Angioplastie coronarienne transluminale percutanée (ACTP)
Le meilleur traitement à la suite d’un IM ou pour pallier à un risque élevé d’IM est l’ACTP. Les études et les interventions médicales liées aux cathétérismes cardiaques ont débuté dans les années 1700 (Mueller & Sanborn, 1995). Cependant, c’est en 1977 que la première ACTP fut réalisée sur un humain, aux États-Unis, plus précisément à l’hôpital St Mary’s, à San Francisco (Mueller & Sanborn, 1995). La première intervention québécoise fut réalisée en 1980 à Montréal (Institut de cardiologie de Montréal (ICM),2017). Selon l’INSPQ (2017), en 2015-2016, l’ACTP a été pratiquée sur 14 490 personnes au Québec. De ce nombre, 10 405 étaient des hommes et 4 085 étaient des femmes. L’ACTP est une intervention qui présente un taux de réussite de 90 % en plus de réduire considérablement le temps d’hospitalisation et la convalescence à domicile (Institut de cardiologie de l’université d’Ottawa, 2009). Cette intervention coûte au système de santé 9 000 $ par personne (Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), 2014), comparativement au traitement antérieur, le pontage aorto-coronarien, qui pouvait engendrer des coûts de 14 000 $. Le faible coût et le faible risque liés à la procédure expliquent la prévalence élevée du nombre d’interventions réalisées annuellement.
Déroulement de la procédure de l’ACTP
Tout d’abord, il est important de mentionner qu’une coronarographie est réalisée de façon concomitante à chaque ACTP. La coronarographie est un examen invasif non chirurgical permettant de connaître l’état des artères coronaires. L’injection d’un colorant permet au chirurgien cardiaque de visualiser, à l’aide des appareils de radiologie, l’endroit où se situent la ou les obstructions puisque, à chaque battement cardiaque, le liquide de contraste colore les artères (Institut de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ), 2009). Si une ou plusieurs obstructions de la lumière des artères sont perçues lors de l’examen, le médecin procédera à une dilatation cardiaque, l’ACTP. L’ACTP, aussi appelée intervention coronarienne percutanée (ICP), permet d’élargir l’artère coronaire qui est partiellement obstruée (ICUO, 2016a). À l’aide d’un guide, le cardiologue insère un ballonnet dans l’artère radiale ou fémorale, qu’il positionnera ensuite dans une artère coronaire obstruée. Une fois en place, le ballonnet est gonflé afin qu’une endoprothèse (stent) s’insère de façon permanente, ce qui permet au flux sanguin de reprendre.
L’ACTP dite planifiée est une chirurgie d’un jour, le plus souvent pour les personnes souffrant d’angine et n’ayant pas encore subi un IM. Pour ces personnes, une demande d’ACTP sera demandée dans un centre spécialisé en cardiologie. L’ACTP d’urgence est réalisée le plus souvent lorsque les personnes souffrent d’un IM et qu’une intervention doit être effectuée de façon très urgente afin d’éviter une mort potentielle (Urden et al., 2014). Dans 2 % des cas, l’ACTP entraîne des complications qui nécessiteront une chirurgie cardiaque. Par exemple, sur 15 000 ACTP, 300 nécessiteront une chirurgie cardiaque (Urden et al., 2014). En 2002 2003, seulement 1,7 % des personnes ont dû subir la chirurgie (Gouvernement du Québec, 2005) .
La période de repos suite à une ACTP varie selon les personnes et les modalités d’intervention (radiale, fémorale). En ce qui concerne l’insertion radiale, une vérification au site d’insertion est faite régulièrement afin qu’il n’y ait pas de saignement, puis le bracelet est retiré. En situation postopératoire, le temps d’alitement varie entre deux à six heures après le retrait de la gaine protectrice au niveau de l’insertion à la fémorale, qui est un dispositif de compression après l’ACTP (Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, 2009; Urden et al., 2014). Toujours selon ces auteurs, à la suite de cette intervention, les personnes doivent éviter les escaliers et elles doivent éviter de lever des charges lourdes supérieures à 10 livres, pendant les 48 premières heures.
