Biodiversité en petits mammifères non-volants du complexe forestier
RICHESSE ET COMPOSITION SPECIFIQUES
Au cours des balades dans les forêts, quelques traces et des individus vivants de Setifer setosus et de Tenrec ecaudatus ont été rencontrés. Les résultats de ces observations directes sont pris en compte pour la présente étude. Le Tableau 2-3 (page 41) montre les résultats d’inventaire des espèces de petits mammifères non-volants dans les différents sites d’étude : – le site de Binara (4143 ha), avec les 11 espèces recensées présente la richesse spécifique la plus importante ; il abrite le plus grand nombre d’espèces d’Afrosoricida (n = 7 : Microgale brevicaudata, M. drouhardi, M. fotsifotsy, M. parvula, M. talazaci, Setifer setosus et Tenrec ecaudatus) aussi bien que de Rodentia (n = 4 : Eliurus minor, E. myoxinus, E. carletoni et Rattus rattus.) ; – le site d’Antsahabe (3404 ha) vient après, avec 7 espèces dont 4 Afrosoricida (M. brevicaudata, M. fotsifotsy, S. setosus et T. ecaudatus) et 3 Rodentia (E. myoxinus, E. carletoni et R. rattus) ; – le site de Bobankora (1121 ha), d’Ambilondambo (565 ha) et de Tsaramborona (163 ha) tiennent la troisième place ; ils abritent chacun 6 espèces. Avec la même composition spécifique en Afrosoricida, formé par 3 espèces (M. brevicaudata, S. setosus, et T. ecaudatus), ils se différencient au niveau des Rodentia : E myoxinus et E. carletoni pour Bobankora ; E. carletoni et R. rattus pour Ambilondambo et E. carletoni et R. rattus plus la présence de Suncus madagascariensis (Soricomorpha) pour Tsaramborona ; – la plupart des sites d’étude héberge 5 espèces. A l’exception d’Ankaramy (526 ha) qui abrite 2 espèces d’Afrosoricida (M. brevicaudata et T. ecaudatus) et 2 de Rodentia (E. carletoni et R. rattus), les autres présentent la même composition spécifique, avec 3 Afrosoricida (M. brevicaudata, S. setosus et T. ecaudatus) et 2 Rodentia (E. carletoni et R. rattus) ; il s’agit de Bekaraoka (4150 ha), d’Ampondrabe (1498 ha), de Tsarahitsaka (117 ha) et d’Andranomifafy (48 ha) ; – les 2 derniers sites d’étude, avec les 4 espèces présentes, ils sont les plus pauvres en richesse spécifique ; il s’agit d’Anjavobe (539 ha) avec 2 Afrosoricida (S. setosus et T. ecaudatus) et 2 Rodentia (E. carletoni et R. rattus) et de Sahaka (467 ha) avec 3 Afrosoricida (M. brevicaudata, S. setosus et T. ecaudatus) et 1 Rodentia (R. rattus).
COURBES CUMULATIVES DES ESPECES CAPTUREES
Au cours des inventaires, les courbes cumulatives sont obtenues en additionnant le nombre d’espèces nouvellement capturées par unité de session dans chaque station d’échantillonnage. Ces courbes permettent d’avoir des idées sur l’efficacité de la méthode d’inventaire utilisée et sur la richesse spécifique des milieux d’étude correspondants.
