BIOMÉTRIE ET RÉGIMES ALIMENTAIRES CHEZ TROIS ESPÈCES DE POISSONS TÉLEOSTÉENS
Morpho-anatomie des Digènes
Les Digènes ont la forme d’une feuille ovale, plus ou moins épaisse. Ils sont caractérisés par la présence de ventouses musculeuses généralement paires, hémisphériques, d’orifices génitaux qui, généralement, s’ouvrent ventralement entre les ventouses et un unique pore excréteur postérieur. La bouche s’ouvre dans la ventouse antérieure. La ventouse postérieure, imperforée, est appelée acétabulum (Figures 2 et 3) (Marchand, 2014). L’organisation générale des Digènes est relativement simple : ils sont dépourvus d’appendices et d’appareils respiratoire et circulatoire. Par contre, ils présentent un appareil digestif, un appareil excréteur et deux appareils génitaux mâle et femelle (Beaumont et Cassier, 1978).
Appareil digestif
L’appareil digestif (Figure 3) ne présente qu’un seul orifice, la bouche, qui s’ouvre généralement au milieu de la ventouse antérieure. Elle est suivie d’un pharynx musculeux, d’un œsophage et d’un intestin. Ce dernier est généralement bifide et réalise deux caeca, mais il peut dans certains cas être très ramifié. Il n’existe pas d’anus (Marchand, 2014).
Appareil excréteur
L’appareil excréteur (Figure 2) est constitué de protonéphridies. Les canalicules des cellules flammes se réunissent pour former des canaux plus larges qui peuvent s’ouvrir indépendamment à l’extérieur (chez la larve) ou s’unir pour former une vessie urinaire qui s’ouvre par un seul orifice près de l’extrémité postérieure du corps (chez l’adulte) (Marchand, 2014).
Appareil génital
Les Digènes sont le plus souvent hermaphrodites (Marchand, 2014). L’appareil génital mâle (Figure 3) présente généralement deux testicules. Cependant, on peut en dénombrer plus d’une centaine chez les schistosomes d’oiseaux et il n’existe qu’un seul chez la plupart des espèces de la famille de Monorchiidae. Le ou les testicules sont drainés par un canal déférent qui aboutit dans un organe copulateur musculeux et exertile : le cirre. C’est l’équivalent d’un pénis. Il est muni d’une prostate et permet de transférer le sperme à un autre ver ou à la partie femelle du même ver. L’appareil génital femelle (Figure 2) est complexe en raison de la dissociation des fonctions vitellogènes et gamétogènes. Il comprend un ovaire suivi d’un oviducte qui aboutit dans un 10 ootype. La paroi de l’ootype est tapissée des glandes de Melhis. Un utérus relie l’ootype à l’orifice génital. L’oviducte porte un réceptacle séminal et communique avec le canal de Laurer qui s’ouvre sur la face dorsale. Le canal de Laurer est un canal vestigial qui serait l’équivalent du vagin des Turbellariés et des Monogènes. Il sert à évacuer les cellules vitellines en excès, mais pourrait également jouer un rôle dans l’accouplement en raison de sa proximité avec le réceptacle séminal. Enfin, deux glandes vitellogènes aboutissent à l’ootype par deux vitelloductes. Les glandes vitellogènes produisent des cellules contenant du vitellus et des protéines destinées à l’élaboration de la coque des œufs. Ces glandes peuvent être dispersées ou condensées. Elles sont drainées par des vitelloductes qui se rejoignent avant d’atteindre l’ootype. Ces canaux peuvent alors se dilater pour former un réservoir vitellin. Les glandes de Melhis entourent l’ootype et sécrètent un liquide lubrifiant pour l’utérus. Cette sécrétion aurait également un rôle à jouer dans l’activation des spermatozoïdes. Figure 2: Représentation schématique du tube digestif et de l’appareil excréteur des Trématodes (Marchand, 2014). Ac, acétabulum ; B, bouche ; Bi, branche intestinale ; Ce, canal excréteur ; Cf, cellules flammes ; Oe, œsophage ; Pe, pore excréteur ; Ph, pharynx. 11 Figure 3: Représentation schématique de l’appareil génital des Trématodes (Marchand, 2014). Ag, Atrium génital ; C, cirre (ou pénis) ; CL, canal de Laurer ; GM, glandes de Melhis ; O, ovaire ; Ogf, orifice génital femelle ; Oo, ootype ; Ov, oviducte ; Rs, réceptacle séminal ; Rv, réservoir vitellin ; Sp, spermiducte ; T, testicule ; U, utérus ; Vd, vitelloducte ; Vg, glande vitellogène ; Vs, vésicule séminale.
