Anatomie et physiologie du cœur

La fibrillation auriculaire

Bon usage des AVK 

La prescription ne se conçoit que dans les indications validées, après évaluation individuelle des risques thrombotique et hémorragique, ainsi que des interactions possibles avec les pathologies et traitements associés. L’évaluation doit aussi tenir compte du contexte médicosocial, de l’âge et des fonctions cognitives du patient, en raison des contraintes liées au traitement. L’INR doit être réalisé au minimum une fois par mois (plus fréquemment en début de traitement et à chaque fois que l’on peut craindre sa modification). La réévaluation régulière du bénéfice/risque est indispensable tout au long du traitement par AVK. La prise en charge d’un patient sous AVK nécessite une véritable coordination des soins. En particulier, le biologiste doit connaître l’indication afin de prévenir rapidement le médecin qui suit régulièrement le patient, et le patient en cas de résultats en dehors de la zone cible. La prescription et la délivrance d’un traitement par AVK doivent être accompagnées d’éducation thérapeutique. Il faut notamment insister sur la nécessité de : 74 – Prendre le traitement tous les jours à la même heure ; – Effectuer régulièrement une prise de sang pour mesurer l’INR ; – Connaître les situations exposant à un déséquilibre du traitement et les signes évocateurs de surdosage. Un carnet d’information et de suivi doit être remis au patient. a)Instauration d’un traitement par AVK : La dose initiale doit être aussi proche que possible de la dose d’équilibre et dépend de la spécialité utilisée. Elle doit être adaptée en fonction des résultats biologiques. Si le traitement se fait en une seule prise quotidienne, celle-ci s’effectue de préférence le soir. Il ne faut jamais prendre de dose de charge, dangereuse. Chez le sujet âgé, défini comme une personne de plus de 75 ans ou de plus de 65 ans et polypathologique, la dose initiale doit être réduite de moitié afin d’éviter le risque de surdosage. En relais de l’héparine, les AVK sont généralement co-prescrits précocement, dès les 2 premiers jours de l’héparinothérapie et pendant au minimum 5 jours. Pendant toute la phase de recherche de l’INR cible, en raison du temps de latence de l’action anticoagulante des AVK, l’héparine est maintenue à dose adaptée ; elle est arrêtée lorsque l’INR est dans la zone thérapeutique recherchée 2 jours consécutifs. Le premier contrôle doit s’effectuer après la 3ème prise d’AVK (c’est-à-dire le matin du 4ème jour), pour dépister une hypersensibilité individuelle : un INR supérieur à 2 annonce un surdosage à l’équilibre et doit faire réduire la posologie. Le deuxième contrôle s’effectue en fonction des résultats du premier INR, afin d’apprécier l’efficacité anticoagulante (selon les cas, entre 3 à 6 jours après le 1er contrôle). b) Adaptation du traitement : En début de traitement, des contrôles fréquents de l’INR doivent être réalisés jusqu’à ce que l’INR ait atteint la valeur cible souhaitée. L’ajustement de la posologie des AVK s’effectue par paliers, en contrôlant l’INR tous les 2 à 4 jours jusqu’à stabilisation de sa valeur sur deux contrôles successifs : – Si l’INR cible n’est pas atteint, la posologie d’AVK doit être ajustée. Le premier contrôle de l’INR doit être fait 3 jours après la modification de posologie et les contrôles suivants à nouveau réalisés tous les 2 à 4 jours, jusqu’à obtention de l’INR cible ; – Quand l’INR cible est atteint et stabilisé, la posologie d’AVK doit être maintenue. Les contrôles de l’INR sont progressivement espacés en quelques semaines jusqu’à un intervalle maximal d’un mois. c) Surveiller le traitement : La surveillance de routine repose sur le contrôle de l’INR, au moins une fois par mois. 75 d) En cas de surdosage (ou hémorragie non grave): Les surdosages constituent une situation fréquente. Dans 15 à 30 % des cas, ils sont asymptomatiques. En cas de