BILAN D’ACTIVITÉS DU SERVICE D’ORTHOPÉDIE ET DE TRAUMATOLOGIE
L’orthopédie et la traumatologie assurent la prise en charge des affections de l’appareil locomoteur, c’est-à-dire des affections de tous les organes qui contribuent à la station et aux mouvements du corps (os, articulations, tendons, ligaments, muscles,….). Ces affections pouvant être aigues liées à un traumatisme, chroniques ou dégénératives. La région de Ziguinchor est située au sud ouest du Sénégal. Elle est cosmopolite par sa richesse ethnique. Elle souffre par son enclavement et son accessibilité. En effet, la région est séparée du reste du pays par la Gambie. Les liaisons avec la capitale du pays se font souvent par voie maritime et aérienne. Perturbée par un conflit armé, mené par des indépendantistes depuis plus de trente ans, la région connait un retard dans son essor socioéconomique. L’exercice de l’orthopédie et de la traumatologie n’est pas du tout aisé dans nos régions. Cette difficulté est encore plus marquée dans la périphérie. En effet, les hôpitaux régionaux soufrent le plus du manque d’équipements hospitaliers avec un plateau technique souvent déficient qui ne permet pas une bonne pratique. L’hôpital régional de Ziguinchor n’échappe pas à la règle avec des moyens souvent limités, tant en ressources humaines que le matériel. Nous avons essayé de faire dans ce travail, après un rappel de la situation géographique et socioéconomique de la région de Ziguinchor et une présentation structurelle et du plateau technique, un bilan exhaustif de l’ensemble de nos activités de chirurgie orthopédique et traumatologique, effectué durant une période de deux ans à l’hôpital régional de Ziguinchor. Cette étude a pour but de : – Dégager le profil épidémiologique des patients reçus dans le service ; – Préciser les pathologies tant orthopédiques que traumatologiques rencontrées ; 2 – Evaluer la prise en charge chirurgicale des patients avec les moyens disponibles ; – Présenter les difficultés rencontrées dans notre pratique.
L’ENVIRONNEMENT DE L’HÔPITAL RÉGIONAL DE ZIGUINCHOR
ENVIRONNEMENT GEOGRAPHIQUE
La région de Ziguinchor est l’une des 14 régions administratives du Sénégal. Frontalière avec la Gambie, elle forme la partie occidentale de la Casamance, connue sous le nom de Basse Casamance. Elle occupe 4% du territoire national avec une superficie de 7 339 km². Située au sud-ouest du Sénégal, c’est la région la plus méridionale du pays. Elle souffre d’une situation de marginalisation, liée à sa position géographique. En effet, elle est limitée : – au nord, par la république de la Gambie qui la coupe du reste du pays ; – à l’ouest, par l’océan Atlantique ; – au sud, par la république de Guinée Bissau ; – et à l’est, par la région de Kolda. Les communications avec Dakar, la capitale, se font presque exclusivement par voies maritime et aérienne ou à travers le territoire de la Gambie. 4 Figure 1 : Carte du Sénégal La région de Ziguinchor est tout en bas (en rouge)
ENVIRONNEMENT DEMOGRAPHIQUE
Selon les projections officielles, la population de la région de Ziguinchor est estimée en 2010 à 713440 habitants. Elle représente 6% de la population du Sénégal avec une densité supérieure à la moyenne nationale comparable à celle du bassin arachidier. Elle est de 97 habitants/km² contre 65 au niveau national selon les estimations 2010 [23]. Toutefois, il e st à noter que cette répartition n’est pas uniforme : l’importance des forêts et des zones marécageuses explique l’existence de parties quasiment inhabitées. De ce fait, on peut rencontrer des densités allant de 5 habitants/ km² à 300 habitants/km². Le conflit armé qui y sévit depuis près d’une trentaine d’années, aura aussi favorisé le dépeuplement 5 de certaines zones qui, naguère étaient très peuplées. La population est essentiellement jeune avec 76,3% qui ont moins de 35 ans [23]. À cause de sa richesse et de l’essor qu’elle connaissait dans les années 80, Ziguinchor fut une zone d’influence qui attirait beaucoup d’immigrés. La répartition démographique a été fortement modifiée dans la région à partir de 1983, coïncidant avec le début du conflit armé en Casamance. Cela est dû au déplacement des populations des zones rurales, zones d’insécurité vers les villes où l’armée nationale est beaucoup plus présente [21,23]. Ainsi, notera-t-on une poussée démographique dans des communes comme Ziguinchor et Bignona. Cette situation a favorisé la paupérisation de cette population et l’occupation anarchique de l’espace de ses communes. Le taux d’urbanisation de la région tourne autour de 46 et 47% contre une moyenne nationale de 42%. Suivant les départements, on note de grandes disparités en ce qui concerne l’urbanisation ; le département d’Oussouye et de Bignona ont des populations urbaines très faibles respectivement 11% et 17% avec un taux régional surtout élevé par la forte urbanisation du département de Ziguinchor (84%). Cela s’explique par le fait que la population autochtone (Diola, Baïnouck) est très encrée à sa terre car son activité est essentiellement tournée vers l’agriculture. La population de la région de Ziguinchor se caractérise par sa grande diversité, source de richesse et de facteur de tolérance. Plus de la moitié de la population est constituée par l’ethnie Diola (57,80%), suivent l’ethnie Manding (11,10%), l’ethnie Al poular (10,50%), les Ouolofs (3,90%), les Manjacks (3,50%), les Mancagnes (2,40%), les Sérères (2,70%) et les Ballantes (2,90%).
ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE
La région de Ziguinchor est une région fertile à productions agricoles diversifiées. Considérée comme le grenier du Sénégal, elle fait partie, de par son climat tropical de type guinéen, des régions les plus arrosées du pays. Le secteur agricole concentre 65% des emplois. Les superficies cultivées représentent 70% des superficies cultivables. Les cultures céréalières occupent 60% des superficies cultivées (riz, mil, sorgho, maïs) (Figure 2). Figure 2 : Les rizières en Casamance Il existe une importante activité de pêche dans la région. La pêche y est pratiquée de deux (2) manières : maritime et continental (ou lagunaire) (Figure 3). 7 Figure 3 : La pèche sur le fleuve Casamance Le tourisme constitue un axe de développement privilégié de la région à travers le tourisme balnéaire du Cap Skirring et le tourisme intégré des campements villageois (Figure 4). Figure 4 : Les activités touristiques sur une plage au Cap Skirring
ENVIRONNEMENT SOCIOCULTURELLE
La population reste très attachée à la tradition, même si le taux de scolarisation soit parmi les plus élevé du pays. Répartis en musulmans en majorité et des chrétiens, ils demeurent culturellement animistes et païens. Ils ont conservé de nombreux rituels qui préservent le tissu social. Cette forte présence animiste se répercute sur l’hygiène de vie et la santé des populations. Le traitement traditionnel occupe une place prépondérante dans la société. En effet, selon l’OMS, près de 80% de la population africaine au sud du sahara a recours à la médecine traditionnelle pour ses besoins primaires de santé [2,29]. Ces habitudes culturelles sont aussi bien partagées par leurs voisins gambiens et guinéens.
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