Approche theorique du role de l’education dans la croissance economique

Actuellement, la croissance économique est considérée comme l’un des phénomènes passionnants de la macroéconomie. Tous les pays cherchent un taux de croissance élevé car un niveau de bien-être élevé est conditionné par une croissance économique. Or, cette croissance économique est conditionnée par plusieurs facteurs. Les facteurs principaux de croissance sont le travail, le capital. Dans le modèle de Solow, ces deux facteurs sont substituables ; tandis que dans l’analyse de Harrod et Domar, ils sont complémentaires. Toutefois, des travaux empiriques ont montré que ces deux facteurs ne peuvent pas expliquer complétement la croissance économique mais il existe des facteurs résiduels. Ces derniers jouent et joueront un rôle important dans l’explication de la croissance économique. De nombreux travaux tentaient d’expliquer ces facteurs résiduels et on a constaté que ce sont des facteurs endogènes à la croissance économique, d’où la théorie de la croissance endogène.

Le modèle de croissance endogène intègre d’autres facteurs autres que le capital et le travail. Ce sont le capital humain, la recherche-développement, la dépense publique, l’apprentissage par l’expérience. Les travaux de Schultz et Becker ont montré que le capital humain tient un grand rôle dans la croissance économique. Becker a expliqué que la différence de rémunération entre deux agents est expliquée par l’écart d’accumulation de capital humain. L’individu mieux formé gagne plus qu’un individu moins formé pour un même travail. L’éducation est donc un facteur important de la croissance. D’où le choix du thème de ce mémoire : LE SAVOIR COMME UN FACTEUR DE CROISSANCE ECONOMIQUE. Ainsi, la problématique suivant se pose : L’éducation peut-elle être considérée comme un facteur de croissance économique de long terme pour Madagascar ?

GENERALITES

Notion de croissance économique

Les pays qui présentent des meilleurs indicateurs de bien-être et de développement sont ceux qui présentent les meilleures performances en termes de croissance. « La croissance économique est un processus quantitatif qui se traduit par une augmentation, au cours d’une longue période, d’un indicateur représentatif de la production de richesses d’un pays, le plus souvent le PIB en volume, voire le PNB » . La croissance est donc une augmentation du PIB réel d’une nation d’une année à l’autre. Toutefois, on parle d’expansion économique dans le cas d’une augmentation de courte période. C’est donc un concept quantitatif et monétaire. Elle est mesurée par le taux de variation du PIB. Ce dernier totalise en particulier la valeur ajoutée par les entreprises au cours d’une année sur le territoire national. En outre, Perroux a défini la croissance comme une « accroissement durable de la dimension d’une unité économique, simple ou complexe, réalisé dans des changement de structure et éventuellement de système, et accompagné de progrès économique variable » .

La croissance économique est une condition nécessaire à l’amélioration du niveau de vie de la population. En effet, le pays doit, avant tout, produire des biens et services et de les faire vendre au marché. Ensuite, l’argent reçu après permet à la population de consommer, d’épargner ou d’investir pour préparer la production suivante. Donc, la croissance du revenu par habitant est une condition première à l’amélioration de la vie de la population.

Notion de développement

La croissance n’est pas à confondre avec le développement. Ce dernier se défini comme « un processus qualitatif de transformation des structures économiques, sociales et mentales qui accompagne et favorise la croissance économique » . La croissance économique suppose un accroissement du PIB réel qui est quantitatif mais le développement tient compte des aspects qualitatifs de la vie tels que le revenu individuel, le niveau d’instruction, la santé, les droits et libertés fondamentales, etc. le développement est mesuré par l’Indicateur du Développement Humain (IDH) élaboré par le PNUD depuis 1990. Il comprend trois axes :

❖ Revenu par tête qui est mesuré par le PIB/habitant (valeur du PIB divisée par le nombre de population)
❖ Santé qui est mesurée par l’Esperance de vie à la naissance de la population
❖ Education qui est mesurée par le niveau d’instruction de la population .

Il faut remarquer qu’il existe d’autres indicateurs du développement comme l’indicateur de la pauvreté humaine (IPH), l’indice sexo du développement humain (ISDH), l’indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) .

