Anatomie de la classe moyenne brésilienne identification
Les Papiers de Recherche de l’AFD ont pour but de diffuser rapidement les résultats de travaux en cours. Ils s’adressent principalement aux chercheurs, aux étudiants et au monde académique. Ils couvrent l’ensemble des sujets de travail de l’AFD : analyse économique, théorie économique, analyse des politiques publiques, sciences de l’ingénieur, sociologie, géographie et anthropologie. Une publication dans les Papiers de Recherche de l’AFD n’en exclut aucune autre. L’Agence Française de Développement (AFD), institution financière publique qui met en œuvre la politique définie par le gouvernement français, agit pour combattre la pauvreté et favoriser le développement durable. Présente sur quatre continents à travers un réseau de 72 bureaux, l’AFD finance et accompagne des projets qui améliorent les conditions de vie des populations, soutiennent la croissance économique et protègent la planète. En 2014, l’AFD a consacré 8,1 milliards d’euros au financement de projets dans les pays en développement et en faveur des Outre-mer. AFD Research Papers are intended to rapidly disseminate findings of ongoing work and mainly target researchers, students and the wider academic community. They cover the full range of AFD work, including: economic analysis, economic theory, policy analysis, engineering sciences, sociology, geography and anthropology. AFD Research Papers and other publications are not mutually exclusive. Agence Française de Développement (AFD), a public financial institution that implements the policy defined by the French Government, works to combat poverty and promote sustainable development. AFD operates on four continents via a network of 72 offices and finances and supports projects that improve living conditions for populations, boost economic growth and protect the planet. In 2014, AFD earmarked EUR 8.1bn to finance projects in developing countries and for overseas France.
Les évolutions qui ont caractérisé le Brésil durant les vingt dernières années ont provoqué des transformations socioéconomiques sensibles et généré des mouvements dans la structuration de la société brésilienne. Nous isolons la classe moyenne « monétaire » sur la base d’un intervalle mixte combinant une borne inférieure absolue, fixée à 10 dollars par jour et par tête (en PPA), et une borne supérieure relative fixée au 95ème percentile de la distribution. Il apparaît sur la base de cet intervalle que plus de 61 % des ménages brésiliens appartiennent à cette classe moyenne de revenu. En applicant une classification multidimensionnelle, on observe que la classe moyenne des professions intermédiaires et celle des employeurs et cadres pourraient donc constituer la classe moyenne haute dont le poids serait limité au Brésil (17 % de l’ensemble de la classe moyenne). La classe moyenne des retraités et inactifs (32 % de la classe moyenne de revenu) représente la partie la plus importante de la classe moyenne au Brésil, suivie de la classe moyenne des travailleurs des secteurs primaire et secondaire (24 %). Au total, cette typologie met en évidence la forte hétérogénéité de la classe moyenne brésilienne et souligne une certaine forme de bipolarisation ou de dualité avec une classe moyenne plutôt aisée, occupant des emplois stables et hautement qualifiés, et une classe moyenne plus fragile car disposant de niveaux d’éducation et de revenu plus faibles et occupant des emplois plus instables et de moindre qualité.
Les évolutions qui ont caractérisé le pays durant les quinze à vingt dernières années, et plus encore celles manifestées après 2003, ont naturellement provoqué des transformations socioéconomiques sensibles et généré des mouvements dans la structuration de la société brésilienne. La croissance économique, l’expansion des emplois formels, l’augmentation des salaires en termes réels, l’amplification des programmes d’assistance sociale et de transferts de revenus, l’indexation de nombreuses allocations sur un salaire minimum augmentant chaque année, l’explosion du crédit ont eu pour effet d’opérer des translations significatives entre les différentes strates de population et notamment des plus modestes vers celles situées un peu plus haut dans la pyramide sociale. Le Brésil a été longtemps connu pour opposer une élite très réduite et aisée à une masse pauvre ou misérable et ne disposer que d’une classe intermédiaire restreinte (contrairement à l’Argentine). Cette catégorie intermédiaire de taille limitée était composée de hauts cadres administratifs et commerciaux, d’ingénieurs ou de techniciens supérieurs, souvent issus du secteur public ou d’entreprises privées proches du pouvoir. C’est au bénéfice des récentes transformations sociales que le pays a vu croître nettement le nombre et la proportion des couches un peu moins pauvres de sa population venant ainsi gonfler les niveaux intermédiaires du spectre social. Cependant, le Brésil subit actuellement une crise économique sévère, marquée par un effondrement de la croissance économique (-3,8% en 2015 et 2016) et dont le principal facteur déclencheur réside dans la baisse de la demande de la Chine (principal partenaire commercial du Brésil) pour les produits primaires et d’extraction. Cette crise s’est traduite par une recrudescence du chômage et de la pauvreté ainsi que par l’affirmation des problèmes de surendettement des ménages, autant d’évolutions qui pourraient impacter la classe moyenne brésilienne.