La crise politique de Madagascar, depuis l’année 2009, a été très défavorable pour le développement du pays au niveau de tous les secteurs. La situation socio économique n’a fait que se détériorer. Le ratio de la population en dessous du seuil de pauvreté était de 70,9% en 2001. Celui-ci a augmenté à 75,3% en 2010 (Banque mondiale, 2014). Le revenu par habitant n’arrive pas à satisfaire la croissance démographique. Le taux de croissance de la population atteint les 2,9%, soit une augmentation annuelle du nombre d’habitants autour de 600 000 ; dans le même temps, le revenu national ne s’est pas amélioré.
Les conditions de vie des ménages ruraux dans la partie Sud de Madagascar sont des plus misérables. Les périodes de soudure peuvent varier de 5 à 9 mois selon le type de ménage (FAO, 2013). De plus, la Région Atsimo Andrefana est la plus vulnérable aux changements climatiques. Les proportions des ménages ruraux touchés par des problèmes d’ordre climatique ou environnemental sont les plus élevées : 50,2% pour les cyclones, 35,8% pour la sécheresse, 18,8% pour les pluies tardives, 6,2% pour l’invasion acridienne, etc. (INSTAT, 2006). Durant le passage du cyclone Haruna en 2013, les pertes agricoles se sont élevées jusqu’à 75% de la récolte totale, sans compter les habitations détruites ainsi que les pertes humaines (FAO, PAM, 2013). L’accès à l’eau potable reste un problème majeur pour ces ménages, avec un taux d’accès de 35% seulement (Banque mondiale, 2014).
Concepts et état de l’art
Diagnostic rapide
Le diagnostic rapide est un moyen rapide et efficace de faire un diagnostic au niveau d’une localité donnée avant toute intervention de développement. Il s’agit de faire participer les acteurs, notamment les producteurs, dans le processus de réalisation du diagnostic. Effectivement, la plupart des actions menées pour le développement de la localité ne correspondent pas toujours aux attentes et à la situation des producteurs (Monval, 1993).
Système de production
Plusieurs définitions du système de production peuvent être adoptées. Cependant, trois concepts de ce système sont à considérer (Brossier, 1987). Pour Chombart de Lauwe et Poitevin (1957), il se définit comme étant la combinaison des facteurs de production et des productions dans l’exploitation agricole.
Le système de production est défini par Reboul (1976) : «un système de production agricole est un mode de combinaison entre terre, forces et moyens de travail à des fins de production végétale et/ou animale, commun à un ensemble d’exploitations. Un système de production est caractérisé ici par la nature des productions, de la force de travail (qualification) et des moyens de travail mis en œuvre et par leurs proportions ». Il insiste sur la dimension de l’exploitation agricole.
D’après Badouin (1987), le système de production se rapporte à l’emploi des ressources productives (ou facteurs de production), et leur répartition. Quant au système d’exploitation, défini par le mode de fonctionnement des unités, il se rapporte aux formes de propriété ou d’usage des facteurs de production (exemple : exploitation individuelle, utilisation de salariés, formes d’organisation du travail, type de commercialisation) et aussi à la manière dont sont répartis les produits du travail (niveau d’autoconsommation, parts respectives des investissements et de la rémunération du travail, etc.).
Entre autre, le système de production représente la combinaison des systèmes de culture et système d’élevage. Il est nécessaire d’aborder tous les aspects du système pour en comprendre le fonctionnement, dont l’aspect technique, et l’aspect social, etc. Le système de production est alors défini par les trois facteurs de production : la terre, la main-d’œuvre, et le capital. Dans ce cadre, le système agraire s’articule un peu plus dans l’évolution de l’Agriculture à travers les années, et sa localisation géographique. Il met en relation l’aspect technique et l’aspect social pour comprendre l’exploitation d’un territoire donné.
Variabilité climatique
La FAO (2014) définit la variabilité climatique comme étant « des variations de l’état moyen et d’autres statistiques (écarts standards, phénomènes extrêmes, etc.) du climat à toutes les échelles temporelles et spatiales au-delà des phénomènes climatiques individuels. La variabilité peut être due à des processus internes naturels au sein du système climatique (variabilité interne), ou à des variations des forçages externes anthropiques ou naturels (variabilité externe) ».
À Madagascar, on ne parle pas encore de changement climatique. Effectivement, le changement climatique est un phénomène qui se met en place petit à petit sur une très longue période. C’est un état où il n’y a plus possibilité d’inverser la situation. Actuellement, le changement climatique est inévitable. Les seules actions menées contre le changement climatique ne servent qu’à réduire son impact et à retarder son expansion. La variabilité climatique, quant à elle, est plus ponctuelle. Elle est surtout due aux activités anthropiques telles la déforestation. Elle peut néanmoins aboutir à un changement climatique si les activités de l’homme persistaient.
Vulnérabilité sociale
La vulnérabilité est définie par la FAO (2010) comme étant « la présence de facteurs qui exposent l’individu à l’insécurité alimentaire ou à la sous-alimentation ou qui l’empêchent de faire face à ces situations». Elle met en évidence trois facteurs de vulnérabilité qu’elle considère comme étant des facteurs externes : les tendances (démographique, au niveau des ressources naturelles, etc.), les chocs et aléas (santé, naturels, économique, etc.), et la saisonnalité (prix, production, etc.). La vulnérabilité peut aussi être appréciée par des facteurs internes que sont les caractéristiques de la population, les conditions générales dans lesquelles elle vit et la dynamique du ménage qui limite sa capacité d’éviter de tomber dans l’insécurité alimentaire à l’avenir (FAO, 2010).
Dans la partie Sud de Madagascar, on parlera surtout de vulnérabilité alimentaire qui se définit comme suit : « La vulnérabilité alimentaire d’un individu, d’un ménage ou d’un groupe plus important est l’exposition au risque de voir sa sécurité alimentaire se dégrader sous l’effet d’une perturbation, qu’elle soit d’origine naturelle, économique, sanitaire ou sociale » (Bidou & Droy, 2007).
Résilience économique
La résilience économique c’est la capacité à surmonter rapidement des chocs et perturbations économiques. Paquet (2012) donne sa définition de la résilience : « La résilience, c’est la capacité (…) d’assurer la pérennité d’un organisme ou d’une société, le maintien d’une certaine permanence dans un environnement turbulent. La notion de résilience est toutefois polyvalente. Dans une socio-économie résiliente, ce qui est permanent n’est pas nécessairement toujours défini de la même manière. Il y a toute la différence du monde entre une résilience qui assure la conservation intégrale d’un certain état de l’économie (dans une socio-économie stationnaire) et une résilience qui assure un certain régime de renouvellement (dans une socioéconomie dynamique) ».
Capabilité
La capabilité correspond à l’ensemble des capacités des individus, ainsi que de leur potentialité à réaliser quelque chose. Elle considère non seulement la capacité de la personne dans une situation actuelle, mais doit aussi prendre en compte la capacité de cette personne à s’adapter dans le cas où la situation devait changer.
Sen (1992) est à la base de toutes les notions de capabilité. Pour lui, la capabilité c’est la liberté de chaque individu à mener telle ou telle vie. Elle tient alors compte de la liberté de choix et la liberté d’accomplir des individus. Elle définit en quelque sorte le niveau de vie de l’individu considéré. Il en sort la notion de pauvreté qu’il définit comme étant une inégalité ou la privation de libertés fondamentales. Pour lui, être pauvre ne signifie pas forcément être en deçà d’un seuil prédéfini, mais dépend des conditions et de la capacité de l’individu (Reboud, 2008).
Introduction |