BIODIVERSITE EN PETITS MAMMIFERES NON-VOLANTS
Pour l’étude des petits mammifères non-volants, la connaissance de leur biodiversité est très importante dans le but d’avoir des idées sur leur biogéographie, leurs réponses aux changements des habitats « effets de fragmentation forestière » et l’état de santé de la communauté. Ce dernier serait en relation avec la qualité de l’habitat et les pressions qui y règnent.
METHODOLOGIE
Quelques méthodes et techniques sont utilisées pour une étude d’inventaire des petits mammifères non-volants (Afrosoricida, Soricomorpha et Rodentia) : les piégeages, les observations directes, les préparations des spécimens de référence, la taxinomie et l’identification des spécimens. Pour les analyses des données, la régression linéaire est utilisée. Les détails de ces méthodes et techniques appliquées sont exposés dans le premier chapitre « Contexte Général ». II. 2 – RESULTATS Pour procéder à l’étude des petits mammifères non-volants, l’abondance relative d’une station d’échantillonnage considérée est basée sur le taux de capture. Le système d’inventaire par les lignes de « pit-falls » ou trous-pièges est utilisé pour évaluer les Afrosoricida et Soricomorpha ; pour les Rodentia il est important d’utiliser les lignes de piège standard. En plus de ces deux systèmes de piégeage, les résultats d’observations directes et les traces laissées par les animaux vivants de grande taille (Setifer setosus et Tenrec ecaudatus) sont aussi évalués pour voir la composition et la richesse spécifiques de ce groupe de petits mammifères
CAPTURES D’AFROSORICIDA ET DE SORICOMORPHA PAR LES LIGNES DE « PIT-FALLS » (TROUS-PIEGES)
Comme indication, les valeurs du taux de capture mis entre parenthèses correspondent aux individus Microgale spp. et ceux en dehors concordent à l’ensemble des Afrosoricida et Soricomorpha. Nombre d’espèces capturées par « pit-falls » selon les blocs de forêt Le Tableau 2-1 (page 24) présente les résultats de capture des petits mammifères nonvolants effectués au niveau des différentes stations d’échantillonnage des sites d’étude. Au total, 10 espèces de petits mammifères non-volants ont été capturées dont 7 Afrosoricida (Microgale brevicaudata, M. drouhardi, M. fotsifotsy, M. parvula, M. talazaci, Setifer setosus et Tenrec ecaudatus), 1 Soricomorpha (Suncus madagascariensis) et 2 Rodentia (Eliurus carletoni et Rattus rattus). Dans l’ensemble des Afrosorida et Soricomorpha, le taux de capture minimal (0,5 %) est obtenu au niveau des stations d’échantillonnage d’Antsahalalina (Bobankora, sèche, 1 121 ha) et d’Ankaramianabo (Ankaramy, sèche, 526 ha) ; le taux de capture maximal (21,2 %) est rencontré à Ampondramazava (Bekaraoka, sèche, 4 150 ha). Concernant uniquement le genre Microgale, il y a 2 stations d’échantillonnage où aucun individu n’a été capturé : Antsakay (Bekaraoka, sèche, 4 150 ha) et Anjavobe (sèche, 539 ha) ; par contre, la station d’Andohananalamazava (Binara, humide, 4 143 ha) avec le taux de capture 12,6 %, offre le maximum de rendement du piégeage. Toutes les espèces d’Afrosoricida et de Soricomorpha recensées au cours de cette étude sont autochtones. Au niveau des stations d’échantillonnage, le nombre d’espèces capturées varie de 1 à 5. Le minimum est observé à Antsakay (Bekaraoka, sèche, 4 150 ha), à Ambaliha et à Andohanambaliha (Antsahabe, transitions, 3 404 ha), à Antsahalalina (Bobankora, sèche, 1 121 ha), à Anjavobe (sèche, 539 ha) et à Ankaramianabo (Ankaramy, sèche, 526 ha) ; le maximum