La brûlure est une destruction aiguë plus ou moins complète du revêtement cutané par une source thermique, chimique ou électrique (Ahmed, 2014). Globalement en 2004, l’incidence de brûlures graves suffisante pour exiger l’attention médicale avoisinait 11 millions de la population générale et occupait le quatrième rang de toutes les pathologies traumatiques confondues. Cette incidence est de loin supérieure à l’incidence combinée de la tuberculose et de l’infection à VIH (Peck, 2011). Son incidence est élevée même dans les pays développés dotés de ressources adéquates pour la prise en charge. Cinq mille grands brûlés sont traités annuellement dans les centres ou unités spécialisées en France (Amengle et coll., 2015). Elle affecte 120 000 personnes par an en Belgique parmi celles-ci, environ 10000 nécessiteront de soins en milieu hospitalier et 800 en centre spécialisé (Cécile, 2013). C’est un accident qui reste toujours très fréquent au Maroc et surtout dans les milieux ruraux. Elle représente 2% des patients admis aux urgences toutes les pathologies confondues ; ce qui fait d’elle un problème de santé publique (Ettalbi et coll., 2009). Elle touche plus les enfants dont l’âge varie de 2 à 4 ans durant l’été, l’hiver, le mois de ramadan et les jours fériés. La majorité des brûlures au Maroc est d’origine thermique (Amengle et coll, 2015). Les brûlures thermiques et électriques sont plus fréquentes en Belgique (Cécile, 2013). La brûlure est une lésion dynamique dont l’évolution est fortement conditionnée par la qualité de prise en charge initiale, et notamment par les soins initiés sur les lieux de l’accident. En milieu hospitalier, les patients brûlés doivent être pris en charge comme les patients victimes de polytraumatisme et abordés de façon systématique (Amengle et coll., 2015).
Au Katanga, 194 cas de brûlures ont été dénombrés durant la période allant du 1er février 2009 au 31 décembre 2010 dont 101 cas pour brûlures graves (Mbuyi, 2011). Ces incidences et fréquences de la brûlure font d’elle un problème de santé sur l’échelle planétaire.
La peau et ses annexes [glandes sudoripares et sébacées, poils et ongles] forment un ensemble d’organes extrêmement complexe qui assume de nombreuses fonctions pour la plupart protectrices. L’ensemble de ces organes est appelé système tégumentaire (Marieb, 2010). Chez l’adulte moyen, peau humaine recouvre une surface de 1,2 à 2 m² , son poids est 4 à 5 kg (Zinaï, 2008 ; Marieb, 2010).
HISTOLOGIE DE LA PEAU
Elle est composée de la surface à la profondeur de trois couches principales qui sont l’épiderme, le derme et l’hypoderme (Bagayoko, 2007, Tadili, 2016) :
Le derme
D’origine mésoblastique, il est essentiellement constitué de fibres et de fibroblastes. Le derme est vingt fois plus épais que l’épiderme, il est plus épais au niveau du dos où il peut atteindre trois à quatre millimètres. Il se compose de deux couches très différentes :
1) Le derme papillaire
Le derme papillaire est solidement rattaché à la couche basale de l’épiderme par les papilles conjonctives au sein desquelles se retrouvent les vaisseaux capillaires et lymphatiques, les terminaisons nerveuses libres ainsi que les thermorécepteurs et les mécanorécepteurs. Au sein de son réseau de fibres de collagène et de fibres élastiques se retrouvent les différentes cellules constitutives du derme :
– Les fibroblastes, qui se différencient en fibrocytes et synthétisent les composantes de la matrice extracellulaire.
– Les mastocytes,
– Les lymphocytes, macrophages, monocytes et polynucléaires éosinophiles.
1) Le derme réticulaire
Il est moins cellulaire est composé d’un très dense réseau de fibres de collagène et d’élastine intimement enchevêtrés et globalement orientés parallèlement aux lignes de tension cutané. Le derme et l’épiderme, sont deux tissus très différents l’un de l’autre. La cicatrisation épidermique, si elle se fait spontanément, par ré-épithélialisation, se fait toujours simplement, de manière harmonieuse et régulière, à partir des kératinocytes basaux. Il n’en est pas de même pour le derme, tissu d’origine mésenchymateuse. La cicatrisation conjonctive ou dermique est beaucoup plus anarchique et désorganisée. C’est elle qui est responsable de l’apparition de séquelles (Tadili, 2016).
L’hypoderme
L’hypoderme est constitué d’adipocytes organisés en lobules. Son épaisseur est très variable : elle est toujours mince sur le dorsum des mains et des pieds, alors qu’elle peut atteindre une bonne dizaine de centimètres sur l’abdomen d’un sujet obèse. Plus l’hypoderme est épais, plus il protège les structures profondes des brûlures. Ce tissu cellulo-graisseux souscutané est clivé en deux plans superficiel et profond par le fascia superficialis corporalis qui existe au niveau du tronc, des bras et des cuisses. C’est un repère de dissection facile à individualiser pour réaliser l’avulsion des brûlures du troisième degré.
