Architecture des réseaux étendus
Après avoir réalisé notre première interconnexion, nous pouvons passer à l’étape suivante qui consiste à créer un réseau WAN complet. À l’inverse d’un LAN qui est par essence privé, un WAN nécessite d’emprunter des réseaux publics ou opérateurs qui agissent sous licence octroyée par l’État. À l’inverse de votre LAN sur lequel vous pouvez réaliser des excès de vitesse gratuitement jusqu’au gigabit, la vitesse est limitée à quelques dizaines de mégabits sur les réseaux WAN. Et, plus vous allez vite et loin, plus c’est cher. Il faut donc choisir avec discernement la technologie à utiliser, et déterminer au mieux en fonction de vos besoins et de votre budget la route à emprunter (route départementale, voie rapide, autoroute de l’information avec péage, bretelle d’accès, etc.). Dans ce chapitre, vous apprendrez ainsi : • à choisir un niveau de service opérateur ; • à connaître les technologies d’accès xDSL ; • à estimer la volumétrie générée par vos applications ; • à dimensionner votre réseau WAN. Les solutions disponibles sur le marché Après notre première interconnexion, voilà qu’il faut interconnecter quatre nouveaux sites : Toulouse, Marseille, Strasbourg et Londres. Quels sont alors les moyens mis à notre disposition ? Les infrastructures L’élément de base d’un réseau étendu est la liaison détenue et gérée par un opérateur : France Télécom et Cegetel en France, Deutsche Telekom en Allemagne, MCI et Sprint (pour ne citer qu’eux) aux États-Unis, etc. Une liaison peut être filaire (cuivre ou fibre optique) ou hertzienne (satellites ou émetteurs terrestres). Les liaisons filaires sont obligatoirement point à point, tandis que les liaisons hertziennes peuvent être point à point ou multipoint. Les opérateurs se louent leurs liaisons entre eux. Ils bâtissent leurs propres réseaux basés sur des liaisons qui leur appartiennent et sur d’autres qu’ils louent là où ils ne peuvent pas en construire. La construction de liaisons filaires ou hertziennes requiert, en effet, des autorisations administratives (licences) pour pouvoir poser les câbles à travers des territoires appartenant à chaque État, lancer les satellites, obtenir les fréquences hertziennes et les exploiter commercialement. En France, l’ART (autorité de régulation des télécommunications) est responsable de l’attribution de ces licences aux opérateurs. Depuis peu, la libéralisation du commerce mondial incite à faire sauter les derniers monopoles. Au niveau international, l’organisme qui contrôle les activités télécoms (autorisations, projets internationaux, normes, etc.) est l’ITU (International Telecommunication Union) qui est affilié à l’ONU. Tous les opérateurs nationaux sont membres de l’ITU. La plupart des liaisons internationales sont le fruit d’une coopération entre les opérateurs qui utilisent les bandes passantes proportionnellement à leur participation financière. Certains opérateurs possèdent en propre leurs liaisons internationales, et les louent à d’autres opérateurs.
