Anthropologie de la santé

La sécurité sociale

La sécurité sociale est définie comme l’ensemble des mesures législatives et administratives qui ont pour objet de garantir aux individus et aux familles un revenu de remplacement et de prestations en cas de certains risques, appelés risques sociaux. Ces derniers concernent la maladie, la maternité, l’invalidité, l’accident de travail et le décès. Elle vise, ainsi, à donner à toute la population la même possibilité d’accéder aux services de soins. Ces prestations sont une des formes de l’ « Etat providence » s’inspirant des principes de l’économiste britannique, William Henry BEVERIDGE (1940), et ayant probablement pour effet d’accroître le volume de la consommation globale de biens et de services entre autre les produits sanitaires.
Ce système est une sorte d’assurance, qui s’appuie sur la compensation des risques. Les assurés sont dédommagés grâce aux contributions versées par la collectivité de cotisants. En effet le financement de cette institution s’effectue dans sa très grande majorité, pas moins de 80p.100, par des contributions obligatoires ou cotisations sociales à la charge des cotisants eux même. Un pourcentage déterminé du revenu, dont une partie est à la charge des salariés et une autre des employeurs, est versé à la caisse de la sécurité sociale.
Le financement complémentaire est constitué du total par des subventions de l’Etat, par des impôts et des taxes affectées, par des transferts et enfin par des ressources diverses. Les prestations de sécurité sociale sont de deux sortes : les prestations en espèces, qui sont versées aux bénéficiaires dans le but, soit de compenser une perte de revenus professionnels, du fait de la maladie ou de la cessation définitive d’activité, soit de permettre aux familles d’assurer les frais supplémentaires liées à la venues d’un enfant.

L’évolution de la consommation de la santé

La consommation de la santé ou consommation médicale correspond à l’acquisition de biens et de services médicaux des individus et des ménages. Elle présente la particularité de s’effectuer au moment même de la production des soins médicaux. Aussi production et consommation dans le domaine sanitaire sont-elles sensiblement identiques. Cette consommation est définie par la valeur des biens et des services médicaux qui sont acquis par les ménages en vue de la satisfaction directe des besoins individuels en matière de santé, dont sont généralement :
Les biens et services médicaux, la consommation médicale totale comprend l’acquisition des services médicaux hospitaliers et assimilés : séjour hospitalier, centre de convalescence, séance de consultation (par des médecins, d’infirmières ou de kinésithérapeutes), les analyses, radio, examens effectués etc. ; des services médicaux ambulatoires et des biens médicaux, c’est-à-dire des médicaments, les produits et appareils pharmaceutiques loués ou achetés. Ce premier agrégat est appelé « consommation de soin et de biens médicaux ».
La « consommation de services de médecine préventive » : médecin du travail, médecine scolaire, protection maternelle et infantile, services sanitaires de prévention individualisée : maladie mentale, toxicomanie, alcoolisme…
La consommation médicale des ménages dans les pays développés a progressé très rapidement au cours des trente dernières années. Elle se répercute et s’observe réellement sur l’augmentation de la consommation totale des ménages mais aussi par l’évolution de la dépense nationale. Les raisons de cette croissance de la consommation de soin sont nombreuses. Ce phénomène s’explique en mettant l’accent sur la demande de soins médicaux, d’une part, et sur l’offre, d’une autre part. Les approches soulignant l’importance de la demande sont la mise en place des systèmes de remboursement, le vieillissement de la population et l’augmentation du niveau de vie.

La domination occidentale dans la production et la commercialisation

Les produits pharmaceutiques jouent un rôle très important parce qu’ils forment la base de la production de soin au coté des actes médicaux. Leur production et leur commercialisation, entre autre ceux des médicaments, est une problématique pour l’organisation de la santé dans le monde dans la mesure où elle est devenue un élément d’enjeux plutôt politique et économique que sanitaire.
La production des médicaments est dominée par les grandes firmes occidentales et contrôlée par leurs gouvernements. En effet, les États-Unis disposent de la première industrie pharmaceutique au monde. Le premier groupe mondial dans ce domaine est le groupe américain Pfizer, qui détient plus de 10 p. 100 du marché mondial des médicaments.
Les autres grands laboratoires américains sont Johnson & Johnson, Merck, Abbott, BristolMyers Squibb et Wyeth. Le second groupe mondial est le groupe britannique GlaxoSmithKline, et le troisième est le groupe français Sanofi-Aventis. Parmi les premiers laboratoires pharmaceutiques mondiaux, on trouve également le groupe allemand Bayer, les groupes suisses Novartis et Roche et le groupe anglo-suédois Astrazeneca. L’un des rares pays en développement opposant une concurrence aux producteurs des pays industrialisés est l’Inde représenté par la société Cipla Ltd. La production de médicaments n’est pas considérée comme une industrie ordinaire, et le fait que les entreprises de ce secteur puissent réaliser des profits est parfois mal perçu.
Dans le domaine de la production médicale, les investissements en recherche sont lourds, et les sociétés peuvent être tentées d’augmenter leurs profits et leur rentabilité en concentrant leurs recherches sur des produits destinés aux populations des pays riches à l’exemple des médicaments contre l’obésité ou contre les troubles de l’érection, plutôt qu’aux populations des pays pauvres en produisant des médicaments contre le paludisme ou la maladie du sommeil pour des prix très bas. De ce fait ces industries essayent de mettre au point en priorité des « blockbusters », des médicaments qui sont autant générateurs de chiffre d’affaires, pas moins de 1 milliard de dollars par an, que de soin. Ainsi, le premier groupe mondial, Pfizer, a sorti un seul produit entre 1998 et 2003, le Viagra, un médicament destiné à lutter contre les troubles de l’érection.