INNERVATION DE LA PEAU
La peau est richement innervée par différents nerfs sensitifs. Cette innervation varie selon la zone anatomique considérée. Le réseau dermique sensitif est formé d’un plexus profond et d’un plexus superficiel, à partir de ces plexus, des fibres individuelles s’échappent pour gagner un territoire cutané. Chaque zone cutanée est innervée par plusieurs fibres différentes du plexus. Ces fibres aboutissent à des récepteurs dont existent deux catégories : les terminaisons nerveuses libres et les terminaisons encapsulées ou corpusculaires ces dernières sont situées dans les différentes couches du derme et de l’épiderme et assurent la transduction de stimuli extérieurs en signaux transmis jusqu’au cortex. A côté de ces récepteurs corpusculaires, existent de très nombreuses terminaisons nerveuses libres, situés dans le derme et épiderme, qui participent au tact nociceptif. Elles sont universellement distribuées dans l’organisme (Tadili, 2016).
COLORATION DE LA PEAU
Trois pigments sont responsables de la couleur de la peau : la mélanine, le carotène et l’hémoglobine.
a) La mélanine : elle se présente sous deux formes ; l’une est brun-noir [l’eumélanine] et l’autre est brun-rouge [phéomélanine]. Sa synthèse dépend d’une enzyme présente dans les mélanocytes appelée Tyrosinase. Ce pigment est transmis de mélanocytes aux kératinocytes de la couche basale.
b) Le carotène : est un pigment dont les tons varient du jaune à l’orangé. Il s’accumule surtout dans la couche cornée de l’épiderme et dans les cellules adipeuses de l’hypoderme. Le carotène peut être transformé en vitamine A dans l’organisme, cette vitamine est essentielle pour la vision et pour le maintien en bon état de l’épiderme.
c) L’hémoglobine : la teinte rosée des peaux claires est due à la couleur rouge foncée de l’hémoglobine oxygénée que renferment les globules rouges circulant dans les capillaires dermiques (Marieb, 2010).
LES ANNEXES CUTANEES
Elles traversent l’épiderme et le derme. Elles réunissent un appareil pilosébacé et des glandes sudoripares. Ce sont des enclaves épidermiques profondément enchâssées dans le derme profond et à la jonction dermo-hypodermique. Ils sont particulièrement nombreux au niveau de la face, du cuir chevelu, des aisselles et du périnée. Les annexes épidermiques ont un rôle fondamental dans la cicatrisation, car elles permettent la réparation de l’épiderme à partir des couches profondes du derme quand la couche basale a été détruite (Tadili, 2016). Ces annexes sont les poils, les follicules pileux, les ongles, les glandes sudoripares et les glandes sébacées.
a. Les glandes sudoripares : elles sont reparties sur toute la surface du corps à l’exception de mamelons et de certaines parties des organes génitaux externes. On distingue les glandes sudoripares mérocrines et apocrines. Peu importe leur type, les cellules sécrétrices sont associées aux cellules myoépithéliales, de cellules spécialisées qui se contractent quand elles sont stimulées par le système nerveux. Leur contraction pousse la sueur à travers le système de conduits de glandes vers la surface de la peau. La sueur produite par transpiration contribue à la prévention du réchauffement excessif du corps.
b. Les glandes sébacées : elles sont présentes sur tout le corps à l’exception de la paume des mains et la plante des pieds. Elles sont petites sur le tronc et sur les membres, grosses sur le visage, le cou et la partie supérieure de la poitrine. Ces glandes sécrètent une substance huileuse appelée sébum qui assouplit et lubrifie les poils et la peau, il diminue l’évaporation d’eau lorsque l’humidité externe est faible et possède une action bactéricide.
c. Les poils et les follicules pileux : les poils sont distribués sur toute la surface de la peau sauf la paume de mains, la plante des pieds, les lèvres, les mamelons et certaines parties des OGE.
Les cheveux protègent la tête contre les blessures, la déperdition de la chaleur et la lumière du soleil. Par ailleurs, les cils, les sourcils abritent les yeux, et les poils de nez filtrent les grosses particules de poussière et les insectes présents dans l’air que nous inhalons. Enfin, les poils jouent un rôle sensitif. Le follicule pileux est un organe qui se distingue de tous les autres organes par sa grande autonomie et sa capacité d’autorégénération. Il provient d’une invagination de la surface de l’épiderme qui s’étend jusqu’au derme et peut s’enfoncer jusque dans l’hypoderme du cuir chevelu.
d. Les ongles : un ongle est une modification écailleuse de l’épiderme qui forme une couverture de protection claire sur la face dorsale de la partie distale d’un doigt ou d’un orteil. Les ongles sont des outils qui nous servent à ramasser de petits objets ou encore gratter une démangeaison ; ils jouent aussi un rôle de protection.
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