APPROCHE SYSTEMIQUE DE LA DIMENSION SOCIOCULTURELLE
Nous avons exposé dans la 1e partie plusieurs approches de la culture. Dans ce chapitre et à partir de la comparaison des approches exposées par les différents auteurs, nous allons présenter une nouvelle approche qui est la conjonction de deux modèles : le modèle systémique et le modèle des niveaux logiques. Nous allons démontrer à cet effet que les dimensions socioculturelles sont modélisables et constituent un système culturel selon l’approche de Le Moigne. Mais l’incomplétude de ce modèle pour pouvoir agir nécessite une approche complémentaire. Nous allons donc compléter cette modélisation par le modèle des niveaux logiques qui nous donnera une nouvelle définition de la culture. L’approche systémique de la dimension socioculturelle et le modèle des niveaux logiques nous permettent de dégager des principes pour prendre en compte le contexte socioculturel dans la conduite du changement par la qualité. Nous allons pour notre part présenter une nouvelle approche : l’approche systémique de la culture. A cet effet, nous allons passer en revue la définition ontologique de la culture, la définition fonctionnelle de la culture, la définition génétique de la culture, la définition contextuelle de la culture et la définition téléologique de la culture. Il s’agit bien d’une approche systémique de la culture. Chaque dimension culturelle est modélisable suivant les pôles systémiques. Nous avons par ailleurs démontré dans la 1e partie que le contexte socioculturel est un système complexe. Nous allons présenter les définitions systémiques de la culture et faire ressortir des principes d’action pour prendre en compte la dimension socioculturelle.
Culture et niveaux logiques
[THEVENET et VACHETTE ont travaillé sur la logique d’acteurs. Pour ces auteurs, « En recherchant les logiques des acteurs au-delà de leurs comportements et attitudes, on évite les risques de contradiction ou d’incompatibilité que chacune des approches individuelles ou collectives révèle ». [THEVENET et VACHETTE, 1992, p 193] Toujours pour ces auteurs, « Les logiques d’acteurs invitent à se préoccuper du sens des comportements dans le contexte de l’entreprise…. Bien entendu, c’est le souci de maîtriser les comportements qui conduit à s’interroger sur les logiques d’acteurs mais ce n’est pas là leur seul intérêt. La communication ne peut s’aborder qu’à travers les logiques d’acteurs : ce qui correspond à ce que BATESON et l’école de Palo Alto appellent les types logiques ». [THEVENET et VACHETTE, 1992, p 194] Gregory Bateson de l’école de Palo Alto a identifié les différents niveaux d’apprentissage et de changement. Chacun, plus abstrait que le précédent, a un plus grand impact sur l’individu [DILTS, 1995, p. 83]. Il a mis en lumière les niveaux logiques de la pensée et leur mécanisme. Ces niveaux formalisés par DILTS sont au nombre de cinq : le contexte, le comportement, les capacités, les croyances et valeurs et l’identité.
Nous avons vu que le concept de méta système et de niveau d’organisation nous a permis d’organiser notre système en niveaux fonctionnels. GENELOT précise que « certaines dualités ne peuvent être tranchées qu’en recourant à des considérations de niveau supérieur ». [GENELOT, 1992, p. page 140]. GENELOT retrouve dans ce constat la même idée que celle du théorème de GODEL: « Un système formel ne peut pas trouver en lui-même à la fois sa complétude et sa cohérence ». [GENELOT, 1992, p. 140]. En d’autres termes, dans l’organisation pratique, des incohérences ne peuvent être dépassées qu’en changeant de niveau logique. Pour WATZLAWICK de l’école de Palo Alto, « Un axiome essentiel de la théorie des types logiques est que « ce qui comprend tous les membres d’une collection ne peut être un membre de la collection »26 [WATZLAWICK, 1981, p 24]. Cet auteur tire deux conclusions importantes des postulats de la théorie des types logiques : d’abord, « les niveaux logiques doivent être rigoureusement séparés si l’on ne veut pas tomber dans le paradoxe et la confusion ». Ensuite, « le passage d’un niveau au niveau supérieur comporte une mutation, un saut, une discontinuité, une transformation- en mot un changement- du plus grand intérêt théorique et de la plus haute importance pratique, car il permet de sortir du système ». [WATZLAWICK, 1981 p 28]. Par ailleurs, sur la base des travaux de Bateson, Robert DILTS a formalisé ces différents niveaux logiques. Il en ressort que la fonction d’un niveau logique est d’organiser les niveaux inférieurs. Un changement effectué à un niveau donné aura de l’influence sur tous les niveaux inférieurs. Il est donc difficile de résoudre un problème au niveau où il a été créé. L’intervention est plus efficace au niveau supérieur.