Berenson le robot amateur d’art

Berenson le robot amateur d’art

Nous présentons ici une nouvelle expérience pour étudier comment un robot autonome peut développer des préférences esthétiques à travers des interaction sociales. C’est une première étape d’un projet à long terme qui a pour but de concevoir un robot comme un amateur d’art et comme un médiateur de musée. Deux aspects sont étudiés dans ces expériences : D’une part, nous étudions comment un modèle minimal d’évaluation esthétique peut être implémenté sur un robot et utilisé pour réguler le comportement du robot (Aller vers des objets d’une certaine valence). D’autre part, nous étudions les modalités d’interaction entre le robot et les visiteurs du musée (Vidal [2012a]). Notre but étant de comprendre jusqu’à quel point le robot peut être entraîné à préférer des objets et dans le même temps comment sa présence, et surtout l’expression de son esthétique artificielle peut attirer l’attention des visiteurs et jouer un rôle dans leur manière de regarder des objets. comme de simples objets inertes. Ces derniers se sont presque toujours vus attribuer dans leurs cultures d’origine une forme ou une autre d’ »agentivité », avec pour conséquence de brouiller les distinctions « ontologiques » qui nous sont familières entre les « gens » et les « choses ». Or l’intérêt du robot que nous présentons est d’être un objet contemporain qui possède jusqu’à un certain point cette même caractéristique. Les robots (humanoïdes ou pas) sont progressivement dotés aujourd’hui de capacités d’autonomie et d’agentivité qui peuvent tout aussi aisément nous dérouter. Ainsi l’un des objectifs de cette présenta- tion sera d’offrir aux visiteurs du Musée une forme d’expérimentation avec un robot qui soit susceptible – nous l’espérons – de susciter leur réflexion sur la manière dont s’éta- blissent (mais aussi dont peuvent éventuellement varier) les critères permettant d’établir la frontière entre les « gens » et les « choses » dans notre culture comme dans celles d’où proviennent les objets présentés.

Montrer un modèle d’apprentissage associatif relativement simple à ce stade initial de notre série d’expérimentation au Musée, permettant à notre robot de développer progres- sivement un sens esthétique artificiel dont il aura fait l’apprentissage dans le cadre du plateau des collections, en interaction avec les visiteurs. 2. Interaction Robot-Expérimentateur : Les concepteurs du robot prennent part très souvent à l’expérience. Les modifications apportées en ligne au programme du robot, le choix du comportement à exhiber, sont aussi contrôlés par l’expérimentateur. L’intrusion de l’expé- rimentateur influence le comportement du robot et des visiteurs qui remarquent la présence du concepteur. Notre système n’est au début qu’un leurre, une machine entre le visiteur et l’oeuvre exposée. Le robot est assez discret du fait de l’obscurité qui règne dans le musée. Les visiteurs ne le remarquent qu’une fois proches de lui. Nous cherchons à voir les liens que peut créer un robot entre les visiteurs et les objets. Le robot devrait jouer idéalement un rôle de médiateur à deux titres. D’une part, il est médiateur pour les visiteurs du musée, il doit permettre à terme de partager l’attention des visiteurs sur des œuvres auxquelles ils n’auraient peut-être pas prêté attention. D’autre part, c’est un médiateur pour notre recherche. Il est un outils scientifique qui nous présente ce qui se cache derrière le fait de prêter des intentions à un artefact. La question de l’esthétique nous permet de créer et de maintenir une interaction avec quelqu’un (quelque chose) qui n’a a priori pas de théorie de l’esprit et sur qui nous allons projeter nos propres intentions. Le sens esthétique n’est qu’un effet de bord d’une architecture apprentissage dans un cadre d’interaction sociale.

Souvent lorsqu’un robot est utilisé dans un musée c’est comme une oeuvre d’art lui même ou bien comme un guide pour les visiteurs (Thrun et al. [2000] ; Faber et al. [2009] ; Chella and Macaluso [2006]). L’esthétique artificielle ne doit pas être confondue avec les performances esthétique mettant en scène des agents artificiels, ou bien avec la conception d’agent esthétiques (Shem-Shaul et al. [2003]). Nous proposons une toute nouvelle approche en utilisant un robot qui ne rentre pas dans les catégories définies. Il ne peut être défini comme un visiteur ou un médiateur humain, ni être défini comme un artefact parmis d’autres qu’on peut voir dans un musée. Berenson a été conçu de manière à combiner ces trois fonctions (visiteur, médiateur, oeuvre). Nous avons implémenté une architecture qui intègre la navigation, la reconnaissance de scènes, le suivi d’objets, des conditionnements pavloviens, et des outils d’interaction homme/robot. Dans cette expérience nous avons testé et évalué la capacité de notre architecture à contrôler un robot dans des environnements à fortes affluences contenant des objets fragiles. Les différentes manifestations nous ont permis de valider la réaction des visiteurs du musée et nous a permis d’obtenir des indications sur les possibles développement des capacités d’interaction de notre robot.

 

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