est rencontré à Andohananalamazava et à Antsahandrapaka (Binara, humides, 4 143 ha). Au niveau du site d’étude de Binara et de Bekaraoka, 792 nuits-trous-pièges ont été effectués. Binara abrite le plus grand nombre d’espèces capturées (n = 6 : Microgale brevicaudata, M. drouhardi, M. fotsifotsy, M. parvula, M. talazaci et Setifer setosus) ; dans ce site, le taux de capture présente une variation importante suivant la station d’échantillonnage, de 2,0 % (1,5 %) à 13,1 % (13,1 %) ; la moyenne du taux de capture est de 7,7 % (7,6 %). Bekaraoka héberge 3 espèces d’Afrosoricida (M. brevicaudata, S. setosus et Tenrec ecaudatus) : suivant la station d’échantillonnage, il présente un taux de capture qui varie de 2,5 % (0 %) à 21,2 % (5,1 %), avec la moyenne de 8,7 % (1,7 %) Pour le site d’étude d’Antsahabe et d’Ampondrabe, deux stations d’échantillonnage sont explorées et le nombre total de nuit-trou-piège effectué est de 396. A Antsahabe, les 2 espèces d’Afrosoricida capturées sont M. brevicaudata et M. fotsifotsy ; selon la station le taux de capture est de 0,5 % et de 1,5 %, et avec une moyenne de 1,0 %. A Ampondrabe, M. brevicaudata et S. setosus sont les 2 espèces piégées au niveau de chaque station, avec un taux de capture de 4,0 % (0,5 %) et de 6,1 % (1,0 %) ; la moyenne est de 5,1 % (0,8 %). Au niveau du site d’étude de Bobankora, les 594 nuits-trous-pièges effectuées sont partagées dans 3 stations d’échantillonnage ; comme le cas du site précédent, M. brevicaudata et S. setosus sont les 2 espèces d’Afrosoricida capturées ; le nombre d’espèces capturées dans chaque station d’échantillonnage varie de 1 à 2, avec un taux de capture de l’ordre de 0,5 % (0,5 %) à 3,5 % (2,5 %) et la moyenne est de 2,3 % (1,2 %). Les 6 derniers sites d’étude correspondent chacun à une station d’échantillonnage. Dans l’ensemble, M. brevicaudata, S. setosus, et T. ecaudatus (Afrosoricida) et Suncus madagascariensis (Soricomorpha) sont les espèces capturées. Suivant le site, le nombre d’espèces Afrosoricida capturées varie de 1 à 3 ; M. brevicaudata est la seule espèce du genre Microgale. Le taux de capture d’Afrosoricida varie de 0,5 % (0 %) à 12,1 % (1,5 %). Au niveau du site d’Anjavobe M. brevicaudata est inconnue. Suncus madagascariensis (Soricomorpha) n’est capturée qu’à Tsaramborona (163 ha). A Bekaraoka, parmi ses 4 stations d’échantillonnage, celle d’Ampondramazava qui a été explorée du 07 au 12 février 2003, en pleine saison chaude et pluvieuse, offre le nombre d’espèces capturées (n = 3) et le taux de capture (21,2 %) les plus importants. Concernant le site de Binara, les sessions de piégeage au niveau de ses 4 stations d’échantillonnage ont eu lieu du 17 octobre au 13 novembre 2002 ; c’est-à-dire au début de la saison chaude et pluvieuse ; la formation forestière présente une variation suivant les stations d’échantillonnage ; Andohananalamazava et Antsahandrapaka présentent une végétation humide, non perturbée ; elles offrent un nombre d’espèces capturées et un taux de capture plus élevés que ceux d’Andranomifototra à végétation humide peu perturbée et ceux de Behamaosy à végétation de transition peu perturbée. Dans les autres sites d’étude avec 2 ou 3 stations d’échantillonnage (Antsahabe, Ampondrabe et Bobankora), tous les travaux d’inventaire ont été réalisés à une même période ; les stations à formation forestière plus humide offrent toujours un taux de capture plus important ; mais avec une richesse spécifique généralement identique aux autres.