APPLICATION DE LA DERIVATION NON ENTIERE ET DE L’APPROCHE NON‐ PARETO A LA SEGMENTATION
Dans ce chapitre, nous présentons une méthode de segmentation basée sur une approche multiobjectif non‐Pareto (Nakib, et al., 2006b; Nakib, et al., 2007h; Nakib, et al., 2007g; Nakib, et al., 2007f). Le principe d’un système de segmentation d’images par approche non‐Pareto consiste à segmenter l’image avec plusieurs critères, les uns indépendamment des autres. Ce système de segmentation produit un ensemble de solutions optimales selon chaque critère, dont le cardinal est égal au nombre de critères utilisés (figure 5.1). critères utilisés, nous introduisons en amont un bloc de dérivation non entière. Il nous faut aussi un bloc de sélection de la meilleure solution parmi les p solutions proposées, où p est le nombre de critères. Pour résoudre ce problème et rendre l’algorithme non‐supervisé, nous avons introduit en aval un algorithme de sélection, permettant d’élire la meilleure solution, au sens de la régularité géométrique des images segmentées. Le schéma de l’algorithme complet de segmentation par l’approche non‐Pareto est présenté sur la figure 5.2.Dans l’algorithme, nous avons utilisé la dérivation non‐entière (DNE) sous deux formes discrètes : le cas unidimensionnel défini par Grünwald (Oldham, et al., 1974), et le cas bi‐dimensionnel que nous avons proposé. Dans les sections suivantes, nous allons décrire chaque bloc de cet algorithme. La première section est dédiée au formalisme de la DNE à une dimension (1D), et à son extension aux espaces à deux dimensions (2D). Dans la deuxième section, nous présentons les propriétés d’un histogramme et d’une image dérivés avec un ordre non‐entier. Les deux variantes de l’algorithme, basées sur la DNE‐1D et DNE‐2D, sont détaillées dans la troisième section. L’analyse de l’algorithme, sa comparaison avec d’autres méthodes, ainsi que des exemples de segmentations font l’objet de la quatrième section. Le chapitre se termine par une conclusion.
FORMALISME DE LA DERIVATION NON‐ ENTIERE (DNE)
La théorie de la dérivation non‐entière (dérivée fractionnaire) date des travaux de Leibniz et L’Hospital en 1965. La dérivation d’ordre non‐entier généralise la notion de dérivée d’ordre entier α d’une fonction f(x) par rapport à la variable x à des valeurs non‐entières de α. Lorsque α est négatif,des différentes approches pour définir la DNE figure dans (Oldham, et al., 1974). Au départ, la théorie des dérivées fractionnaires a été considérée comme une branche relevant des mathématiques. Récemment, la DNE a été appliquée dans différents domaines : en automatique, où elle est utilisée pour le calcul d’une commande robuste (Oustaloup, 1996), dans la résolution de problèmes inverses mal posés de transfert thermique (Battaglia, 2001), et dans de nombreux autres domaines, notamment en réseaux de neurones (Ramus, et al., 2002), en traitement d’images pour la détection de contours (Mathieu, et al., 2003) et en traitement de signal (Ferdi, et al., 2000; Nakib, et al., 2002).Lorsqu’un histogramme est différencié avec un ordre α positif, son amplitude est comprimée. Nous avons remarqué qu’avec l’augmentation de l’ordre de 0 vers 1, l’intervalle de variations diminue considérablement. En revanche, dans le cas où la valeur de α s’étend de 0 à ‐1, l’intervalle deAfin d’illustrer l’effet de l’application de la DNE‐2D sur une image, nous considérons l’image test avion de la figure 5.5 (a). Nous représentons les variations des niveaux de gris en les traçant comme une fonction 2D (figure 5.5 (b), (d), (f) et (h)). L’interprétation géométrique est obtenue par l’analyse des variations de niveaux de gris de l’image.
Les filtres DNE‐1D et DNE‐2D n’ont pas de valeurs moyennes nulles (Nakib, et al., 2007f; Nakib, et al., 2007g), ce qui nécessite un moyennage de l’histogramme dans le cas de la DNE‐1D, et de l’image dans le cas de la DNE‐2D. Nous allons décrire les deux algorithmes de segmentation basés sur la DNE‐1D et la DNE‐2D. Ces deux algorithmes reposent sur l’hypothèse d’existence d’une dépendance entre la valeur d’un pixel et les valeurs de ses voisins. Dans cette approche, nous appliquons la DNE‐1D sur l’histogramme de l’image, avec différents ordres de dérivation. Nous partons de l’hypothèse que les différentes classes de niveaux de gris se traduisent par des pics dans l’histogramme. A partir de là, chaque intervalle entre deux pics de l’histogramme est différencié par un ordre (optimal) qui permet de séparer deux classes successives. Les différentes étapes de l’algorithme sont présentées dans l’Algorithme 5.1.Dans la procédure de segmentation globale (Figure 5.2), l’Algorithme 5.1 est exécuté plusieurs fois, et à chaque fois avec un ordre α différent. L’objectif est de trouver l’ordre α optimal, et par là la binarisation optimale recherchée. Il est à préciser que chacun des ordres ne produira pas, certainement, un seuil de segmentation différent. L’ensemble des seuils de segmentation ainsi créés est ensuite traité et réduit par les étages suivants de l’algorithme global. L’étage final de sélection fournira alors le seuil de segmentation optimal recherché en correspondance avec l’ordre optimal de α.