Analyse théorique des crises financières et revue de la littérature
L’objectif de ce chapitre est double. D’une part, il s’agit de passer en revue les différentes théories et modèles explicatifs des crises financières et, de l’autre part, de procéder à une analyse théorique de ces crises. Il sera, donc, question de puiser dans cette revue de littérature pour trouver des théories capables d’expliquer ces phénomènes. A partir d’une analyse à ces théories, on tentera d’arriver à déterminer des éléments théoriques qui peuvent conduire à une meilleure compréhension des crises. Plus précisément, l’accent sera mis sur les théories qui sont plus proches à la réalité pour mieux expliquer les crises qui touchent particulièrement les économies émergentes. La première section se consacre à la présentation de la revue de la littérature sur le phénomène de crise. Dans cet inventaire de la pensée économique, il s’agit de savoir si les crises représentaient une préoccupation majeure pour les économistes. Particulièrement, l’intérêt sera porté sur les nouveaux types de crises touchant les économies émergentes. La deuxième section portera sur les trois générations de modèles explicatifs des crises financières. Les économistes proposent trois groupes de modèles explicatifs des crises. Chaque groupe est appelé « génération ». Ce qui donne les trois générations de modèles de crises. L’étude de la première, la deuxième et la troisième « génération de crise » vise à expliquer les facteurs déterminant dans le déclenchement des crises. Cette étude est une étape nécessaire dans l’étude des crises financières.
La dernière section examine les théories relatives aux imperfections des marchés financiers. Les crises financières se manifestent par un dysfonctionnement des marchés financiers qui conduit à une détérioration brutale des titres financiers. L’intérêt est de voir à quel point les imperfections de ces marchés sont mises en cause dans le déclenchement des crises. La question des crises n’a pas suscité beaucoup d’intérêt chez les économistes par rapport aux autres questions économiques. La pensée économique chez les classiques et les néo-classiques a révélé un certain nombre théories explicatives des crises économiques. Par contre, le terme de « crises financières » commençait à germer et à prendre sens qu’après la crise de 1929, où on voit des études et des analyses sérieuses comme celles de Fisher (1933). A partir de la crise asiatique de 1997, ce terme trouve un intérêt particulier à la suite des nombreuses modèles théoriques et empiriques explicatifs du phénomène. Sur cette présentation, l’étude de cette section mènera à distinguer trois périodes différentes. Il s’agit de la période d’avant-crise de 1929, la période d’après-crise de 1929 et la période d’après- crise asiatique de 1997. La littérature économique des classiques et des néo-classiques sur les phénomènes des crises n’est pas très riche. Cette littérature considèrent que les crises sont des phénomènes économiques que les classiques qualifient de «crises passagères» et limités dans le temps et que les néoclassiques qualifient Les classiques pensent que les crises touchent un secteur bien défini, tel que l’agriculture, le textile, le chemin de fer ou le crédit et ne peuvent se présenter comme des phénomènes étonnants sur lesquels il faut faire des études et des théories entières. Ils définissent le phénomène comme étant des « mécanismes d’ajustement porteurs de nouveaux progrès en apurant le passé compte tenu crises de l’école classique n’était pas spécialement remise en cause mais confortée par l’interrogation sur sa pertinence.
Les économistes classiques s’attachent à l’idée que la crise est le résultat de l’insuffisance relative de la consommation face à une offre soudainement pléthorique, due soit à l’excès d’épargne des individus ou au progrès technique trop rapide. donner de l’emploi aux pauvres »87. Cette idée de l’épargne, citée par Mill, est, aussi, formulée par Adam Smith qui dénonçait le recours excessif à l’épargne au détriment de la consommation. Deux autres économistes, Malthus et Sismondi, soulèvent que « des crises générales peuvent se manifester en raison Par contre, la doctrine orthodoxe de la théorie néoclassique considère que les crises résultent d’un choc associé à un certain élément dont l’origine est exogène et qui provoque de forts déséquilibres dans le fonctionnement des différents marchés qui composent le système économique. Sa durée est, par conséquent, variable et dépendante de la nature de ce choc qui dysfonctionne totalement le bon fonctionnement des marchés en causant un ajustement vers un nouvel équilibre. Cette conception des crises provient du fait que les néoclassiques conçoivent, le système économique, dans son état naturel, en tant qu’un ensemble de marchés où les individus, toujours rationnels, réalisent leurs plans de consommation et de production.