La médecine traditionnelle africaine

Les fondements : Les peuples africains survivent encore de nos jours, grâce à des rites et des pratiques médicales transmis par leurs ancêtres de génération en génération. D’ordinaire le savoir se transmet oralement, très rarement par écrit, du père qui est guérisseur traditionnel au fils. Ces pratiques sont accompagnées de logiques intégrant toutes les dimensions de l’univers. C’est-à-dire les dimensions physiques, morales, sociales et religieuses. Comment envisager de soigner l’homme sans l’intégrer dans son milieu originel ou naturel ? En effet, « l’acception africaine de la santé est le bien-être physique, moral, social, et culturel. Elle peut être décrite comme la force ou la résistance du corps, la paix et la joie de l’âme, la paix et la joie entre les communautés, ainsi que la sécurité et l’harmonie entre les sociétés et la nature. Par opposition à cela la maladie est un mal-être perçu comme une douleur physique, un état de régression générale affectant le corps, l’âme, la société, et diverses formes de vie dans la nature ». Ces concepts déterminent les causes de la maladie et de la mort. Car dans son milieu, l’Africain a la sensation et la conviction qu’il vit entouré par des forces naturelles et surnaturelles qui s’entremêlent. Le «malade africain » est, ainsi, un patient qui connaît un dysfonctionnement de l’être considéré comme un ensemble intégrant corps, âme et esprit, conditionné par des forces visibles et invisibles, intérieures et extérieures. Les maladies sont provoquées par divers agents: agents de type humain (ennemis, ancêtres, sorcières,), agents physiques (soleil, poussière, pluie, animaux et aliments), agents spirituels (dieux, esprits).

La médecine moderne en Afrique

Les principes de la médecine moderne : On parle de médecine moderne pour évoquer la médecine européenne. Elle est basée sur une vision matérialiste et objective de l’homme, des phénomènes naturels et de l’univers. En effet elle s’appuie principalement sur deux disciplines connexes qui sont l’anatomie et la physiologie humaine. La première traite de la forme, la disposition et de la structure du corps de l’homme et de ses organes : l’appareil digestif et excréteur, l’appareil circulatoire, le système musculo-squelettique, le système nerveux,…Tandis que la deuxième porte sur les processus physiques et chimiques qui ont lieu dans ces divers systèmes organiques, de leur fonctionnement et aussi de leurs dysfonctionnements ou leurs pathologies ; par exemple la reproduction, la croissance, le métabolisme ou la respiration qui se produisent au sein des cellules, des tissus, des organes.
Ses approches diagnostiques et thérapeutiques sont conformes au rationalisme cartésien. Par opposition à la logique traditionnaliste elle traite les maladies et explique leur origine en excluant les interprétations dogmatiques et imaginaires. Les phénomènes pathologiques observés par les médecins peuvent se justifier par des interactions des composants physiques de l’univers comme la dégradation de l’environnement, les changements climatiques, l’alimentation…
A tous les niveaux, la médecine moderne est une médecine évolutive ouverte à la connaissance et aux progrès par la recherche permanente. Parallèlement au développement de la technologie et de la science, des découvertes sur la médecine se succèdent. Ces dernières sont en perpétuel approfondissement dans le but de développer des moyens pour préserver la santé de l’homme. Ainsi des centres de recherche se spécialisent sur la pharmacologie pour développer des nouvelles molécules, de nouveaux médicaments; certains étudient la génétique, d’autre la microbiologie…

