Aspects écologiques et biologique de la grue
couronnée Balearica pavonina pavonina
Parc National des Oiseaux du Djoudj (PNOD)
Description générale
Le Parc National des Oiseaux du Djoudj (PNOD) est situé à l’extrême nord-ouest du Sénégal et contigu au Parc National du Diawling (PND) en Mauritanie (Baldé & Ndiaye, 1994). Il est localisé dans le bas Delta du fleuve Sénégal (Dupuy, 1971), à près de 20 km au nord-ouest de Ross-Béthio et 60 km au nord-est de Saint Louis (Dia et al., 2002). Sa superficie est de 12000 hectares lors de sa création en 1971 puis elle est passée à 16 000 hectares en 1975 (Baldé & Ndiaye, 1994). Une zone tampon de 1 km de large à partir des limites extérieures ceinturant le noyau central du parc à l’exception de sa limite naturelle ouest constituée par le fleuve Sénégal couvre une superficie de 6423 hectares. Cette zone tampon forme avec le noyau central un complexe protégé d’une superficie de 22.423 hectares (DPN, 2017). Les précipitations annuelles sont faibles et varient d’une année à l’autre. L’alimentation en eau de la cuvette du Djoudj est assurée par un système de vannes de deux ouvrages (DPN, 2010) : l’ouvrage du Djoudj et l’ouvrage du canal du Crocodile réalisés dans le cadre des programmes d’aménagements hydroagricoles du Delta du fleuve Sénégal en 1964. A l’heure actuelle huit villages ceinturent le parc (Diouf, 1997): Débi, Tiguet, Diadiam 2 et Kheune dans la zone Nord, Diadiam 1 au sud-est du parc, Fourarate dans la partie nord-est, Rhone et Diadiam 3 dans la zone Sud. La riziculture irriguée est la principale activité dans l’ensemble des villages (Diedhiou, 2017).
Statuts du PNOD
Le PNOD a été inscrit, en juillet 1977, sur la Liste des Zones Humides d’Importance Internationale communément appelées sites Ramsar (Peeters, 1998). En octobre 1981, le PNOD est inscrit sur la Liste des Sites du Patrimoine Mondial par l’UNESCO. Il est également l’un des noyaux centraux de la Réserve de Biosphère Transfrontalière du Delta du Fleuve Sénégal créée en juin 2005 (DPN, 2017). Le Djoudj est aussi une partie intégrante d’une zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO) (Birdlife, 2012).
Communauté biotique Végétation
La dernière étude sur la flore vasculaire du Parc National des Oiseaux du Djoudj a montré la présence de 132 espèces appartenant à 99 genres et 48 familles (Noba et al., 2010). La végétation reflète la faiblesse des précipitations, le tapis herbacé est composé principalement de graminées et de cypéracées dont la répartition des espèces est fonction de la salinité des sols et des conditions d’inondation (Triplet et al., 1995). Dans les zones inondées, on note des peuplements de Typha australis, Sporobolus robustus, Phragmites vulgaris, Nymphea lotus, bien représentés dans les grandes étendues marécageuses du parc (Guissé et al., 2003). Sur les berges des lacs centraux, les espèces dominantes sont Scirpus maritimus, Sporobolus robustus. La galerie forestière à Tamarix senegalensis, Salvadora persica et Acacia nilotica est observée le long des berges des plans d’eau. Salvadora persica, Nitraria retusa, Prosopis juliflora sont présentes sur les dunes de sable. Les plaines d’inondation sont représentées par des communautés de Scirpus littoralis, Scirpus maritimus, Sporobolus robustus, Eleochalis mutata, Cyperus littoralis, Cyprus digitata (DPN, 2010). La faune La faune (DPN, 2017) est composée : -de poissons de la famille des Cichlidae Characidae, Bagridae ; -de reptiles de la famille des Crocodylidae, Varanidae, Pythonidae ; -de mammifères de la famille des Herpestidae, de genre Phacochoerus, Erythrocebus, Canis, Genetta, Civettictis ; -d’oiseaux près de 360 espèces (espèces migratrices du paléarctique occidental et afro tropicales).
