Avant de procéder à la présentation des résultats de différentes études conduites auprès de clientèles ayant vécu une perte périnatale, il est nécessaire de comprendre de quel type de perte il est question spécifiquement dans ce mémoire de maîtrise. Comme mentionné dans la problématique, nombreuses sont les femmes qui vont vivre une fausse-couche au cours de leur vie. On affirme qu’une femme sur quatre vit un avortement spontané lorsqu’elle est enceinte (Kong et al., 2013). Plusieurs femmes recevront un diagnostic d’avortement spontané suite à des saignements vaginaux et/ou des crampes utérines (Morin & Van den Hof, 2006). D’autres n’auront eu aucun signe avant-coureur de cet arrêt de grossesse que sont les saignements ou les crampes, par exemple, et l’apprendront seulement au moment de leur première échographie. Dans le cas d’un suivi de grossesse sans particularité, il est recommandé que la femme ait au moins une échographie au courant de la grossesse, permettant entre autre de confirmer la date prévue d’accouchement, de vérifier le développement ainsi que le nombre de fœtus (OIIQ, 2015). Lorsque la femme n’a qu’une seule échographie, elle est généralement faite entre la 18e et la 24e semaine de grossesse, afin d’évaluer la morphologie du fœtus (NICE, 2016). Toutefois, certaines femmes peuvent avoir une échographie faite autour de la 12e semaine, servant entre autres, au dépistage de la trisomie 21 (Tang & Ho, 2006; Walker & Davidson, 2001). Cet examen est proposé, mais ne fait pas parti du suivi standard. Les résultats de cette échographie sont alors joints à ceux obtenus lors des prélèvements sanguins faits pour le dépistage du syndrome de Down. D’autres peuvent avoir eu une première échographie de datation, faite au cours du premier trimestre, afin déterminer l’âge de la grossesse, notamment lorsque les renseignements cliniques entourant le début de la grossesse ne sont pas bien définis ou encore pour confirmer une activité cardiaque fœtale en cas de saignement (Butt & Lim, 2014): À ce moment, les femmes vi vent un trauma important, puisqu’elles étaient nullement préparées à se faire annoncer ce genre de nouvelle, ayant quasiment franchi le cap du 1 er trimestre sans aucune complication (Walker & Davidson, 2001).
L’avortement spontané peut être classé, selon ses caractéristiques cliniques, en différentes catégories décrites dans le tableau ci-joint (Webster-Bain, 2011; White & Bouvier, 2005).
Les types d’avortement spontané
Menace d’avortement :
Des saignements vaginaux inexpliqués, qui indiquent un danger potentiel pour le fœtus. Le col de l’utérus est fermé. Les saignements peuvent cesser après quelques jours et être suivis de l’expulsion partielle ou complète des produits de conception, soient l’embryon, le placenta et les membranes. Il se peut aussi que les saignements cessent, sans toutefois entrainer un arrêt de la grossesse. 50% de ces situations résultent en une faussecouche.
Avortement inévitable :
Les saignements vaginaux sont de plus en plus importants et accompagnés d’une dilatation du col de l’utérus. Le placenta s’est décollé de la paroi utérine.
Avortement complet :
Les saignements vaginaux ont entrainé l’expulsion de tous les produits de conception. Ces saignements ont diminué graduellement et l’échographie confirme que l’utérus est complètement vide.
Avortement incomplet :
Les saignements vaginaux sont importants et contiennent une partie des produits de conception, mais pas en entier. Les crampes abdominales sont intenses et douloureuses.
Grossesse arrêtée :
Le cœur fœtal a cessé de battre, mais aucun symptôme tel que des crampes ou des saignements vaginaux n’ont été remarqués.
Un diagnostic d’avortement spontané est fait par le médecin suite à une échographie, idéalement faite par voie endovaginale, attestant l’absence d’activité cardiaque fœtale. Cet examen permet même de procéder à l’évaluation du contenu utérin, pour savoir s’il y a présence ou non de produits de conception dans la cavité utérine (Deutchman, Tubay, & Turok, 2009; Morin & Van den Hof, 2006; Tang & Ho, 2006). De plus, on procède à un examen gynécologique pour évaluer la présence de saignements vaginaux ainsi que l’ouverture du col de l’utérus (Huancahuari, 2012). Finalement, une prise de sang pour mesurer le taux d’hormone chorionique gonadotrope humaine (BHCG) doit être faite et répétée après quelques jours et parfois même jusqu’à disparition complète de l’hormone (Doubilet et al., 2013). Ce test permet de confirmer qu’aucune cellule trophoblastique ne croit encore dans le corps de la femme, afin d’éliminer tout doute de grossesse ectopique (Deutchman et al., 2009). Cette prise de sang est importante pour l’évaluation de la progression de l’avortement spontané, puisque le résultat doit descendre jusqu’à l’atteinte d’un seuil hormonal nul. Toutefois, aucune décision thérapeutique ne sera prise suite à ce test, à moins qu’il y ait une progression au lieu d’une diminution du taux. À ce moment, des contrôles plus fréquents seront faits et s’il s’agit d’une grossesse ectopique, un traitement différent sera offert à la femme.
Chapitre 1 : Problématique |