Ultrastructure du spermatozoïde des Digènes
Des coupes transversales et longitudinales du spermatozoïde des Digènes ont permis de mettre en évidence des caractères ultrastructuraux distinctifs, notamment au niveau de leurs centrioles, axonèmes, noyaux, microtubules corticaux, ornementations extramembranaires et mitochondries.
Les centrioles
Dans le spermatozoïde, les centrioles sont généralement simplifiés en singulets sauf chez Schistosoma dont les centrioles sont en triplets aussi bien dans les spermatides que dans les spermatozoïdes.
Les axonèmes Selon Justine (1985), les axonèmes constituent les structures les plus originales des spermatozoïdes des Digènes (Figure 4). Ils sont constitués de neuf doublets de microtubules 12 en forme d’un cercle au centre duquel se trouve un élément central qui n’est ni un microtubule ni constitué de la tubuline (Figure 4A). L’axonème est peu particulier chez Schistosoma où l’élément central est peu dense (Figure 4C) et absent chez Didymozoon 9 + 0 (Figure 4B). Lors de la spermiogenèse, les axonèmes sont observés au niveau des flagelles. (A) (B) (C) Figure 4 : Schémas des types d’axonème en coupes transversales (D’après Justine, 1985) A : axonème de type type 9+ »1″ des spermatozoïdes des Plathelminthes parasites ; B : axonème de type type 9+0 de Didymozoon (pas d’élément central) ; C : axonème de type type 9+ »1″ de Schistosoma (le cylindre central est remplacé par une élement peu dense aux électrons)
Le noyau
Il apparait dans la partie postérieure du spermatozoïde, parfois accompagné de deux axonèmes, de microtubules corticaux et d’une mitochondrie. Il présente une membrane constituée de deux feuillets denses aux électrons séparés par un espace clair appelé espace périnucléaire. La chromatine se condense progressivement et devient plus dense à la fin de la spermiogenèse.
Les microtubules corticaux
Ils apparaissent au tout début de la spermiogenèse entre l’extrémité postérieure du noyau et la membrane plasmique. En coupe longitudinale, ils apparaissent parallèles entre eux tout au long du spermatozoïde mûr. Ils peuvent se répartir en un ou deux champs (Quilichini et al., (2007) (Figure 5A et B). Ils sont absents chez les Didymosoon (Justine and Mattei, 1983) (Figure 5C). 13 (A) (B) (C) Figure 5: Disposition des microtubules corticaux (mc) en un champs (A), en deux champs (B) (D’après Quilichini et al., 2007) ou complétement absents (C) (D’après (Justine et Mattei, 1983). 2.5. Les ornementations extramembranaires Elles sont assimilables à un glycocalyx de structure particulière. Elles ont été appelées de « bristles » par Silveira et Porter (1964) et de « radial spine-like projections » par Jamieson et Daddow (1982). Elles se présentent en coupes transversales comme des granules denses aux électrons, accolés à la membrane plasmique des spermatozoïdes. Elles sont régulièrement espacées le long du spermatozoïde (Justine et Mattei, 1982a).Elles peuvent être associées (Quilichini et al., 2011) (Figure 6B) ou non aux microtubules corticaux (Figure 6A) (Quilichini et al., 2010). (A) ( B) Figure 6 : Association ou non des ornementations extramembranaires (Oe) aux microtubules corticaux (Mc).
La mitochondrie
La mitochondrie s’insinue dans le spermatozoïde vers la fin de la spermiogenèse. Le nombre de mitochondrie dans le spermatozoïde des Digènes varie selon les auteurs. Certains auteurs ont fait état de la présence, au niveau du spermatozoïde, d’une seule mitochondrie (Burton, 1972 ; Rees, 1979 ; Jamieson et Daddow, 1982 ; Robinson et Halton, 1982 ; Iomini et Justine, Oe Oe Mc 14 1997). D’autres ont pu mettre en évidence l’existence de deux ou trois mitochondries (Ndiaye et al., 2003a, 2004 ; Quilichini et al., 2007a, Quilichini et al., 2011a ; Ashour et al., 2007 ; Ternengo et al., 2009). Chez Schistosoma, un « agglomérat » de mitochondries apparaît dans la partie antérieure du spermatozoïde, surmontant le noyau (Justine, 1985 ; Justine et al., 1993 et Yang et al., 1998).
