Approche holiste en santé
L’ origine du terme «holisme» est attribuée à Jan Christiaan Smuts qui publia un traité «Holism and Evolution» en 1926. Il décrit l’holisme comme étant «the principle witch makes for the origin and progress of wholes in the universe.» (Sarkis, Skoner,1987, p. 62; voir Smuts, 1926). Pour Smuts, chaque être vivant possède une organisation interne, un sens d’auto-direction et un caractère qui lui est propre. Plusieurs auteurs de toutes les disciplines ont écrit sur l’approche holiste. Citons entre autres, Rosnay en biologie, Capra en sciences physiques, Watzlawick en communication, Maslow et Erickson en psychologie, Brunner et Miller en éducation. Nous voyons donc que l’approche holiste ne s’applique pas que dans le domaine de la santé et que des spécialistes de plusieurs disciplines s’y sont intéressés. Selon les auteurs ayant décrit l’approche holiste, l’individu est vu comme un tout indissociable plus grand que la somme de ses parties lesquelles sont en interaction les unes avec les autres et en constante relation avec 1′ environnement. Robert ( 1990) dit :
L’ approche holiste reconnaît l’humain comme un être multidimensionnel et dynamique situé au coeur d’un réseau d’interrelations dont la qualité d’énergie varie depuis la matière visible jusqu’aux vibrations les plus pures. Elle incite aussi à croire aux capacités d’auto-régulation et d’auto-guérison de chaque individu. (p. 30).
Ce concept d’énergie se retrouve dans les écrits de plusieurs auteures de soins infinniers (Bradley (1987), Holmes (1986), Johnson (1990), Krieger, (1981), Lévesque (1984), Newbeck (1986), Newman (1987), Poletti (1980), Robert (1991), Rodgers (1970), Sarkis (1987), Skoner (1987), Snyder (1985), Potvin (1993), etc … ). Elles voient cette composante énergétique comme étant une caractéristique de l’individu et certaines parlent de «champs d’énergie» (Bradley,1987; Lévesque,1984). Par exemple, Lévesque (1984, p. 17) dit que «chaque organisme vivant constitue une entité physique, un système de champs d’énergie en interaction constante avec l’environnement.»
Dans le domaine de la santé, la conception occidentale de la science souvent associée au réductionnisme s’est traduite par ce que beaucoup d’auteurs nomment le modèle médical ou biomédical qualifié très souvent de «mécaniste». Pour les tenants de cette approche, la santé est avant tout l’absence de maladie. La maladie correspond à un débalancement, un déséquilibre, qui provient d’agents internes ou externes. Les professionnels dont la pratique s’inspire de ce modèle ont pour objectif de guérir la maladie -to cure-. lls sont l’autorité, la compétence en matière de santé et utilisent une technologie avancée tant sur le plan de l’investigation que sur celui du traitement. Les relations entre soignant et soigné demeurent habituellement neutres et elles sont souvent hiérarchisées.
En opposition, l’approche ho liste voit la santé comme «une valeur positive et comme un état de bien-être résultant d’un équilibre entre les forces positives et négatives de l’individu et de son environnement.» (Leclerc, Rousseau, 1990, p. 51). La maladie n’est pas seulement un ennemi à combattre, elle est aussi vue comme une période de croissance, de connaissance de soi et quelquefois, elle devient le déclencheur de changements importants dans la vie de l’individu (comportements, habitudes de vie). Les professionnels qui se réclament de l’approche holiste se voient comme des partenaires thérapeutiques; ils croient en la responsabilité de l’individu par rapport à sa santé et s’attendent à ce qu’il s’engage dans le processus de guérison. L’expérience de la maladie étant vue comme une étape de croissance, l’individu sera appelé à élargir son champ de conscience, d’ailleurs, certaines auteures de soins infirmiers dont Newbeck et Sarter font de l’élévation de la conscience le but des soins infirmiers.
Approche ho liste en santé et approche globale de la santé
Lambert (1990, p. 83) dit que «les épithètes globale, systémique, holistique et holiste sont fréquemment utilisées pour nommer ce nouveau paradigme. D’aucuns utilisent de façon interchangeable les expressions globale et holiste ». La revue des écrits nous a permis de constater qu’effectivement plusieurs auteurs utilisent les expressions approche globale et approche holiste de façon interchangeable mais les auteurs ne qualifient pas tous l’approche globale de la santé d’approche holiste en santé. Certains établissent une distinction entre approches et modèles de santé alors que d’autres distinguent clairement approche globale de la santé et approche holiste en santé.