Programme de réadaptation cardiaque (PRC)
Un programme de réadaptation cardiaque est une intervention interdisciplinaire dédiée aux personnes ayant subi un IM, un pontage aorto-coronarien, une ACTP ou qui souffrent d’angine. La réadaptation cardiaque combine les composantes médicales, sociales et éducatives afin que les personnes se réapproprient leurs capacités fonctionnelles, dans le but de leur permettre de retrouver l’autonomie nécessaire pour être actives dans la vie (OMS, 2013; WHO, 1969; WHO, 1993). La réadaptation cardiaque est une stratégie de prévention secondaire et tertiaire qui est efficace afin de diminuer le risque de récidive à des évènements cardiovasculaires futurs (Poirier, 2015). De plus, les résultats ont démontré qu’une participation à une RC diminue le risque de mortalité et les hospitalisations (Oldridge, Pakosh, & Grace, 2019). Qui plus est, ces auteurs rapportent qu’une participation à la RC augmente la capacité à l’exercice, permet une meilleure qualité de vie et améliore la capacité maximale de l’oxygène de 10 % chez les personnes après un IM.
La participation à une PRC diminue de 25 % le risque d’une réadmission à long terme chez les personnes ayant subi un IM (Dunlay, Pack, Thomas, Killian, & Roger, 2014), mais aussi une réduction de mortalité (Dunlay et al., 2014; Oldridge, Guyatt, Fischer, & Rimm, 1988; Rod S Taylor et al., 2004; Witt et al., 2004). Pour les personnes souffrant de cardiopathies ischémiques et ayant subi une ACTP, la réadaptation cardiaque réduit le risque de vivre une seconde hospitalisation pour un évènement cardiaque (Powell, McGregor, Ennis, Kimani, & Underwood, 2018). De plus, le risque de récidive d’un IM se trouvera diminué grâce à un PRC. Après un IM, le risque de souffrir d’insuffisance cardiaque et d’anomalie du rythme cardiaque est présent (Institut de cardiologie de l’université d’Ottawa, 2018). La différence entre les régions urbaines et les régions rurales, qui sont mal desservies par un PRC, est que l’environnement de ces dernières ne permet pas une gestion optimale concernant le rétablissement après un IM (Seguin et al., 2016). La présence d’un PRC près du lieu de résidence est un facteur favorisant à la participation (Shanmugasegaram, Oh, Reid, McCumber, & Grace, 2013; Strens et al., 2013).
Phases de la réadaptation cardiaque
La RC peut être composée de plusieurs phases(Babu, Noone, Haneef, & Naryanan, 2010; Beasley & Dixon, 2013; Lim, Sim, & Han, 2016). La première phase (initiale) débute durant l’hospitalisation, en réponse à l’évènement cardiaque. La RC doit être débutée le plus tôt possible après l’évènement cardiaque pour de meilleures chances de succès (Beasley & Dixon, 2013). La phase 1 vise à diminuer le risque de complications liées à l’immobilisation, à initier la personne au concept du nouveau diagnostic de maladie cardiaque et à préparer son congé de l’hôpital (Babu et al., 2010; Beasley & Dixon, 2013; WHO, 1980). La phase 2 (convalescence active) débute dès la sortie de l’hôpital et dure quelques semaines. C’est durant cette phase que l’éducation à la santé s’effectue, au moyen d’une supervision avec une équipe multidisciplinaire composée d’un médecin et d’une infirmière, dans un centre de réadaptation (Beasley & Dixon, 2013; World Health Organization, 1980). À cette étape, les personnes bénéficiant de la RC recevront l’enseignement concernant la cessation tabagique, la gestion des médicaments, la gestion du stress, la modification des facteurs de risques, celui concernant la nutrition ainsi qu’une introduction progressive à l’activité physique (Centre épic de l’Institut de cardiologie de Montréal, 2017; Lim et al., 2016).
La phase 3 (communautaire) ne se déroule plus en centre de réadaptation : elle se poursuit dans la vie quotidienne parce que les personnes ont reçu l’enseignement et le soutien nécessaire pour la suite. Elle concerne la gestion des acquis à long terme et c’est durant cette phase que la personne utilisera les connaissances acquises, afin de poursuive une évolution positive de changements faits durant les phases un et deux (Beasley & Dixon, 2013).
Enfin, la phase 4 (maintenance) n’est plus supervisée. C’est à ce moment que la personne a acquis tous les éléments lui permettant d’être autonome (American Association of Cardiovascular and Pulmonary Rehabilitation (AACVPR), 2016).
Bénéfices de la RC pour les personnes ayant subi une ACTP
La promotion d’un mode de vie sain, à l’aide de la RC, est un moyen efficace d’améliorer, à long terme, la santé des personnes ayant subi une ACTP. La littérature soulève des bénéfices physiques, psychologiques et sociétaux en lien avec la participation des personnes à des programmes de RC (Broadbent, Ellis, Thomas, Gamble, & Petrie, 2009; Davidson et al., 2008; Oldridge et al., 2019; Simonÿ et al., 2015).
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