulièrement en 1720, Jonathan Swift avait mis en place un simple système de prêts pour subsister des artisans et les pauvres en Europe. Il prête des petites sommes de 5 à 10 livres remboursables par 2 shillings et sans intérêts chaque semaine.
Mais la première véritable expérience connue dans le monde en matière de création de société coopérative d’épargne et de crédit remonte au XIXème siècle en Europe où Friedrich Wilhelm Raiffeisen, fondait en 1849 en Allemagne, un groupement offrant des services d’épargne aux populations ouvrières pauvres et exclues des banques classiques. L’épargne collectée permet de consentir des crédits à d’autres clients. C’est la naissance du mutualisme qui connaîtra un important essor vers la fin de la première moitié du XXème siècle en Europe, plus précisément à partir de 1941. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, ce phénomène va s’amplifier et s’étendre rapidement en Amérique du Nord, puis dans les pays du Sud. Il se focalise plutôt sur le service épargne mais peu de service crédit.
La microfinance après 1970 : émergence de la microfinance
Le développement de la microfinance est exceptionnel à partir des années 1970 à travers le monde. L’une des plus connues est la Grameen Bank, créée en 1983 au Bangladesh par le professeur Mohammad Yunus. Ce dernier est considéré comme le père fondateur de la microfinance. En observant le modèle économique inefficace et improductif des femmes artisanes pauvres et en constatant qu’environ 40% de la population, les paysans sans terre n’ont aucun moyen d’accès aux circuits bancaires, pourtant fort développés au Bangladesh (Soulama, 2005), c’est là que le travail d’Yunus avait pris ses initiatives. Cette banque se pencherait plutôt au microcrédit pour aider les pauvres dans leurs activités. Cela permet aux paysans de créer leur propre emploi sous la forme de petites entreprises individuelles. La Grameen Bank touche des millions d’épargnants et d’emprunteurs parmi lesquels les femmes sont les plus nombreuses.
Cette initiative ouvre la voie à de nombreuses autres expériences menées dans les pays du Tiers monde, en particulier en Afrique, en Asie et en Amérique Latine à la fin des années 80. En Amérique latine, les expériences les plus célèbres sont repérées notamment en Colombie et Bolivie : la BancoSol, Capas Los Andes, et Sartawi en Bolivie, Caja social en Colombie.
La permission des octrois de crédit vers la commercialisation en 2000 donne à la microfinance une bonne réputation. Les IMF ou Institutions de microfinance sont devenus lucratifs. Et puis l’année 2005 a été choisie comme année international de microcrédit. La microfinance élargit leurs champs d’exercice. Elle ne se contente plus à offrir des sévices purement financière, d’autres produits comme l’assurance, le transfert d’argent (mobile banking) sont déjà disponible surtout pour satisfaire les urbaines d’autant que les ruraux .
A l’échelle nationale
L’histoire de la microfinance à Madagascar comporte trois périodes distinctes : avant 1990, de 1990 à 1995 et 1996 à nos jours. Ainsi, la microfinance existe déjà depuis une vingtaine d’années. Les défaillances du système bancaire en milieu rural ont favorisé la création des institutions de microfinance à partir de 1990 à Madagascar .
Avant l’année 1990
Les expériences en matière de microfinance ont été limitées et aucune institution de microfinance existait encore à cette époque. En effet, seule la BTM (Bankin’ny Tantsaha Mpamokatra, littéralement Banque des paysans) était en ce temps-là la seule banque à avoir octroyé des crédits agricoles à la population rural, mais les besoins des paysans en crédit étaient bien plus importants que les possibilités d’offre de la banque. De plus, les conditions d’accès à ce type de crédit s’avéraient difficiles et coûteuses pour la population rurale. D’autres expériences peuvent être également évoquées comme l’APEM qui a fait son apparition en 1987.
De l’année 1990 jusqu’à 1995
Cette période est caractérisée par l’émergence des IMF. De nombreuses IMF ont pu voir le jour pendant cette période. La faillite de l’Etat par la gérance de la BTM a suscitée des idées du non intervention de l’Etat dans la gestion bancaire. Cela n’a pas empêché les bailleurs à investir leurs argents dans les Pays du Sud comme Madagascar pour financer les IMF (Banque Mondiale, l’AFD, l’union européenne, la coopération Allemande…) .
Parallèlement à cela, l’Etat a aussi mis en place sa politique de financement du développement avec le concours de la Banque Mondiale. Des agences d’implantation et de développement ont aussi assuré l’encadrement technique des IMF. Il s’agit entre autres de DID, CIDR, FERT, IRAM.
De l’année 1996 jusqu’à nos jours
La période 1996 à nos jours peut être qualifiée de phase de développement et de croissance. Elle se caractérise par l’extension géographique et la consolidation des réseaux crées durant la période précédente.
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