Aspects épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques des pathologies bucco-dentaires chez les enfants
Généralités sur les pathologies bucco-dentaires et les indications de l’anesthésie générale chez l’enfant.
Pathologies bucco-dentaires
Pathologies infectieuses
Les pathologies infectieuses les plus fréquemment rencontrées sont : la carie dentaire et ses complications les ostéites maxillaires les parodontopathies Dans les pathologies infectieuses la carie dentaire constitue la première affection infectieuse bucco-dentaire touchant les enfants. Il s’agit d’une maladie infectieuse chronique à évolution centripète au cours de laquelle différents facteurs interagissent pour provoquer l’altération des tissus dentaires et évoluant vers la formation d’une cavité [16]. La carie dentaire est considérée comme le 4e fléau mondial derrière les cancers, les maladies cardiovasculaires et le SIDA selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) [47]. Selon Kônig, l’apparition du processus carieux nécessite l’association de quatre facteurs: les bactéries, les substrats, l’hôte et le temps (figure 1) [35]. Figure 1: Schéma de Keyes modifié par Kônig en 1967 [26]. 4 L’acidité de la cavité buccale provoque la déminéralisation de la dent qui va par la suite donner une carie. En l’absence de soins ou de traitements adaptés, la carie va évoluer vers la pulpite puis la nécrose pulpaire avec des micro-organismes qui vont diffuser vers l’endodonte. Les complications pouvant en découler sont d’ordre : locale : avec des abcès, granulomes, kystes et des fistules ; régionale : les phlegmons, les cellulites (figure 2), les ostéites et les sinusites ; générale : les thrombophlébites crânio-faciales, les ostéomyélites, les endocardites infectieuses et la septicémie. Figure 2: Cellulite génienne haute avec œdème palpébral chez un enfant âgé de 12 ans
Pathologies traumatiques
Les pathologies traumatiques les plus fréquemment rencontrées chez l’enfant sont les traumatismes maxillo-faciaux [10]. Dans la cavité buccale, les structures les plus touchées par ces traumatismes sont les dents, les tissus parodontaux, les tissus mous mais surtout les bases osseuses maxillo-mandibulaires [9, 24]. Les traumatismes de la face sont fréquents chez l’enfant et les étiologies sont diverses [46]. La prévalence des traumatismes dentaires est d’environ 20 %, par contre celle maxillo-mandibulaire est comprise entre 15 et 20% [13, 14]. Ces traumatismes entrainent le plus souvent des fractures pouvant toucher en plus des dents, les bases osseuses maxillo-mandibulaires (figure 3) [10]. Figure 3: TDM montrant une fracture au niveau de l’angle de la mandibule du côté droit chez un enfant âgé de 8 ans [19]. La prise en charge de ces traumatismes surtout celle mandibulaire, parfois complexe du fait de la présence des germes des dents permanentes, peut se faire par cerclage péri-mandibulaire (figure 4) [19]. 6 Figure 4 : Cerclage péri-mandibulaire chez un enfant âgé de 8 ans [19]. La prise en charge de ces fractures maxillo-mandibulaires doit se faire le plutôt possible du fait que pendant cette période les phénomènes d’ostéogenèse vont favoriser la mise en place rapide d’un cal osseux [44]. Des complications peuvent survenir lors des fractures maxillo-manbulaires : troubles respiratoires, par œdème ou hématome du plancher buccal ; glossoptose dans les cas de fracture para-symphysaire ; infection du site de la fracture ; troubles de l’occlusion par consolidation des fragments.
Pathologies tumorales
Le terme de tumeur (synonyme : « néoplasme » ou « néoplasie ») désigne une prolifération cellulaire excessive aboutissant à une masse tissulaire ressemblant plus ou moins au tissu normal homologue (adulte ou embryonnaire), ayant tendance à persister et à croître, témoignant de son autonomie biologique [28]. Ces tumeurs peuvent être bénignes ou malignes. La prise en charge des tumeurs malignes de la cavité buccale sont du ressort du stomatologue et du chirurgien maxillo-facial. Par contre, les tumeurs bénignes sont plus souvent prises en charge par l’odontologiste plus précisément par le chirurgien-dentiste spécialisé en chirurgien buccal. 7 Les lésions bénignes de la cavité buccale peuvent être classées en kystes (pseudotumeurs) et en tumeurs bénignes
Kystes
De nombreuses définitions des kystes ont été proposées ; nous retenons celle de Schear : « un kyste est une cavité pathologique qui présente un contenu liquide, semi-liquide, ou aérique et qui n’est pas créé par l’accumulation de pus [40]. Les kystes peuvent être classés en kystes odontogènes et en kystes non odontogènes [7, 8]. Selon la localisation, on peut décrire des kystes des tissus et les kystes des bases osseuses maxillo-mandibulaires [7, 15]. Les kystes représentent des entités histologiques diverses et variées. Une classification histopathologique à partir de l’étiologie et l’origine tissulaire de la lésion a été proposée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2005 (figure 5) [5]. Figure 5: Classification histo-pathologique des kystes selon l’OMS [5]. Kérato-kyste (primordial) Kyste Dentigère(folliculaire) Kyste éruptif Kyste gingival Kyste Parodontal Latéral Kyste Odontogène calcifié Kyste glandulaire Kyste radiculaire Kyste résiduel Kyste apical et latéral Kyste parodontal Kyste naso-palatin Kyste naso-alvéolaire Kyste mandibulaire médian Kyste globulo-maxillaire Kyste anévrismal Kyste solitaire Kystes épithéliaux Kystes non épithéliaux Odontogènes Non odontogènes Dys-génétique ou lié au développement Inflammatoires 8 Les kystes peuvent également être observés au niveau des tissus mous de la cavité buccale. Ces lésions sont classées dans les tumeurs bénignes glandulaires (tableau I) [5]. Le plus couramment rencontré, chez l’enfant, est le kyste mucoïde (grenouillette) du plancher de la bouche (figure 6) [27]. Figure 6 : Grenouillette du plancher buccal chez un enfant âgé de 13 ans [
Tumeurs bénignes
Les tumeurs sont des néoformations résultant d’une accumulation excessive et anormale de tissus, par l’augmentation du nombre de divisions mitotiques importants. Elles peuvent toucher aussi bien les structures molles que les structures dures (bases maxillo-mandibulaires) de la cavité buccale. Selon la classification de l’OMS plusieurs formes cliniques sont décrites au niveau de la muqueuse buccale (tableau I) .
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