La métropole de Toulouse
À l’image de la région Occitanie, la métropole de Toulouse accueille un tissu associatif et de l’Économie Sociale et Solidaire assez dense. Mes expériences professionnelles et mon exploration du champ des possibles à Toulouse m’ont permis de déceler qu’il existe plusieurs réseaux qui s’entrecroisent. Le Mouvement Associatif Occitanie, fédération de plus de 70 000 associations en Occitanie siège à Toulouse et porte un projet ambitieux : le parcours ADRESS, soutenu financièrement par la métropole. Ce parcours d’accompagnement de porteurs de projet, en lien avec tout le réseau professionnel de l’accompagnement de Toulouse, vise à développer des projets et des activités de l’Économie Sociale et Solidaire. L’association MES Occitanie (Mouvement pour l’Economie Solidaire) (SI9) l’une des têtes de réseau, organise chaque année le Forum Régional de l’Economie Sociale et Solidaire en Occitanie.
Aussi, les toulousain·e·s ont la possibilité de participer à des conférences et des ateliers, de s’essayer à l’innovation et à l’expérimentation de nouvelles praxis personnelles et professionnelles lors de nombreux événements, et dans des Coworkings (espaces de travail partagés et réseaux de travailleurs), et en Tiers-lieux (cf. annexe 4), tel que : Les Halles de la Cartoucherie, le Catalyseur, la Mêlée, le Périscope, les Imaginations Fertiles, la Mijoteuse. Identifiés et soutenus par la métropole, ces Tiers-lieux « … permettent les rencontres informelles et favorisent la créativité issue des interactions sociales, notamment à travers l’ouverture, la flexibilité, la convivialité et l’accessibilité » ( cf. a nnexe 4). Ces lieux et structures permettent principalement d’apprendre, de découvrir, de s’engager, de partager, de s’ouvrir et de se détendre, d’expérimenter, de s’émanciper, de prendre conscience et de retrouver du pouvoir d’agir. ( Pignot & Saez, 2018 ). Enfin, nombreux cafés associatifs et culturels relayent la vie alternative qui se trame à Toulouse. Parmi eux, des restaurants, des bars à jeux et des cafés engagés (L’Astronef, Le Caméléon, L’Itinéraire bis, La Maison blanche, La boite à lutin, La part du Hasard) (SI7). La « Ville Rose » abrite aussi de nombreux événements culturels qui animent la vie locale : Festival international Toulouse les Orgues, Rio Loco, Ciné Latino, Jazz sur son 31, La place de la Danse, Festival International du film d’environnement, Le Marathon des mots, Les Siestes électroniques, Fifigrot , Le printemps du Rire …(SI8). 2 Aussi, la ville de Toulouse est divisée en différents quartiers, qui, eux-mêmes, développent une vie culturelle et des activités qui les différencient. Afin de faire un pas de plus vers l’espace urbain dans lequel la présente recherche prend place, le quartier de Saint-Cyprien sera plus précisément révélé.
Des institutions de référence
Des rassemblements idéologiques de départ aux institutions d’aujourd’hui, l’éducation populaire a évolué avec le temps. Sa définition initiale est complexe et bien plus exhaustive que ce que le paragraphe précédent présente (Besse, Chateigner et Ihaddadene , 2016) ; au fur et à mesure du mouvement, différentes instances se sont précisées, s’organisant et se spécialisant parfois dans le secteur scolaire, périscolaire ou culturel par exemple ( Cortesero , 2012). S’être constituées autour de grands projets communs a permis à ces instances de se maintenir dans le temps, jusqu’à devenir des institutions, référentes aujourd’hui en terme de mise en oeuvre de certaines politiques publiques. Parmi elles on peut citer : les Francas, la Ligue de l’enseignement, Léo Lagrange et les Maisons des Jeunes et de la Culture ; « cet ensemble correspond à ce que le grand public désigne comme le secteur de l’animation » (Besse et al., 2016, p. 14). Il est cependant nécessaire d’ajouter que ces entités, en tant qu’institution de l’éducation populaire sont assez critiquées du fait de leur statut officiel ; elles ne répondent plus principalement à ce qui remonte des individus, des citoyens, mais à ce qui est formulé et identifié par l’état. Leur marge de manoeuvre est donc limitée par les contraintes politiques, et cette éducation populaire politiquement correcte s’apparente plus à de l’animation qu’à de l’éducation populaire à proprement parler. Comme cela a été évoqué lors d’un entretien informel avec un professionnel du secteur de l’éducation populaire (cf. annexe 5), il est possible de sentir que des acteurs en interne souhaiteraient faire plus d’éducation populaire et moins d’animation, mais la professionnalisation du secteur et les contraintes budgétaires notamment liées aux demandes de subventions publiques ne permettent pas toujours à ces entités de mener l’éducation populaire tel que le public pourrait en avoir besoin.
Problématisation
Comme nous l’avons vu, l’éducation populaire est aujourd’hui plutôt une trame de fond pour les instances de référence de l’animation socioculturelle et sa mise en oeuvre n’est plus une évidence. Nonobstant, les acteurs en interne ont toujours le souhait de la faire vivre. A la MJC Roguet, le directeur Bertrand Boillot nous dit qu’il y a une « urgence citoyenne à faire émerger, du corps social, citoyens de bases, des alternatives et des idées pour essayer de passer d’un système à l’autre. » (cf. annexe 6, . 2). Il s’agit pour lui de rester très attentif à tous projets qui pourraient la faire vivre : « on est hyper attentif à tout ce qu’il peut se passer, toutes les initiatives qui peuvent être prises, aux idées qui émergent brassées par des gens qui ne sont pas des professionnels de la politique mais des gens de base et aussi des intellectuels. Il y a tout un mouvement à accompagner de ce côté-là. Socialement, il y a une ébullition. » (cf. annexe 6, p. 2). De cette conscience émerge la nécessité, comme formulée dans le rapport de l’AG de 2018 (cf. annexe 8), d’ « animer des lieux d’expérimentation et d’innovation sociale » dans lesquels sont encouragées « l’initiative, la prise de responsabilité et les pratiques citoyennes ». Cette composante vient s’ajouter aux nouveaux objectifs formulés en 2013, qui visent à réinstaller la MJC comme un acteur clé de la vie du quartier, lui permettre d’être à l’écoute de l’expression citoyenne des habitants, et de susciter des rencontres culturelles et intergénérationnelles. Pour cela elle doit néanmoins faire évoluer l’image que les habitants, associations, et commerçants du quartier ont d’elle. On comprend que le citoyen est au coeur de ce processus, et qu’il s’agit en première intention de toucher un public qui ne se résume pas à ses adhérents, mais plutôt aux habitants et acteurs de son quartier qui auraient le souhait d’expérimenter de nouvelles pratiques citoyennes. Pour le Directeur donc, il s’agit de « Retrouver l’adhésion d’un public qui ne s’inscrit pas seulement à une activité. » (cf. annexe 6, . 2) .
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