ANALYSES DES RESULTATS DU COMMERCE EXTERIEUR

ANALYSES DES RESULTATS DU COMMERCE EXTERIEUR

L’ouverture aux échanges :les espoirs et les contraintes

La contribution des échanges à la relance

Sous le souffle de la globalisation des échanges, à l’instar de nombreux PED, Madagascar s’est engagée sur la voie de l’ouverture économique. Elle espère ainsi retrouver le chemin de la croissance, en libéralisant les échanges extérieurs et en encourageant plus particulièrement les exportations manufacturières. Mais l’évaluation concrète de la relation entre les exportations et le niveau de la croissance de 1960 à 1995 montre des liens positifs ténus, compte tenu du faible poids du commerce extérieur dans le PIB. Le sens de la causalité révèle un renforcement mutuel des deux variables, plutôt qu’une croissance tirée par les exportations. Au vu de l’expérience passée de l’Ile, l’effet d’entraînement des échanges sur la croissance économique n’est pas probant. b-Les signes d’une lente progression L’analyse de l’évolution des caractéristiques des échanges extérieurs montre des signes prometteurs depuis l’ouverture économique. La montée des exportations non traditionnelles est manifeste. La libéralisation des importations se traduit par une croissance de leur volume, et par la possibilité d’accéder à des biens moins chers, grâce à une plus grande concurrence entre les importateurs. On constate par ailleurs une diversification des partenaires aux échanges témoignant des possibilités d’extension des débouchés et de choix entre différents fournisseurs. Mais ces dynamiques en cours sont encore limitées ; Les exportations toujours concentrées autour de quelques produits qui globalement stagnent ou régressent. Suite à 79 la diminution des taxes, et au désengagement de l’Etat des circuits de commercialisation de l’agriculture de rente, les prix réels au producteur se sont améliorés, mais les réponses de l’offre sont timides. Du côté des importations, la forte montée de leur volume donne une idée de l’ampleur des besoins de l’économie qui ont été contraints durant la période de fermeture. La hausse touche aussi bien les équipements et les biens intermédiaires que les produits de consommation courante. La stratégie d’import- substitution n’a dons pas pour autant permis l’arrivée sur le marché de produits locaux compétitifs. La production locale n’arrive pas à se substituer aux importations. Le faible dynamisme des exportations et le poids des intérêts de la dette entraînent le déséquilibre chronique de la balance courante, un problème qui reste irrésolu. Ainsi, des signes positifs sont constatés depuis la libéralisation des échanges, mais les résultats de l’ouverture extérieure sont faibles. c-Le poids des contraintes internes à l’offre La capacité de réponse de l’offre d’exportation aux incitations créées par l’évolution du taux de change et des prix est étudiée dans cette rubrique. Pour Madagascar, les effets incitatifs des mesures de libéralisation ont effectivement joué, mais ils n’expliquent qu’en partie l’évolution des exportations. D’autres facteurs influent sur le niveau de ces dernières. Des problèmes au niveau du processus de production entravent l’évolution de l’offre locale. L’importance d’une demande incompressible de biens importés explique par ailleurs l’insensibilité des exportations manufacturières au taux de change. Cette dépendance vis-à-vis des importations limite également les possibilités de substitution. L’effet de l’évolution de la demande intérieure (à fort contenu en biens importés non substituables) domine largement celui du taux de change qui est censé rendre les produits locaux plus compétitifs. L’analyse de l’exemple concret de la vanille, un produit d’exportation stratégique à Madagascar a permis de mettre le doigt sur les véritables contraintes qui pèsent sur l’offre. La crise traversée par la filière vanille trouve son origine dans la stratégie « rentière », permise par un environnement quasi-monopolistique appliqué depuis une quinzaine d’années. Une politique de prélèvements publics démesurée a sérieusement 80 ponctionné les revenus des acteurs privés de la filière. Les producteurs ont été les premières victimes de cette politique. Et même si une croissance des prix aux producteurs a été constatée depuis 1992, elle reste limitée. L’analyse des résultats d’enquête confirme le déclin de la filière, avec l’enregistrement d’une chute prononcée de la production, et de rendements extrêmement faibles. Ce recul résulte pour une large part de la démotivation des producteurs. La gravité de la situation