Avantages et inconvénients sociaux liés à l’innovation

Avantages et inconvénients sociaux liés à l’innovation

L’objet de cet article est de montrer que rien ne va de soit. La société est constituée d’individus, ces individus ont en commun des valeurs, un système de pensée, des représentations du monde et des attentes quant à l’évolution technique.

Nous vivons entouré d’objets techniques qui, assemblés, forment notre culture matérielle. Selon Thompson, ethnologue anglais, cité par Jean-Pierre Warnier, la notion d’objet regroupe trois catégories bien distinctes. Cette idée est aussi commune à la psychanalyse :

– Objet comme chose matérielle ; – Objet comme personne ; – Objet comme idée. Ces trois catégories ont en commun des propriétés qui découlent de leur vie sociale. – Objet comme chose matérielle : toute marchandise n’appartient pas à tous… Selon

la classe sociale, il existe des séries de biens de consommation propres. Pierre Bourdieu a, par exemple, montré que les pratiques, et par conséquent les goûts, sont en partie déterminées par la catégorie sociale d’appartenance. Par exemple, on aime plus particulièrement l’accordéon et l’alcool anisé si l’on est ouvrier, la musique classique et le whisky pur malte si l’on est cadre supérieur. Il en va de même, dans une certaine mesure, pour toutes les pratiques. Ainsi, les choses matérielles répondent à des attentes de classes sociales et sont en retour révélatrices de classe. Nos jugements nous jugent, et nos distinctions nous distinguent, dit Bourdieu.

– Objet comme personne : Ainsi, Bourdieu ajoute que « les divisions sociales deviennent principes de division, qui organisent la vision du monde social » (p. 549). De ce point de vue, la personne comme objet s’observe dans toute les diversités des classes sociales. D’un côté, la femme objet ou faire valoir du médecin ou de l’homme politique ; d’un autre, le SDF traité en déchet social par notre société comme objet inutile au monde économique ; la femme mannequin qui exulte son corps pour vanter les mérites d’une voiture ou d’un parfum. Thompson montre que la classe moyenne anglaise se considère comme un objet à travers l’habitat et sa motivation pour l’entretenir. Dans cet exemple, on voit que l’habitat, selon qu’il est habité par la classe moyenne ou la classe ouvrière, n’a pas le même statut. D’un côté, on le réhabilite comme un élément du patrimoine, de l’autre, c’est un taudis. Pour Warnier, « le statut de l’objet se calque sur celui de la classe sociale qui s’y met en objet ».

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– Objet comme idée : Les valeurs que nous possédons nous ont été transmises par notre corps social. A notre tour, nous les transmettons, parfois en les faisant évoluer si nous même avons traversé une évolution. Pourtant ces idées sont le produit de notre socialisation car nous sommes les produits de la société dans laquelle nous vivons. Ainsi, appartenir à l’Institut Supérieur des Techniques se fait par construction d’une identité à travers laquelle les étudiants vont peu à peu s’identifier et en intégrer l’histoire et les valeurs.

répartition de la richesse et du pouvoir diversifie les modalités de la subjectivation et des revenus (Warnier, p.160). Il faut bien considérer que ce sont les classes sociales supérieures qui organisent les systèmes d’approvisionnement et entretiennent des rapports privilégiés avec l’objet. Dans notre société à consommation de masse, l’objet en tant que chose matérielle, individu et idée est partiellement contrôlé par les classes dominantes de notre société. Aujourd’hui, l’entreprise est contrôlée par l’actionnaire, objet immatériel qui peut en réalité avoir la forme d’un financier ou d’un logiciel qui va vendre automatiquement en fonction de seuils et de plafonds pré-établis.

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