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUES DE SANTE DANS LE MONDE
L’INDUSTRIE DE LA SANTE DANS LE NORD
CHAPITRE I.SECURITE SOCIALE ET CONSOMMATION DE LA SANTE
I.1.1.La sécurité sociale
I.1.2.L’évolution de la consommation de la santé
CHAPITRE II.LA GLOBALISATION DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES DU MONDE 
II.1.1.La domination occidentale dans la production et la commercialisation
II.1.2.Les médicaments génériques
LES PRATIQUES SYNCHRONIQUE DANS LE SUD
CHAPITRE III.LE CAS AFRICAIN 
III.1.1.La médecine traditionnelle africaine
III.1.1.1.Les fondements
III.1.1.2.Les formes thérapeutiques
III.1.1.3.Succès et échecs
III.1.2.La médecine moderne en Afrique
III.1.2.1.Les principes de la médecine moderne
III.1.2.2.La « médecine orthodoxe moderne » en Afrique
III.1.2.3.Succès et échecs
III.1.3.Coopération entre médecine traditionnelle et médecine moderne
CHAPITRE IV.LA PROBLEMATIQUE MALGACHE
IV.1.1.La pratique médicale traditionnelle malgache
IV.1.1.1.Les fondements conceptuels
IV.1.1.2.Les différentes formes de la médecine traditionnelle malgache
IV.1.2.La médecine moderne
IV.1.2.1.Le cadre législatif
IV.1.2.2.Organisation et fonctionnement du système de santé
IV.1.2.3.Les médicaments et consommables médicaux
ANTHROPOLOGIE DE LA SANTE RURALE DANS LA COMMUNE DE SAHAMBAVY
CARACTERISTIQUES GEOGRAPHIQUES ET ECONOMIQUES DE LA COMMUNE
CHAPITRE V. Les caractéristiques géographiques
V.1.1.Localisation
V.1.2.Relief, pédologie et végétation
V.1.3.Hydrographie
V.1.4.Le climat
CHAPITRE VI.Les infrastructures 
VI.1.1.Les infrastructures culturelles
VI.1.1.1.Les établissements scolaires
VI.1.1.2.Les institutions religieuses
VI.1.1.3.Les institutions sanitaires
VI.1.1.4.Les routes et la ligne ferroviaire
CHAPITRE VII.La population 
VII.1.1.Evolution de la population
VII.1.2.Répartition de la population
VII.1.3.L’Habitat
CHAPITRE VIII.Les caractéristiques économiques
VIII.1.1.Les infrastructures économiques
VIII.1.2.Les activités économiques
L’ETAT DE SANTE DE LA POPULATION
CHAPITRE IX.Les maladies les plus fréquentes
IX.1.1.Les infections respiratoires aigues (IRA)
IX.1.2.Le paludisme
IX.1.3.Les maladies diarrhéiques
IX.1.4.Les affections dentaires
IX.1.5.Les infections sexuellement transmissibles (IST)
CHAPITRE X.La malnutrition
EFFET DES CARACTERISTIQUES GEOGRAPHIQUE ET ECONOMIQUE SUR LA SANTE DE LA
POPULATION DE LA COMMUNE
CHAPITRE XI.les caractéristiques géographiques et économiques : facteurs de maladie
XI.1.1.Les facteurs écologiques
XI.1.2.Le manque de ressource
XI.1.3.Les comportements défavorables à la santé
XI.1.4.La distribution dans le temps des pathologies
CHAPITRE XII.LES CARACTERISTIQUES GEOGRAPHIQUES ET ECONOMIQUES :
déterminants des itinéraires de soins
XII.1.1.Les itinéraires de soins
XII.1.1.1.L’automédication
XII.1.1.2.Les prestataire de soins professionnels
XII.1.2.Les déterminants des itinéraires thérapeutiques
XII.1.2.1.Les déterminants de l’itinéraire thérapeutique relevant de l’offre de soin
XII.1.2.2.Les déterminants de l’accès aux soins relevant des usagers
PROSPECTIVES DE SANTE DE MASSE
EDUCATION A LA SANTE
CHAPITRE XIII.Nature et objectifs
CHAPITRE XIV.Mise en œuvre : moyens et méthodes
Mutuelle à partage de risque : organisation de l’initiative locale au financement de la santé
CHAPITRE XV.Principes de base et objectif
CHAPITRE XVI.Avantages
CHAPITRE XVII.Gestion d’une mutuelle de partage de risque
XVII.1.1.La gestion financière
XVII.1.1.1.L’organisation du circuit de paiement
XVII.1.1.2.Comptabilité
XVII.1.1.3.Sécurisation de fonds
XVII.1.2.Gestion administrative
CHAPITRE XVIII.Les types de soins que peut couvrir une mutuelle de partage des risques
CHAPITRE XIX.La cotisation
XIX.1.1.Les dépenses à couvrir par la cotisation
XIX.1.2.Les systèmes de paiement
XIX.1.3.Moyen de contribution : espèces ou en nature
XIX.1.4.La périodicité du paiement
CHAPITRE XX.Modalité d’adhésion 
CHAPITRE XXI.La sensibilisation dans le cadre de la mise en place de la mutuelle de santé 
XXI.1.1.Le plaidoyer
XXI.1.2.Sensibilisation de la communauté
CHAPITRE XXII.Les étapes du processus de la mise en place d’une mutuelle
XXII.1.1.Prise de conscience et décision de mettre une mutuelle de santé
XXII.1.2.Etude du contexte ou du milieu concerné ou analyse de situation
XXII.1.3.Définition de la formule mutualiste la plus adaptée ou la conception
XXII.1.4.Constitution de la mutuelle de partage de risque
CHAPITRE XXIII.le mécanisme de suivi et d’évaluation 
XXIII.1.1.Les responsables du suivi
XXIII.1.2.Les outils de suivi de la gestion de la mutuelle
CONCLUSION GENERALE
FICHE D’ENQUETE (QUESTIONNAIRE PAR MÉNAGE)
BIBLIOGRAPHIE

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