ASPECTS BOTANIQUES ET PHYSICOCHIMIQUES DES EUPHORBIACEAE
La famille des Euphorbiaceae appartient à l’ordre des Euphorbiales, à la sous classe des Dialypétales et à la classe des Dicotylédones. Cette famille hétérogène est représentée par des arbres, arbustes et des espèces cactiformes. Elle est caractérisée par des carpelles soudés et fermés, des fleurs unisexuées, des fruits généralement tricoques. La famille des Euphorbiaceae est composée de 8 000 à 10 000 espèces (Kerharo J. et Adam J.G., 1974) dont 85 espèces ont été décrites au Sénégal (Berhaut J., 1975). Certaines espèces sont exploitées pour leurs valeurs nutritionnelle et industrielle et d’autres sont utilisées dans la pharmacopée traditionnelle. Jatropha multifida et Euphorbia pulcherima sont utilisés comme plantes ornementales alors que Hevea brasiliensis fournit du caoutchouc. Ricinus communis fournit de l’huile de Ricin et le manioc, Manihot esculenta, est un aliment largement consommé en Afrique.
TRAVAUX ANTERIEURS
De nombreux autres produits naturels ont été isolés de Jatropha integerrima tels que les acides aminés, les stérols, les alcaloïdes et les monoterpènes. La richesse de Jatropha integerrima en produits chimiques divers justifie les nombreuses propriétés biologiques et pharmacologiques. antibactériennes) ont été décrites pour les différentes parties de la plante. Le décocté de la plante entière est proposé dans le traitement des diarrhées et de la dysenterie. L’extrait hydroalcoolique des feuilles et des tiges est actif sur Echerichia coli, Staphylococcus aureus et sur certains parasites tels que le Plasmodium falciparum. Une activité anti-inflammatoire (traitement de brûlure) et une activité coagulante de l’extrait aqueux ont été décrites par Adjanouhoune.
LES CYCLOPEPTIDES NATURELS
Les cyclopeptides naturels sont des composés doués de propriétés biologiques comme antibiotiques, comme toxines, comme hormones mais aussi comme agents de transport ionique (Ovchinnikov et al., 1975). Des travaux antérieurs ont fait apparaître des propriétés cytotoxiques vis-à-vis des cellules tumorales et une activité immunomodulatrice en particulier immunosuppressive. Ces composés sont aussi caractérisés par une diversité de leurs séquences (nature des acides aminés impliqués, taille des cycles, mode d’enchaînement séquentiel) et par une variété de leurs structures tridimensionnelles. Nous allons décrire brièvement les principaux types de cyclopeptides naturels, leur répartition dans les organismes vivants et leurs intérêts biologiques en les classant par la taille du cycle peptidique. Il convient de noter la variété des organismes producteurs, microorganismes bactéries et champignons, plantes, invertébrés terrestres et marins. Les cyclopeptides naturels sont formés selon les organismes producteurs, soit uniquement d’acides aminés protéinogènes donc de la série L, soit d’alternance d’acides aminés D et L, soit encore d’acides aminés non protéinogènes de structures variées.
LES CYCLODIPEPTIDES OU DICETO – 2,5 – PIPERAZINES.
Les cyclopeptides formés de deux acides aminés comportent deux liaisons amides et sont aussi appelés dicéto–2,5-pipérazines. Ils sont souvent biosynthétisés par des champignons filamenteux et dans de nombreux organismes marins (éponges). Ils sont souvent des phytotoxines ou des mycotoxines (Prasar, 1995). La gliotoxine présente dans sa structure un pont disulfure et se caractérise par une diversité de propriétés biologiques : antifongique, antibactérienne, antivirale et immunomodulatrice, mais sa toxicité empêche son utilisation thérapeutique (Waring et al., 1996, Haraguchi et al., 1997). La plupart des cyclotripeptides décrits dans la littérature sont en réalité des cyclopeptides alcaloïdes produits soit par des plantes de la famille des Rhamnaceae comme la frangulanine de Zizyphus lotus, ou d’éponges marines comme l’eurypamide A de Microciona eurypa.
LES CYCLOTETRAPEPTIDES
Un nombre important de phytotoxines fongiques sont des tétrapeptides cycliques. C’est le cas de la tentoxine, peptide cyclique à quatre résidus possédant des acides aminés N- substitués incluant un α, β déshydroamino acide et portant des chaînes latérales alkylées et aromatisées ( Meyer et al., 1975, 1983). Elle est produite par Alternaria tenuis, un champignon phytopathogène responsable de chlorose chez les plantes. Plusieurs cyclopentapeptides ont été extraits des plantes de la famille des Caryophyllaceae et ont fait l’objet d’études biologiques et conformationnelles. Ainsi, la pseudostellarine A, isolée des racines de Pseudostellaria heterophylla, présente une forte activité inhibitrice de la tyrosinase et de la production de mélanine (Morita et al., 1994 a et d). Les ségétalines G et H issues de graines de Vaccaria segetalis sont des peptides présentant une activité œstrogène chez le rat, activité qui est perdue par linéarisation du peptide (Morita et al., 1997). invertébrés marins et les plantes supérieures. Ainsi, des cyclohexapeptides ne comportant que des acides aminés protéinogènes ont été isolés de la famille des Caryophyllaceae et des graines d’Annonaceae. A titre d’exemple nous citerons l’annomuricatine C et le cherimolacyclopeptide A isolés respectivement des graines d’Annona muricata (carosol) et d’A. cherimola (chérimolier). Ces deux composés sont doués d’une activité cytotoxique antitumorale sur les cellules cancéreuses KB. (Wélé et al., 2002, 2005)