Cephalopholis taeniops Valenciennes
Position systématique
Embranchement : Vertébrés Super classe : Poissons Classe : Ostéichthyens Sous-classe : Actinoptérygiens Super ordre : Téléostéens Ordre : Perciformes Famille : Serranidae Nom de genre : Cephalopholis Valenciennes, 1828 Nom d’espèce : Cephalopholis taeniops Valenciennes, 1828 Nom vernaculaire en Wolof : « Khonke » Nom vernaculaire en français : le mérou à points bleus 2.2. Répartition géographique La distribution de Cephalopholis taeniops s’étend de l’Atlantique Est, du Sahara occidental à l’Angola, y compris le Cap-Vert et les îles São Tomé et Príncipé (Heemstra et Randall, 1993). Cephalopholis taeniops est plus abondant au large du Sénégal et de la Mauritanie (Figure 12). 23 Figure 12: Répartition géographique de Cephalopholis taeniops. (Source : http: //www.fishbase.org, consulté le 10/09/2016)
Caractéristiques morphologiques et bioécologiques
Cephalopholis taeniops est un Serranidae qui a une seule nageoire dorsale ; constituée d’une partie antérieure à 9 épines et d’une partie postérieure à 13-15 rayons mous; l’anale a 3 épines et 9-10 rayons mous. Sa livrée permet de le reconnaître sans doute possible : la coloration est en effet rouge vermillon très vif, parsemé de nombreux petits ocelles bleus (Figure 13). Il existe une variété à la livrée noir brillant, marquée également de points bleus. Ce sont des hermaphrodites potentiels dans la mesure où l’un des tissus sexuels est inhibé par l’autre: le tissu à l’état latent ne se développe que si le tissu fonctionnel cesse son activité : il peut donc y avoir inversion sexuelle: l’individu est d’abord femelle puis mâle (hermaphrodisme progynique) ou inversement (hermaphrodisme protandrique). C’est une espèce littorale de petite taille, très commune le long des côtes occidentales d’Afrique. II est carnivore et sa chair est excellente. 24 Figure 13: Caractères morphologiques de Cephalopholis taeniops (adulte) (Dione, 2016) Barre d’échelle : 4,5 cm 3. Plectorhinchus mediterraneus Guichenot, 1850 3.1. Position systématique Embranchement : Vertébrés Super classe : Poissons Classe : Ostéichthyens Sous-classe : Actinoptérygiens Super ordre : Téléostéens Ordre : Perciformes Famille : Haemulidae Nom de genre : Plectorhinchus Guichenot, 1850 Nom d’espèce : Plectorhinchus mediterraneus Guichenot, 1850 Nom vernaculaire en Wolof : « Banda » Nom vernaculaire en français : la dorade gise
La répartition géographique
Plectorhinchus mediterraneus vit dans l’Atlantique, le long de la côte ouest africaine, de l’Angola à la Tunisie (Figure 14) (Fischer et al, 1981). Sa distribution bathymétrique est comprise entre 10 et 180 mètres (Seret, 1981 ; Fischer et al, 1981). Figure 14: Répartition géographique de Plectorhinchus mediterraneus. (Source : http: //www.fishbase.org, consulté le 10/09/2016) 3.3. Caractéristiques morphologiques et bioécologiques Plectorhinchus mediterraneus a un corps allongé, comprimé latéralement et recouvert d’écailles de type cténoïdes (rugueuses au toucher) au nombre de 54 sur la ligne latérale. La bouche est petite et présente de grosses lèvres. La nageoire dorsale est composée de 10 à 13 épines et de 17 à 20 rayons mous. La nageoire caudale est échancrée avec des lobes pointus (Figure 15). La coloration est uniformément gris violet plus ou moins foncée chez les adultes. Les jeunes présentent de larges bandes alternativement claires et sombres (Figure 15). La qualité de la chair des individus de grande taille en fait un poisson de choix, en particulier pendant les périodes de repos biologique en vigueur en Mauritanie (Mai-juin ; Septembreoctobre). En effet, pour les consommateurs, la chair de cette espèce est comparable à celle du mérou qui est un poisson de grande valeur commerciale. 26 Figure 15: Caractères morphologiques de Plectorhinchus mediterraneus (adulte) (Dione, 2016) Barre d’échelle : 6,5 cm Plectorhinchus mediterraneus se nourrit essentiellement de crustacés (Fischer et al., 1981). Il effectue des migrations saisonnières reproductrices le long de la côte, entre le Sénégal, la Mauritanie et la zone du Sahara (Champagnat et Domain, 1978 ; Mahfoudh, 2005). Pendant la saison chaude, les adultes sont trouvés entre les latitudes 20° et 24° Nord. Pendant la saison froide, ils migrent vers le Sud, le long de la petite côte, entre le Cap Vert et le Sine Saloum. En Mai et Juin, la migration vers le Nord s’accompagne de ponte. Les jeunes sont trouvés prés de la côte entre les latitudes 14 et 24° Nord, mais, les principales zones de croissances se situent le long de la petite côte et au niveau du banc d’Arguin en Mauritanie (Champagnat et Domain, 1978).
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