BACTERIES ISOLEES DES OTITES PURULENTES

BACTERIES ISOLEES DES OTITES PURULENTES

Rappels anatomo-physiologiques de l’oreille 

La connaissance des aspects anatomiques et physiologiques de l’oreille constitue un préalable indispensable à la compréhension de la physiopathologie des otites. En effet, des modifications anatomiques et des changements physiologiques accompagnent fréquemment les otites. L’oreille, organe plurifonctionnel (audition, équilibre) est anatomiquement divisée en trois parties principales [17] :  L’oreille externe, formée de l’auricule et du méat auditif externe, assure la réception et la collecte des vibrations aériennes. Figure 1 : Schéma de l’oreille externe  L’oreille moyenne est constituée de la caisse du tympan, du tympan, des trois osselets, des muscles et des ligaments qui leur sont associés. C’est un organe de transmission uniquement. Figure 2: Schéma de l’oreille moyenne L’oreille interne, formée par le labyrinthe placé dans la partie pétreuse de l’os temporal, sert à l’audition et à l’équilibration. Figure 3: Schéma de l’oreille interne 

Epidémiologie des otites 

. Définition L’otite est une inflammation de l’oreille d’origine infectieuse ou autre. Selon le compartiment de l’oreille qu’elle affecte, on distingue l’otite externe, l’otite moyenne et l’otite interne. Selon son mode d’installation et son évolution, on distingue deux formes qui sont l’otite aiguë et l’otite chronique .

 Types et étiologies des otites

. Types d’otites

 Otite externe  Otite externe aiguë L’otite externe aiguë (OEA) est une maladie courante chez les enfants, les adolescents et les adultes. Elle se définit par une inflammation diffuse du conduit auditif externe. Surtout observée chez les enfants de plus de deux ans, elle s’associe souvent à la nage. Ainsi, les mécanismes de défense locaux sont perturbés par l’humidité prolongée du conduit auditif. La desquamation de la peau entraîne des fissures microscopiques qui fournissent une voie d’entrée aux organismes infectieux [89]. Parmi les autres facteurs de risque de l’OEA, on peut noter les traumatismes, la présence d’un corps étranger dans l’oreille, le port d’une prothèse auditive, certaines maladies dermatologiques, l’otorrhée chronique, le port de bandeaux serrés et l’immunosuppression [34, 68]. L’OEA est surtout une maladie circonscrite, mais il arrive qu’une maladie plus grave et plus envahissante se déclare. L’examen clinique permet le diagnostic face à une douleur provoquée à la palpation du tragus ou à la traction du pavillon. Les patients se plaignent par ailleurs d’une douleur à la mastication liée au contact du condyle mandibulaire sur la face antérieure du conduit. L’examen otoscopique est pauvre puisque l’introduction du spéculum est douloureuse, laissant voir un conduit auditif externe œdématié, inflammatoire, douloureux, avec des sécrétions blanchâtres qui peuvent être aspirées. Il peut s’agir d’une otite externe diffuse bactérienne ou mycosique, d’un furoncle de la zone pileuse du conduit ou d’un eczéma surinfecté. Les germes en cause sont Staphylococcus aureus ou Pseudomonas aeruginosa. Dans 10 % des cas, il s’agit d’une mycose dûe essentiellement à Aspergillus. 8 L’otite externe peut se compliquer d’une périchondrite ou d’une chondrite hyperalgique et insomniante. Le traitement est local reposant sur l’application d’antibiotiques (gouttes auriculaires). Ces gouttes nécessitent parfois des gestes locaux du conduit auditif externe à type de méchage ou mise en place de drain de façon à faciliter l’introduction des gouttes dans le conduit auditif externe. Le recours à l’antibiothérapie par voie générale est rare (il est réservé aux formes graves : périchondrite et chondrite). En cas de suspicion d’otite externe d’origine mycosique, un traitement local avec un antimycosique est nécessaire. . Otite externe maligne L’otite maligne externe est une véritable ostéite de la base du crâne chez le sujet diabétique ou immunodéprimé. L’agent causal le plus fréquent est Pseudomonas aeruginosa. Chez les patients immunodéficients ou ayant un diabète insulino-dépendant, il faut prendre des mesures particulières pour écarter la possibilité d’otite externe maligne. Cette infection envahissante du cartilage et de l’os du conduit auditif et de l’oreille externe peut s’accompagner d’une paralysie des nerfs faciaux et avoir la douleur comme principal symptôme .Il est essentiel de procéder à un débridement agressif et de prescrire des antibiotiques systémiques visant Pseudomonas aeruginosa et, dans certains cas, les espèces d’Aspergillus. 

 Otite moyenne 

Il s’agit d’une inflammation aiguë d’origine infectieuse des cavités de l’oreille moyenne [20].  Otite moyenne aiguë L’otite moyenne aiguë est une inflammation d’origine infectieuse de la muqueuse de l’oreille moyenne, par contamination virale (Rhinovirus, Virus respiratoire syncytial….) ou bactérienne (Staphylocoques, Streptocoques, et 9 rarement Pseudomonas aeruginosa….), à partir du rhinopharynx via la trompe d’Eustache ou tube auditif . Les OMA touchent essentiellement l’enfant. Cette fréquence est dûe à plusieurs facteurs : – les infections des voies aériennes supérieures en particulier les rhinopharyngites qui sont très fréquentes à cet âge et se propagent par la trompe d’Eustache qui est particulièrement courte et béante ; – l’abondance du tissu lymphoïde au niveau du cavum qui joue le rôle d’un foyer obstructif et inflammatoire ; – enfin, toute anomalie au niveau de la trompe d’Eustache (fente palatine, trisomie 21 ou toute autre malformation locale) est un facteur facilitant les otites moyennes aiguës.  Otite moyenne chronique L’otite moyenne chronique (OMC) est une inflammation de la muqueuse de l’oreille moyenne, c’est-à-dire de la caisse du tympan, des cavités annexes et de la trompe d’Eustache, prolongée au-delà de trois mois et s’accompagnant soit d’effusion derrière une membrane tympanique intacte mais sans symptôme aiguë, soit d’otorrhée s’écoulant à travers une perforation tympanique . Figure 4: Aspect d’un tympan au cours d’une OMC sans perforation.