surdosage asymptomatique ou d’hémorragie non grave, les mesures suivantes sont recommandées : ► En cas de traitement par AVK avec un INR cible à 2,5 (fenêtre 2 – 3) – INR < 4 : pas de saut de prise, pas de vitamine K. – 4 ≤ INR < 6 : saut d’une prise, pas de vitamine K. – 6 ≤ INR < 10 : arrêt du traitement, 1 à 2 mg de vitamine K par voie orale (1/2 à 1 ampoule buvable forme pédiatrique). – INR > 10 : arrêt du traitement, 5 mg de vitamine K par voie orale (½ ampoule buvable forme adulte. ► En cas de traitement par AVK avec INR cible à 3 (fenêtre 2,5 – 4,5) – INR < 6 : pas de saut de prise, pas de vitamine K. – 6 ≤ INR < 10 : saut d’une prise. Un avis spécialisé (ex. : cardiologue si le patient est porteur d’une prothèse valvulaire mécanique) est recommandé pour discussion d’un traitement éventuel par 1 à 2 mg de vitamine K par voie orale (½ à 1 ampoule buvable forme pédiatrique). – INR > 10 : un avis spécialisé sans délai ou une hospitalisation est recommandé. La cause du surdosage doit être recherchée et prise en compte dans l’adaptation éventuelle de la posologie. Un contrôle de l’INR doit être réalisé le lendemain. En cas de persistance d’un INR suprathérapeutique, les recommandations précédentes restent valables et doivent être reconduites. La surveillance ultérieure de l’INR doit se calquer sur celle habituellement réalisée lors de la mise en route du traitement. e) En cas d’oubli de prise : En cas d’omission, la dose oubliée peut être prise dans un délai de 8 heures après l’heure habituelle d’administration. Passé ce délai, il est préférable de sauter cette prise et de prendre la suivante à l’heure habituelle. Le patient ne doit pas prendre de dose double pour compenser la dose manquée. Il devra signaler cet oubli lors du contrôle de l’INR et le noter dans son carnet de suivi. f) Contre-indications : – Acide acétylsalicylique à doses anti-inflammatoires (> 1 g/prise et/ou > 3 g/jour), – Acide acétylsalicylique à doses antalgiques ou antipyrétiques (> 500 mg/prise et/ou, 3 g/jour), en cas – D’antécédent d’ulcère gastroduodénal, – AINS pyrazolés (phénylbutazone), – Miconazole, utilisé par voie générale ou en gel buccal, – Millepertuis. 76 g) Associations déconseillées : – Les autres AINS ; si l’association s’avère indispensable, une surveillance clinique et biologique étroite doit être pratiquée. – L’acide acétylsalicylique : à doses antalgiques ou antipyrétiques (> 500 mg/prise et/ou, 3 g/jour), en l’absence d’antécédent d’ulcère gastroduodénal, à doses antiagrégantes (de 50 mg à 375 mg/jour), en cas d’antécédent d’ulcère gastroduodénal. – le 5-fluorouracile, le tégafur ou la capecitabine. h) La coprescription avec les antibiotiques : Cela nécessite également un contrôle précoce de l’INR. De nombreux cas d’augmentation de l’activité des anticoagulants oraux ont été rapportés chez des patients recevant des antibiotiques. Le contexte infectieux ou inflammatoire marqué, l’âge et l’état général du patient apparaissent comme des facteurs de risque. Dans ces circonstances, il est difficile de faire la part entre la pathologie infectieuse et le traitement antibiotique dans la survenue du déséquilibre de l’INR. Certaines classes d’antibiotiques sont davantage impliquées : il s’agit notamment des fluoroquinolones, des macrolides, des cyclines, du cotrimoxazole et de certaines céphalosporines, dont l’utilisation impose de renforcer la surveillance de l’INR. i) Problème particulier des anticancéreux : En raison de l’augmentation du risque thrombotique lors des affections tumorales, le recours à un traitement anticoagulant est fréquent. La grande variabilité intraindividuelle de la coagulabilité au cours de ces affections, à laquelle s’ajoute l’éventualité d’une interaction entre les anticoagulants oraux et la chimiothérapie anticancéreuse, imposent, s’il est décidé de traiter le patient par anticoagulants oraux, d’augmenter la fréquence des contrôles de l’INR (61)

