Ce mémoire a pour objectif de contribuer à la caractérisation sédimentologique du membre Masorobe de la formation de Maevarano (Berivotra, Mahajanga) et d‘analyser les relations entre sédimentation, tectonique et paléoenvironnement. Les subdivisions stratigraphiques utilisées dans ce travail correspondent à celles citées dans Krause et al (1997, 1999, 2001, 2003, 2006, 2007) et Rogers et al (2000, 2001, 2007) dont les travaux de recherche ont permis la découverte de nouvelles espèces de Reptiles. Les plus célèbre, et qui ont contribué à donner une renommée internationale à la région de Berivotra sont Majungasaurus, Rapetosaurus, Masiakasaurus (Dinosaures) et Simusuchus (Crocodile herbivore).
Au niveau du membre Masorobe les fossiles sont très peu représentés alors que les dépôts qui lui succèdent sont riches en fossiles de Dinosaures.
HISTORIQUE
Depuis la première découverte d‘ossements dans la formation de Maevarano par DEPERET en 1896, nombreux sont les chercheurs qui ont effectués des fouilles fructueuses dans la région tels BOULE M., 1896 ; PIVETAU J., 1926 et LAVOCAT R., 1955. La définition des différents étages dans le post-Karoo, plus précisément dans le Crétacé continental post-basaltique entre la Mahajamba et le Betsiboka, ont été réalisée par BESAIRIE H. 1972. L‘identification et le catalogage de Vertébrés fossiles récoltés dans le Crétacé supérieur continental de la région de Berivotra dans le bassin de Mahajanga (fouille 1987-1989) ont été réalisées par RAVOAVY F. (1991). Depuis 1993, d‘importantes fouilles et recherches paléontologiques dans la région de Berivotra ont été faites par KRAUSE D. W. et son équipe, dans le cadre d‘une collaboration entre l‘Université d‘Antananarivo (Département de Paléontologie et d‘Anthropologie biologique) et l‘Université de Stony Brook (Departement of Anatomical Sciences). De grands gisements riches en fossiles de Dinosaures, Tortues, Crocodiles…, ont été ainsi mis à jour.
GENERALITES
Contexte général
À la suite de l‘orogenèse panafricaine, le domaine précambrien malgache est resté émergé jusqu‘au Carbonifère, où se dépose des assemblages semblables aux séries du Karoo d‘Afrique Australe. La mise en place de ces séries sédimentaires correspond à une phase de rifting, le ―Rifting Karoo‖, phase initiale de la dislocation du Gondwana, dès le Carbonifère Supérieur et jusqu‘au Jurassique Inférieur. Les séries Karoo se déposent dans deux bassins, le bassin de Mahajanga au Nord et le bassin de Morondava au Sud-Ouest. Toutefois, des intercalations précoces de sédiments marins fossilifères semblent indiquer des incursions marines épisodiques dès les premiers stades du rifting (Piqué A. et al. 1999). Au Jurassique moyen, l‘ouverture océanique se confirme avec des séries sédimentaires franchement marines et l‘individualisation des bassins océaniques de Somalie et du Mozambique. Le développement de ces bassins est ensuite bloqué par l‘initiation du ―Rifting Indo-Malgache‖ au Crétacé Supérieur marquée sur la côte occidentale par un important volcanisme.
Le coulissement de Madagascar et du bloc oriental du Gondwana vers le sud le long de l‘axe transformant subméridien situé à l‘emplacement de la ride de Davie cesse au moment où s‘effectue la séparation Madagascar-lnde (Dyment, 1991, Piqué A. et al. 1999, PGRM, 200). Au Néogène, l‘ensemble de l‘Ile a subit un basculement généralisé vers l‘Est, avec l‘activation d‘anciennes failles subméridiennes en faille normales conduisant à l‘individualisation de petits bassins d‘effondrement (bassin lacustre de l‘Alaotra) isolés à sédimentation terrigène à lacustre dans la masse insulaire (Piqué A. et al. 1999).
Le bassin de Mahajanga
Le bassin de Mahajanga, dont l‘axe est orienté N45–60°E, est situé sur la côte NordOuest de Madagascar. Il est représenté à la base par le groupe Karoo, d‘âge Permo-Trias et Jurassique Inférieur, caractérisé par une sédimentation essentiellement continentale, et un ensemble sus-jacent à dominance marin avec quelques épisodes régressifs, du Jurassique Moyen à l‘Actuel. L‘architecture du bassin Karoo, déduite de l‘analyse de profils sismiques, montre un horst central, orienté NE-SW, bordé par deux sous-bassins.
Le dépôt du Karoo est contrôlé par des failles listriques qui limitent ces sous-structures, tandis que le dépôt des séries sus-jacentes est contemporain de la subsidence d‘ensemble du bassin, basculant alors vers le Nord-Ouest. L‘ouverture du bassin s‘est effectuée en deux étapes :
➥ Permo-triasique et Jurassique Inférieur, qui correspond au stade syn-rift. Elle est marquée par le jeu syn-sédimentaire des accidents cassants et par une subsidence variable d’une zone à l’autre du bassin. Elle dure jusqu’au Jurassique moyen.
➥ Post-rift, qui est marquée par la fin de la sédimentation syn-tectonique.
Les formations sédimentaires se présentent en couches monoclinales à faible pendage incliné vers le Nord-Ouest, allant du Karoo à l‘Actuel.
Les principales structures visibles en surface sont :
❖ Un système de failles bordières longitudinales SSW-NNE, parallèle à l‘allongement du monoclinal. Les failles sont généralement à regard NW et localisée dans la série antéCrétacé :
❖ Quelques failles transversales perpendiculaires à la direction des couches (Hindermeyer J. & al. 1959). Les principaux mouvements épirogéniques dans ce bassin sont:
❖ Un mouvement post-triasique inférieur et anté-Isalo qui mettent en évidence la discordance de l‘Isalo sur le Permo-Trias dans l‘extrême Nord du bassin ;
❖ Un mouvement Cénomanien, prouvé par la discordance cartographique des grès supérieurs continentaux sur les formations sous-jacentes dans la partie ouest du bassin de Mahajanga ;
❖ Des mouvements localisés Post-Crétacés, traduits dans le Nord de la zone littorale du bassin par les discordances du Paléocène sur le Maastrichtien-Danien puis le Lutétien Supérieur sur le Maastrichtien.
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