Mais d’abord, qu’est-ce que l’approche globale de la santé? Selon les auteurs q4i se sont exprimés sur cette approche, celle-ci consiste. en une nouvelle vision de la santé. Elle se veut une conception de la santé comme étant un aspect de la vie courante, une dimension essentielle de notre qualité de vie. Envisagée sous cet angle, la qualité de vie suppose la possibilité de faire des choix et d’avoir un certain plaisir à vivre. La santé devient alors une ressource permettant aux gens d’exploiter leur environnement et même de le modifier. Considérer la santé selon cette perspective, c’est admettre la liberté de choix et souligner le rôle des individus et des collectivités lorsqu’il s’agit de définir le sens que la santé peut avoir pour eux.
La santé n’est donc plus évaluée qu’en termes de morbidité ou de mortalité mais elle devient un état que les individus et les collectivités cherchent à atteindre, à conserver ou récupérer. La santé est une force fondamentale et dynamique de notre vie quotidienne, elle est influencée par notre situation, nos croyances, notre culture et notre milieu social, économique et physique. L’individu a un pouvoir beaucoup plus grand en ce sens qu’il devient agent de sa propre santé et il en est le premier responsable. C’est alors que l’individu pourra choisir les interventions qu’il croit les plus efficaces lors d’une perte d’équilibre ou d’harmonie. Les outils complémentaires de soins seront alors des alternatives possibles pour compléter ou même remplacer des interventions plus traditionnelles. lls font partie d’un éventail de possibilités offertes à l’individu qui a besoin d’aide en raison d’un déséquilibre au niveau de sa santé. De plus, les individus peuvent unir leurs forces pour agir de façon collective dans le but d’améliorer la qualité de vie en intervenant sur des facteurs précis de leur environnement. L’approche globale de la santé suppose que l’individu prend en charge sa santé et qu’il adopte des comportements conformes aux règles de santé.
Plusieurs auteurs dont Aakster croient que 1′ approche giobale de la santé a donné naissance à deux modèles de santé différents l’un de l’autre: le modèle biopsychosocial -quelquefois appelé modèle écologique de la santé- et le modèle holiste. Ces auteurs voient le modèle holiste comme étant évolutionniste par rapport au modèle biopsychosocial. Toutefois, les deux modèles s’inspireraient des croyances et valeurs d’une approche globale de la santé.
Le modèle biopsychosocial concorde tout à fait avec les’fondements de l’approche globale de la santé. En fait, il découle des croyances et valeurs d’une approche globale qui est vue comme intégratrice.
En effet, il reconnaît la globalité de l’individu qui est défini comme ayant une composante physique, psychologique et sociale qui sont interreliées entre elles et en relation constante avec l ‘environnement. Le modèle biopsychosocial est aussi en accord avec les valeurs proposées par l’approche globale: responsabilité, autonomie, prise en charge, liberté de choix.
Pour sa part, le modèle holiste reconnaît aussi la globalité de l’individu mais elle le définit différemment. En effet, 1 ‘individu est vu comme un tout indissociable plus grand que la somme de ses parties lesquelles sont en interaction les unes avec les autres et en constante relation avec l’environnement. L’individu est défmi comme «un être multidimensionnel» ou comme «un système vivant dont les composants sont tous interconnectés et interdépendans et ce système fait partie intégrante de systèmes plus vastes». (Capra, 1983, p. 301) Les valeurs véhiculées par cette approche sont entre autres, l’unicité de la personne, responsabilité, autonomie, respect, liberté de choix, égalité, réciprocité, valorisation du contact et des réponses humaines, accueil des émotions.
Selon certains auteurs, le modèle biopsychosocial ainsi que le modèle holiste s’inspirent de l’approche globale de la santé puisqu’ils s’appuient sur les croyances et valeurs de cette approche. Toutefois, Aakster (1986) explique que le modèle holiste est présenté comme une évolution par rapport au modèle biopsychosocial et que ce dernier apparaît comme une transition entre le modèle médical et le modèle holiste.
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