Le développement possède des facteurs quantitatifs et qualitatifs permettant au changement de la population :

❖ Facteur démographique : le développement est réalisé au plan démographique quand on assiste à un bon planning familial de la part des ménages.
❖ Facteur économique : le développement au plan économique suppose une amélioration du processus de production et la réalisation d’une croissance forte et soutenue du PIB réel. On assiste aussi à une bonne répartition du revenu.
❖ Facteur socio-culturel : le développement estime également un épanouissement intellectuel et culturel. Il faut donc investir dans l’homme en s’appuyant sur l’éducation et la santé.
❖ Facteur politico-juridique : le développement requiert aussi la garantie et la protection des droits et de la jouissance des libertés fondamentales (exemple : droit d’exprimer sur l’avenir de son pays).

Les déterminants de la croissance économique

Bassanini et Scarpetta (2001) ont distingué plusieurs déterminants de la croissance économique pour les pays de l’OCDE. Ces déterminants sont les suivant :

1) Accumulation de capital physique
Dans toutes les économies à division de travail, pour avoir une production, le problème se réside dans la mobilisation du travail pour avoir ce produit. D’après la théorie d’Adam Smith, c’est l’accumulation du capital qui est le facteur mobilisateur du facteur travail. En effet, l’accumulation de profit de la part du capitaliste devient un investissement. Ensuite, un nouveau recrutement apparait, d’où le travail est mobilisé. En outre, accumulation de capital physique veut dire investissement. C’est à partir de l’investissement qu’on va augmenter le niveau de production et de réduire le chômage. Cet investissement passe par l’industrialisation et ce dernier est un facteur de la croissance économique. Plus précisément, « le développement passe par l’industrialisation » . L’industrialisation entraine des externalités positives telles que la création d’emploi, urbanisation, éclairage, routes.

2) Accumulation de capital humain
L’accumulation du capital humain permet d’accroître la productivité des travailleurs, en améliorant leurs aptitudes à utiliser les technologies disponibles . Un employé qui a beaucoup plus de stock de capital humain possède un niveau de productivité élevé que ce qui en a moins. Le capital humain est constitué par le niveau de l’éducation, la formation et la santé. En effet, un travailleur en bonne santé produit plus. Mais ici, nous allons se focaliser dans le domaine de l’éducation. En outre, l’éducation et la recherche sont facteurs de croissance dans tous les pays quel que soit leur niveau de développement technologique . En effet, dans les pays riches, l’éducation augmente l’offre de chercheurs qui va diminuer les coûts des recherches. Dans les pays en voie de développement, ou plus précisément les pays à faible développement technologique, l’éducation facilite l’adoption de nouvelles technologies. Enfin, dans la théorie de la destruction-créatrice de Schumpeter, l’adoption de nouvelles méthodes de production nécessite un niveau d’éducation élevé.

3) Recherche-Développement
La théorie malthusienne stipule la production croit d’une manière arithmétique alors que la population augmente d’une manière géométrique (de raison 2). Donc, la production ne peut assurer l’alimentation de la population. Or, Schumpeter et sa théorie de destruction-créatrice, fausse cette idée. En effet, on peut trouver d’autres méthodes plus performantes pour accroitre la production. On recourt donc à l’économie d’échelle. La Recherche-Développement (R-D) permet l’apparition de nouveaux produits et de nouvelles méthodes et elle est une principale source de changement technique. Selon la définition de Frascati (OCDE, 1993, p. 29), « la recherche et le développement expérimental (R-D) englobent les travaux de création entrepris de façon systématique en vue d’accroitre la somme des connaissances, y compris la connaissance de l’homme, de la culture et de la société, ainsi que l’utilisation de cette somme de connaissance pour de nouvelles applications ». Il existe différents types de R-D. D’abord, la R-D réalisée par les entreprises aboutit à la création de nouveaux biens et services, à une amélioration de la qualité de la production et à de nouvelles méthodes de production. Ensuite, la recherche publique et celle effectuée des universités possèdent des impacts sur le niveau de la connaissance scientifique et sur les missions de l’Etat. Elles engendrent un savoir de base. Enfin, les connaissances étrangères constituent une troisième source de technologie. L’économie nationale doit s’adapter à ces nouvelles technologies et il faut un niveau d’éducation et de savoir assez élevé.

4) Politique macroéconomique
Si on se place dans une économie fermée, la courbe IS-LM donne une information sur l’impact des politiques macroéconomiques sue la croissance économique. En effet, une politique budgétaire accroit le niveau de la production et le taux d’intérêt. Une politique monétaire fait augmenter le niveau de la production et diminue le taux d’intérêt. Si on se place dans une économie ouverte, cet impact dépend du régime de change utilisé si on fait référence au modèle de Mundell-Flemming. En effet, dans un régime de change fixe, une politique budgétaire est efficace pour la croissance et une politique monétaire est opérante dans un régime de change flexible.