Traitement du rythme et de la fréquence

Nous avons vu que le TAT est le principal traitement dans la FA, mais d’autres stratégies existent : il s’agit du contrôle du rythme cardiaque (CRC) ou du contrôle de la fréquence cardiaque (CFC). Leurs modes d’application va dépendre du moment de la prise en charge (à la phase aigue pour une FA récente ou une FA récidivante/sur une FA déjà connue pour une prise en charge à long terme), du terrain du patient, du type de FA, etc. 1) Conduite à tenir à la phase aigüe d’une FA : Lorsqu’un patient se présente pour une récidive symptomatique de FA ou une FA symptomatique récemment découverte, sa fréquence cardiaque inappropriée ou son rythme irrégulier est à l’origine de symptômes potentiellement handicapant, et de troubles hémodynamiques potentiellement sévères. (3) Evidemment le plus important à ce moment est d’anticoaguler, mais selon le contexte clinique le praticien peut tenter de mettre en place un traitement médicamenteux quotidien visant à rétablir la fréquence cardiaque. Il peut aussi proposer une cardioversion, ou proposer l’ablation de la FA. Encore d’autres méthodes sont dans l’arsenal thérapeutique du médecin et permettent un retour à la normale en cas d’échec. a) Le contrôle aigu de la fréquence cardiaque, prise en charge initiale : Les patients ont en général une fréquence ventriculaire élevée et il faut la ralentir. Pour cela on se base sur l’étude RACE II et l’objectif est de ramener la fréquence cardiaque (FC) à un rythme inférieur à 100 bpm au repos. Si le patient reste malgré tout symptomatique à cette fréquence, l’objectif peut être ramené à 80, voire 60 bpm. Chez les patients à fréquence rapide et hémodynamiquement stables on propose préférentiellement des β-bloquants, sinon un inhibiteur calcique tel que vérapamil ou diltiazem. Ce traitement se déroule en ambulatoire, mais peut selon la situation clinique du malade nécessiter une hospitalisation. (54) Parfois on va associer un digitalique à ce traitement. Il permet de réduire le rythme au repos, mais il est peu efficace à l’effort. Alors qu’il doit être évité dans les FA paroxystiques (favorise la récidive des accès), il peut être utilisé seul chez l’insuffisant cardiaque et l’impotent. (54) Chez certains patients sélectionnés, chez lesquels la fonction ventriculaire gauche est sévèrement diminuée, on peut aussi utiliser l’amiodarone (3). Chez les patients ayant une FA à faible fréquence ventriculaire (avec bradyarythmie symptomatique), de l’atropine (0,5 à 2mg en IV) peut être efficace pour rétablir une fréquence normale. Mais de nombreux patients nécessitent une cardioversion en urgence ou la mise en place d’un pacemaker. 

Table des matières

Anatomie et physiologie du cœur
A. Anatomie du cœur
B. Le tissu cardionecteur (ou nodal) à l’origine de la contraction cardiaque
La Fibrillation auriculaire la pathologie
A. Définition
B. Physiopathologie
1) Mécanisme
2) Anatomopathologie et perturbation électrique du cœur
C. Facteurs de risque
Détection et diagnostique de la FA
A. Symptômes, manifestations cliniques
B. Bilan initial, diagnostic ECG, et examens complémentaires
1) Le bilan initial au cabinet médical
2) L’électrocardiogramme (ECG) et le diagnostic
3) La classification de la FA
C. Evolution naturelle de la maladie
D. La prise en charge initiale du patient en FA Traitement
A. Traitement antithrombotique
1) Introduction
2) Le point sur l’anticoagulation
3) Positionnement du problème
4) Choix du TAT
5) L’INR cible
6) Organigramme clinique pour l’utilisation des ACO dans la prévention des événements emboliques dans le cadre de la FA
7) Quelques situations particulières
8) Bon usage des AVK
B. Traitement du rythme et de la fréquence
1) Conduite à tenir à la phase aigüe d’une FA
2) La prise en charge au long cours
3) Retour au rythme sinusal par des thérapeutiques non médicamenteuses
4) Suivi clinique
C. Résumé
Place des nouveaux anticoagulant oraux (NACO) dans le traitement antithrombotique de la FA
A. Le dabigatran, anti-IIa
1) L’étude RE-LY
2) Utilisation
3) Les relais
B. Le rivaroxaban, anti-Xa
1) L’étude ROCKET-AF
2) Utilisation
3) Les relais
C. L’apixaban, anti-Xa
1) L’étude AVERROES
2) L’étude ARISTOTLE
3) Utilisation
4) Les relais
D. En pratique
1) Pharmacocinétique
2) Comparaison entre les NACO
3) Personnes âgées et insuffisants rénaux
4) Suivi du degré d’anticoagulation
5) Antidote des NACO
6) Autour d’une chirurgie ou d’une cardioversion
7) Autour des maladies coronariennes et valvulaires
8) Choix du NACO en fonction du risque de saignement
E. Conclusion
Rôle du pharmacien d’officine dans la prise en charge de la FA
A. Information et éducation
B. Prévention
1) Les facteurs de risque (FDR)
2) Sevrage tabagique
3) Mesures diététiques
4) Activité physique
5) Traitements médicamenteux
C. Repérer les signes d’alerte et orienter
Conclusion

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