Auto-anticorps et syndrome de GOUGEROT SJÖGREN

Le syndrome de Gougerot Sjögren (SGS) est une connectivite caractérisée par une infiltration lymphocytaire des glandes exocrines [1], et des manifestations systémiques de nature immuno-inflammatoire. Cette infiltration est prédominante au niveau des glandes salivaires et lacrymales, responsable d’une sécheresse buccale et oculaire.

Le SGS est dit, par définition, primitif lorsque la xérophtalmie et la xérostomie ne sont pas associées à une maladie systémique clairement définie mais à des manifestations générales dont certaines sont particulièrement fréquentes et évocatrices (polyarthrite, fibrose pulmonaire, atteinte neurologique). Le SGS est qualifié de secondaire lorsqu’il est associé à d’autres maladies systémiques clairement définies [2].

Sur le plan épidémiologique, on assiste à une augmentation de la fréquence du SGS, sans doute en rapport avec une meilleure connaissance de la maladie mais aussi avec la variabilité des critères diagnostiques [3].

L’origine de cette affection, comme la plupart des maladies auto-immunes, est inconnue. Sa pathogénie semble impliquer des facteurs génétiques, un infiltrat lymphoplasmocytaire, des cellules épithéliales, des auto-anticorps et des virus [4]. Au plan clinique, le syndrome sec caractéristique du SGS peut-être fruste voire même absent et les manifestations systémiques extra glandulaires peuvent être la principale circonstance de découverte de cette connectivite [5].

Le diagnostic repose sur un faisceau d’arguments, clinique, histologique et immunologique [6]. Le SGS est caractérisée par la présence assez fréquente d’auto-anticorps dont la valeur diagnostique est indiscutable, et dont certains témoignent de l’activité de la maladie [1]. Par ailleurs, ces auto-anticorps peuvent avoir une corrélation avec certaines atteintes d’organes ainsi que certaines formes évolutives [3].

Historique : 

La première description du syndrome de Gougerot Sjögren remonte à 1888 lorsque Johann Mikulicz a rapporté à la Société pour la Médecine scientifique de Königsberg le cas d’un agriculteur prussien de 42 ans ayant une hypertrophie douloureuse bilatérale des glandes lacrymales, parotidiennes et sous maxillaires. Les glandes ont été excisées chirurgicalement et l’analyse histologique a montré dans les trois glandes un infiltrat à petites cellules rondes faisant suspecter un lymphome [7]. En 1926 le dermatologue français Gougerot avait décrit trois cas de sécheresse buccale s’intégrant dans un syndrome sec étendu, touchant les conjonctives, la bouche, le larynx, la muqueuse nasale et vaginale [8,9]. En 1933, Henrich Sjögren, un ophtalmologiste suédois, avait décrit les caractères définitifs du syndrome qui porta son nom [9]. Il avait montré que le syndrome sec oculaire est la composante ophtalmologique d’une maladie qui touche d’autres glandes exocrines, essentiellement les glandes salivaires, en étant associée à une polyarthrite. Il avait décrit également les caractéristiques de l’atteinte oculaire, en précisant l’aspect de la « kérato conjonctivite sèche » et mis au point le test au rose Bengale, qui fut longtemps utilisé comme test diagnostique. En 1954, Morgan et Castleman ont démontré qu’un sous-groupe de patients avec syndrome de Mikulicz avait une maladie auto-immune avec un infiltrat histologique identique aux patients atteints d’un syndrome de Sjögren. Ils en avaient conclu que la maladie de Mikulicz et le syndrome de Sjögren représentaient une seule et même entité [10]. Des études faites par Talal en 1964, avaient montré que les patients souffrant d’un SGS avaient un risque augmenté de développer un lymphome et que des populations monoclonales de lymphocytes B étaient un facteur de risque intrinsèque du SGS [11]. La période immunologique insista sur le rôle du facteur rhumatoïde, des antinucléaires et la présence, dans le SGS, d’anticorps particuliers que sont l’anti-Ro (SSA) et l’anti-La (SSB) et plus récemment les anticorps anti-fodrine, protéine du cytosquelette. A côté de l’immunité humorale se développèrent les concepts de l’immunité cellulaire avec le rôle des gènes d’histocompatibilité, des cellules T et des cellules natural killer [12].

Physiopathologie : 

Le syndrome de Gougerot Sjögren constitue un excellent modèle d’étude des maladies autoimmunes car les organes intéressés par le processus (glandes salivaires accessoires) et les cellules impliquées sont aisément accessibles et se prêtent assez facilement à l’analyse.

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L’origine de cette affection, comme la plupart des maladies auto-immunes, est inconnue [13].