COURBES CUMULATIVES DES ESPECES D’AFROSORICIDA ET SORICOMORPHA CAPTUREES GRACE AUX LIGNES DE « PIT-FALLS » (TROUS-PIEGES)
Les résultats obtenus par les lignes de « pit-falls » concernant les Afrosoricida et Soricomorpha sont présentés sur la Figure 2-1 A (page 45). Pour bien présenter les résultats et pour que les courbes cumulatives correspondantes aux stations d’échantillonnage ne soient pas enchevêtrées entre elles, seules 7 stations (Andohananalamazava, Andranomifototra, Antsahandrapaka, Ampasibe, Tsaramborona, Andrafia et Ampondramazava) qui offrent une richesse avec au moins 3 espèces endémiques d’Afrosoricida et Soricomorpha sont représentées. Parmi ces courbes, celles correspondant aux stations d’Antsahandrapaka (Binara, 4 143 ha) et de Tsaramborona (163 ha) ne présentent pas de plateau ; car à la dernière nuit de piégeage il y a eu une capture d’autres espèces pas encore recensées au niveau de ces 2 stations (respectivement Microgale talazaci et Suncus madagascariensis). A Ampasibe (Andranomifafy, 48 ha), les 3 espèces abritées ont été obtenues au cours des 2 premières nuits. A Andranomifototra (Binara, 4 143 ha), la cumulation des 3 espèces capturées est très lente ; la première espèce n’est prise qu’à la troisième nuit de piégeage et la dernière à la cinquième nuit. Concernant les stations d’Andohananalamazava (Binara, 4 143 ha), d’Andrafia (Ambilondambo, 565 ha) et d’Ampondramazava (Bekaraoka, 4 150 ha), le nombre cumulé d’espèces capturées atteint le plateau à la troisième ou à la quatrième nuit de piégeage. Chez les autres (14 stations d’échantillonnage) qui ne sont pas représentées sur la figure, la composition spécifique ne montre qu’une espèce (M. brevicaudata ou M. fotsifotsy ou Setifer setosus) ou deux (M. brevicaudata et S. setosus) ; les premières espèces ont été piégées dès les premières nuits de piégeage et les courbes ont atteint le plateau au plus tard à la troisième nuit. La vitesse de cumulation du nombre d’espèces d’Afrosoricida et Soricomorpha capturées par les lignes de « pit-falls », au niveau des stations d’échantillonnage du site d’étude de Binara (4 143 ha) est Biodiversité en petits mammifères non-volants du complexe forestier de la région de Loky-Manambato 43 plus lente que celle obtenue au niveau des autres. Généralement, le temps nécessaire pour un inventaire satisfaisant d’Afrosoricida et Soricomorpha dépend de la taille du bloc de forêt. Pour cette étude, les résultats d’analyse statistique par la régression linéaire indiquent qu’il n’y a pas eu de corrélation entre les deux paramètres cités précédemment, c’est-à-dire que le nombre de nuit de piégeage nécessaire pour un inventaire ne semble pas varier parallèlement avec la superficie du site d’étude ; pour N = 17, R = 0,208 et P = 0,424.
COURBES CUMULATIVES DES ESPECES DE RODENTIA CAPTUREES GRACE AUX LIGNES DE PIEGE STANDARD (« SHERMAN » ET « NATIONAL »)
Chez les rongeurs, la Figure 2-2 A (page 46) dévoile les résultats cumulatifs des espèces endémiques capturées par les lignes de piège standard. Le nombre d’espèces endémiques enregistrées dans l’ensemble de cette zone explorée est égal à 4 et la richesse spécifique en Rodentia endémique de chaque station d’échantillonnage varie de 0 à 3 (Tableau 2-2, page 31). Seules les 8 stations d’échantillonnage (Behamaosy, Andohananalamazava, Andranomifototra, Antsahandrapaka, Antsahalalina, Ambaliha, Andohanambaliha et Ankaramianabo) qui exhibent au moins 2 espèces de Rodentia endémiques sont représentées sur la figure. Toutes les espèces endémiques recensées au niveau de chaque station sont capturées avant la dernière nuit de piégeage, sauf à Behamaosy (Binara, 4 143 ha). Cette dernière présente une vitesse de cumulation du nombre d’espèces capturées la plus lente ; la première espèce (Eliurus myoxinus) n’est capturée qu’à la troisième nuit ; à la fin de la session de piégeage, il y a eu une espèce nouvellement capturée (E. carletoni) ; la courbe cumulative qui lui correspond n’atteint pas encore le plateau à la sixième nuit de piégeage (fin de la session). A Andohananalamazava (Binara, 4 143 ha), toutes les 3 espèces de Rodentia endémiques hébergées sont capturées à la première nuit de piégeage. A Andranomifototra (Binara, 4 143 ha), à Antsahalalina (Bobankora, 1 121 ha) et à Andohanambaliha (Antsahabe, 3 404 ha) les courbes cumulatives atteignent le plateau à la deuxième nuit de piégeage. A Ambaliha (Antsahabe, 3 404 ha), à Antsahandrapaka (Binara, 4 143 ha) et à Ankaramianabo (Ankaramy, 526 ha) les dernières espèces de Rodentia endémiques sont enregistrées respectivement à la quatrième et à la cinquième nuit de piégeage. Parmi les 14 stations d’échantillonnage qui ne sont pas représentées sur la figure, 2 d’entre elles, Antsakay (Bekaraoka, 4 150 ha) et Nosy Barabanja (Sahaka, 467 ha) ne présentent aucune espèce de Rodentia endémique ; les 12 autres stations n’en abritent qu’une (E. carletoni) ; la capture est faite dès la première nuit de piégeage, sauf à Ampasibe (Andranomifafy, 48 ha), le plus petit bloc de forêt exploré où l’unique individu recensé n’est collecté qu’à la cinquième nuit.