5) Développement du secteur financier
Schumpeter, dans son ouvrage « La Théorie de l’évolution économique », a souligné que le crédit sert le développement industriel et c’est une condition primitive à la création et au développement de l’innovation et donc à la croissance économique . Le lien entre finance et croissance économique a été analysé en détail notamment dans les travaux de Goldsmith (1969) et McKinnon (1973), (Turunç, 1999). Le secteur financier joue un rôle important dans le processus de la croissance économique. Toutefois, il peut être limité dans un contexte de répression financière. D’où, il faut libéraliser se secteur dans l’objectif de soutien de la croissance du taux d’épargne et ce d’investissement ainsi que d’améliorer l’efficacité du capital. En prenant un échantillon de 78 pays, Zarrouk (2006) a montré que l’ouverture du compte capital affecte positivement le développement financier. Par ailleurs, il existe une forte relation entre le développement du secteur financier et la croissance économique.

6) Commerce international
Selon le principe de l’avantage comparatif de Ricardo, chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production d’un bien où il possède un avantage comparatif. Hecksher-Ohlin aussi ont stipulé qu’un pays a intérêt à exporter des biens en fonction de sa dotation factorielle. En effet, si un pays est mieux doté en capital, il vaut mieux que ce pays exporte des produits finis. Abdeljabbar et Hanchane (2004) ont conclu que l’ouverture des pays en voie de développement possède globalement un effet positif et significatif sur leur croissance économique. Donc, l’ouverture permet aux pays pauvres d’accéder aux savoirs et aux connaissances étrangères.

On remarque tout de suite que ces déterminants de la croissance économique sont des facteurs économiques. Or, il existe des facteurs non-économiques à la croissance économique. Pour ces facteurs, nous allons prendre comme référence Denise FLOUZAT.

7) Facteurs juridiques et sociaux
La réalisation des déterminants économiques de la croissance nécessite une règle juridique rationnelle pour faire marcher les échanges. Par exemple, la circulation de la monnaie nécessite une loi qui la règle. En effet, la monnaie est une institution et les effets de sa mal circulation sont néfastes tels que l’inflation, l’illusion monétaire. C’est pourquoi, par exemple à Madagascar que « la loi punit de travaux de forces à perpétuité tout contrefacteur de monnaie ». L’action d’entreprendre sollicite aussi un travail libre et ouvert. Par exemple, « l’esclavage a constitué pendant longtemps l’obstacle essentiel aux applications économiques des découvertes scientifiques » . La croissance économique aussi suppose une mobilité du facteur travail (comme dans les hypothèses de la concurrence pure et parfaite). Un travailleur doit utiliser tous ces capacités de production. Ces idées nous amènent à dire que la corruption est un blocage à la croissance économique.

8) Facteurs politiques
L’instabilité politique bloque les investissements, donc la croissance économique. L’Afrique noire surtout souffre de cette instabilité politique. En effet, les coups d’Etat sont fréquents dans ces pays et les investisseurs partent. En outre, le régime politique en place importe beaucoup dans la croissance économique. Par exemple, dans un régime plus démocratique, la liberté d’entreprendre s’impose beaucoup, d’où laisser faire laisser aller.

9) Facteurs culturels
« Les facteurs culturels englobent le système des valeurs, c’est-à-dire les attitudes à l’égard de l’économie, du progrès technique, des doctrines politiques et religieuses » . La définition de l’OCDE stipule que la culture est « un système d’attitudes, de valeurs et de connaissance commun à un grand nombre au sein d’une société et transmis de générations en générations ». Il existe donc des cultures avec lesquelles on peut développer un pays. Par exemple, le protestantisme encourage l’accumulation de capital. En outre, le Confucianisme incite les parents à envoyer leurs enfants à l’école.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE DU ROLE DE L’EDUCATION DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE
CHAPITRE 1 : GENERALITES
CHAPITRE 2 : APPROCHE ECONOMIQUE DE L’EDUCATION
CHAPITRE 3 ROLE DE L’EDUCATION DANS LA CROISSANCE SELON LES LITTERATURES ECONOMIQUES
PARTIE II : ANALYSE COMPARATIVE DU ROLE DE L’EDUCATION
CHAPITRE 1 : ROLE DE L’EDUCATION DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE DANS QUELQUES PAYS : COREE, SINGAPOUR, ALGERIE ET AFRIQUE du SUD
CHAPITRE 2 : ROLE DE L’EDUCATION A MADAGASCAR
CHAPITRE 3 : RECOMMANDATIONS
CONCLUSION

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