Facteurs abiotiques
Le climat du Delta du fleuve Sénégal est semi-aride (Beintema et al., 1995). Les précipitations annuelles sont faibles (généralement entre 250 et 450 mm). Le régime climatique est subdivisé en fonction de trois saisons principales: la saison des pluies, de juin à septembre ; la contre saison froide et sèche, d’octobre à février et la contre saison chaude et sèche, de mars à juin (DPN, 2017). Les deux contre saisons correspondent à la période de migration des oiseaux du paléarctique occidental et de nidification de certains oiseaux d’eau afro-tropicaux. Deux régimes hydrologiques se sont succédé dans le Delta du fleuve Sénégal : le régime naturel caractérisé par deux saisons bien contrastées, la crue d’août à novembre 5 marqué par des eaux abondantes de bonne qualité et la période d’étiage de décembre à juillet avec de faibles débits. Et le régime artificiel résulte de la modification progressive du régime naturel par l’installation d’une digue sur la rive gauche du Fleuve Sénégal en 1964 par l’OMVS. Il se traduit par la régularisation de la crue, le soutien à l’étiage durant la saison sèche, le contrôle des écoulements dans les terres du Delta et leur protection contre les intrusions de la langue salée (DPN, 2017).
Menaces présentes autour du parc
L’empiétement de 22,6% sur la superficie de la zone tampon par la riziculture (figure 1) (Guissé, 2017) noté ces vingt dernières années et le rejet des effluents agricoles dans le parc conduisent à son eutrophisation d’année en année ; ce sont les menaces majeures présentes autour du parc. Figure 1: occupation actuelle de la zone tampon par les surfaces rizicoles
Généralités sur la Grue couronnée
Taxonomie
Les grues appartiennent à l’ordre des Gruiformes, les quinze espèces existant dans le monde appartiennent à la famille des Gruidae qui est divisée en deux sous-familles, les Balearicinae 6 et les Gruinae (Meine & Archibald, 1996). La sous-famille des Balearicinae se caractérise par la huppe dorée au-dessus de leur tête (Olsen, 2009) et présente deux espèces : Balearica pavonina du Sénégal à l’Ethiopie et Balearica regulorum en Afrique de l’est du Kenya jusqu’en Afrique du Sud (Meine & Archibald, 1996 ; Dickson, 2003 in Sané, 2016). B. pavonina présente deux sous espèces Balearica pavonina pavonina fréquente en Afrique de l’Ouest et Balearica pavonina ceciliae abondante au Soudan (Williams et al., 2003). Position systématique Règne : Animal Embranchement : Vertébrés Classe : Oiseaux Ordre : Gruiformes Famille : Gruidae Sous-famille : Balearicinae Genre : Balearica
Morphologie externe de Balearica pavonina pavonina
La grue couronnée noire, est un grand oiseau d’eau (Serle & Morel, 1979 ; Barlow & Dodman, 2015), noir ardoisé et haut sur ses pattes (Serle & Morel, 1979). Au repos (figure 2 a) elle apparait entièrement noire avec de larges taches blanches sur les ailes (Barlow et al., 1999). Au grand miroir blanc de l’aile fait suite une tache jaune, puis l’extrémité marron (Serle & Morel, 1979). Au vol (figure 2 b), le cou et les pattes sont tendus et légèrement inclinés vers le bas (Girard, 2003). La tête est ornée d’une remarquable crête hérissée dorée (figure 2c) (Serle & Morel, 1979; Barlow et al., 1999 ; Gemeda et al., 2016). Balearica. p. pavonina présente des joues (figure 2c) dont la moitié de la face supérieure est blanche, l’autre moitié est rouge (Borrow & Demey, 2004). Le bec est court et noir (Barlow et al., 1999). Les grues couronnées n’ont pas de dimorphisme sexuel apparent (Beilfuss et al., 1996), bien que les mâles soient un peu plus grands (Hoyo et al., 1996). Les plumes de la partie supérieure du corps des poussins sont de couleur rousse et celles de la partie inférieure sont de couleur sable (Barlow & Dodman, 2015).
Introduction |