Dans l’état actuel des connaissances, il est difficile de procéder autrement qu’en envisageant successivement les facteurs génétiques, l’infiltrat lymphoplasmocytaire, les cellules épithéliales, les auto-anticorps et les virus, sans pour autant établir de liens assurés entre ces multiples partenaires de la physiopathologie du SGS [14].

Cependant, même si la façon dont s’associent ensemble les différentes pièces du puzzle n’est pas encore connue, les différents éléments en présence sont de mieux en mieux individualisés [13].

Facteurs génétiques : 

L’existence de plusieurs patients atteints de SGS au sein d’une même famille est exceptionnelle. En revanche, près d’un tiers des apparentés au premier degré de sujets ayant un SGS sont atteints d’une autre maladie auto-immune (PR, LES, thyroïdite auto-immune ….) [16]. Il existe un lien entre l’haplotype A1 B8 DR3 DQ2 et le SGS dans la population caucasoïde. Ces antigènes d’histo-compatibilité ne représentent que l’un des éléments de la prédisposition des porteurs du SGS aux autres maladies auto-immunes.

Il a été montré que cet haplotype était en fait lié a la presence d’anticorps anti-SSB et non à la maladie [18]. D’autres équipes ont démontré une association entre le SGS et l’antigène HLA DR15 ou la présence d’une hétérozygotie DR3 DR15 [19], par ailleurs, le DR3 est associé à l’existence d’une diversification épitopique et présence conjointe d’anticorps anti-SSA et anti-SSB [18]. L’activité des cellules infiltrant les glandes est attestée par la présence de marqueurs de surface, notamment HLA-DR et récepteurs de l’IL-2 (CD25) .

Rôle des virus :

Plusieurs auteurs ont rapporté que le génome et les protéines de l’EBV étaient plus fréquemment retrouvés dans les glandes salivaires des patients souffrant d’un SGS que dans celles des témoins. Ce génome est, par exemple, détecté par hybridation in situ dans les cellules épithéliales salivaires de 50 % des malades et de seulement 8 % des témoins [20].

D’autre part, il a été démontré que, chez des patients atteints de SGS primitif en zone d’endémie pour HTLV-I, la fréquence d’une sérologie positive pour HTLV-I était de l’ordre de 25 %, alors qu’elle n’était que de 5 à 6 % dans la population générale [21]. En dehors des zones d’endémie, chez des patients séro-négatifs pour HTLV-I, le gène tax de ce virus est faiblement représenté (1 cellule sur 100 000) dans les glandes salivaires de 30 % des patients atteints et de 4 % des témoins [22].

Par ailleurs, le tropisme salivaire de l’HCV est maintenant bien démontré : le virus de l’hépatite c (HCV) est présent dans la salive d’environ la moitié des malades ayant une virémie plasmatique positive, et un infiltrat lymphoïde salivaire, identique à celui observé dans le SGS a été décrit chez la moitié des porteurs d’une hépatite C chronique, mais jamais associé à la présence d’auto-anticorps anti-SSA et anti-SSB [23] .

Table des matières

INTRODUCTION
PATIENTS ET METHODES
I-Méthodologie
1-Type d’étude
2-Lieu de l’étude
3-Durée de l’étude
4-Population
II-Paramètres étudiés
1-Paramètres cliniques et para cliniques
2-Paramètres immunologiques
3-Critères diagnostiques utilisés
III-Analyse statistique
IV- Aspects éthiques
RESULTATS
I-Données sociodémographiques
1- Age
2- Sexe
3- Origine
4-Situation familiale
5-Niveau socio économique
II-Données cliniques
1-Antécédents
2-Manifestations cliniques
A- Circonstances de découverte
B-Délai de consultation
C-Signes cliniques
III- Données des examens para cliniques
1-Bilan biologique
A-Bilan inflammatoire
B-Bilan hématologique
C-Bilan rénal
2-Bilan radiologique
A-Atteintes articulaires
B- Atteintes neurologiques
C- Atteintes cardio-respiratoires
3-Exploration glandulaire
A-Exploration des glandes lacrymales
B-Exploration du syndrome sec buccal
4-Autres bilans
IV- SGS primitif et secondaire
V-Bilan immunologique
1-Résultats globaux des auto-anticorps
2-Auto-anticorps et formes cliniques
3-Auto-anticorps et SGS primitif
4-Auto-anticorps et SGS secondaire
5-Auto-anticorps et critères diagnostiques
6-Autoanticorps et formes évolutives
A-A cours terme
B-A moyen terme
C-A long terme
DISCUSSION
I-Historique
II-Physiopathologie
III-Données épidémiologiques
IV- Expression clinico paraclinique
1-Manifestations glandulaires
2-Manifestations extra-glandulaires
V-Pathologies associées
VI-Critères diagnostiques
VII- Evolution et pronostic
CONCLUSION 

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