RÉSEAUX LOCAUX, ÉTENDUS ET INTERSITES
Le terme LAN (Local Area Network) désigne les réseaux locaux, dont le principal représentant est Ethernet. Le terme WAN (Wide Area Network) désigne les réseaux étendus dont les représentants les plus répandus sont les LS, Frame Relay et ATM. On désignera par réseau intersite un réseau d’interconnexion de réseaux locaux reposant sur un réseau étendu et des routeurs qui réalisent l’interface entre les LAN et le WAN. © Éditions Eyrolles Architecture des réseaux étendus CHAPITRE 9 165 Les réseaux opérateurs À partir des liaisons qui lui appartiennent en propre ou qu’il loue, un opérateur crée un ou plusieurs réseaux interconnectant ses sites. Ces liaisons se terminent par des multiplexeurs et des commutateurs (Frame-Relay, ATM, SDH ou propriétaires). L’opérateur propose ensuite à ses clients de partager son réseau en leur revendant de la bande passante et en leur proposant un service d’exploitation. Une entreprise désirant interconnecter ses sites, ou un particulier désirant communiquer à distance (téléphoner, se connecter à l’Internet ou à son intranet, etc.) devra obligatoirement faire appel aux services d’un opérateur. Le premier de ces réseaux est historiquement le RTC (ou réseau téléphonique commuté) qui permet aux entreprises et aux particuliers de communiquer par téléphone moyennant un abonnement et une facturation à la durée. Le second type qui est apparu est la LS (ligne spécialisée, encore appelée ligne louée), qui permet aux entreprises d’interconnecter leurs sites moyennant un abonnement mensuel dont le coût dépend du débit utilisé et de la distance. L’accès au réseau Les sites et les liaisons qui constituent le réseau de l’opérateur peuvent être plus ou moins nombreux, et la zone de couverture de ce réseau peut être plus ou moins étendue. Chaque client doit se raccorder au réseau de l’opérateur via des liaisons d’accès (filaires le plus souvent, ou hertzienne pour le téléphone mobile, par exemple) entre son site et les points d’accès appelés POP (Point Of Presence) de l’opérateur. La liaison d’accès est également appelée desserte locale ou, plus spécifiquement, boucle locale. L’intérêt d’une telle solution est que le POP soit plus près possible du site client afin que la liaison de raccordement, dont le prix dépend du débit et de la distance, coûte le moins cher possible. Le RTC est le réseau opérateur qui dispose du plus important nombre de POP : il s’agit d’un commutateur installé au coin de la rue, dans un immeuble. Mais, pour les autres réseaux, il n’en est pas de même. Par exemple, vous avez sans doute consulté les zones de couverture d’Itinéris, de Bouygues Telecom, de SFR, etc. L’opérateur installe toujours un équipement d’extrémité, appelé CPE (Customer Premises Equipment), dans les locaux du client qui permet de gérer la liaison d’accès. Il s’agit, par exemple, d’un modem, d’un commutateur, etc., selon le niveau de service fourni. Les services proposés par les opérateurs L’opérateur propose à ses clients d’utiliser son réseau en leur revendant de la bande passante ainsi que différents niveaux de service d’exploitation. À la diversité des technologies s’ajoute le maquis des services proposés, l’habillage commercial en quelque sorte. Bien qu’il en existe de nombreuses variantes, on trouve principalement trois types de services. © Éditions Eyrolles Interconnecter ses réseaux 166166 Niveau de prestation Description technique Service fourni Exemples 1. Fourniture du support de transmission brut (couche physique) Liaisons (le plus souvent point à point) pour créer un réseau privé Support client de la liaison Lignes spécialisées, liaisons VSAT 2. Réseau fédérateur (couches physique et liaison) Création d’un réseau privé (le plus souvent multipoint) audessus de l’infrastructure opérateur Réseau fourni et exploité par l’opérateur + support client Réseau ATM, Frame-Relay ; accès à l’Internet 3. Service à valeur ajouté (couches physique, liaison et réseau) Support de transmission + réseau fédérateur + équipements terminaux (routeur, téléphone, etc.) Réseau de bout en bout (jusque dans le site du client) fourni et exploité par l’opérateur RTC, RNIS, interconnexion de LAN, accès à l’Internet Le service de niveau 1 permet aux clients de disposer du support de transmission qui leur est fourni : ils peuvent installer des multiplexeurs, des commutateurs ATM ou Frame-Relay, des routeurs, etc. pour transmettre des données, de la voix ou de la vidéo. Figure 9-1. Service opérateur de niveau 1 – lignes spécialisées. Le service de niveau 2 consiste à profiter de l’infrastructure réseau de l’opérateur, qui est vu comme un nuage (un réseau multipoint), sur lequel les sites du client sont raccordés via des liaisons locales et les POP. Le service de niveau 3 est un service complet : l’opérateur propose un service clé en main via un réseau quelconque, avec les moyens et les technologies qu’il souhaite. Le client ne voit que le service : téléphone, interconnexion de réseaux locaux, etc