de la filière est d’autant plus alarmante que les producteurs font face à des problèmes structurels pouvant à terme mettre en péril la culture. La pression foncière est le premier obstacle rencontré par les exploitants. A cela s’ajoute la difficulté d’accès à la terre des jeunes. Le vieillissement des plantations, suite au non renouvellement des pieds, avec l’épuisement des sols et les maladies des vanilliers, est par ailleurs autant d’entraves techniques à l’extension de la production. Les opinions des producteurs sur les effets de la libéralisation témoignent d’un profond désarroi face à un avenir incertain. D’après eux, le retrait de l’Etat de la filière peut entraîner aussi bien une hausse qu’une baisse des prix aux producteurs. Il prévoient une commercialisation plus facile, mais avec le risque majeur d’une dégradation de la qualité des produits vendus. Le souhait d’une libéralisation partielle de la filière transparaît, avec notamment le maintien d’un prix plancher de la vanille verte. La mise en place de structures d’appui et de contrôle efficaces est demandée. Malgré le tournant en 1992 avec la libération de la filière, l’impact de la politique passée est lourd à gérer. L’avenir de la vanille malgache dépend fortement du relèvement des prix aux producteurs, mais également de la résolution des problèmes liés aux difficultés d’écoulement de la récolte, d’accès à la terre, ainsi que des contraintes techniques qui constituent des obstacles insurmontables à l’échelle micro-économique de chaque producteur. La marge de manœuvre sur les prix est limitée par la sévérité de la concurrence extérieure. La filière dominée par les petites plantations, ne peut espérer résoudre uniquement les problèmes hérités du passé, grâce aux forces du marché. La libéralisation, si elle s’avère nécessaire compte tenu des fortes distorsions préjudiciables au développement de la production, est loin de suffire pour la relance de la filière. Ainsi, la libéralisation des échanges a eu des effets positifs sur le commerce extérieur malgache, un secteur sur lequel le pays compte pour dynamiser la croissance de l’économie. Mais l’impact est limité. La faible extraversion de l’Ile, malgré la stratégie d’ouverture s’explique par des contraintes internes au niveau de l’offre que les lois du marché ne peuvent résoudre à elles seules. 81 2- L’efficacité limitée d’une stratégie basée sur l’ouverture extérieure et l’industrie exportatrice La performance des entreprises exportatrices à Madagascar est meilleure que celle des entreprises tournées sur le marché intérieur. Elles ont contribué à l’excédent de la balance commerciale puisque le montant de leurs importations représente la moitié de celui des exportations. Mai si leur rôle est positif sur le commerce extérieur, leur contribution pourrait être plus forte si leurs activités étaient mieux articulées à l’économie locale. La recherche de débouchés extérieurs peut constituer une stratégie pour pallier la faiblesse de la demande. Mais, l’accès à ces marchés est malaisé. La complexité des démarches administratives est le principal problème évoqué par les exportateurs. L’absence d’informations sur les marchés potentiels constitue également un facteur qui inhibe le développement des exportations. Les obstacles à la promotion des exportations sont avant tout internes au pays. Les difficultés liées à la situation géographique ou à l’environnement international, ne sont donc pas insurmontables. Sachant que le pays compte sur la dynamisation des secteurs d’exportation, notamment par l’intermédiaire des entreprises franches, pour renouer avec la croissance, l’apport de ces dernières est faible si leur contribution à la création d’emploi est manifeste, les retombées sur le commerce extérieur sont modestes à cause de leur forte dépendance vis-à-vis des intrants importés. Les trois quarts des intrants de la zone franche sont d’origine étrangère. La lourdeur et la lenteur des procédures administratives sont les contraintes évoquées par les entrepreneurs de la zone franche. Les problèmes liés au faible développement des infrastructures sont négligeables à côté des difficultés dues à l’inefficacité de l’administration. L’instabilité politique freine l’arrivée des IDE. A cela s’ajoute le manque de clarté des textes réglementaires, la lenteur et la complexité des démarches. Ainsi, le développement des entreprises industrielles exportatrices est limité par des contraintes internes, notamment par la piètre efficacité de l’appareil administratif.

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