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 Otite interne ou labyrinthite

 C’est une infection rare et redoutée de l’oreille interne car elle provoque souvent des dégâts irréversibles se manifestant par une perte de l’audition plus ou moins importante. L’oreille interne peut être atteinte par des infections virales, des infections bactériennes, mais aussi par d’autres maladies comme la syphilis. L’otite interne se développe le plus souvent dans le cadre d’une OMA qui évolue défavorablement ou après un traumatisme ouvert de l’oreille. La distinction clinique entre otite interne virale et bactérienne étant impossible, il est impératif de prendre des antibiotiques et de la cortisone le plus précocement possible pour donner un maximum de chance de récupération au labyrinthe

 Etiologie des otites purulentes 

Les étiologies des otites sont diverses [40] : – bactériennes : Streptococcus pyogènes, Entérobactéries, Staphylococcus aureus, Pseudomonas aeruginosa, Haemophilus influenzae, Streptococcus pneumoniae, Moraxella catarrhalis…. ; – virales : Rhinovirus et virus respiratoire syncytial ; – fongiques : les plus fréquents sont Candida et Aspergillus Spp. 11 Dans le cas de l’otite moyenne aiguë congestive, les virus sont responsables dans plus de 90 % des infections. Dans 10 %, il s’agit d’une infection bactérienne qui va pouvoir évoluer vers une otite collectée. Toutes les otites collectées ou perforées sont d’origine bactérienne avec deux germes prépondérants, Haemophilus influenzae (30 à 40% entre 6 mois et 36 mois dont 17 % sécrètent une bêtalactamase) et dans environ 40 % des cas un pneumocoque dont 3,9% des souches sont résistantes à la pénicilline et 42% sont de sensibilité intermédiaire. D’autres germes peuvent aussi être notés : Staphylococcus aureus, Staphylococcus epidermidis, Streptocoque pyogène du groupe A, Moraxella (branhamella) catarrhalis et enfin des germes anaérobies. La symptomatologie clinique peut orienter vers la bactérie responsable : OMA associée à une conjonctivite purulente oriente vers H. influenzae ; OMA associée à de la fièvre supérieure à 38,5 °C et des douleurs locales importantes oriente plutôt vers Streptococcus pneumoniae 

Examen cytobactériologique des pus d’otites 

 Prélèvement

 Le prélèvement est effectué à l’aide d’écouvillon ou de seringue. Il est recommandé de faire deux écouvillons ; un sera utilisé pour l’examen microscopique et l’autre pour la culture. Le prélèvement doit être réalisé avec du matériel stérile à usage unique, selon les règles d’hygiène et d’asepsie appropriées, avant toute antibiothérapie. Le produit pathologique doit être acheminé rapidement au laboratoire 

Examen macroscopique

Il consiste à déterminer l’aspect, la couleur et la consistance des prélèvements. Le pus peut être épais, visqueux, élastique, mélangé au sang ou non, fluide ou séreux. La couleur varie de la teinte chocolat au blanc, certains pus sont verdâtres ou bleutés. Cet examen macroscopique peut donner une orientation sur l’étiologie d’otite [85].

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
I. Rappels anatomo-physiologiques de l’oreille
II. Epidémiologie des otites
II.1. Définition
II.2. Types et étiologies des otites
II.2.1.Types d’otites
II.2.1.1. Otite externe
II.2.1.2. Otite moyenne
II.2.1.3. Otite interne ou labyrinthite
II.2.2. Etiologie des otites purulentes
III. Examen cytobactériologique des pus d’otites
III.1. Prélèvement
III.2. Examen macroscopique
III.3. Examen microscopique
III.4. Culture
III.5. Identification bactérienne
III.6. Antibiogramme
III.6.1. Méthode de détermination de la CMI
III.6.1.1. Méthode par dilution
III.6.1.2. Méthode par diffusion
IV. Les antibiotiques
IV.1. Définition
IV.2. Classification des antibiotiques
IV.3. Mécanismes d’action des antibiotiques
IV.4. Place des antibiotiques dans la prise en charge des otites
V. Résistance bactérienne
V.1. Définition
V.2. Mécanismes et types de résistance
V.3. Facteurs favorisants et conséquences de la résistance aux antibiotiques
V.4. Cas des bactéries responsables d’otites
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I. Objectifs de l’étude
I.1. Objectif général
I.2. Objectifs spécifiques
II. Type, période et cadre d’étude
III. Matériel et méthodes
III.1. Matériel
III.2. Méthodes
III.2.1.Traitement des pus d’otites au laboratoire
III.2.2. Recueil des données
IV. Résultats .
IV.1. Résultats globaux
IV.2. Epidémiologie des souches isolées
IV.3. Profil bactériologique selon le type d’otites
IV.4. Profil de résistance aux antibiotiques des entérobactéries
IV.5. Profil de sensibilité aux antibiotiques des staphylocoques
IV.6. Profil de sensibilité des souches de Pseudomonas aeruginosa aux antibiotiques
V. Discussion
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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